Kumi Now - Semaine 29, du 5 au 11 mai 2019


Université Al-Quds de Jérusalem - Islamophobie
Les attaques constantes inhérentes à l’occupation israélienne des territoires palestiniens présentent toutes les caractéristiques de l’islamophobie. Bien que tous les Palestiniens ne soient pas musulmans, la présentation générale des Palestiniens comme terroristes dans les médias occidentaux n’a rien fait pour apporter à leur lutte anticolonialiste un vaste soutien comparable à celui apporté en leur temps aux combats menés en Irlande, en Inde et en Afrique du Sud. L’université Al-Quds de Jérusalem s’efforce de définir et de combattre cette islamophobie, particulièrement dans la mesure où elle affecte la lutte de la Palestine en faveur de la justice. Voici ce qu’il vous faut savoir et ce que vous pouvez faire pour que nous puissions réagir et nous lever (Kumi !) ensemble.
Organisation
L’Université Al-Quds de Jérusalem a pour mission de fournir aux étudiants les outils nécessaires pour surmonter des défis considérables et bâtir un avenir prospère. Cela est rendu possible par la promotion de la recherche universitaire et de l’excellence professionnelle.
L’Université Al-Quds vise aussi à développer un esprit multiculturel en rapport avec la réalité actuelle et la situation politico-économique de Jérusalem, constituée par une mosaïque et un véritable carrefour de nations, de cultures et de religions. Elle met particulièrement l’accent sur l’initiation des étudiants et de l’ensemble de la communauté universitaire à la dimension multiculturelle de la civilisation humaine.
Vous pouvez trouver l’Université Al-Quds de Jérusalem, en anglais, sur son site https://www.alquds.edu/en, ou sur Facebook à https://www.facebook.com/Alquds.edu, sur Twitter à https://twitter.com/alqudsu, ou http://www.youtube.com/alqudsuniv. Ou aller sur leur site Hona Al-Quds à l’adresse http://www.honaalquds.net/en/.
La situation
L’islamophobie se traduit en violences contre les musulmans sous forme d’agressions physiques, d’insultes, de vandalismes à l’encontre en particulier d’institutions musulmanes comme les mosquées et les écoles et cimetières musulmans. Elle se traduit aussi par des discriminations en matière d’emploi, offrant moins d’opportunités aux musulmans, des discriminations en matière d’offres de soins, l’exclusion des fonctions de management et autres postes à responsabilité importante, entre autres dans les domaines politiques et gouvernementaux. Enfin l’islamophobie se traduit par l’expression de préjugés dans les médias, la littérature et les conversations quotidiennes.
Qui sont les islamophobes ?
L’islamophobie est bien identifiée aux États-Unis, en France, au Danemark et en Israël mais Islamophobia-Watch.com l’a aussi repérée en Australie, en Autriche, en Belgique, au Canada, en Espagne, en Italie et aux Pays-Bas. Les personnes islamophobes peuvent être de simples citoyens ou des représentants du gouvernement ou de l’armée, mais l’islamophobie peut aussi se nicher dans les structures ou les politiques d’entreprises, d’organisations ou de gouvernements.
Individus ou institutions
Les comportements islamophobes peuvent être le fait d’individus agissant « par eux-mêmes » comme de personnes appliquant des politiques islamophobes institutionnalisées. Mais les islamophobes individuels agissant « par eux-mêmes » sont-ils si indépendants que cela ? D’une certaine façon oui, tant qu’ils n’appliquent pas des consignes gouvernementales ou institutionnelles. Mais ces individus sont aussi influencés par des médias tendancieux liés à des centres de pouvoir qui ont une image stéréotypée des musulmans.
Il arrive que la séparation entre l’islamophobie individuelle et l’islamophobie institutionnelle ne soit pas nette. L’exemple suivant peut clarifier ce point :
Kamal Raza Butt, un Pakistanais de 48 ans rendant visite à des amis et à de la famille à Nottingham en Angleterre, est assailli par un groupe de jeunes blancs. Ceux-ci le traitent de « taliban » et le font tomber à terre en le rouant de coups ; il mourra plus tard à l’hôpital. Deux jeunes de 16 ans seront accusés d’homicide volontaire, sept autres seront libérés sous caution dans l’attente d’un complément d’enquête.
La bande a-t-elle agi dans le feu de l’action ? L’incident est relaté dans les médias sans que soit posée la question des raisons de ce passage à l’acte. Ce qui a motivé l’agression de Nottingham reste peu clair. Une chose est certaine : si on ne s’attaque pas aux racines de l’islamophobie, le problème va persister.

Incidents en nette progression
Nous pourrions parler sans fin d’innombrables exemples d’islamophobie. La réalité se précise lorsque nous examinons les statistiques.
Voici par exemple ce que le Times note à propos de la France, en 2004 : « Le nombre de crimes de haine, notamment contre des juifs et des arabes d’origine nord-africaine, a presque doublé l’an dernier, passant à 1 565 contre 833 un an plus tôt, selon un rapport au gouvernement de la Commission consultative nationale pour les Droits humains… Les agressions contre des gens d’origine nord-africaine ont représenté un total de 595 en 2004 contre 232 en 2003 ».
Cette hausse pourrait être attribuée au nombre croissant d’islamophobes et d’institutions islamophobes et à la banalisation de l’hostilité envers l’islam. Les facilités de communication à l’âge de la mondialisation font passer des attitudes islamophobes du champ local au domaine international, donnant ainsi l’impression d’une tendance islamophobe universelle à l’égard des musulmans.
Les 72 vierges et le hijab
Si l’islamophobie revêt de multiples formes, on peut facilement en prendre conscience en considérant deux « symboles » de l’islam, l’un faux et l’autre réel :
Peut-être que le symbole le plus éloquent de l’islamophobie est la facilité avec laquelle on croit que, dans l’islam, un martyr se voit attribuer 72 vierges au ciel. Or l’évocation de ces 72 vierges n’existe ni dans le Coran ni dans les recueils de hadiths les plus authentiques. Moi qui fréquente régulièrement la mosquée et qui ai entendu des centaines de sermons du vendredi partout dans le monde, je ne peux pas me souvenir d’un seul cas où cette question ait été évoquée dans une mosquée. Je l’ai trouvée dans un livre écrit par un intellectuel musulman du IXe siècle, Al-Tabarani, dans son Mu’jam. J’en conclus que cette question n’est pas un élément de la foi musulmane, mais que les islamophobes ont tendance à en faire un mauvais usage pour des raisons tordues.
D’autre part, des politiques islamophobes ciblent le hijab comme étant un symbole de l’islam. Un gouvernement qui interdit le hijab ou d’autres formes de coiffures entretient une profonde opposition à l’islam. La triste réalité, c’est que beaucoup de pays adoptent une telle attitude. Alors que ces questions sont souvent présentées en termes de sécurité, les femmes portant ces voiles sont en réalité perçues en fonction de leur religion.
Justesse pseudo-politique
Un autre genre d’islamophobie institutionnelle tient aux structures légales et constitutionnelles derrière lesquelles les islamophobes peuvent s’abriter. Aux États-Unis, les attaques contre l’islam et les musulmans peuvent se revendiquer de la liberté d’expression qui est protégée par le Premier Amendement. Cette structure légale permet à des institutions islamophobes et aux commentateurs néo-conservateurs, mus par une peur irrationnelle de l’islam et des musulmans, de calomnier et de diffamer les principales organisations musulmanes. Lorsque des islamophobes bien connus comme Jerry Falwell, Billy Graham et Pat Robertson ont fait des déclarations diffamatoires sur l’islam, aucun d’entre eux n’a dû en rendre compte ; il n’est pas possible de les poursuivre et de gagner un procès contre eux selon le droit des États-Unis.
On peut opposer à cela le cas de leurs collègues évangéliques dans une autre partie du monde. Un tribunal d’État d’Australie a reconnu coupables d’incitation à la haine contre les musulmans deux pasteurs chrétiens évangéliques qui avaient animé un séminaire sur l’islam. Daniel Nalliah et Daniel Scott de Catch the Fire Ministries ont été jugés selon les nouvelles lois sur la haine raciale et religieuse de Victoria suite à une plainte en justice du Conseil islamique de Victoria qui accusait Scott d’avoir qualifié les musulmans de démons, de menteurs et de terroristes. Ce jugement est une bonne nouvelle. Les gens soucieux d’agir selon leur conscience devraient aider à créer des lois contre la haine raciale et religieuse dans tous les pays. Il faut qu’il y ait une alliance entre les diverses communautés pour combattre toutes les formes de crimes de haine, dont l’islamophobie, qui devrait être pénalisée.
L’islamophobie et la question palestinienne
Alors que la population palestinienne comprend des Samaritains[1], des chrétiens et surtout des musulmans, une propagande systématiquement islamophobe est constamment utilisée contre la population palestinienne pour l’empêcher de mettre fin à l’occupation israélienne. L’une des organisations ayant systématiquement recours à des déclarations islamophobes grossières et ignobles est le Comité Hasbara d’Israël, une organisation non officielle et non gouvernementale. Son site web présente des centaines d’articles islamophobes dont le but principal est de jeter le discrédit sur les Palestiniens et la justesse de leur cause.
Les ennemis de la paix continuent à refuser la fin de l’occupation israélienne. L’opposition à la création d’un État palestinien devrait être considérée comme une position essentiellement islamophobe.
Adaptation de “Islamophobia  : Meaning, Manifestations, Causes” de Mustafa Abu Sway[2]
L’expérience de Leanne Gale, une femme juive voyant des agents de sécurité en train de harceler une femme en niqab.
- Quel est le problème ? lui ai-je demandé en arabe.
Elle m’a regardé d’un air choqué. C’est souvent le cas lorsque je parle arabe.
- Je suis juive. Je parle seulement un peu d’arabe. Cela vous rassure-t-il ?
- Oui, cela me rassure. C’était un simple contrôle de sécurité, ça va.
- C’est tout ?
- Oui, c’est parce que je suis croyante. Je porte le niqab. Je me fais constamment arrêter.
Puis elle passa à un anglais presque parfait : « Je viens à l’ouest de la ville parce que j’ai une fille handicapée, et j’y vais pour régler certaines questions de soins. Sinon, je ne viendrais pas ici. Ce harcèlement est tellement insupportable ».
Que voulez-vous répondre à cela ? Je n’étais pas en mesure de lui donner un conseil ou de régler le problème : c’est une femme palestinienne et elle va être harcelée par des soldats israéliens, des agents de sécurité et la police vraisemblablement pour le restant de ses jours.
- Je suis désolée. Je sais que cela ne vous aide pas, mais je suis juive et je suis désolée. Je vous souhaite une bonne fin de journée.
- Merci, habibti (très chère), ça va, ce n’est pas de votre faute.
Elle était si calme, si forte dans sa détermination et son allure tranquille. Si souvent nous nous contentons de penser que les femmes musulmanes en hijab ou en niqab ne peuvent être que soumises ou dociles. Ce n’est pas le cas.
De Leanne Gale. Diffusé initialement par Mondoweiss sur https://mondoweiss.net/2014/06/ordered-jerusalem-frisked/
Action
Pour lutter contre l’islamophobie, une action mondiale est nécessaire. Commencez pour cela chez vous. Savez-vous où se trouve la mosquée ou le centre islamique le plus proche de chez vous ? Y êtes-vous jamais allé ? Ou bien, à l’inverse, avez-vous déjà emmené un ami non-musulman à votre mosquée ou à votre centre islamique ?
Efforcez-vous cette semaine de :
·      Visiter une mosquée (ou d’y inviter un visiteur).
·      Assister à une classe, à une prière ou à une célébration dans une mosquée
·      Partager un café avec un imam ou un autre leader et d’avoir dans votre secteur un entretien informel sur l’islamophobie.
·      Diffuser la vidéo ou le poème ci-dessous sur les médias sociaux en expliquant comment vous luttez contre l’islamophobie. Encouragez d’autres à agir de même et joignez un lien vers cette page du site web de Kumi Now avec les hashtags #Islamophobia, #KumiNow, et #Kumi29.
Un texte : This is Not a Humanizing Poem (Ceci n’est pas un poème pour rendre plus humain), de Suhaiymah Manzoor-Khan 
Ce ne sera pas un poème du genre « Les musulmans sont comme nous ».
Je refuse de me plier aux conventions.
Au lieu de nous aimer lorsque nous sommes calmes et tranquilles,
aimez-nous lorsque nous sommes pauvres.
Aimez-nous lorsque nous ne sommes pas des athlètes,
lorsque nous ne cuisons pas de gâteaux,
lorsque nous ne proposons pas notre maison
ou des promenades gratuites en taxi après la soirée.
Lorsque nous sommes misérables, suicidaires, nus, et que nous n’apportons rien. Aimez-nous alors.
Parce que si vous avez besoin que je prouve mon humanité,
ce n’est pas moi qui suis celui qui n’est pas humain.
Suhaiymah Manzoor-Khan est une poétesse musulmane de tradition pakistanaise connue pour ses écrits, ses pièces et ses paroles. Vous pouvez avoir accès à ses prestations sur : https://www.youtube.com/watch?v=G9Sz2BQdMF8.

Ressources (en anglais)
Rapports:
·         “Islamophobia: Still a Challenge for Us All” de Runnymede Trust: https://www.runnymedetrust.org/projects-and-publications/equality-and-integration/islamophobia.html
Des moyens de lutter contre l’islamophobie :
·         The Counter Islamophobia through Stories campaign, de KitaabWorld: https://kitaabworld.com/pages/counter-islamophobia-through-stories
·         “14 Ways You Can Fight Islamophobia” par Abdul Malik Mujahid pour Sound Vision: https://www.soundvision.com/article/14-ways-you-can-fight-islamophobia
·         “Four Ways to Support Muslim Friends and Family and Counter Islamophobia During Ramadan” par Dina El-Rifai et American Friends Service Community: https://www.afsc.org/blogs/media-uncovered/four-ways-to-support-muslim-friends-and-family-and-counter-islamophobia-during
Articles:
·         “Islamophobia and Zionism: What’s the Connection?” de American Muslims for Palestine: https://www.ampalestine.org/projects/islamophobia-and-zionism-what-s-connection
·         “Islamophobia” de Palestine Portal: https://www.palestineportal.org/islamophobia/
·         “FAQs on U.S. Islamophobia & Israel Politics” de Jewish Voice for Peace: http://www.palestineportal.org/wp-content/uploads/2016/10/JVP_NAI_FAQs_USislamophobia_IsraelPolitics.pdf
·         “Israel’s Organized Hate Crime Against its Muslim Minority” par Carolina Landsmann dans le journal Haaretz: https://www.haaretz.com/opinion/.premium-israels-organized-hate-crime-against-its-muslim-minority-1.5447065
·         “Muslim Women Facing Islamophobia Challenge the ‘Victim’ Stereotype” par Hanan Issa pour My Salaam: https://www.mysalaam.com/en/story/muslim-women-facing-islamophobia-challenge-the-victim-stereotype/SALAAM09082017083012
·         “The Palestinian Knot: The ‘New Anti-Semitism’, Islamophobia and the Question of Postcolonial Europe” par Monika Bobako dans Theory, Culture & Societyhttp://journals.sagepub.com/doi/pdf/10.1177/0263276417708859
·         “From 9/11 to Hate Groups: The Economic Marginalisation of the West’s Muslims” par C.J. Werleman pour Middle East Eye : https://www.middleeasteye.net/columns/islamophobia-why-muslims-experience-greatest-economic-disadvantage-1008062151  
Vidéos:
·         “Anti-Semitism and Islamophobia: Old Fears, New Threat?” de Al-Jazeera English:  https://youtu.be/wQYgEZfQ2eU



[1] Les Samaritains sont les descendants des Israélites de l’antique royaume de Samarie, reconnus comme Juifs par l’État d’Israël, mais pas par le judaïsme orthodoxe.

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