Kumi Now - Semaine 43 - Défense internationale des enfants/Palestine - Détention de jeunes


Kumi Now - Semaine 43 : du 11 au 17 août 2019
Défense internationale des enfants - Palestine
Détention de jeunes
Parmi les injustices infligées aux Palestiniens, celles qui sont peut-être les plus poignantes et cependant celles dont on parle le moins sont les mises en détention généralisées de jeunes. L’organisation Défense Internationale des Enfants Palestine (DCIP) met constamment en lumière ce problème et apporte une aide judiciaire aux enfants comparaissant devant les tribunaux militaires. Voici ce que vous devez savoir sur la mise en détention de jeunes dans les territoires palestiniens occupés et ce que vous pouvez faire pour que nous puissions nous lever (Kumi !) ensemble.
Organisation
Défense Internationale des Enfants Palestine (DCIP) apporte une aide judiciaire immédiate et gratuite aux Palestiniens mineurs devant les tribunaux militaires israéliens et la justice palestinienne pour les jeunes, et agit pour limiter les durées d’incarcération. DCIP dénonce les violations graves des droits humains, dont la torture et d’autres traitements ou sanctions cruels, inhumains ou dégradants contre des Palestiniens mineurs dans les juridictions relevant du système judiciaire militaire israélien et du système judiciaire palestinien pour les jeunes, et tient les contrevenants pour responsables. DCIP assure aussi des plaidoyers basés sur des faits, en soutien de changements de politique qui augmentent les protections et améliorent l’accès à la justice des Palestiniens mineurs.
Tandis que DCIP fait partie du mouvement mondial Défense Internationale des Enfants, chaque organisation membre est autonome en matière de programmation et de financement. Par conséquent DCIP est enregistrée en tant qu’organisation palestinienne des droits humains et comme membre du Conseil des Organisations palestiniennes des Droits humains. DCIP est la seule organisation locale non gouvernementale de défense des droits des enfants dans l’État de Palestine, engagée dans la défense et la promotion des droits des enfants qui vivent en Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est et la Bande de Gaza. DCIP est la seule organisation qui  apporte une aide juridique spéciale aux enfants en difficulté, et l’une des seulement cinq grands groupes apportant une aide juridique gratuite aux enfants palestiniens.  
Les avocats de DCIP représentent plus de 100 Palestiniens mineurs devant les tribunaux militaires israéliens, soit au moins 20% du total des cas concernant des jeunes sur une année. En 2017, DCIP a enregistré 151 cas, en a traité 140 et sous-traité 11.
DCIP est la principale organisation de suivi et d’information concernant les enfants détenus par l’armée israélienne au sein du groupe de travail dirigé par l’UNICEF sur les graves violations contre des enfants palestiniens, une action des Nations Unies mise en œuvre pays par pays pour renforcer les actions de suivi et d’information sur les violations graves contre les enfants figurant dans la résolution 1612 du Conseil de Sécurité. L’UNICEF utilise les attestations et les données de DCIP pour les notes d’information plurisectorielles de documentation destinés au rapport annuel du Secrétaire Général des Nations Unies sur les enfants dans les conflits armés.
Les enfants palestiniens ont droit à un avenir de sécurité et de justice. La campagne No Way to Treat a Child (Ce n’est pas ainsi qu’on traite des enfants) considère que les gouvernements des États-Unis et du Canada doivent prendre des mesures concrètes en faveur de cet avenir en tenant les autorités israéliennes responsables des violations des droits des enfants palestiniens. Rejoignez-nous à http://nwttac.dci-palestine.org

Vous pouvez trouver Défense Internationale des Enfants de Palestine (DCIP) sur son site web http://www.dci-palestine.org/ ou sur Facebook à https://www.facebook.com/DCIPS, Twitter à http://twitter.com/DCIPalestine, YouTube sur https://www.youtube.com/user/DCIPS, ou Instagram sur https://www.instagram.com/dcipalestine/

La situation
Au lieu de bénéficier d’accords légaux négociés fondés sur les principes universels des Droits humains, la justice et le respect de la dignité humaine, les enfants palestiniens grandissent sous l’occupation militaire israélienne qui laisse dans une totale impunité les auteurs de violations des Droits humains.
Israël applique deux systèmes judiciaires distincts en Cisjordanie. La loi militaire, avec de sévères contraintes dans la vie quotidienne, s’applique aux Palestiniens, alors que les colons israéliens sont soumis à la loi civile israélienne. Implantés dans l’ensemble de la Cisjordanie occupée, les soldats et la police d’Israël ainsi que des organismes de sécurité privés appliquent la loi militaire et protègent les populations de colons aux dépens des civils palestiniens. Dans cet environnement hyper militarisé, les enfants palestiniens subissent des violences physiques disproportionnées, un accès limité à l’éducation et des traumatismes psychologiques.
Les enfants palestiniens et surtout les garçons subissent arrestations, poursuites et détentions sous le système judiciaire militaire israélien qui conteste leurs droits fondamentaux. Israël se distingue par la caractéristique douteuse d’être le seul pays au monde à poursuivre de façon systématique devant les tribunaux militaires des enfants dont on estime le nombre entre 500 et 700 chaque année. Les enfants pris dans le système militaire israélien font généralement état de harcèlement physique et verbal dès le moment de leur arrestation, ainsi que de pressions et de menaces au cours des interrogatoires.
En 2017 une moyenne de 312 enfants palestiniens se trouvaient dans le système carcéral israélien chaque mois pour des « infractions en matière de sécurité », selon les données du Service des Prisons d’Israël. Parmi eux, il y avait une moyenne de 62 enfants de 12 à 15 ans. Ce service ne publie pas le nombre annuel total d’enfants palestiniens emprisonnés, et il a cessé de publier régulièrement les données mensuelles depuis mai 2016.
Les manifestations à grande échelle, les marches et les affrontements dans l’ensemble de la Cisjordanie suite à la décision du président des États-Unis Donald Trump en décembre de reconnaître publiquement Jérusalem comme capitale d’Israël sont allées de pair avec un pic du nombre d’enfants palestiniens mis en détention.
DCIP a recueilli les déclarations de 137 enfants de Cisjordanie détenus et poursuivis sous la juridiction des tribunaux militaires israéliens en 2017. Les données montrent que 74,5% des enfants ont subi une forme de violence physique après leur arrestation et que 62% d’entre eux ont été verbalement agressés, intimidés ou humiliés.
Sur les 137 enfants, 26 ont été gardés à l’isolement à des fins d’interrogatoire pendant une durée moyenne de 12 jours. La plus longue durée de mise à l’isolement d’un enfant, selon les renseignements recueillis par DCIP, a été de 23 jours en 2017.
Au moins cinq Palestiniens mineurs ont été placés en détention administrative en 2017, une forme d’emprisonnement fondée sur des preuves gardées secrètes sans mise en accusation ni jugement. Trois d’entre eux ont été relâchés sans mise en accusation au bout d’une période de deux à sept mois, deux d’entre eux restant encore en détention administrative en fin d’année. Un autre adolescent placé en détention administrative en août 2016, âgé alors de 17 ans, a passé 18 mois en prison sans mise en accusation ni jugement.
Israël a mis en détention administrative un total de 25 Palestiniens mineurs depuis octobre 2015, quand il a repris cette pratique à l’encontre de personnes de moins de 18 ans. Les enfants sont généralement accusés de lancer des pierres, ce qui implique des condamnations maximales de 10 à 20 ans selon les circonstances.
Au cours des procès, beaucoup d’enfants continuent d’affirmer leur innocence, mais plaident coupables parce que c’est la façon la plus rapide de sortir du système. La plupart obtiennent des accords pour moins de 12 mois. Les procédures peuvent durer un an, parfois plus. Les juges militaires accordent rarement la liberté sous caution, ce qui maintient la plupart des enfants derrière les barreaux dans l’attente de leur jugement.
Les enfants palestiniens détenus par les forces israéliennes vivent généralement de multiples formes de traumatismes qui, le plus souvent, ne sont pas pris en considération durant leur incarcération car il y a peu ou pas de services psychologiques pour les jeunes Palestiniens qui ont subi une arrestation violente ou un interrogatoire contraignant. Dans beaucoup de cas, c’est la première fois que les enfants vivent une séparation de leur famille pour une longue période. La peur d’une nouvelle arrestation et les difficultés qu’éprouvent les enfants lorsqu’ils reviennent dans leur communauté aggravent les traumatismes non soignés.
Après leur libération de prison, beaucoup d’enfants palestiniens ex ont du mal à réintégrer leur communauté. Certains continuent à se comporter comme s’ils étaient encore en prison : ils limitent leurs déplacements, ont peu de contacts sociaux et passent de longues heures devant la télévision.
Pour les enfants ayant avoué des crimes qu’ils n’ont pas commis ou qui ont cité d’autres enfants dans leurs confessions, le poids psychologique peut être lourd. Certains craignent la vengeance de membres de leur communauté après leur libération, ou luttent contre des sentiments de culpabilité et de honte.
Les mauvais traitements et les tortures d’enfants palestiniens commencent souvent lorsque les forces israéliennes les arrêtent au milieu de la nuit. Les arrestations nocturnes traumatisent les enfants, faussent le sentiment de sécurité personnelle à la maison et pendant leur sommeil, et peuvent troubler leur sommeil par la suite. Le traumatisme empire du fait des agressions très répandues et systématiques subies par les enfants palestiniens entre les mains des forces israéliennes.
Les techniques d’interrogatoire israéliennes sont généralement physiquement et mentalement coercitives, mêlant fréquemment intimidations, menaces et violences physiques dans le dessein évident de faire mal physiquement ou mentalement, ou de faire souffrir pour obtenir des aveux.
Malgré les actions persistantes de l’UNICEF et ses appels répétés à mettre fin aux arrestations de nuit ainsi qu’aux mauvais traitements et aux tortures des enfants palestiniens détenus par l’armée israélienne, les autorités israéliennes ont constamment failli à prendre des mesures concrètes pour mettre fin à la violence contre les enfants en détention.
Les normes internationales de la justice à l’égard des jeunes, qu’Israël s’est engagé à appliquer en ratifiant la Convention des Nations Unies sur les Droits de l’Enfant en 1991, exigent que les enfants ne soient pas privés de liberté de façon illégale ou arbitraire. On ne doit avoir recours à l’arrestation, à la détention ou à l’emprisonnement d’un enfant qu’en dernier ressort et pour la durée la plus courte possible.

Une histoire
Amir Othman Darwish, arrêté de nuit et battu pendant son interrogatoire  
Ramallah, le 23 janvier 2017 – Les forces israéliennes frappent un garçon palestinien pendant son interrogatoire après l’avoir mis en détention et arraché à son foyer de Jérusalem-Est aux premières heures du matin le 2 janvier, le soupçonnant d’avoir lancé des pierres.   
Quand Amir Othman Darwish, 14 ans, s’est réveillé dans sa chambre le 2 janvier vers 3h30 du matin dans le quartier d’Issawiya de Jérusalem-Est, il était entouré d’au moins une douzaine de membres de la police des frontières. On l’a menotté et transféré au centre d’interrogatoire et de détention d’Al-Mascobiyya de Jérusalem sans l’informer des accusations portées contre lui. Amir a déclaré à Défense Internationale des Enfants – Palestine qu’il a été fouillé à nu, qu’il a été soumis à des violences physiques pendant son interrogatoire et qu’il a signé un document en hébreu sans en comprendre le contenu.
« Les enfants palestiniens sont régulièrement soumis à des techniques d’interrogatoire contraignantes et violentes dans le but d’obtenir des aveux », a déclaré Ayed Abu Eqtaish, directeur du Programme de Responsabilité de DCIP. « Au cours des années récentes, les législateurs israéliens ont pratiqué une suite de politiques dures ciblant la jeunesse palestinienne de Jérusalem-Est, privilégiant la criminalisation et la punition plutôt que la réhabilitation et la réintégration, au mépris complet du droit international ».  
À son arrivée à Al-Mascobiyya, Amir a été obligé de se mettre à genoux sur le sol avec les mains liées dans le dos pendant environ deux heures avant d’être autorisé à rencontrer brièvement un avocat.
Amir a raconté qu’on l’a interrogé hors de la présence d’un avocat ou d’un tuteur légal. « On m’a accusé d’avoir lancé des pierres sur des soldats, mais j’ai nié. Alors, celui qui m’interrogeait s’est mis brusquement à me gifler très fort, à me frapper et à me donner des coups de pieds sur tout le corps ».
« À chaque fois que je niais, il me frappait plus fort. Il me poussait aussi contre le mur et m’y cognait la tête », a déclaré Amir à DCIP. « Il criait fort, jurait et disait des horreurs sur ma mère. Il menaçait même d’empêcher mon père de travailler ».
Après plusieurs heures d’interrogatoire, Amir a signé des documents en hébreu, une langue qu’il ne sait pas lire et qu’il ne comprend pas. Amir a été alors fouillé à nu et examiné par un médecin, mais n’a reçu aucun soin médical pendant sa détention.
« [Le médecin] m’a posé des questions sur les bleus que j’avais au visage et je lui ai dit que je les avais eus au cours de mon interrogatoire », dit Amir à DCIP. « [L’interrogateur] dit que je les avais avant l’interrogatoire, se mit à rire et quitta la salle ».
Amir a été relâché et confié à la garde de son père vers midi à la condition qu’il ne verrait pas pendant 30 jours un autre adolescent palestinien arrêté la même nuit.
Les enfants de Jérusalem-Est sont en général soumis à la Loi israélienne pour les jeunes qui, en théorie, s’applique de façon égale aux enfants palestiniens et israéliens. Cependant, les informations recueillies par DCIP font apparaître que les autorités israéliennes appliquent la loi de façon discriminatoire, privant les enfants palestiniens de Jérusalem-Est de leurs droits depuis l’instant de leur arrestation jusqu’à la fin des procédures judiciaires.
Les législateurs ont commencé en 2015 à lancer une suite de politiques dures visant les enfants palestiniens. Ces lois et d’autres changements de politique font partie des mesures de répression prises par les autorités israéliennes pour briser l’agitation qui commençait à s’étendre en 2015 dans Jérusalem et le reste de la Cisjordanie occupée.
Récit extrait de : http://www.dci palestine.org/east_jerusalem_teen_detained_at_night_and_beaten_during_interrogation.
Action
Avec quelques amis ou un groupe, allez, au plan local, à une foire, à un événement culturel… et que 2 ou 3 d’entre vous se mettent à genoux, les yeux bandés ou un ruban sur la bouche et les mains liées derrière le dos. Portez des pancartes avec des photos, des statistiques et des textes sur les arrestations d’enfants en Palestine comme pare exemple l’histoire d’Ahed Tamimi, pour informer les passants sur cette cruelle réalité que vivent beaucoup d’enfants de Palestine. Le reste du groupe distribuera des papiers sur les arrestations d’enfants en Palestine.
Prenez une photo de votre groupe et des pancartes pour les diffuser sur les réseaux sociaux. Joignez un lien à cette page du site web de Kumi Now avec les hashtags #KumiNow et #Kumi43.

Un texte : « Une lettre de prison », de DAM
Suhell :
Maman chérie
Je suis bouleversé parce que je suis à la maison et que tu es en prison
Les gens se moquent de moi parce que je suis dehors et toi dedans
Honte à ceux qui ne reconnaissent pas les femmes résistantes
Tu as mené la lutte toute ta vie
Et comme tu me portais alors que tu étais en prison
Mon premier cri à la naissance
Fut un cri pour la liberté
Douceur des os, dureté des barreaux
Je suis un bébé prisonnier, le bébé d’une prisonnière
Le seul mâle dans une prison de femmes
Je suis né là, et tu vis encore là
Je me souviens que tes menottes étaient mon seul jouet
Tu m’as allaité pour que je prenne conscience
Le temps le plus heureux pour vous toutes fut ma première dent
Je n’avais pas encore vu mon père mais j’avais plus qu’une seule mère
DAM est le premier groupe hip hop palestinien et fait partie des premiers groupes de rap en arabe. Paroles traduites du site web de DAM.
Vous pouvez écouter le chant sur : https://youtu.be/R6Kq-NeHqlE
Ressources (en anglais)
“No Way to Treat a Child: Palestinian Children in the Israeli Military Detention System” (2016):

Additional reports from DCIP can be found at http://www.dci-palestine.org/publications

Regular news coverage from DCIP:  
New Israeli law allows children as young as 12 to be jailed, August 2016: http://www.dci-palestine.org/new_israeli_law_allows_children_as_young_as_12_to_be_jailed
Jail terms extended for seven Palestinian teens held without charge or trial, July 2016: http://www.dci-palestine.org/jail_terms_extended_for_seven_palestinian_teens_held_without_charge_or_trial
Inside Megiddo’s juvenile section, an Israeli prison for Palestinian children, April 2016:


Reports from other organizations:  
HaMoked and B’Tselem, “Unprotected: Detention of Palestinian Teenagers in East Jerusalem” (2017):
Save the Children, “The Impact of Child Detention: Occupied Palestinian Territory” (2012): https://resourcecentre.savethechildren.net/sites/default/files/documents/5720.pdf
UNICEF, “Children in Israeli Military Detention: Observations and Recommendations” (2013): https://www.unicef.org/oPt/UNICEF_oPt_Children_in_Israeli_Military_Detention_Observations_and_Recommendations_-_6_March_2013.pdf
Other articles:
“To Israelis a Child Is a Child, Unless He Is a Palestinian” by Assia Ladizhinskaya and Eitan Diamond for Haaretz: https://www.haaretz.com/opinion/.premium-palestinian-children-are-unable-to-touch-the-hearts-of-israeli-jews-1.6243975


Traduction par les Amis de Sabeel France

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