Semaine mondiale pour la paix en Palestine et Israël

Vendredi 21 septembre est la Journée internationale de la Paix sous l’égide de l’ONU avec pour thème, cette année, le 70e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Le COE fait de ce 21 septembre une Journée internationale de prière et invite à observer autour de cette date une Semaine mondiale pour la paix en Palestine-Israël, du dimanche 16 septembre au dimanche 23.
Voici à nouveau les documents que Sabeel-Jérusalem a publiés à cette occasion :

Semaine mondiale pour la paix en Palestine et Israël
du 16 au 23 septembre 2018
« Les jeunes et les enfants : nourrir l’espérance et amener le changement »[1]

Contexte
Pendant cette semaine, qui comprend la Journée internationale de prière pour la paix le 21 septembre, les organisations chrétiennes, les paroisses et les croyant-e-s sont invité-e-s à rendre un témoignage public commun en participant à des célébrations religieuses, à des événements pédagogiques et à des actions de soutien en faveur de la paix et de la justice pour les Israélien-ne-s et les Palestinien-ne-s.

Thème
Le statut des enfants et des jeunes dans le conflit israélo-palestinien : de victimes à artisans de paix[2].
« Soyez les ailes du changement pour la paix ! »

       Les jeunes, auteurs de conflit violent.
       Les jeunes, victimes de conflit violent.
       Les jeunes, atouts des processus de paix.
     Les jeunes, artisans de paix.
     Les jeunes, catalyseurs de changement

Organisateurs  
Le Conseil œcuménique des Églises invite ses Églises membres, les organisations d’inspiration religieuse et les organisations de la société civile du monde entier à s’unir pour une semaine de prière pour une paix juste pour toutes et tous en Palestine et Israël. Les paroisses et les personnes qui, aux quatre coins du monde, partagent l’espérance de la justice se réuniront pendant cette semaine pour mener ensemble des actions pacifiques qui rendront un témoignage public commun d’envergure internationale.

Les défis à relever par les jeunes et les enfants dans le cadre du conflit israélo-palestinien
      Accès à l’école :
En Palestine, les obstacles à l’éducation sont multiples. De nombreux enfants palestiniens vivant en Cisjordanie et à Jérusalem-Est sont victimes de graves harcèlements et difficultés sur leur route vers et depuis l’école, ainsi que dans les cours de récréation et les salles de classe. Les accompagnateurs du programme œcuménique d’accompagnement en Palestine et en Israël (EAPPI) du Conseil œcuménique des Églises - en coopération avec l’UNICEF - ont été témoins de nombreuses attaques au cours des dernières années et ont indiqué que ces attaques étaient de plus en plus fréquentes. Parmi les obstacles se dressant sur la route des enfants se trouvent les attentes interminables aux checkpoints, la présence militaire, les attaques des colons, les routes périlleuses, les zones militaires bouclées, les ordres de démolition et les affrontements violents. Alors que la situation sécuritaire dans de nombreuses régions de Palestine ne cesse de se détériorer, la protection des écoles, des élèves et de leur droit à l’éducation doit être respectée et constituer une priorité.
      Arrestation et détention d’enfants :
Chaque année, entre 500 et 700 enfants palestiniens sont arrêtés et détenus, puis poursuivis devant les tribunaux militaires israéliens. En vertu des ordonnances militaires, les mineurs peuvent être arrêtés dès l’âge de 12 ans ; la plupart le sont pour avoir jeté des pierres, ce qui est considéré comme une « atteinte à la sûreté de l’État ». Bon nombre de ces enfants sont arrêtés lors de raids nocturnes perpétrés par des soldats lourdement armés, maltraités devant leurs parents impuissants, puis détenus dans l’attente de leur comparution devant les tribunaux militaires. Bien que les ordonnances militaires leur donnent droit à un avocat, rares sont les enfants qui s’en voient assigner un.
      Accès à l’emploi :
Selon plusieurs études réalisées par la Fondation européenne pour la formation sur le marché de l’emploi et les politiques de l’emploi en Palestine, l’une des principales caractéristiques du marché de l’emploi en Palestine est la présence d’une population très jeune en Cisjordanie et dans la bande de Gaza qui va de pair avec un faible taux d’activité. Un enjeu majeur est l’incapacité du marché de l’emploi à absorber les nouveaux entrants du fait du manque d’investissement et du risque politique élevé.
Les restrictions à la circulation qui limitent l’accès aux importations et aux marchés internationaux ont contribué au faible taux d’emploi dans les secteurs de biens commercialisables.
Le taux de chômage chez les jeunes entre 15 et 24 ans est très élevé en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, dans cette dernière en particulier. Les taux de chômage moyens sont respectivement de 38,8 % et de 52 %.
      Peur et traumatisme :
La situation de violence et de conflit perpétuels en Palestine-Israël a des conséquences dévastatrices sur les enfants. À cause de cette situation, ceux-ci souffrent de plus en plus de cauchemars et montrent de plus en plus de signes de détérioration psychologique. Les directeurs de vingt écoles de Gaz, qui ont été interrogés par le Conseil norvégien pour les réfugiés en mai 2018, font état d’une augmentation des symptômes de stress post-traumatique chez les enfants, notamment la peur, l’angoisse, le stress et les cauchemars. Les directeurs d’école attribuent le niveau élevé de stress post-traumatique et le manque de concentration à l’école à la violence de la réponse apportée par les militaires israéliens aux récentes manifestations. Les directeurs estiment que leur principal besoin actuel est l’apport d’un soutien psychologique renforcé dans les écoles.

Espoirs et perspectives pour les jeunes artisans de paix 
Les jeunes et les enfants voient leur vie actuelle et leur avenir façonnés par le conflit israélo-palestinien. Certains d'entre eux sont séparés de leur famille, ou orphelins, forcés de travailler malgré leur jeune âge, responsables du foyer familial, ou encore détenus… Mais la situation peut changer et les jeunes eux-mêmes peuvent façonner leur avenir, changer le statut du conflit et consolider la paix. Ils peuvent choisir de suivre une autre voie, menant à une communauté humaine juste pour tous.
      Guérison et réconciliation :
La Bible compte de nombreux récits de réconciliation. Ils montrent ce que des attitudes de réconciliation rendent possible quand des  personnes tentent de résoudre une dispute ou un conflit, et affrontent l’injustice, vécue ou ressentie, par la voie de la négociation, de la repentance et du pardon, en cherchant une base commune et un avenir partagé. De même, dans le Nouveau Testament, la réconciliation envisage une transformation du présent, un profond renouveau. La « paix » dont parle Paul est avant tout la paix avec Dieu (Rom 5,1-11). Elle est également une voie privilégiée de transformation des relations humaines et d’édification d’une communauté humaine. Les jeunes et les enfants sont des agents de ce pouvoir de transformation et de ce don de la paix que Dieu offre. Ils peuvent transformer les relations humaines et guérir leurs communautés en se basant sur la justice. La justice est la clé de la paix.
      Culture et traditions :
Une paix durable n’est pas uniquement ancrée dans les traditions religieuses et spirituelles, mais aussi étroitement liée à la culture dans sa dimension spirituelle, matérielle, intellectuelle et émotionnelle, et comprend différents systèmes de valeurs, de traditions et de croyances. Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), « la culture influence la manière dont les personnes vivent les conflits et, d’une manière différente mais directe, la réconciliation identifie et crée des voies pouvant mener à la résolution durable d'un conflit et à la guérison ». La culture et le patrimoine ne concernent pas que des pierres et des édifices, ils touchent à l’identité et à l’appartenance. Ils sont porteurs de valeurs du passé vitales pour les sociétés d’aujourd’hui et de demain. La culture et le patrimoine en Palestine et en Israël peuvent rassembler les jeunes autour d’une responsabilité commune d’étude, de protection et de promotion de ce qui préserve leur identité.
      Promouvoir la paix par la justice sociale :
La paix n’est pas l’absence de violence, ni l’absence de crainte de la violence. La paix peut être associée à une multitude de facteurs et de phénomènes qui se renforcent les uns les autres, notamment l’égalité entre les femmes et les hommes, la justice, une éducation adéquate et des perspectives d’emploi, la protection des droits humains, l’inclusion politique, etc. La promotion de la justice sociale est une contribution importante à une paix durable. Impliquer les jeunes de différentes confessions et de différents groupes ethniques dans de tels processus, en particulier au niveau de la prise de décision, permet de jeter les bases d’une cohésion sociale et d’abattre bien des barrières communautaires.


Ressources 
                    Politique du COE sur la Palestine et Israël 1948-2016 (résumé en anglais) : https://www.oikoumene.org/en/resources/documents/wcc-programmes/public-witness/peace-building-cf/wcc-policy-on-palestine-and-israel-1948-2016-summary
                    Le COE déplore la violence à la frontière israélo-palestinienne (en anglais) : https://www.oikoumene.org/en/press-centre/news/wcc-decries-violence-on-israel-palestinian-border
                    Le COE appelle à une paix juste et à la fin de l’impunité en Terre sainte : https://www.oikoumene.org/fr/press-centre/news/wcc-calls-for-just-peace-and-an-end-to-impunity-in-the-holy-land?set_language=fr
                    Conférence internationale de soutien à Jérusalem - Instituts Al-Azhar et Al-Sharif: https://www.oikoumene.org/fr/resources/documents/general-secretary/speeches/al-azhar-al-sharif-international-conference-on-supporting-jerusalem


Trois prières proposées par des chrétiens palestiniens de notre temps
Prière proposée par Sa Sainteté Atallah Hanna, archevêque de Sébaste, du Patriarcat orthodoxe grec de Jérusalem
Nous prions le Seigneur : - Ô Seigneur, prends pitié de nous.
Ô Seigneur, Jésus Christ notre Dieu, notre Sauveur. Tu as accepté d’être incarné en cette terre sainte. Tu es venu en ce monde pour le sortir des ténèbres et l’amener vers la lumière. Tu as vécu la souffrance, la mort, la croix, l’inhumation et la résurrection pour notre salut.
Nous prions pour que tu prennes pitié de nous, pour que tu nous pardonnes nos péchés et nos erreurs et protèges la présence chrétienne profondément ancrée dans notre pays, alors que notre nombre ne cesse de diminuer à cause des départs. Mais les quelques chrétiens qui restent ne sont pas une minorité. Nous te prions pour que les chrétiens de notre pays soient le sel et le levain de cette terre, et une source de bienfaits et de bénédiction en ce lieu saint pour le monde.
Nous t'en prions, Seigneur, prends pitié de notre peuple palestinien, en particulier de nos jeunes et de nos enfants, car ce peuple a subi tant de maux. Des innocents sont tués, nos jeunes et nos enfants sont pris pour cible.  Et de plus en plus de personnes blessées et handicapées sont dans la souffrance et la douleur, la détresse et la désolation.
Nous t’implorons d’envoyer des cieux ta miséricorde sur tous ceux et celles qui sont dans la tristesse, la désolation et le chagrin. Nous prions ensemble pour le salut des familles des martyrs et des prisonniers. Nous prions pour notre peuple palestinien et pour l'avènement de la justice et d’une paix véritable sur cette terre.
Nous aspirons à l’avènement de la justice sur cette terre dont le peuple a tant souffert. Nous désirons  tant la paix en cette terre où la paix a été réprimée. 
Nous te prions et te demandons, ô Seigneur de sacrifice et de salut, de nous accorder Ta justice pour que le peuple palestinien connaisse la sécurité, la paix et la stabilité loin du langage de la violence, du meurtre et de la mort.   
Nous te demandons, ô Seigneur, pour le salut de cet Orient qui souffre des guerres, du terrorisme, de la culture du massacre et de la violence, d’accorder la paix aux peuples de Syrie, d’Irak, de Libye et du Yémen qui ont souffert de la destruction, du chaos et du désespoir.  
Nous te prions et te demandons, ô Seigneur, d’accorder ta miséricorde aux victimes du terrorisme dans notre région, aux chrétiens et à tous les autres citoyens. Nous te prions pour que la culture du dialogue, de l’amour, de la fraternité et de la réconciliation prévale sur le langage de la violence et du massacre. Assez de chaos, de guerres et d’injustice ! Il est temps pour nos peuples de vivre en paix dans cet Orient torturé.
Ô Seigneur, nous nous tenons devant toi emplis de souffrance, de chagrin, des larmes de nos mères et des blessures de nos jeunes. Accorde-nous ta miséricorde, protège notre pays et guide-nous pour faire le bien et répandre les valeurs d’amour, de compassion et de fraternité pour toute l’humanité. Amen.


Prière proposée fut par le pasteur Imad Hadad de l’Église luthérienne de l’Espoir à Ramallah
Seigneur Jésus Christ, nous venons à toi le cœur lourd, accablé et épuisé. Donne-nous de nous reposer et apprends-nous à te ressembler et à porter ton joug léger. Brise les ténèbres de notre situation d’injustice et de guerre par ta lumière éclatante, pour que nos enfants puissent voir la lumière de la vie et connaître la puissance de l’Amour qui dépasse la vengeance, la haine, la peur et la mort.
Seigneur, tu es venu pour que nous ayons la vie et que nous l’ayons en abondance. Nous te demandons d’ouvrir nos yeux et nos cœurs pour que nous puissions connaître la vraie vie. Nous te demandons de nous guider vers une vie abondante, pour que nous puissions la transmettre à nos enfants et leur donner l’exemple d’une vraie vie apprise auprès de toi.
Seigneur, tu as déclaré que la vérité nous libèrera. Que ta vérité nous guide loin des chaînes de la peur, de la haine et de l’extrémisme, pour que nos enfants puissent profiter de la vie sur cette terre bénie par ta présence. Que ta vérité nous enracine, nous et nos enfants, dans la véritable espérance jaillissant de la foi et naissant de l’amour qui nous libère de la peur, cette peur qui nous empêche de rencontrer l’autre et de l’accepter.
Seigneur, tu as béni les enfants et dis que « le Royaume des cieux leur appartient ». Nous te demandons que nos enfants vivent ta bénédiction au quotidien. Qu’ils grandissent en paix, sans peur. Que leurs rêves se réalisent loin de la terreur des checkpoints, des prisons et des armes.
Seigneur, que ta grâce soit sur nos enfants afin qu'ils connaissent la joie et la paix. Nous te demandons d’ouvrir les yeux des hommes politiques et des décideurs, afin qu’ils respectent et protègent la vie de nos enfants de tout conflit et de toute guerre. Amen.


Prière du pasteur John C Howard-Norman du West Pennine Moors Circuit de l’Église méthodiste de Jérusalem
Seigneur Jésus, lorsque tu as foulé les rues de Palestine, tu savais ce que vivre sous occupation veut dire. Tu te souciais des soldats comme des civils. Tu n'as pas hésité à faire mille pas supplémentaires[3] pour mettre en œuvre ton amour au sein des divisions de ton époque.
Nous prions aujourd’hui pour le peuple de la Terre sainte, les Israéliens et les Palestiniens, les Juifs, les Musulmans, les Druzes et les Chrétiens. Cette population riche et diverse connaît tant de peur et de méfiance, tant de haine et d’injustice, tant de divisions. Inspire à ton peuple d’aujourd’hui le même amour qu’autrefois, la même quête de la justice – pour que nous puissions surmonter les échecs du passé et permettre à une nouvelle communauté humaine de grandir, pour que tous les enfants d’Abraham puissent vivre en paix les uns avec les autres, dans le respect mutuel.
Puissent tous les peuples de cette terre se détourner de la violence et de la haine, réapprendre à se respecter les uns les autres, et trouver le véritable Shalom qui valorise chaque personne, respecte tous les droits et chérit tous les rêves. Nous te le demandons au nom de Jésus Christ notre Seigneur, qui déclara bienheureux les artisans de paix, à tout âge. Amen.

https://drive.google.com/file/d/16If2PSJYRJcO1VGM9Th7INCYqJL1rbd0/view?usp=sharing

[1] Textes proposés par le Conseil Œcuménique des Églises et légèrement modifiés par les Amis de Sabeel France
[2] Les prières hebdomadaires proposées par Sabeel et traduites en français par les Amis de Sabeel France donnent de nombreux exemples des effets du conflit sur les jeunes. Vous les retrouverez sur le blog des Amis de Sabeel France : https://amisdesabeelfrance.blogspot.com/
[3] Cf. Matthieu 5,41 : « Et si quelqu’un te force à faire mille pas, fais-en deux mille avec lui. »

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