Israël et « la lettre de cachet »

Un texte de circonstance écrit à l'occasion du 14 juillet par notre ami Philippe Daumas, du CA des Amis de Sabeel France et qui devrait parler à plus d'un.
Le 14 juillet est notre fête nationale. Nous commémorons, ce jour-là, la prise de la Bastille en 1789. Les Anglais l'appellent fort opportunément « Bastille Day ». Il est significatif que l'événement qui symbolise la Révolution française soit la destruction d'une prison.
Tout sujet du Roi pouvait être « embastillé » sur une simple « lettre de cachet ». Les deux caractéristiques de cet emprisonnement étaient que le détenu ignorait : (1) quelle était la raison de son emprisonnement et (2) la durée de cet emprisonnement.
 La Révolution de 1789 a mis fin à cette pratique en adoptant le principe de la séparation des pouvoirs, cher à Montesquieu, ce qui s'est traduit par l'équivalent de ce que les Anglais appellent, en latin, « l'Habeas corpus » (= que tu aies le corps) qui fait obligation de présenter le prévenu, en personne (« corpus »), à un juge.
Il est surprenant de constater que l'État d'Israël qui se donne en parangon de la démocratie au Moyen-Orient ait recours à cette pratique archaïque qui a nom « détention administrative ». Les Palestiniens sont arrêtés par les troupes d'occupation israéliennes sans qu'on connaisse le motif, ni la durée de leur détention. En pratique, l'emprisonnement dure jusqu'à ce que le prévenu s'accuse lui-même des faits dont on veut qu'il s'accuse (c'est la version israélienne du « plaider coupable »). Sur les 5000 détenus palestiniens dans les prisons israéliennes (les chiffres peuvent varier d'un jour à l'autre), 450 (dont 50 enfants) le sont par « détention administrative ». 
Philippe DAUMAS, Maître de Conférences à l'Université Paul Valéry de Montpellier.

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