Kumi Now Semaine 46 : du 1er au 7 septembre 2019
Adalah - Les Bédouins
arabes palestiniens citoyens d’Israël
Les
Bédouins citoyens d’Israël sont soumis à une forme d’oppression particulière de
la part du gouvernement d’Israël. Les autorités s’efforcent de dépouiller les
Bédouins de leur culture et de leurs modes de vie traditionnels, et s’emparent
au passage de leurs terres. Adalah, le Centre
Juridique pour les Droits de la Minorité Arabe en Israël, s'engage pour la
protection des citoyens bédouins. Voici ce qu’il vous faut savoir et ce que
vous pouvez faire pour que nous puissions nous lever (Kumi !)
ensemble.
Organisation
Adalah
(‘Justice’ en arabe) est une organisation indépendante de défense des droits
humains et un centre juridique indépendant. La mission d’Adalah consiste à
promouvoir en Israël les droits humains en général, et des droits de la
minorité palestinienne (20% de la population) en particulier. Ce travail
implique de promouvoir et de défendre les droits humains de toutes les
personnes placées sous l’autorité d’Israël, y compris les habitants des
territoires palestiniens occupés.
Une
fois que vous aurez été informés du calvaire des Bédouins d’Israël, Adalah vous
demande de vous joindre à son travail pour agir sur la base de cette information
et prendre part à la campagne qui prend de l'ampleur, en faisant ce qui
suit :
Action
#1 : Diffusez l’information concernant le peuple bédouin du Néguev. Attirez
d’abord l’attention du public sur le calvaire des citoyens bédouins du Néguev
pour réfuter beaucoup de mythes sur leur communauté et pour faire reconnaître
le besoin urgent d’agir pour bloquer le projet d’Israël de les déplacer de
force. Diffusez les rapports, les photos, les vidéos et autres documents
d’Adalah au plus grand nombre de personnes possible.
Action
#2 : Intervenez auprès de vos représentants légaux pour exiger la justice pour
les Bédouins. Intervenez auprès de vos parlementaires, des fonctionnaires
gouvernementaux, des représentants de conseils locaux, des organisations de la
société civile et de toute personne ayant de l'influence pour demander
qu’Israël arrête le déplacement par la force des citoyens bédouins. Utilisez
les documents d’Adalah pour toucher le plus de monde possible.
Vous
pouvez trouver Adalah sur son site web https://www.adalah.org/.
Ou sur Facebook à https://www.facebook.com/AdalahEnglish,
sur Twitter à http://twitter.com/#!/AdalahCenter,
ou encore sur YouTube à http://www.youtube.com/user/iadalah.
La situation
Depuis
la création de l’État d’Israël en 1948, les citoyens bédouins d’Israël qui
habitent le désert du Néguev ont été soumis par l’État à une politique de
déplacement forcé, de démolition de maisons et de spoliation.
Traditionnellement, les Bédouins palestiniens vivaient comme bergers dans le Néguev,
y faisant paître des chameaux, chèvres et moutons. Aujourd’hui plus de 80.000
Bédouins vivent dans 36 villages ‟non reconnus”, qui soit existaient avant la
création même de l’État d'Israël soit avaient été créés sous l’autorité
militaire israélienne au début des années 50. L’État israélien refuse aux habitants
de ces villages l’accès à des services de base comme l’eau, l’électricité,
l’évacuation des eaux usées, l’éducation, les soins de santé et des routes
sûres. L’État israélien refuse ces services à dessein pour ‟encourager” les
Bédouins à abandonner leurs terres ancestrales.
En
2011, le gouvernement israélien a approuvé le Plan Prawer. L’objectif
fondamental de ce plan est de déplacer par la force les citoyens bédouins de ces
villages non reconnus vers des quartiers de regroupement prévus par le gouvernement
dans le nord du Néguev, et de les exproprier de leurs terres. En 2013, suite à
des manifestations populaires et à d'importantes pressions internationales, le
gouvernement israélien avait gelé la législation qui aurait facilité légalement
le projet discriminatoire. Mais vers la fin de 2016, le ministre israélien de
l’Agriculture Uri Ariel annonçait son intention de promouvoir dans un avenir
proche une version modifiée de Plan Prawer, qui est en fait peu différente du
plan d’origine.
Malgré
le refus du plan par une grande partie de la communauté bédouine et une forte
désapprobation par la communauté internationale, le Plan Prawer est appliqué
sur le terrain. Les autorités israéliennes démolissent et rasent chaque mois
des centaines de maisons, de bâtiments et de terres agricoles, et des milliers
de familles bédouines sont expulsées ou obligées de quitter leurs terres. Le
plan viole ainsi gravement les droits des citoyens bédouins à la propriété, à
la dignité, à l’égalité, à un logement convenable et à la liberté de choisir eux-mêmes
leur lieu de résidence.
Alors
que les violations des droits humains dans le Néguev se poursuivent, la campagne
pour mettre fin aux plans discriminatoires de l’État se développe aussi. Outre
l’opposition locale des citoyens bédouins du Néguev et plus largement de la
communauté palestinienne d’Israël, beaucoup d’acteurs, de groupes et de
citoyens ont pris position au niveau international en faveur du droit des
Bédouins à rester sur leurs terres du Néguev et à vivre dans la dignité, en
citoyens égaux.
Les
Nations Unies et le Parlement Européen ont tous deux critiqué le Plan Prawer
initial et demandé qu'il soit annulé. Le Comité des Nations Unies pour
l'Élimination de la Discrimination Raciale a
exhorté le gouvernement israélien à abandonner le Plan Prawer parce
qu’il était "discriminatoire" et qu'il "légaliserait la
politique permanente de démolition de maisons et de déplacement par la force
des communautés bédouines autochtones.[1]
De plus, dans un rapport de février 2014, le Département d'État des États-Unis
a appelé le traitement des Bédouins l'un des "problèmes de droits humains
les plus importants" d'Israël, du fait que le déplacement exigerait d'eux
de "renoncer aux terres qu'ils [habitaient] depuis plusieurs générations
et les séparerait de leurs moyens d'existence."[2]
Un signe d’espoir
L’expérience
d’Adalah montre que les pressions internationales, celles des médias et de
l’opinion publique peuvent avoir un effet important et concret pour empêcher
Israël de mettre en œuvre sa politique de déplacement par la force. Par exemple
le 21 novembre 2016 la communauté d’Umm al-Hiran a été informée que les autorités
israéliennes allaient commencer le lendemain à démolir leurs maisons et à
évacuer leur village. Une équipe d’Adalah se rendit avec d’autres partenaires à
Umm al-Hiran et resta dans le village jusqu’au lendemain pour témoigner des
évènements et en rendre compte. Adalah a diffusé sur ses pages Facebook et
Twitter des communiqués de presse et des informations sur l'évolution des
évènements et a invité des douzaines de journalistes et de militants à venir dans
le village. Suite à cette publicité de grande envergure et à la présence de
membres arabes de la Knesset et de médias internationaux, les démolitions ont
été évitées ce jour-là. S’il a été possible d’empêcher la réalisation du plan
de l’État ce jour-là, alors il sera possible de faire de même pour tous les
villages bédouins non reconnus, aussi longtemps du moins que nous maintiendrons
avec force et persévérance notre plaidoyer et que nous poursuivrons le travail avec
les médias.
L’histoire d’Ahmad Abu Al-Qi’an
En
décembre 2016, Ahmad Abu Al-Qi’an a été contraint par Israël de démolir
lui-même sa maison à Umm al-Hiran, l’un des 36 villages bédouins non reconnus
du Néguev. ‟Toutes ces maisons que vous voyez sont des maisons de ma famille,”
dit Ahmad en regardant les ruines. ‟Il y avait là 12 maisons.”
Les
familles de la tribu d'Abu Al-Qi’an qui vivent actuellement dans les villages
jumeaux d’Atir et d’Umm al-Hiran, avaient été expulsées une première fois de
leurs terres de Khirbet Zubaleh, qu’ils cultivaient depuis des générations, en
1948. Au cours des années 1950, le gouverneur militaire israélien leur avait ordonné
de se déplacer vers l'espace qu'ils occupent actuellement et d’y construire
leur village. Malgré cela l’État n’a toujours pas reconnu le nouveau village, et
ne lui a pas non plus procuré les services essentiels.
Dans
les années 2000, le gouvernement israélien a élaboré un plan pour développer
sur les ruines d’Atir une forêt artificielle appelée ‟Yatir” et parrainée par
le Fonds National Juif, et de créer sur les ruines d’Umm al-Hiran une nouvelle
ville israélienne juive du nom de ‟Hiran”. L’État cherche à expulser les 1.000
habitants bédouins vers la ville bédouine miséreuse de Hura.
En
mai 2015, après une bataille juridique menée par Adalah, la Cour Suprême
israélienne a décidé à une majorité de 2 contre 1 d’autoriser le plan de l’État
de démolir les villages.
Quelques
mois plus tard, la police est arrivée au foyer d’Ahmad et l’a forcé à signer un
accord selon lequel il allait démolir lui-même sa maison, sinon eux allaient
s'en charger et il aurait à payer une lourde amende En contrepartie, Israël fournirait
à sa famille un logement à Hura. ‟Ils sont venus à minuit et m’ont menacé,” dit
Ahmad. ‟Je leur ai dit : 'Où voulez-vous que j'aille ?' Ils m’ont dit
‘Signe ici. Ce n'est pas le moment de discuter. Signe !'”
La
famille d’Ahmad a alors été expulsée vers un terrain vide sans électricité ni
eau courante. Elle vit maintenant dans des abris en tôle qu’ils ont construits
eux-mêmes. ‟Quel genre de vie est-ce là ?” demande Ahmad. ‟Il vaut mieux
mourir que de vivre dans ces conditions.”
Action
Faites
entrer en douce un mouton en Israël ! Il faut que le ministre de
l’Agriculture et du Développement Rural Uri Ariel sache que les Bédouins devraient
pouvoir gérer eux-mêmes leurs communautés. Vous pouvez envoyer l’image d’un
mouton (ou d’une chèvre, ou d’un chameau) à Uri Ariel. Vous pouvez dessiner un
mouton, ou trouver une photo sur internet. Faites preuve d'imagination, et
écrivez sur votre image un message du genre ‟Si vous voulez vraiment respecter
le peuple bédouin, ses terres, ses traditions et ses communautés, abandonnez le
Plan Prawer !”
Vous
pouvez l’adresser par fax à +972 03-9485835 ou par courriel à mankal@moag.gov.il. Puis diffusez l’image
que vous avez envoyée sur Twitter, Facebook ou Instagram et invitez d’autres à
faire de même. Joignez-y un lien vers cette page du site web de Kumi Now avec
les hashtags #AbandonthePrawerPlan, #KumiNow, et #Kumi46.
Un texte : ‟Prière à la nouvelle année”, de Fadwa
Tuqan.
Entre nos mains une
nouvelle aspiration pour toi,
Dans nos yeux des chants de louange et des mélodies incomparables,
Nous les lancerons dans ta main en offrandes chantée.
Ô toi qui émerge comme une douce fontaine d’espoir,
Ô toi qui es riche de promesse et de désir.
Que tiens-tu en réserve pour nous ?
Qu’as-tu trouvé ?
donne-nous de
l’amour, car avec l’amour les trésors de
bonté qui sont en nous jaillissent…
avec l’amour nos chants vont verdir et fleurir
et vont exploser de présents
de richesses
de fécondité.
Donne-nous de l’amour,
pour que nous puissions construire l’univers effondré en nous
à neuf
et redonner
la joie de la fécondité à notre monde stérile.
Donne-nous des ailes
pour ouvrir des horizons d'ascension,
pour nous libérer de nos étroites cavernes, de la solitude
de murs de fer.
Donne-nous la lumière, pour pénétrer l’obscurité la plus profonde
Et avec la force de
son flot brillant
Nous allons pousser nos pas jusqu’à un précipice
Et de là moissonner les victoires de la vie.
De
Fadwa Tuqan, célèbre poétesse palestinienne de la résistance. D’après la
traduction en anglais de Lena Jayyusi et de Naomi Shihab Nye, publiée dans
‘Desert Songs of the Night : 1500 Years of Arabic Literature (Chants du
désert de la nuit : 1500 ans de littérature arabe) et éditée par Suheil
Bushrui.
Ressources (en anglais)
Pages de Campagnes :
- #Save_UmAlHiran Campaign Page :
https://www.adalah.org/en/content/view/8550
- Stop Prawer Campaign Page : https://www.adalah.org/en/content/view/7589
Rapports / Documents d'orientation :
- Adalah’s Position Paper on “Prawer II”: https://www.adalah.org/en/content/view/9049
- “The Dangerous Implications of
the Supreme Court’s Decision on Atir-Umm al-Hiran” de
Adalah : https://www.adalah.org/en/content/view/8550
- “From Al-Araqib to Susiya“ de Adalah : https://www.adalah.org/uploads/oldfiles/Public/files/English/Publications/Position_Papers/Forced-Displacement-Position-Paper-05-13.pdf
Vidéos / Films
- “Land Day 2017: This Is All That
Remains” de Adalah : https://www.youtube.com/watch?v=XfRoiL3yzNs
- “Umm al-Hiran Prepares at
Midnight” de Adalah : https://www.youtube.com/watch?v=DDICBvUU03o
- “From Al-Araqib to Susiya‘: https://www.youtube.com/watch?v=HtF3rOdSbr4
Albums
Photos :
- “Dispossession
and Displacement” : une présentation par Adalah : https://www.flickr.com/photos/adalahphotos/sets/72157680596487835
- “Preparing for Demolition of
Atir-Umm al-Hiran (22 November 2016)” de Adalah : https://www.facebook.com/pg/AdalahEnglish/photos/?tab=album&album_id=1171209599628753
Traduit par les
Amis de Sabeel France
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