Kumi Now Année 2 Semaine 30 : du 12 au 18 mai 2020
La Nakba
permanente et la lutte du Centre de Ressources BADIL
Le mot
Nakba (« catastrophe » en arabe) est utilisé pour désigner la
catastrophe palestinienne de 1948, quand plus de 700 000 Palestiniens ont
dû fuir parce qu’ils étaient chassés de leurs foyers. Mais la Nakba n’est pas
qu’un événement ponctuel du passé vieux de 72 ans et dont les Palestiniens se
souviennent chaque année le 15 mai. C’est aussi la permanence d’un nettoyage
ethnique qui remonte à la Déclaration Balfour de 1917 et qui se poursuit de nos
jours. C’est cette poursuite de la Nakba que le Centre de Ressources BADIL
documente et combat. Voici ce qu’il vous faut savoir et ce que vous pouvez
faire pour que nous puissions réagir et nous lever (Kumi !) ensemble.
Organisation
Le
Centre de Ressources BADIL pour la Défense
des Droits de Résidence des Palestiniens et de leurs Droits comme Réfugiés est
une organisation humanitaire palestinienne indépendante et à but non lucratif
qui a le souci de la protection et de la promotion des droits des réfugiés
palestiniens et des Palestiniens déplacés dans leur propre pays. Notre vision,
notre mission, nos programmes et nos relations font référence à notre identité
palestinienne et aux principes du droit humanitaire international. Nous
cherchons sur cette base à promouvoir les droits individuels et collectifs du
peuple palestinien.
La situation
I. Contexte
historique
1.
Le mandat
britannique (1922-1947)
En novembre 1917, le
cabinet britannique a publié la Déclaration
Balfour : une lettre d’une seule page qui reconnaissait explicitement
et soutenait l’idée de créer un « foyer
national » juif en Palestine par l’immigration et la colonisation.
Du début du mandat
jusqu’à fin 1947 et la décision des Nations Unies de diviser le pays en deux
États, on estime que 100 000 à 150 000 Palestiniens, soit près d’un
dixième de la population palestinienne arabe, ont été expulsés, privés de leur
nationalité ou contraints de quitter leur foyer. Des dizaines de milliers de
Palestiniens ont été déplacés à l’intérieur du pays du fait de la colonisation
sioniste, de l’expulsion des métayers et de démolitions de maisons en guise de
punition par l’administration britannique.
2.
La « Nakba »
(1947-1949)
La décision de
partition du pays par les Nations Unies déclencha un conflit armé entre les
Palestiniens autochtones et les colonisateurs juifs-sionistes. Cela créa un
climat dans lequel le mouvement sioniste put provoquer des déplacements massifs
de Palestiniens pour créer l’État juif. Le principal flux de réfugiés se
produisit en avril et au début de mai 1948. Les forces sionistes eurent recours
à la violence pour chasser les Palestiniens de chez eux et les faire fuir. La
déclaration unilatérale de création de l’État d’Israël le 14 mai 1948 coïncida
avec le retrait de Palestine des forces britanniques et l’échec du plan de
partition des Nations Unies. Au début de 1949, entre 750 000 et
900 000 Palestiniens, soit 55 à 66% de la population palestinienne,
avaient été déplacés de force. Finalement 85% de la population palestinienne
autochtone a été déplacée. La plupart de ces réfugiés ont fui vers ce qui
devint la Cisjordanie et la Bande de Gaza (22% seulement de la Palestine
mandataire), ou vers les pays arabes voisins.
3.
La guerre de
1967
Lors de la guerre de
1967, Israël a lancé une attaque contre l’Égypte, la Jordanie et la Syrie.
Israël avait l’intention de contrôler et de coloniser le reste de la Palestine
mandataire. Lorsque la guerre prit fin, Israël occupait la Cisjordanie avec
Jérusalem-Est, la Bande Gaza, ainsi que les Hauteurs du Golan syrien et le
Sinaï égyptien. Plus d’un tiers de la population palestinienne des territoires
palestiniens occupés, soit 400 000 à 450 000 personnes, fut déplacé
au cours de la guerre. La moitié d’entre eux étaient des réfugiés de 1948 qui
furent ainsi déplacés une seconde fois, tandis que 240 000 étaient
déplacés pour la première fois.
II. La
poursuite de la Nakba
En plus des deux
principales périodes de déplacement historique contraint, le déplacement de
Palestiniens se poursuit par l’application de multiples politiques de
transferts et de déplacements forcés. Ces politiques créent un environnement de
plus en plus coercitif qui ne laisse aux Palestiniens d’autre option que de
quitter leur foyer et leur communauté. Israël a recours à nombre de pratiques
discriminatoires pour contrôler tous les secteurs de la vie palestinienne et
modifier la démographie de la Palestine mandataire. BADIL a identifié neuf politiques israéliennes associées,
comportant nombre de méthodes et moyens visant à déplacer par la force la
population palestinienne, tant à l’intérieur de la Palestine mandataire
historique que hors de celle-ci.