Alors que la récolte des
olives s’achève, qui vient en aide aux agriculteurs?
COE RÉSUMÉ 10 décembre 2020
Par Anne Casparsson
La culture des
olives devrait être une activité pacifique. Or, pour de nombreux agriculteurs
palestiniens, la période des récoltes est synonyme de tensions, d’attaques
violentes et de destruction de précieux oliviers. Les agriculteurs en
Cisjordanie, dans les Territoires palestiniens occupés, font face à une
déferlante de menaces de la part des colons israéliens voisins.
Les agriculteurs peuvent
tout de même compter sur des ami-e-s, parfois sous les traits d’organismes qui
osent leur prêter main-forte, et ce, au péril de leur propre sécurité.
Les Rabbins pour les droits
de l’homme, Al Haq et St Yves sont trois organisations qui œuvrent en
faveur des droits des producteurs d’olives. Elles sont issues de divers
horizons et de différentes confessions, mais poursuivent un objectif commun: la
justice, la paix, la dignité humaine et les fruits d’un dur labeur.
«La récolte a beau avoir
lieu en automne, les agriculteurs travaillent toute l’année. Ainsi, les
violences dont ils sont victimes ne s’arrêtent pas à la fin des récoltes»,
explique le rabbin Nava Hefetz, directrice pédagogique de l’organisation
Rabbins pour les droits de l’homme.
Une partie de son travail
consiste à protéger les agriculteurs palestiniens contre toute attaque des
colons et à les aider à rejoindre leurs terres pour la récolte annuelle des
olives.
L’organisation palestinienne
Al Haq, qui compte un vaste réseau d’agriculteurs, est une organisation
non gouvernementale de défense des droits humains qui œuvre en faveur des
droits légaux dans le Territoire palestinien occupé. Al Haq recense les
violations des droits individuels et collectifs des Palestinien-ne-s.
«Récemment, un agriculteur de 86 ans a été battu par un soldat sous prétexte que l’homme devrait présenter un permis pour accéder à sa terre et la cultiver. Or, comme il possédait la terre en question, il n’avait pas pris ses papiers», confie Hisham Sharabati, qui travaille sur le terrain pour Al Haq.
Il a finalement pu dénoncer
ce qui s’est passé quelques jours après l’incident, comme tant d’autres fois.
Pourtant, il n’a pas l’impression d’être vraiment écouté.
«Voilà qui illustre le système et comment la loi est appliquée. Ils jouent avec les gens. Dans la plupart des cas, personne n’est accusé de quoi que ce soit. Ce qui ne fait que conforter les Palestinien-ne-s dans leur impression qu’il ne sert à rien de porter plainte», révèle Sharabati.
Al Haq travaille en
étroite collaboration avec l’organisation de défense des droits humains
catholique St Yves, dont la mission est d’apporter une assistance juridique aux
personnes pauvres, opprimées et marginalisées en Terre sainte, quelle que soit
leur religion.
«Nous essayons d’aider de
nombreux agriculteurs à accéder à leurs terres, lesquels se heurtent souvent au
mur et s’en retrouvent séparés», explique le directeur de St Yves, Raffoul
Rofa.
A Jérusalem-Est,
St Yves travaille sur des cas de droits résidentiels, d’accès aux soins de
santé et de reconnaissance des personnes en situation de handicap dans la
société. L’organisation fournit également une aide juridique aux personnes dont
le logement a été démoli.
M. Rofa est convaincu que le
travail de St Yves a un réel impact. Actuellement, St Yves protège des
structures à Jérusalem-Est et en Cisjordanie contre les menaces de démolition.
St Yves rencontre régulièrement les Palestinien-ne-s ayant besoin d’une
assistance juridique, des personnes qui ont perdu espoir et dignité.
«Ce travail peut être très
frustrant et difficile. Il n’en demeure pas moins crucial pour rester
optimiste, en dépit des difficultés et des obstacles», déclare M. Rofa. «Les
personnes que nous rencontrons se battent pour leurs droits et ne baissent pas
les bras».
* Anne Casparsson est
journaliste indépendante pour les questions de paix et de justice.
https://www.oikoumene.org/fr/news/as-olive-harvest-draws-to-a-close-who-is-helping-the-farmers
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