Kumi Now - Année 2 - Semaine 52 : du 12 au 19 octobre 2020
Organisation Zaytoun et Production d’olives
On ne saurait assez dire l’importance tant économique que symbolique des oliviers en Palestine. Ils sont fréquemment aussi l’objet de violences : arbres déracinés par des colons, agriculteurs séparés de leurs champs par des clôtures et des checkpoints, et terres expropriées au profit de colonies israéliennes. Zaytoun soutient les producteurs d’olives de Palestine. Voici ce qu’il vous faut savoir sur la production d’huile d’olive en Palestine et ce que vous pouvez faire pour que nous puissions nous lever (Kumi !) ensemble.
Organisation
Nous pensions pouvoir vendre de l’huile d’olive au Royaume Uni à un prix équitable. Nous avons commencé avec quelques centaines de bouteilles que nous avons vendues à la famille et à des amis. Leur réaction a été extrêmement positive et l’information a rapidement circulé dans des groupes engagés pour la justice sociale, des groupes d’Églises, et auprès des militants du commerce équitable. Nous manquions d’expérience commerciale et avons naïvement suggéré à ceux qui étaient intéressés de payer comptant pour faire venir tout un conteneur rempli d’huile d’olive. La réponse a été immédiate : l’argent est venu et nous avons pu réaliser le projet en l’espace de six semaines. Sur la base de ce succès, nous nous sommes dit que nous pourrions en faire encore plus. Et c’est ainsi que Zaytoun est né en 2004. Zaytoun veut dire ‘olive’ en arabe.
Notre objectif était de venir en aide à des familles d’agriculteurs pour qu’elles puissent bénéficier d’un revenu régulier. Nous avons travaillé avec Canaan Fair Trade (Commerce équitable de Canaan) en Palestine au lancement de la première huile d’olive certifiée équitable au monde, en 2009. Le niveau des ventes n’a cessé de croître depuis et passe aujourd’hui par des grossistes, des boutiques indépendantes, l’achat en ligne et un réseau dynamique de distributeurs militants.
Nous organisons aussi trois voyages par an à l’intention de nos clients et de sympathisants pour leur faire découvrir la Palestine et en apprendre davantage sur la vie d’une famille d’agriculteurs là-bas. Cela peut être une expérience décisive, et c’est un outil important pour sensibiliser le public et créer des liens. Une fois par an nous accueillons des producteurs au Royaume-Uni pour la Quinzaine Équitable, afin que les clients soient informés de façon directe des difficultés particulières que connaissent ceux qui travaillent en Palestine.
Une autre façon simple et particulièrement efficace pour venir en aide aux familles de Palestine passe par le Projet de plantation d’oliviers de l’Association de commerce équitable de Palestine. Les jeunes plants sont distribués et plantés au début du printemps par les agriculteurs soumis à l’occupation, et plus particulièrement par des agricultrices et par ceux qui ont perdu des arbres à cause des agissements de l’armée et des colons. Vous trouverez des informations sur ce projet sur www.zaytoun.org/plant_a_tree.html.
Vous pourrez retrouver Zaytoun sur son site Internet http://zaytoun.org/ et aussi sur Facebook https://www.facebook.com/pages/Zaytoun-CIC/170054474041, ainsi que sur Twitter https://twitter.com/Zaytoun_CIC/status/532503542637293568, Instagram https://www.instagram.com/zaytoun_cic/ et Pinterest http://www.pinterest.com/zaytounc/.
La situation
La production d’olives est le pilier central de l’économie palestinienne. Elle concerne environ 60% des terres cultivées et constitue le revenu principal de 100 000 foyers. Mais le commerce traditionnel est très difficile pour les gens qui vivent sous l’occupation militaire israélienne. Comment continuer à être agriculteur, par exemple, si votre récolte ne vous apporte pas les ressources suffisantes, à vous et à votre famille, pour avoir de quoi manger et pouvoir envoyer vos enfants à l’école ? Comment vendre vos produits quand votre village est complètement isolé et coupé des marchés et des villes à cause des restrictions de déplacements ? Combien de temps allez-vous poursuivre la culture si le prix que vous rapportent vos récoltes est inférieur à leurs coûts de production ? Vaut-il mieux partir alors et trouver un autre travail, avec le risque de perdre vos terres parce que vous ne les cultivez plus ?
C’est à cela que ressemblait la vie en Cisjordanie en 2003, quand nous avons créé notre organisation. Des vraies questions, et des choix difficiles auxquels les agriculteurs étaient confrontés. C’est cette année-là aussi que des supporters de Zaytoun ont fait un voyage en Palestine, un voyage qui allait changer leur vie. Ils y ont connu l’hospitalité la plus chaleureuse qu’ils aient jamais vécue, dans des paysages magnifiques inondés de soleil.
Les oliviers sont l’une des caractéristiques de cette Palestine rurale : de vieux arbres nourris par les pluies sur de magnifiques terres pierreuses en terrasses, cultivées biologiquement selon la sagesse de nombreuses générations. Il n’a pas fallu longtemps pour découvrir à quel point les oliviers étaient profondément intégrés à l’héritage culturel et au sentiment identitaire palestinien. En raison de leurs racines profondes, de leur robustesse et de leur aptitude à survivre dans des conditions rigoureuses, les oliviers en sont venus à symboliser la constance et la résilience palestiniennes.
Et la cueillette des olives, fin octobre, est un moment merveilleux de l’année. C’est vraiment l’affaire de toute la famille, avec plusieurs générations qui travaillent ensemble pour rentrer la récolte. Il y a le bébé mis à l’abri sous un arbre, le grand-père qui allume un feu de brindilles pour préparer un excellent thé à la menthe, pendant que la grand-mère et la tante déballent un pique-nique qui se révèle souvent être un somptueux festin.
C’est dans ce contexte accueillant et chaleureux que Zaytoun a pris connaissance des problèmes que connaissent les agriculteurs de Palestine. C’était un déchirement que d’entendre que beaucoup d’entre eux devaient abandonner leur mode de vie traditionnel parce qu’ils n’avaient plus accès aux marchés et ne pouvaient plus obtenir un prix convenable pour ce qu’ils produisaient. Il leur fallait quitter leurs beaux villages pour aller en ville travailler comme chauffeurs de taxi ou ouvriers, parfois dans les colonies mêmes qui empiétaient sur leurs terres et les dévoraient, …parce que c’étaient les seuls emplois qui s’offraient à eux. Un thème récurrent dans les conversations avec les agriculteurs était que l’occupation israélienne les avait dépouillés de leur dignité. Il leur fallait demander à des soldats juste adolescents la permission de pouvoir accéder à leurs propres oliveraies, et ils éprouvaient un profond sentiment de désespoir parce qu’ils perdaient leurs terres au profit de l’expansion des colonies et de la construction du Mur de séparation. Ils racontaient comment ils étaient obligés de vendre leur huile si délicieuse à des prix bien en-dessous de son coût de production.
L’histoire de Khadir Khadir, producteur d’huile d’olive
Khadir Khadir est aujourd’hui le plus jeune producteur d’huile d’olive du village de Nous Ijbail alors que, de son adolescence à ses vingt ans, il avait travaillé entre 12 et 16 heures par jour dans des usines israéliennes de plastique. Il quittait alors le village pour des semaines et dormait sur son lieu de travail. Après dix années de travail dans des conditions déplorables, il estima qu’il lui fallait quelque chose de plus. Il n’était pas particulièrement attiré par le travail de la ferme, mais son père l’a persuadé de venir l’aider à la cueillette des olives cette année-là. Après juste une saison, Khadir estima qu’il pouvait faire plus que cueillir des olives.
Il économisa suffisamment d’argent pour acheter un tracteur, ce qui lui permit de travailler pendant une nouvelle saison, car il pouvait maintenant proposer ses services aux agriculteurs du village. Du labour des terres à l’apport d’engrais aux arbres et aux travaux des récoltes, la marque de Khadir se retrouve sur chaque parcelle de terre de cette petite communauté de 350 habitants. Il met un point d’honneur à aider du mieux qu’il peut chacun des agriculteurs parce que, dit-il, « Notre village est très petit, la plupart des jeunes sont partis et les fermiers qui restent sont plutôt âgés. Il faut que je les aide. Je gagne de l’argent, bien sûr, mais mon village est aussi ma famille. Au moment des récoltes chacun donne un coup de main : mon père, mes amis, ma femme… Il y a toujours plus de gens pour venir donner un coup de main. » Khadir est passionné d’agriculture et pense à l’avenir : « Je voudrais voir si je peux redonner vie aux vieux arbres fruitiers de cette vallée. Nous en avions tellement dans notre village, mais avec les changements climatiques même les variétés traditionnelles ne produisent plus autant. Je veux expérimenter, comparer le devenir des arbres que je plante ici avec ceux que j’ai plantés dans la montagne. » Le rêve de Khadir c’est de construire une maison pour sa famille sur l’une des hauteurs de ses terres. Il est sûr qu’un jour il pourra le réaliser, mais pour le moment il dit : « Le plus important pour moi, c’est de ne plus avoir à travailler dans une usine israélienne, et de ne plus être loin de ma famille et de ma femme. J’ai peut-être une maison modeste actuellement, mais je gagne correctement ma vie et peux aller dormir chez moi tous les soirs, avec ma femme et mes enfants, et plus dans le bruit d’une usine. J’estime que j’ai beaucoup de chance. »
Action
Impliquez votre communauté en demandant à un restaurant de changer le nom d’un plat ou d’une boisson en « Libérez la Palestine », le temps d’une semaine ou définitivement. Puis diffusez sur les médias sociaux des photos de ce plat ou de cette boisson avec son nouveau nom. Ajoutez un lien vers cette page du site Internet de Kumi Now avec les hashtags #FreePalestine, #KumiNow et #Kumi52.
Un texte : La Porte du soleil, d’Elias Khoury
« Lorsque les Israéliens sont entrés dans le village d’al-Birwa, ils l’ont anéanti, maison après maison. Ils n’ont pas pris nos vêtements, ni nos chiffons. Ils étaient comme des fous : ils ont dynamité les maisons puis les ont rasées au bulldozer. Ils foulaient aux pieds le blé et ont fait sauter les oliviers à la dynamite. Je ne sais pas pourquoi ils détestent les olives. » Oui, pourquoi détestent-ils les olives ? Vous m’avez parlé d’Aïn Houd et des paysans qu’ils ont expulsés du village, qui a ensuite été rebaptisé En Houd. Les paysans ont traversé les collines du Jebel Karmal et y ont construit un nouveau village, auquel ils ont donné le nom de celui qu’ils ont dû quitter. Vous m’en avez parlé parce que vous vouliez illustrer votre théorie sur la population secrète qui est restée sur place là-bas. « Je n’étais pas le seul, me disiez-vous, nous étions toute une population à vivre ainsi dans des villages secrets. » Et vous m’avez raconté comment les Israéliens transformaient le village d’origine en colonie d’artistes, et comment les paysans vivent dans leur nouveau village non reconnu officiellement, sans rues pavées, sans eau, sans électricité, sans rien. Vous me disiez qu’il y avait des douzaines de tels villages secrets. Et vous vous demandiez, vous aussi, pourquoi les Israéliens détestent les oliviers. Vous avez raconté qu’à Aïn Houd ils plantaient des cyprès en plein milieu des oliveraies, et comment les oliviers étaient abîmés et périssaient suite à l’invasion de ces cyprès qui les ont carrément engloutis. Comment peuvent-ils manger sans huile d’olive ? Nous, nous vivons d’huile d’olive, nous sommes tout un peuple d’huile d’olive. Mais eux, ils abattent les oliviers pour planter des palmiers. Pourquoi aiment-ils autant les palmes ?
Extrait de ‘La Porte du soleil’ d’Élias Khoury, célèbre romancier, dramaturge et critique littéraire libanais.
Ressources (en anglais)
Extreme Rambling: Walking Israel’s Separation Barrier. For Fun : Randonnée extrême le long du mur israélien de séparation. Juste pour le plaisir, par Mark Thomas : De bonnes clôtures permettent des bons voisinages, mais qu’en est-il des mauvaises barrières ? Le mur de séparation qu’Israël construit est sans doute le plus emblématique depuis celui de Berlin. Il a été déclaré illégal au regard du droit international et a une influence énorme sur la vie en Cisjordanie. Mark Thomas a décidé que la meilleure manière de prendre à bras-le-corps cette énorme barrière était de la longer, comme sur un sentier de randonnée, avec quelques gâteaux à la menthe et une boîte de pansements contre les ampoules comme unique bagage.
Israeli Apartheid – Second Edition: A Beginner’s Guide : Apartheid israélien, 2ème édition. Guide pour débutants, par Ben White: Depuis sa première publication en 2009, ce guide est devenu un manuel de référence pour étudiants et autres militants qui se confrontent pour la première fois au conflit israélo-palestinien. Ben White réussit à mettre le travail d’experts à la portée de tous. Cette nouvelle édition est plus actuelle encore et plus développée que la précédente. Elle informe entre autres sur le blocus et les attaques d’Israël contre la bande de Gaza depuis 2008, sur ses nouvelles pratiques à l’encontre des citoyens palestiniens d’Israël, et sur le développement de la campagne BDS à l’échelle mondiale. Plein d’informations essentielles, avec de nombreuses citations et informations, ce livre n’en garde pas moins une touche très humaine. Il est ancré dans l’expérience personnelle de son auteur en Palestine et contient de nombreux témoignages de Palestiniens sur la manière dont l’apartheid israélien affecte leur quotidien.
Informations directement proposées par Zaytoun :
Pour acheter des produits: http://zaytoun.org/products.html
Pour visiter la Palestine : http://zaytoun.org/visit_palestine.html
Recettes, nouvelles et bien plus : http://zaytoun.org/resources.php
Traduit par les Amis de Sabeel France
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire