Kumi Now Semaine 6 : du 25 novembre au 1er
décembre 2019
Voix et droits des femmes : Aspects de la
vie sous occupation
Les raids nocturnes contre les
Palestiniens des territoires occupés sont le principal outil de violence contre
les femmes palestiniennes. Le Centre
d’Aide et de Conseil Juridique pour les Femmes (CACJF, WCLAC en anglais) œuvre pour documenter cette violence et
s’y opposer. Voici ce qu’il vous faut savoir sur la violence contre les femmes
palestiniennes et ce que vous pouvez faire pour que nous puissions nous lever (Kumi !)
ensemble.
Organisation
Le Centre d’Aide et de Conseil Juridique pour les Femmes (CACJF) est
une organisation communautaire palestinienne à but non-lucratif qui œuvre pour
l’égalité entre les sexes et les droits des femmes en se fondant sur les
principes de la démocratie, de la justice sociale et du respect.
Le CACJF a recours à plusieurs
méthodes pour s’attaquer aux causes et aux conséquences de la violence sexiste
dans la société palestinienne, dont les origines sont à la fois internes et
externes, à savoir la société patriarcale traditionnelle et l’occupation
israélienne. Ces 26 dernières années, le Centre a mené des enquêtes, engagé des
dialogues et sensibilisé la conscience politique aux problèmes dont les femmes
palestiniennes sont les victimes.
L’activité du CACJF concerne les
femmes palestiniennes de Cisjordanie, de Gaza et de Jérusalem-Est - chacune de
ces zones connaissant ses propres difficultés - pour leur permettre d’exercer
leurs droits et d’accéder à une certaine autonomie.
Le CACJF invite tous ceux qui
tiennent à défendre les droits des femmes en Palestine à écrire aux
responsables de leurs partis politiques, à leurs députés et à tous les
responsables politiques locaux pour les inviter à :
·
Condamner la
poursuite de la politique israélienne illégale de colonisation.
·
Refuser tout
accord bilatéral avec des entreprises qui travaillent avec les colonies.
· Permettre
aux Palestiniens la liberté de mouvement au sein des territoires palestiniens
occupés et de Jérusalem-Est
·
Garantir l’entrée
libre de fournitures médicales et de personnel humanitaire à Gaza.
·
Garantie l’entrée
sans entraves en Israël, en cas de besoin de soins médicaux.
· Abroger la
loi discriminatoire sur la réunification des familles et permettre aux épouses des citoyens de
Jérusalem d’habiter à Jérusalem-Est.
Vous trouverez le Centre d’Aide et de Conseil Juridique pour
les Femmes sur son site web, en anglais, à l’adresse suivante : http://www.wclac.org/english/ et sur Facebook à https://www.facebook.com/Womens-Centre-for-Legal-Aid-and-Counselling-WCLAC-256930734377028/ et sur Twitter à https://twitter.com/WCLAC_English.
Le document complet en pdf sur :
https://drive.google.com/file/d/1m6JdFeg3udaEDS2Pm5SuMWmzQIejSf23/view
Le document complet en pdf sur :
https://drive.google.com/file/d/1m6JdFeg3udaEDS2Pm5SuMWmzQIejSf23/view
La situation
La violence sexiste ne cesse d’être
une menace pour les femmes palestiniennes. Les raids nocturnes en sont l’une
des principales expressions dans les territoires palestiniens occupés et à
Jérusalem-Est. Selon les chiffres connus, le CACJF estime qu’il y a environ 1 360
raids nocturnes chaque année, qui se terminent souvent par des arrestations, y
compris des arrestations d’enfants. La construction de colonies est directement
liée à l’accroissement des raids et arrestations nocturnes et à l’augmentation
de la violence exercée par les colons.
L'objectif du CACJF est de recueillir
des témoignages de femmes palestiniennes qui ont survécu à la violence et aux
attaques liées à l’occupation. Le CACJF emploie des femmes du terrain pour
recueillir ces témoignages grâce à des interviews dans les zones concernées, afin
d’avoir des témoignages directs sur les effets de ces raids et arrestations nocturnes
sur les femmes palestiniennes. Ces témoignages immédiats sont une étape
essentielle pour identifier les agressions et traiter la question au plan
judiciaire sur la base de preuves.
Le CACJF a adressé des demandes
officielles aux rapporteurs spéciaux des Nations Unies sur les agressions dont
sont directement victimes des femmes de Palestine. En juin 2016, un rapport sur
les raids nocturnes israéliens contre des résidences palestiniennes a mis en
évidence les effets de ces raids sur les femmes à travers 50 témoignages
recueillis au cours de l’enquête. Le rapport a relevé qu’il y avait un lien
direct entre les raids nocturnes d’une part et la proximité de colonies
israéliennes (illégales au regard du droit international) et de checkpoints
d’autre part. Le souci de la sécurité des colons, qui occupent illégalement des
terres dans les territoires palestiniens, a poussé l’armée israélienne à se
comporter en protecteur à leur égard, accroissant encore les tensions avec le
recours à des stratégies d’intimidation comme les raids nocturnes et les
arrestations illégales. Les blessures psychologiques infligées aux femmes par
ces méthodes sont clairement mises en évidence dans les témoignages recueillis.
En mai 2017, le CACJF a été invité à
présenter au Rapporteur Spécial [des
Nations Unies] sur les Droits Humains dans les Territoires palestiniens un
rapport sur les problèmes dont étaient victimes les femmes palestiniennes à
Jérusalem. Trente témoignages ont été recueillis au cours de l’enquête, et près
de la moitié d’entre eux concernaient des raids nocturnes. Le CACJF a signalé
que les effets émotionnels et mentaux de ces raids nocturnes sur les femmes et
leurs familles étaient graves et durables. Les tensions sont fortes entre les
Palestiniens et les colons installés à Jérusalem-Est
(territoire palestinien) où ils représentent aujourd’hui environ 40% d’une
population totale de 540 000 habitants, ce qui permet de comprendre que
les attaques ne sont pas exceptionnelles et que beaucoup de femmes vivent dans un
climat de peur et d’insécurité. Elles disent souvent avoir peur de voir leurs
enfants arrêtés pour s’être trouvés au mauvais endroit au mauvais moment.
Le CACJF a soumis un certain nombre
de propositions au Comité des Nations Unies pour
l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes (CEDAW en anglais)
pour le sixième examen périodique de la situation en Israël, en 2016. Les raids
nocturnes constituaient un élément important parmi ces propositions du fait que
la fréquence de ces raids avait augmenté depuis la flambée de violence
d’octobre 2015 et que pour ce seul mois 42% des témoignages signalaient des
menaces de mort faites par des soldats. Le document pressait le CEDAW de
prévoir une rubrique sur les raids nocturnes dans le rapport final qu’il allait
adresser à Israël. Le document de propositions comportait d’autres questions
concernant directement les femmes : le traitement des défenseurs des
droits des femmes, le transfert illégal hors des territoires palestiniens
occupés de femmes qui avaient été arrêtées, et les conséquences de la guerre
d’Israël à Gaza, tel le nombre considérable de victimes et de destructions
d’infrastructures, en particulier des réseaux d’approvisionnement en eau et des
réseaux d’assainissement.
En 2017 le CACJF a soumis au Conseil des Droits de l’homme des
Nations Unies, en vue de son Examen
Périodique Universel concernant Israël, un rapport sur la situation en
Israël-Palestine, notamment sur le traitement des femmes palestiniennes et la
violence sexiste. Le CACJF a relevé les actes qui ont les effets les plus
importants et les plus préjudiciables sur les femmes, et a fait valoir que les
raids nocturnes étaient utilisés pour intimider les Palestiniens et entretenir
un système d’oppression qui a des effets psychologiques néfastes durables sur
les femmes et leurs enfants. Dans de nombreux cas, des femmes ont signalé des
symptômes de traumatisme suite à des raids nocturnes. Le CACJF a demandé
qu’Israël prenne des mesures pour arrêter immédiatement les agressions et
violations à l’encontre des femmes et des enfants par ses forces armées.
En plus du caractère agressif et des
effets néfastes des raids nocturnes, les femmes palestiniennes sont soumises
aux contraintes d’un système patriarcal qui pèse culturellement et socialement
sur leur vie. Concernant Gaza, le CACJF a signalé que non seulement les femmes
y connaissent les plus hauts niveaux de violence sexiste, mais qu’en plus elles
n’ont pas de services de soutien ni de moyens d’y avoir accès. Pour cette
raison, beaucoup de violences n’y sont pas signalées, par peur des conséquences
sociales et suite au manque d’espaces de sécurité. Le blocus israélien de Gaza
enferme les gens dans un espace dépourvu de ressources et de services adéquats,
avec des procédures interminables, coûteuses et épuisantes pour en trouver. Lors
de la visite dans les territoires palestiniens occupés de Madame Dubravka Šimonović,
Rapporteure spéciale des Nations Unies sur les violences
faites aux femmes, le CACJF lui a remis des informations concernant les
violences sexistes en Palestine. La réalité d’actes dangereux et
discriminatoires perpétrés tant par les systèmes patriarcaux que par
l’occupation israélienne est un problème permanent. Dans son rapport, la Rapporteure
spéciale a relevé l’importance de TAKAMOL, l’organisme conjoint du CACJF, qui fournit
des services juridiques, sanitaires et d’aide sociale aux femmes ayant survécu
à des actes de violence sexiste, et qui met en place de centres qui leur
viennent en aide.
Tout à fait récemment, des membres
du CACJF ont participé à la 35ème session du Conseil des Droits Humains, à Genève, pour co-animer une
manifestation parallèle sur les « Violences faites aux femmes : Le cas
des femmes palestiniennes vivant sous occupation ». La manifestation
invitait à un dialogue ouvert entre spécialistes des droits des femmes et
membres de l’assistance sur la façon dont la violence de l’occupation est
associée à la violence sexiste au sein de la famille et de la société. L’une
des questions abordées concernait les discriminations dont font l’objet les
femmes suite à la loi [israélienne] de réunification familiale, qui leur
interdit l’accès aux avantages sociaux et aux soins médicaux, et qui surtout les
empêche de partager l’autorité parentale avec leurs maris citoyens de Jérusalem.
L’histoire de Shereen
Pour Shereen, une mère de quatre
enfants originaire d’Hébron qui a épousé un détenteur de carte de résident de
Jérusalem, la procédure de réunification familiale a été longue et onéreuse :
« Pendant près de neuf ans j’ai vécu
à Jérusalem dans la peur. Je ne pouvais pas demander la réunification familiale
parce que je n’avais pas encore 25 ans, et ne pouvais par conséquent pas circuler
librement. J’ai manqué quantité d’évènements familiaux à la maison de mes
parents à Hébron, et mes parents ne pouvaient pas venir me rendre visite. »
Elle a fait sa demande en 2016, mais plus de six mois après elle attendait encore
son permis. Maintenant elle reste enfermée chez elle par peur de contrôles
aléatoires pour vérifier qu’elle habite réellement à Jérusalem-Est : « J’ai l’impression d’être une
étrangère dans mon propre pays, et ne jouis pas des droits les plus élémentaires
qui sont ceux de pouvoir vivre avec ma famille et de me déplacer
librement. »
Publié initialement par le CACJF sur http://www.wclac.org/english/userfiles/JERUSALEM%20WOMEN-ISSUES%20OF%20CONCERN-MAY%202017-Final.pdf.
Action
Dessinez ou photographiez des fleurs
et envoyez l’image au Bureau des Femmes
des Nations Unies à l’adresse ci-dessous, avec un message demandant pourquoi
les Nations Unies n’exigent pas d’Israël qu’il respecte la Résolution 1325 de leur Conseil
de Sécurité (cette résolution concerne le droit des femmes, la paix et la
sécurité). Faites valoir qu’en n’exigeant pas
d’Israël qu’il respecte le droit international, les Nations Unies permettent
les violences exercées contre les femmes et les filles palestiniennes. Dans
votre message, encouragez les Nations Unies à appliquer intégralement la Résolution 1325 du Conseil de Sécurité et
à tenir Israël responsable de ses actes.
U.N. Women
2 United Nations Plaza, 12th Floor
New York, NY 10017
U.S.A.
Diffusez l’image ou la photo sur les
médias sociaux avec le message : « En
n’exigeant pas d’Israël qu’il respecte le droit international, les Nations
Unies permettent les violences contre les femmes et les filles palestiniennes. »
Sur Twitter vous pouvez aller à U.N.Women@UN_Women, et sur Facebook c’est @unwomen (https://www.facebook.com/unwomen/). Joignez un lien à cette page du site web de Kumi Now,
avec les hashtags #KumiNow et #Kumi6.
Un récit : « Le Déluge et l’Arbre », de Fadwa Tuqan
Lorsque l’ouragan tourbillonnant a déversé son déluge
sombre et maléfique
sur la bonne terre verdoyante
‘ils’ ont jubilé. Les cieux de
l’ouest
se sont répandus en récits joyeux :
« L’Arbre est tombé !
Le grand tronc est brisé ! L’ouragan
ne laisse aucune vie dans l’Arbre ! »
L’Arbre était-il réellement tombé ?
Jamais de la vie ! Pas avec nos
flots rouges coulant à jamais
non alors que le vin de nos branches
épineuses
a nourri les racines assoiffées,
racines arabes vivantes
s’enfonçant profondément, profondément,
dans le pays !
Lorsque l’arbre se dressera, les
branches
vont s’épanouir vertes et fraîches
au soleil
le rire de l’Arbre présentera ses
feuilles
au soleil
et les oiseaux vont revenir
Sûrement, les oiseaux vont revenir
Les oiseaux vont revenir.
Traduit de l’anglais. Poème de Fadwa
Tuqan, célèbre poétesse palestinienne de la résistance, publié dans
‘Palestine-Israel Journal of Politics, Economics and Culture’ sous http://www.pij.org/details.php?id=94.
Ressources – Rapports (en anglais)
·
“Report of the
Special Rapporteur on violence against women, its causes and consequences, on
her mission to the Occupied Palestinian Territory/State of Palestine”, par
les Nations Unies : http://www.humanrightsvoices.org/site/documents/?d=17723.
·
“Women’s Voices: Glimpses of Life Under Occupation” de CACJF / WCLAC :
http://www.wclac.org/Publication/7/Womens_Voices_Glimpses_of_life_Under_Occupation_2012.
·
“Women’s Voices: In the Shadow of Settlements” de CACJF / WCLAC : http://www.wclac.org/Publication/6/Womens_Voices_In_the_Shadow_of_the_Settlements_2010.
·
“Women and the Draft Constitution of Palestine” de CACJF / WCLAC : http://www.wclac.org/english/etemplate.php?id=1078.
·
“Voices of Palestinian Women” de CACJF / WCLAC : http://www.wclac.org/userfiles/WCLAC%20Voices%20of%20Palestinian%20Women%20-%20A%202009%20Report.pdf.
·
“Life Behind the Wall: Voices of women from the Seam
Zone” de CACJF /
WCLAC : http://www.wclac.org/english/etemplate.php?id=1107.
·
“Unpacking Gender In Coercive Environments: The Case
of the Jordan Valley” de Al-Haq : http://www.alhaq.org/publications/publications-index/item/unpacking-gender-in-coercive-environments-the-case-of-the-jordan-valleycategoryid10categoryid10.
·
“Joint-submission by WCLAC to Israel’s Universal
Periodical Review : Palestinian Women Under Prolonged Israeli Occupation”:
http://www.wclac.org/english/etemplate.php?id=1941.
·
“UN Submission by WCLAC on Jerusalem Women – Issues of
Concern” : http://www.wclac.org/english/etemplate.php?id=1880.
Traduit par les Amis de Sabeel France
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire