Kumi Now Année 2 Semaine 45 : du
25 au 31 août 2020
Dar
al-Kalima - La résistance par l’art
Soumis
à l’occupation israélienne, les Palestiniens réagissent de différentes façons
et ont recours à des formes originales de résistance. Tout comme d’autres écoles
et organisations artistiques, l’institut universitaire Dar al-Kalima des Arts et de la Culture a bien compris que l’art
comme outil de résistance est un élément essentiel pour une résistance
non-violente. Voici ce qu’il vous faut savoir sur les artistes palestiniens
engagés dans la résistance non-violente, et ce que vous pouvez faire pour que
nous puissions nous lever (Kumi !) ensemble.
Organisation
L’institut
universitaire Dar al-Kalima des Arts
et de la Culture compte actuellement près de 500 étudiants inscrits dans ses
programmes de baccalauréat et apparentés. La mission de cette institution
d’enseignement supérieur est de former la prochaine génération de créateurs en
Palestine dans les domaines des arts plastiques, de la musique (compositeurs et
interprètes), de la danse, du cinéma, du design, tous capables de donner vie à
une identité palestinienne dynamique. Vous pouvez apporter votre soutien à
cette mission en aidant un étudiant de l’institut universitaire Dar al-Kalima par une bourse de Bright Stars of Bethlehem (Brillantes étoiles de Bethléem) : www.brightstarsbethlehem.org.
La
situation
« Nous disons que notre option chrétienne face à
l’occupation israélienne est la résistance ; c'est là un droit et un devoir des
chrétiens. Or cette résistance doit suivre la logique de l’amour. Elle doit
donc être créative, c'est-à-dire qu'il lui faut trouver les moyens humains qui
parlent à l’humanité de l’ennemi lui-même. » (Document Kairos
Palestine 4.2.3)
Les
Palestiniens ont cru un temps que le conflit israélo-palestinien ressemblait à
une course de vitesse. Ceux qui y ont pris part dans cette perspective se sont
vite trouvés essoufflés. Mais ils ont fini par se rendre compte que ce conflit,
l’un des plus longs de l’histoire moderne, ressemble plutôt à un marathon. Dans
un marathon les gens doivent respirer différemment, s’entraîner autrement, puis
courir à la vitesse pour laquelle ils se sont entraînés. Et il est important de
ne pas s’essouffler !
On
a trop souvent présenté la tragédie palestinienne comme une crise humanitaire
plutôt qu’une crise liée à l’identité et à l’autodétermination. On a pensé
alors que l’art était un luxe que les Palestiniens ne pouvaient pas se payer,
et qu’ils avaient plutôt besoin de pain pour se remplir l’estomac et être
capables de penser et de vivre un jour de plus. Mais « on ne vit pas de
pain seulement » : l’art et la culture ont leur importance aussi !
Ils nourrissent l’âme et lui permettent de s’épanouir. Ils donnent aux gens la
force de refuser de n’être que des assistés et de pauvres victimes. Ils leur permettent
de devenir des acteurs plutôt que de simples spectateurs, et leur donnent le
souffle nécessaire pour résister.
Car
partout où il y a occupation, il y aura aussi de la résistance. C’est pourquoi
la question n’est pas de savoir s’il faut ou non résister, mais de savoir comment résister. Un peuple affamé dans
son corps et son âme se laissera facilement aller à la violence, mais ce sera une
violence inacceptable et qui ne mènera qu’à d’autres pertes encore. L’art
résiste à cela et devient ainsi à la fois nourriture et mode de résistance,
tout comme l’entendait le poète de Nazareth Tawfiq Zayyad quand il écrivait
dans Here we shall stay / C’est ici que
nous resterons : « Nous
avons faim. Nous n’avons pas de vêtements. Mais nous résistons et nous chantons
nos chants, balayons les rues malades de nos danses furieuses et saturons les
prisons de notre dignité et de notre fierté.
L’art
fait bien plus que simplement réaffirmer l’humanité et mettre l’accent sur la
résistance : il est un pont important qui relie la Palestine au reste du monde.
Sans ce pont, les offenses que constituent le mur illégal de séparation et les interventions
de l’armée israéliennes continueront à être ignorées par un monde occidental qui
ne voit pas la réalité des choses et n'a de la sympathie que pour Israël.
Des
œuvres comme La Palestine de Joe
Sacco font découvrir à un public anglophone la réalité des souffrances dans les
territoires palestiniens occupés. Le succès remporté par DAM avec des chansons
comme ‟Je suis tombée amoureuse d’un
Juif” mettent en relief l’inégalité entre Juifs et Palestiniens. Le succès
de Nas Daily sur Facebook permet d’atteindre un public que les autres médias ne
touchent pas. Et Banksy tout comme d’autres artistes internationaux ont, avec
les projets Santa’s Ghetto et l'Hôtel emmuré, respectivement en couvrant
de fresques le « mur de séparation » et en faisant de lui l'unique
horizon des chambres d'un hôtel, attiré l’attention sur ce fameux mur et ses
709 kilomètres d’oppression. Comme l’écrit Ron English dans Contre le mur : L’art de la résistance en Palestine :
« Comment rendre assez proche pour
être vu un mur qui est assez loin pour être ignoré ? Pour moi la réponse
est simple : Recouvrez-le de peinture pour qu’on le voie plus facilement. »