Kumi Now Sem 7 - CPT / Equipes chrétiennes d'Artisans de Paix - Checkpoints


Kumi Now Semaine 7 : du 2 au 8 décembre 2019
CPT / Equipes chrétiennes d’Artisans de Paix – Checkpoints

Les Palestiniens de la ville d’al-Khalil, connue aussi sous le nom d’Hébron, et surtout ceux qui habitent la zone H2, souffrent énormément de la présence de colons israéliens et de l’armée israélienne au centre de la Vieille Ville. À cause de la violence des colons et des soldats, et du fait des limitations de déplacements causés par les checkpoints militaires et d’autres moyens, les résidents palestiniens de la ville connaissent d’innombrables injustices dans leur vie quotidienne. Les Christian Peacemaker Teams (ou CPT : Équipes Chrétiennes d’Artisans de Paix) s’engagent pour la justice tout en étant attentifs aux droits humains et en accompagnant ces citoyens dans leur situation désespérée. Voici ce qu’il vous faut savoir et ce que vous pouvez faire pour que nous puissions nous lever (Kumi !) ensemble.
Organisation
Les Équipes Chrétiennes d’Artisans de Paix (Christian Peacemaker Teams ou CPT) sont présentes à al-Khalil depuis 1995, à l’invitation du maire et de la communauté locale. C’est une organisation de croyants qui soutient la résistance populaire non-violente des Palestiniens à l’occupation militaire israélienne et aux structures injustes qui la rendent possible. En collaborant avec les artisans de paix locaux, palestiniens et israéliens, et en informant les gens dans nos pays respectifs, nous contribuons à créer un espace favorable à la justice et à la paix.
CPT vous invite à vous informer sur le sujet puis à appeler l’ambassade ou la mission diplomatique d’Israël dans votre pays pour lui demander pourquoi Israël permet des politiques aussi dommageables et discriminatoires à l’égard des Palestiniens à Hébron. Rappelez-lui que tous les peuples devraient être libres et pouvoir vivre en paix, aussi les Palestiniens et pas seulement les Israéliens.
Après votre appel téléphonique, envoyez un mail et une lettre à l’ambassade ou mission diplomatique. Vous trouverez adresses et coordonnées sur le site http://embassies.gov.il/Pages/IsraeliMissionsAroundTheWorld.aspx.
Vous trouverez CPT sur son site web http://www.cptpalestine.com. Ou sur Facebook à http://www.facebook.com/cptpalestine/, sur Twitter à http://www.twitter.com/cptpalestine, et sur YouTube à https://www.youtube.com/user/CPTHebron.
La situation
Les checkpoints permanents ou temporaires, les barrages routiers et d’autres obstacles physiques sont utilisés par l’État d’Israël pour limiter la liberté de déplacement des Palestiniens et assurer son propre contrôle sur la Cisjordanie. À al-Khalil il y a plus de 100 obstacles physiques tels que les checkpoints et autres barrages routiers à l’intérieur de la Vieille Ville. 22 checkpoints sont permanents. Au cours des 12 derniers mois, 3 d’entre eux ont été fortifiés et 3 nouveaux ont été construits, dont deux dans la zone militaire fermée du quartier palestinien de Tel Rumeida. Tous les checkpoints militaires sont gérés par la police israélienne des frontières ou par des soldats, tous armés. Certains de ces checkpoints militaires sont fermés à 10 heures du soir et ne rouvrent qu’à 6 heures du lendemain matin, empêchant tout déplacement de nuit dans ces zones. Il n’est pas rare que des checkpoints soient fermés sans préavis, obligeant les Palestiniens à emprunter des itinéraires bien plus longs, ou que des secteurs entiers soient interdits aux Palestiniens pour des durées indéterminées.
Les CPT surveillent en permanence les checkpoints militaires israéliens (Qitoun, Salaymeh, et al-Ein Humrah) chaque matin des jours de classe, quand élèves et enseignants les traversent. En raison de la fortification des checkpoints il est difficile de voir ce qui se passe à l’intérieur, mais les CPT savent que les contrôles de cartables, de sacs pour les femmes, de cartes d’identité sont fréquents, tout comme les fouilles au corps. Ces checkpoints sont une violation du droit à l’éducation tel qu’il est défini à l’article 26 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme.
Chaque vendredi les CPT surveillent les trois checkpoints militaires situés à l’extérieur de la mosquée d’Abraham lorsque les gens les franchissent pour aller prier. Les mêmes contrôles que ceux indiqués ci-dessus sont effectués chaque vendredi à ces checkpoints-là. Ces contraintes tout comme les agressions et les intimidations qui les accompagnent se font en violation de l’article 18 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme qui stipule que « Chaque personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ».
Les Palestiniens sont obligés de passer par ces checkpoints pour aller de leur domicile à leur lieu de travail, à leur école et à leur lieu de culte. À ces checkpoints, les Palestiniens sont l’objet d’humiliations de la part de la police des frontières et des soldats israéliens, avec entre autres des temps d’attentes, des fouilles au corps, contrôles des sacs, contrôles des cartes d’identité, arrestations et détentions.
Fermetures, contrôles des cartes d’identité et fouilles au corps sont une gêne récurrente pour les Palestiniens lorsqu’ils vont au travail ou en reviennent. Non seulement les gens se voient refuser le passage ou sont retardés, mais les checkpoints rendent aussi difficile voire impossible le transport d’outils ou de matériaux d’une zone à l’autre d’al-Khalil occupée. Cela ralentit aussi ou même empêche de construire ou de réparer des infrastructures, et limite l’accès à des matériaux et autres ressources nécessaires. La présence constante de soldats israéliens aux checkpoints et le harcèlement auquel on y est exposé dissuade beaucoup de gens de se rendre dans la Vieille Ville, et limite autant la vente de marchandises que la demande de services, ce qui est source d’une récession économique permanente. Tout cela en violation du droit au travail tel qu’il est inscrit dans le droit international. 

L’histoire de Hassan, directeur d’école
Hassan, directeur de l’école primaire de garçons Ibrahimi d’al-Khalil, a échangé avec les CPT sur les conséquences sur l’éducation des checkpoints et de la présence permanente de militaires israéliens. Tous les matins, Hassan, accompagné de quelques enseignants, se tient à l’extérieur du checkpoint de Qitoun pour s’assurer que les élèves le traversent en toute sécurité :
 « À la police des frontières israéliennes tout le monde nous connaît, dit-il. Pourtant ils me contrôlent tous les jours, et les enseignants aussi. Une fois, alors que je traversais le checkpoint, un policier m’a demandé ma carte d’identité. Je lui ai dit : Mais vous me connaissez, je passe ici tous les jours, vous savez que je suis le directeur ! »
Bien qu’occupant la fonction de directeur de l’école Ibrahimi depuis quatre ans et traversant le même checkpoint chaque jour, Hassan se voit obligé de présenter sa carte d’identité, de vider ses poches, d’enlever sa ceinture et quelquefois aussi ses chaussures. Le personnel et les enseignants de l’école sont traités de la même façon. Et tout cela devant les élèves !
« D’abord je leur ai dit (à la police des frontières) que s’ils fermaient les tourniquets aux checkpoints, cela pourrait créer des problèmes. Ensuite je leur ai demandé : Si ces enfants étaient vos frères ou vos sœurs, vous sentiriez-vous à l’aise de les faire attendre ainsi sur le chemin de l’école ?
Je demande aux élèves de ne pas apporter de matériel de géométrie à l’école, parce que les soldats ne les laisseraient pas passer au checkpoint. S’ils en avaient dans leur sac, cela pourrait créer de gros problèmes. Ce sont des outils importants pour les élèves et leur apprentissage, mais ils ne peuvent pas en disposer.
Un autre problème vient de ce qu’il est souvent demandé à des élèves qui sont grands de taille pour leur âge de présenter une carte d’identité, même s’ils n’ont que 13 ou 14 ans et n’en disposent pas encore (chaque Palestinien reçoit sa carte d’identité quand il a 16 ans). Cela cause des problèmes lorsque ces élèves essaient de venir à l’école et que la police des frontières ne croit pas qu’ils ont moins de 16 ans.
Tous les jours après les classes, nous divisons les élèves en trois groupes et les accompagnons vers chez eux pour être sûrs qu’ils rentrent en toute sécurité à travers les checkpoints et sans être inquiétés par des colons et la police des frontières. Nous nous occupons vraiment de la sécurité de nos élèves, mais nous avons à affronter beaucoup d’obstacles, bien des difficultés.
Bien souvent des colons ont suivi des élèves sur le chemin de l’école. Nous ne pouvons pas non plus y apporter beaucoup de fournitures. Lorsque nous le faisons, les élèves doivent traverser le checkpoint avec ces fournitures. S’il nous faut du mobilier pour l’école, ou des fournitures de plus grande dimension, il faut les passer par les checkpoints. En plus, tout doit être porté sur une longue distance car nous n’avons pas le droit d’approcher du checkpoint ou de l’école en voiture. Pourquoi, oui pourquoi ne pouvons-nous traverser le checkpoint en voiture avec nos fournitures scolaires ? ?
Quant aux parents des enfants, ils ont trop peur pour venir jusqu’à l’école, trop peur pour venir voir leurs enfants dans leur environnement scolaire. À cause des checkpoints, de la police israélienne des frontières, des colons. Lundi dernier, la police israélienne des frontières a prétendu que plusieurs de mes élèves avaient lancé des pierres au checkpoint de Qitoun. Je leur ai dit qu’ils pouvaient fouiller l’école et qu’ils n’y trouveraient pas une seule pierre. Et de fait la police n’en a pas trouvé la moindre trace, juste un tas de gravats laissé par des ouvriers qui avaient dû percer des murs. N’empêche : la police des frontières a proféré des menaces, disant qu’elle viendrait à l’école arrêter tout enfant qui lancerait une pierre. C’est ma quatrième année comme directeur de cette école. Mes élèves ne lancent pas de pierres. »
Action
Votre communauté soutient-elle l’occupation à travers vos impôts ? Un important fournisseur de gaz lacrymogène et peut-être encore d’autres matériaux employés par les forces d’occupation est ‘Combined Systems’. Cette entreprise a une longue histoire avec Israël, comme en témoigne cet article paru en 2011 dans The Electronic Intifada’ (l’intifada électronique) : https://electronicintifada.net/content/tell-combined-systems-inc-stop-selling-tear-gas-israel/1094 ainsi que cet autre paru en 2018 : https://mobile.twitter.com/steketeh/status/997922653817262083. Sans parler de sa contribution à la terreur de l’occupation, les effets à long terme des gaz lacrymogènes ne sont pas connus (voir le récent rapport de recherche du Centre des Droits Humains de la Faculté de Droit de l’Université de Californie à Berkeley à l’adresse https://www.law.berkeley.edu/wp content/uploads/2017/12/NoSafeSpace_full_report22Dec2017.pdf).
Adressez une lettre au chef de votre police locale pour lui demander : « Votre service se fournit-il auprès de Combined Systems (https://www.combinedsystems.com) ou auprès de toute autre société qui tire profit de l’occupation israélienne ? Veuillez résilier tout contrat avec ces sociétés et refuser de faire des affaires avec elles à l’avenir. J’aime ma communauté qui peut vivre en sécurité et les officiers de police, mais je ne veux pas apporter mon soutien à l’occupation israélienne. »
S'il est bon d’adresser ces messages directement à vos services de police, nous pouvons accroître notre vigilance à l’égard des services locaux de maintien de l’ordre en rendant publics ces messages, en leur tweetant vos questions et en les affichant sur leurs pages Facebook. N’oubliez pas d’en informer vos agences de presse locales avec en plus un lien vers cette page du site web de Kumi Now et les hashtags #KumiNow et #Kumi7.
Un texte : Les Béatitudes
Voyant les foules, Jésus monta sur la montagne, il s’assit et ses disciples vinrent à lui. Puis il prit la parole et se mit à les instruire :
Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux !
Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés !
Heureux ceux qui sont doux, car ils hériteront la terre !
Heureux ceux qui ont faim et soif de justice, car ils seront rassasiés !
Heureux ceux qui sont compatissants, car ils obtiendront compassion !
Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu !
Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu !
Heureux ceux qui sont persécutés à cause de la justice, car le royaume des cieux est à eux !
Heureux êtes-vous lorsqu’on vous insulte, qu’on vous persécute et qu’on répand sur vous toutes sortes de méchancetés à cause de moi. Réjouissez-vous et soyez transportés d’allégresse parce que votre récompense est grande dans les cieux ; car c’est ainsi qu’on a persécuté les prophètes qui vous ont précédé.
Matthieu 5.1-12
Ressources (en anglais)
Rapports :
·         Incident Report by Christian Peacemakers Teams, December 2017 : www.cptpalestine.com/wp-content/uploads/2018/02/FIINAL-INCIDENT-REPORT-2017.pdf.
·         “Israeli Checkpoints in the Occupied Territories”, de MIFTAH : www.miftah.org/Display.cfm?DocId=14429&CategoryId=4.
·         ‘A Palestinian’s Daily Commute Through an Israeli Checkpoint” dans The Washington Post du 25 mai 2017 : https://www.washingtonpost.com/graphics/world/occupied/checkpoint/?utm_term=.507834800a26.

Vidéos :
·         “Coffee in Palestine – Checkpoints: The Stranglehold on Palestine”, de PressTV : https://youtu.be/a-eGg5defJU.
·         “Al Jazeera World: Hard Crossings”, de Al Jazeera English : https://youtu.be/jYcJSiq4_N4.
·         “Ramadan at an Israeli Military Checkpoint”, de The Electronic Intifada : https://youtu.be/3PEle6eW-QE.



Traduit par les Amis de Sabeel France

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