Appel
de Noël 2020 de Kairos Palestine : Extraits
Chers
amis,
Les
Amis de Sabeel France ont décidé cette année de ne pas traduire l’ensemble de
l’Appel de Noël de Kairos Palestine mais juste deux articles pour vous en
donner une idée, et des extraits des autres contributions. C’est un véritable trésor
d’idées et de stimulations qui nous viennent de frères et sœurs chrétiens de
Palestine ou d’autres régions du monde mais sensibles à ce que vivent ces
frères et sœurs palestiniens. Recevez-les comme des friandises que l’on déguste
petit à petit, pas toutes en même temps, et partagez-les sans modération en ce
temps d’Avent et de Noël. Et s’il vous plait : Prenez au sérieux, mettez
en pratique les propositions très concrètes auxquelles vous invite le dernier
texte !
Les textes complets originaux sont disponibles en anglais sur le blog des Amis
de Sabeel France : https://amisdesabeelfrance.blogspot.com/
Que ce temps vous donne à tous de
nouvelles forces !
Fraternellement
Ernest Reichert, président des Amis de Sabeel France
S.B. le Patriarche latin Michel Sabbah écrit dans
son message pour Noël 2020 :
…A
ce jour, les relations de beaucoup d’humains ont été des relations de guerre,
de mort et de haine. En cette Terre Sainte aussi où a brillé la lumière de
Noël, où ont parlé les prophètes et Dieu lui-même, où il a fait briller sa
lumière, Caïn continue à tuer son frère Abel. Beaucoup dans notre pays
continuent à vivre dans l’ancienne obscurité qui est source d’injustice et
d’aveuglement et qui empêche les uns de voir dans les autres l’image de Dieu. Et
beaucoup de ceux qui n’arrivent pas à voir dans l’autre l’image de Dieu font de
cet autre un ennemi et d’eux-mêmes des assassins de leurs frères et de leurs
sœurs….
Pourquoi
donc la paix est-elle absente alors même que chacun veut la paix ? Parce
que ceux qui ont le pouvoir ne veulent pas la paix de Dieu, qui se construit sur
la justice et sur l’égalité de tous les enfants de Dieu. Ils construisent leur
paix sur le pouvoir et sur l’argent, et ne se préoccupent pas de la dignité de
l’être humain et de son égalité avec tous ses frères et sœurs….
Le
pays de la Nativité est un pays de lumière, d’amour, de paix et de justice. Les
dirigeants et tous ceux qui survivront dans ce pays sont ceux qui seront
capables de voir l’image de Dieu en tout être humain, capables de voir la
lumière et d’être des bâtisseurs de paix, de justice et d’égalité. Ce sont
ceux-là qui hériteront de la terre, aujourd’hui et demain.
Yousef AlKhoury, un chrétien orthodoxe
né à Gaza et membre entre autres du programme « Christ au
checkpoint », écrit sur la sagesse des mages :
…Je
suggère que le message que Matthieu voulait nous transmettre, c’est que Dieu
n’est pas seulement le Roi des Juifs d’Israël, mais aussi le Roi de toutes les
nations. Nous ne pouvons enfermer Dieu dans un pays, dans un groupe ethnique, dans
une tradition religieuse, ni même dans telle ou telle théologie… Les mages ont
été fidèles à leur mission. En refusant de se plier à l’ordre d’Hérode, ils ont
mis le faible enfant Jésus à l’abri de la brutalité de l’empire. Les systèmes
oppressifs de ce monde veulent que les gens se soumettent à leurs ordres. Ce
que nous pouvons apprendre de la sagesse des mages, c’est que nous devons
protéger les plus faibles et résister d’une manière créative à l’oppression de
l’empire. Une telle résistance créative à l’oppression est au cœur même de
l’éthique du document Kairos-Palestine.
Le Rév. Moss Ntlha, secrétaire général
de l’Alliance évangélique d’Afrique du Sud, a intitulé sa contribution :
De Bethléem au monde entier avec amour. Quelques extraits :
…Comme Sud-Africain, j’ai pu voir de mes propres yeux comment, entre les mains de politiciens rusés sans foi ni loi et avec l’aide de leurs admirateurs locaux et étrangers, la Bonne Nouvelle de Notre Seigneur Jésus a été mise au service de l’apartheid… Il est tragique que celui qui vient visiter Bethléem en 2020 ne peut échapper à l’ironie de cette situation : l’endroit même qui a été source d’espérance pour des millions de gens à travers le monde a si peu d’espérance à offrir à ceux qui y vivent aujourd’hui. Le quotidien des habitants de Bethléem est marqué par une occupation dont on ne voit pas venir la fin, par l’oppression et la déshumanisation mises en œuvre par l’État d’Israël, par le mépris des droits humains et l’incarcération d’un grand nombre et même d’enfants, par un racisme éhonté qui se sert du nom de Dieu pour justifier le vol des terres et les abus de pouvoir, avec la complicité d’un nombre impressionnant de chrétiens du monde entier qui pourtant devraient savoir quelles sont les valeurs du Royaume de Dieu, mais qui sont aveuglés par les manœuvres politiques de l’État d’Israël et de son plus grand allié, les États-Unis d’Amérique….
On
aurait pu penser que cela allait de soi qu’aimer Dieu c’est aussi aimer son
prochain, même s’il est palestinien. Il n’en est rien. Beaucoup acceptent que
les Palestiniens soient maltraités sur la base de la croyance erronée que c’est
Jésus lui-même qui le demande pour préparer son Retour…
Une prière ensuite :
Dieu
de l’univers et de tous les peuples, apprends à ton Église à résister à
l’oppression d’une manière qui soit un signe de ton amour. Apprends-nous à
pratiquer la justice, à aimer, à accueillir et à intervenir en faveur de ceux
qui vivent en marge de nos sociétés. Que ta communauté vienne sur la terre
comme au ciel. Amen.
Et une piste d’action :
Osez
un acte de résistance en ce temps d’Avent.
Yusef Daher, secrétaire exécutif du
Centre Inter-Églises de Jérusalem et l’un des auteurs du document
Kairos-Palestine a intitulé son article : Les bergers sont toujours là.
Extrait :
Dans
la petite ville de Beit Sahour, juste à côté de Bethléem côté Est, vous trouverez
encore des descendants des bergers. Ils faisaient partie des premiers disciples
de Jésus, et le nom que l’on donne aujourd’hui à leurs enfants est celui de
chrétiens palestiniens. Leurs ancêtres habitaient déjà là bien longtemps avant
que les gens ne connaissaient Dieu, bien longtemps avant le judaïsme et le
christianisme et l’islam. Ils sont toujours là, en dépit de toutes les
occupations du territoire par des étrangers. Leur sang a été mélangé avec celui
d’autres ethnies, leur foi a traversé bien des évolutions et leurs combats ont
fait l’objet de bien des recherches. Les bergers qui ont été témoins de la venue
au monde de la Parole ont choisi de s’accrocher à leur ville, et de partager le
message avec le monde entier. Un rameau d’olivier dans une main et l’histoire
de Jésus dans l’autre, leurs enfants habitent toujours là, et partout en
Palestine, et en Israël. C’est vrai qu’ils ne sont plus tous bergers, mais ils
se savent toujours investis de la mission d’être des témoins vivants des
enseignements du Christ et du Nouveau Testament…
Mira Rizeq, membre de l’équipe
palestinienne du Forum œcuménique Palestine-Israël (PIEF) du Conseil Œcuménique
des Églises, a écrit : En allumant votre bougie d’Avent. Extrait :
…La
Covid-19 a commencé par éclater dans le district de Bethléem… Durant plus de
deux mois ce district a été mis en confinement, et les conditions de vie
n’étaient pas faciles : survivre, s’adapter, prier, résister avec dignité
et persévérance, se battre pour garder sa santé physique et mentale… que Le
document Kairos-Palestine aussi a été rédigé durant l’une de ces périodes
sombres de l’histoire de la Palestine. Il est à la fois un cri d’angoisse qui
surgit du plus profond de l’obscurité, et le profond témoignage d’une espérance
que rien ne peut étouffer…
Nous
avons besoin de plus que de vos larmes de tristesse et de révolte, de plus que de
vos discours et de vos appels. Ce dont nous avons besoin, c’est que les gens de
toutes convictions qui croient en la justice « défendent le droit et la justice et libèrent le spolié du
pouvoir de l’exploiteur » (Jérémie 22.3). S’engager pour la justice
est une décision qui coûte. Oserons-nous relever le défi et en payer le prix,
ou allons-nous capituler ?
Le Rév. Inbaraj Jeyakumar, un Dalit
d’Inde, a écrit : Que dirait Jésus aux opprimés de longue date ?
Comment préserverait-il leur espérance aujourd’hui ? Nous avons
traduit toute sa contribution. Elle est jointe à cet envoi.
Le Rév. Dr. Munther Isaac, pasteur de
l’église luthérienne de Noël à Bethléem, Doyen du Bible College de Bethléem,
membre aussi de Kairos-Palestine et directeur des fameux colloques Christ au
checkpoint, a écrit : Ah, si tu déchirais les cieux et si tu
descendais ! En voici quelques extraits :
…Nous
aimerions tant pouvoir nous réjouir durant ce temps de Noël, allumer les
bougies du sapin, acheter des cadeaux pour les enfants. Mais comment nous
sentir heureux ? Cette année a été remplie d’événements pénibles : un
soi-disant plan de paix qui n’est rien d’autre qu’une consolidation de plus du
régime d’occupation et d’apartheid, et des accords de paix avec des États
arabes qui ne sont rien d’autre que des accords militaires et des coalitions
guerrières. Les superpuissances continuent à contrôler le destin des peuples et
des nations, le sort des humains ne les intéresse guère. Leur principal souci
est de développer leur influence et leur pouvoir, avec arrogance et
condescendance comme s’ils étaient les maîtres de l’humanité.
« Regarde et vois, depuis le ciel,
depuis ton palais saint et splendide… Ah, si tu déchirais les cieux et si tu
descendais. »
C’était le cri d’Ésaïe en son temps. « Tel
un feu qui brûle des taillis, tel un feu qui fait bouillonner des eaux,
descends pour faire connaître ton nom à tes adversaires. Les nations seraient
commotionnées devant toi. »…Où es-tu, Seigneur ? Comment peux-tu
rester silencieux quand l’injustice et l’hégémonie des puissants dominent le
monde ?
Quand
Dieu est venu dans notre monde, il a choisi de venir comme l’un des délaissés
et des opprimés… Son arme était l’amour, l’amour pour Dieu et l’amour pour l’autre.
Jésus est venu pour construire un autre genre de royaume, pas comme celui de
l’empereur ou du calife ou d’un roi du temps des croisades ou d’un khédive ou
d’un sultan turc. Il est venu construire un royaume qui n’est vraiment pas du
genre Netanyahu ou Trump. C’est un royaume pour ceux qui aiment la paix, la
bonté et la justice. Un royaume dont le symbole est la croix. Pas celle des
croisés mais celle de Golgotha. Une croix d’amour, de sacrifice et de
rédemption.
Dieu
n’est ni silencieux ni distant. Oui, il a
déchiré les cieux… Il est notre
soutien. Il est avec nous et avec tous les disciples du Christ qui, partout
dans le monde, ont compris son message. Je reçois des lettres d’encouragement
du monde entier. Il existe des gens qui refusent de se courber devant le
monstre et son royaume…
Notre
message est un message de constance. Nous sommes là, nous ne partirons jamais.
Eux sont venus et ils sont repartis, mais nous, nous sommes restés. Ils ont conspiré contre nous et
contrre notre pays, mais nous avons tenu ferme. Notre constance et notre
résilience sont notre résistance… Si Dieu est avec nous, qui alors sera contre
nous ?
Bisan Kassis et Rifat Kassis, : la
voie à suivre. Nous
avons traduit l’ensemble de leur contribution. Elle est jointe à cet envoi.
Les
traductions ont été assurées par Danielle Vergniol, Jacques Toureille, Ernest
Reichert. Merci à eux.
Que
dirait Jésus à ceux qui ne cessent d’être opprimés ?
Comment préserverait-il leur espérance aujourd’hui ?
Rev. Inbaraj
Jeyakumar
Récemment, je suis
tombé sur cette expression : « Fais
comme Dieu : Deviens humain ! ». C’est peut-être
l’expression qui traduit le mieux la profondeur du souci de Dieu pour
l’humanité. En s’incarnant dans l’humanité, Dieu, en Jésus-Christ, a endossé la
réalité même de notre univers, devenant un parmi nous. Mais la réalité de la
nature humaine est entachée par ce que l’on a appelé ‘péché’, et que l’on
ferait sans doute mieux de présenter comme la distorsion des bons projets que
Dieu a pour l’humanité. Cette distorsion se vérifie sous de multiples formes
aujourd’hui, des millions d’années après les débuts de l’humanité. Cela se voit
dans la jalousie, la haine, la violence, l’oppression, la coercition,
l’ostracisme, et dans la fragmentation permanente d’une société qui repousse l’humanité
toujours plus loin des bonnes intentions que Dieu a pour elle.
Dieu, entré dans ce
monde en tant que Jésus il y a vingt siècles, se rendait bien compte des
réalités glauques et brisées dans lesquelles les êtres humains vivaient. Il a
ainsi pu appréhender toute rencontre dans sa vie terrestre et lui proposer une
transformation radicale. Dès la naissance de Jésus, le réfugié qu’il était a
trouvé sa première demeure au milieu du bétail dans une humble famille
d’immigrés. Ce n’était pas seulement un acte d’humilité, c’était un acte de
solidarité. Dans sa vie et son ministère, il s’est retrouvé dans les contextes
les plus misérables, avec des lépreux, des pécheurs, des veuves et des
étrangers dont la plupart étaient méprisés si ce n’est carrément maltraités.
À travers ses actes
si peu conventionnels, Jésus démontrait ce qu’agir pour les marginaux signifie
vraiment. Dans sa mort, il a côtoyé des criminels et des soldats, rendant clair
ainsi que personne n’est exclu de l’appétence de Dieu pour la repentance, le
renouveau, la restauration. Là où l’exclusion était acceptée comme ‘la norme’,
Jésus s’est assuré que, dans le Royaume de Dieu, dans l’ordre du monde voulu
par Dieu, aucune discrimination n’est possible. Par sa résurrection et son
ascension, il a changé la vie de ceux qui pensaient que la mort avait le
dernier mot. Jésus a été l’ultime donneur d’espoir. Et il continue à être le
même aujourd’hui.
Les Palestiniens de
Terre sainte sont un des peuples les plus opprimés au monde. Ils sont les victimes
de systèmes mondiaux d’injustice qui traversent les sphères politique,
économique et sociale. Les annexions et la militarisation ont atteint des
niveaux alarmants, et le simple droit à la vie est retiré à des communautés
entières, surtout en Cisjordanie et autour d’elle. Bethléem, cité symbolique de
communion, est assiégée par l’oppression et l’injustice.
Du fait que le
conflit israélo-palestinien est au cœur des inquiétudes mondiales, l’idéologie
sioniste continue à avoir un impact sur toutes sortes de groupes chrétiens à
travers le monde. C’est pourquoi il est impératif d’être constamment impliqué, avec
la fourniture de clefs de lecture et des études bibliques, dans l’éducation des
masses face aux effets débilitants d’une idéologie porteuse de divisions, et de
mettre en avant les histoires des Palestiniens qui sont les victimes d’une
telle souffrance qui perdure.
Que ferait Jésus dans
telle situation aujourd’hui ? C’est la question à laquelle nous sommes
confrontés. La réponse est simple : Jésus ferait la même chose que ce
qu’il a fait durant ses années sur terre, en adaptant son ministère aux besoins
et aux situations particulières du 21ème siècle. Jésus n’a jamais
été hors de la réalité, il est toujours présent avec les gens. Et sa présence
n’est pas seulement une lueur d’espoir : elle est l’assurance qu’il est
toujours du côté des victimes. Un retour aux Écritures donne de l’espoir en
période de désespoir. Commençons par trouver le réconfort dans les mots de
Jésus qui répétait inlassablement : « N’ayez
pas peur ! ».
Mais il ne faut pas
nous arrêter là, parce que Jésus ne s’est pas arrêté là. Lui qui prêchait la
paix et la confiance est aussi celui qui a accepté de faire un mille de plus, qui
a renversé les tables dans le temple et proclamé la vérité face à la puissance de
l’Empire en dénonçant l’injustice. Face à la maltraitance et à l’exclusion, à
la négation des droits et à l’accaparement des terres, Jésus nous demande de
résister et de protester dans l’espérance de la justice. Cette espérance est
remplie de la vision du Royaume de Dieu où règnent la joie absolue, la paix et
la justice, et où il n’y a plus ni pleurs ni souffrance.
Comme
le mouvement de Jésus au premier siècle, nous avons besoin que des groupes
travaillent ensemble, aujourd’hui, à cette cause. Jésus souhaiterait des
efforts coordonnés à travers des actes d’organisations, des actes de
solidarité et de résistance, des efforts incessants pour trouver les
alternatives divines qui permettront l’espérance et la justice pour les
Palestiniens. Dieu qui est devenu humain nous appelle à faire de même.
Le Rév. Inbaraj Jeyakumar est membre de l’Église d’Inde du Sud. Il a
commencé son parcours dans le Mouvement étudiant chrétien d’Inde (SCMI) lorsqu’il
était étudiant au Collège américain, puis au Séminaire théologique Tamilnadu de
Madurai. Peu après ses études de théologie, Inba a rejoint le SCMI comme secrétaire,
pendant quatre ans, de son programme en faveur du sud de la région Tamil Nadu. Le
SCMI l’a envoyé se former pendant deux ans dans le domaine de la justice
sociale internationale à l’Église presbytérienne Jan Hus de New York, après
quoi il a rejoint le bureau national du SCMI à Bangalore. Issu de la communauté
Dalit, celle des « Intouchables » hors castes et victimes
d’innombrables discriminations en Inde, il a fortement inspiré et encouragé les
étudiants Dalits et ceux issus des communautés tribales, surtout grâce au programme
des bourses du SCMI. Fervent supporter de la lutte palestinienne, il est
actuellement secrétaire général du SCMI.
Réfléchir : De quelle manière la pandémie du Covid-19
a-t-elle révélé des structures mondiales injustes et des programmes
gouvernementaux injustes de par le monde ? Là où se trouve votre
communauté, voyez-vous les effets de cette injustice ? Comment vous et vos
proches pourriez-vous les surmonter ?
Prier : Dieu, toi qui entends les pleurs des opprimés, fais que la lumière des
bougies et le chant des cantiques de Noël remplissent mon cœur et me poussent à
agir en partenariat avec celles et ceux qui souffrent des injustices de la vie.
Au nom de Celui qui, né dans une étable, a bâti sa demeure parmi les opprimés.
Amen.
Agir : « Fais comme Dieu. Deviens humain ».
Traduit
par Danielle Vergniol pour Les Amis de Sabeel France
La voie à suivre
par Bisan Kassis et Rifat Kassis
Noël est le temps où nous célébrons le Prince de la paix. C’est le temps où Dieu nous montre son grand amour pour nous et pour toute l’humanité. C’est un temps de réflexion, de guérison et de nouvelles forces.
Lorsque nous comparons la situation d’aujourd’hui à celle d’y a plus de deux mille ans, nous y trouvons beaucoup de similitudes.
Beaucoup de personnes à Bethléem sont confrontées exactement aux mêmes problèmes que ceux qu’ont connus Marie et Joseph quand ils étaient sans abri et ne trouvaient pas de lieu où habiter. Beaucoup de gens de Bethléem fuient le pays, tout comme Marie et Joseph ont fui vers l’Egypte pour se soustraire à la colère du roi Hérode.
Les postes de contrôle aux entrées de Bethléem et les massives grilles de fer dans le mur qui entoure la ville rappellent les postes de contrôle et les murs qui encerclaient Bethléem il y a deux mille ans. Mais alors qu’il y a deux mille ans c’étaient les Romains qui occupaient la ville, ce sont aujourd’hui plus de cent cinquante mille colons juifs [israéliens] dans plus de vingt colonies destinées uniquement à des Juifs, mais construites sur des terres palestiniennes qui entourent Bethléem sur trois côtés. Le mur de séparation s’étire sur près de 100 km, et sa construction n’est pas finie. Ce qui reste disponible aujourd’hui pour les habitants de Bethléem, pour leurs projets de construction, leurs loisirs, leurs besoins d’éducation, leurs commerces et leur agriculture ne représente plus que 12% de la superficie d’origine.
Les trois sages (ou pas si sages ?) qui sont venu s’enquérir auprès d’Hérode sur la naissance de Jésus - au lieu de s’adresser aux gens et de s’enquérir auprès d’eux - sont les mêmes que ces personnes mal avisées qui croient encore de nos jours que ce sont les rois et les présidents qui peuvent apporter la paix à ce monde troublé.
Une grande différence entre notre époque et celle d’il y a deux mille ans, c’est que, si nous levons aujourd’hui nos yeux vers le ciel à la recherche de l’étoile de la paix qui illumine Bethléem, ils sont aveuglés par le faisceau des énormes projecteurs placés sur les tours de guet, faisceaux qui balayent les routes afin d’assurer la « sécurité », …une « sécurité » qui n’est pas la paix.
Tout ceci semble être une bien horrible façon de célébrer Noël, mais n’est-il pas bon de nous rappeler que le Christ est né dans la même obscurité et dans la même misère ? C’était la mission de Jésus en ce monde : naître et vivre dans les plus sombres réalités de nos existences. Vu ainsi, nous trouverons courage et espérance, comme les ont trouvés aussi les bergers de Beit Sahour il y a deux mille ans, et comme les trouvent aujourd’hui les chrétiens palestiniens de Bethléem et les chrétiens du monde entier.
L’appel de Jésus Christ, c’est de nous aimer les uns les autres et de nous rencontrer les uns les autres pour construire un monde d’amour. Le monde que nous connaissons aujourd’hui est confronté à une violence croissante, à des catastrophes causées par l’homme et par la nature, à la pandémie de la Covid-19, à la pauvreté et à la perte de dignité. Il a un besoin urgent d’être transformé en un monde de compassion et d’humanité.
Le temps est compté pour nos frères et sœurs de Palestine. Soutenez-les par votre solidarité, votre engagement et votre compassion, et aussi votre refus déterminé, public et collectif d’accepter toute issue qui ne soit pas la fin de l’oppression. Ensemble, nous pouvons inverser le mouvement pour connaître enfin la paix dans la justice, cette paix à laquelle aspirent tous les peuples du monde, cette paix qui a été annoncée à Bethléem.
C’est pourquoi Kairos Palestine vous demande avec insistance de :
1. Distribuer et discuter dans vos églises tous les dimanches du temps de l’Avent des documents d’information et des études théologiques afin d’instruire et de former vos communautés sur ce que vit votre famille palestinienne sous occupation israélienne.
2. Distribuer son Appel de Noël dans les paroisses, les consistoires, les régions ecclésiastiques et les diocèses de votre pays.
3. Lire le « Cri pour de l’Espoir » de Kairos Palestine et de ses partenaires du monde entier qui a été diffusé le 1er juillet de cette année. Allez sur son site www.cryforhope.org pour le signer et soutenez la mise en œuvre de ses sept recommandations :
a. Lancer des initiatives au niveau local, confessionnel et œcuménique pour des actions décisives face au déni des droits des Palestiniens.
b. Contester les théologies et les interprétations de la Bible qui prétendent justifier l’oppression du peuple palestinien.
c. Soutenir la résistance palestinienne, y compris le mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions) et un plaidoyer politique direct.
d. Demander que les gouvernements et les organisations internationales interviennent au niveau politique, diplomatique et économique pour mettre un terme aux violations par Israël des droits humains et du droit international.
e. S’opposer à toute assimilation de la critique de la politique israélienne avec de l’antisémitisme.
f. Soutenir les initiatives communes à des Israéliens et des Palestiniens ainsi que les partenariats interconfessionnels qui s’opposent à l’apartheid et créent des occasions pour œuvrer ensemble pour la justice et l’égalité.
g. Venir constater sur place ce qu’est la réalité en Terre sainte pour montrer sa solidarité avec les initiatives prises sur le terrain en faveur d’une paix juste.
4. Envoyer à l’ambassade israélienne de votre pays des lettres de solidarité et de soutien en faveur de la justice en Palestine-Israël (en France : 3 rue Rabelais 75008 Paris).
5. Informer vos frères et sœurs de Palestine sur la façon par laquelle vous vous êtes impliqués dans cet Appel de Noël, en nous écrivant à kairos@kairospalestine.ps . Contactez-nous également pour toute autre raison, car notre force et notre courage puisent leur énergie dans nos contacts avec vous.
Le seul espoir de ce monde continue à provenir de la lumière d’une étoile que ni les chars d’assaut, ni les avions de combat, ni les murs de séparations, ni les énormes projecteurs ne pourront empêcher de chasser l’obscurité.
Avec ces quelques réflexions sur Noël, nous vous saluons tous et vous souhaitons un Heureux temps de Noël et une merveilleuse Nouvelle Année !
Bisan
Kassis a travaillé de nombreuses
années dans des organisations de défense des droits humains au sein de la
société civile de Palestine. Elle a une grande connaissance et expertise dans le
domaine du plaidoyer et dans le suivi et l’évaluation de projets. Aux UCJG de
Jérusalem-Est, elle a coordonné le travail de l’Initiative Commune de Plaidoyer
(JAI) de Palestine, et a été instructrice et formatrice à l’Institut pour le
Partenariat Communautaire (ICP) de l’Université de Bethléem. Bisan a également
été la coordinatrice du programme OPGAI, un réseau de onze organisations
actives dans le plaidoyer en Palestine occupée et sur le plateau du Golan
occupé. Elle est une consultante expérimentée, stratégique et
multidisciplinaire auprès de GRIP Consulting, un cabinet de conseil basé à
Bethléem, et est une associée de INTRAC, une société sans but lucratif au
service de la société civile. Depuis juin 2015, Bisan est consultante à plein
temps chez GRIP Consulting. Elle se consacre à développer l’action de la
société civile et a travaillé comme consultante dans de nombreuses
organisations non-gouvernementales palestiniennes et internationales.
Rifat
Kassis a longtemps été engagé
dans nombre d’initiatives non-violentes au sein du conflit palestinien. Il a
développé son expérience professionnelle dans plusieurs régions : en
Palestine et au Moyen Orient, dans le nord du Caucase, en Asie Centrale et en
Europe. En 1991, il a fondé la première et unique organisation
non-gouvernementale de Palestine engagée dans la défense des droits des
enfants : DCI - Défense Internationale des Enfants. De 2005 à 2012, il en
a été le président-élu au niveau international, à Genève. En 1995, il a été le
cofondateur de ATG : Alternative Tourism Group - Groupe de tourisme
alternatif. De 2000 à 2004 il a été directeur des UCJG de Jérusalem-Est, et a
été le fondateur de la « Campagne de l’olivier » : Olive Tree
Campaign. En 2005, il a été le responsable du Programme Œcuménique d’Accompagnement
en Palestine et en Israël (EAPPI) du Conseil Œcuménique des Eglises. Il a été
le moteur et l’un des co-auteurs du document Kairos Palestine et est devenu
Coordinateur Général du mouvement Kairos Palestine et de la Coalition mondiale
Kairos pour la Justice (Global Kairos for Justice). Il a publié deux livres et
a contribué à la rédaction de seize autres ouvrages.
Traduit
par Jacques Toureille pour Les Amis de Sabeel France
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