Kumi Now Année 2 Semaine 44 :
du 18 au 24 août 2020
Églises pour la Paix au Moyen Orient
La vie à Gaza sous le blocus
Instauré en 2006, le
blocus israélien de Gaza voulait punir le Hamas pour sa
victoire aux élections de 2006. En fait, ce sont surtout les enfants, les
familles et les citoyens ordinaires que le blocus punit. L’association Églises pour la Paix au Moyen Orient (CMEP)
relève l’injustice du blocus et agit pour qu’il y soit mis fin. Voici ce que
vous devez savoir sur ce blocus et ce que vous pouvez faire pour que nous
puissions nous lever (Kumi !)
ensemble.
Organisation
Églises pour la Paix au Moyen
Orient (en abrégé CMEP selon l’anglais ‘Churches for Middle East Peace’)
est une coalition de 27 Églises nationales et d’organisations confessionnelles
catholiques, orthodoxes, protestantes et évangéliques. À travers ses plus de
47 000 membres individuels et partenaires ecclésiastiques, CMEP exerce une forte influence sur des
millions de chrétiens américains. CMEP
s’engage en faveur d’une politique américaine qui soit favorable à une solution
juste, durable et globale du conflit israélo-palestinien, et qui garantisse la
sécurité, les droits humains et la liberté religieuse pour tous les habitants
de la région.
Vous trouverez CMEP (en anglais)
sur son site web http://cmep.org/, sur
Facebook à https://www.facebook.com/ChurchesforMEP,
Twitter à https://twitter.com/ChurchesforMEP,
ou YouTube à https://www.youtube.com/user/ChurchesMEPeace.
La situation
Le Hamas a remporté la victoire aux élections législatives de 2006 sur
la base de trois promesses simples : éradiquer la corruption, rétablir la
sécurité en Palestine, et lutter contre le chômage et la pauvreté. Après la
victoire du Hamas, Israël a imposé un blocus à Gaza, fermé les passages aux
frontières, en concertation avec l’Égypte, imposé une zone d’exclusion aérienne
et limité l’accès à la mer à une distance maximale de six milles nautiques (un
peu plus de 11 km). Le Hamas est catalogué, globalement ou partiellement, comme
« organisation terroriste » par 36 pays.
Plus de dix ans après, le blocus israélien est toujours effectif, la
lutte entre le Fatah et le Hamas a empêché tout progrès démocratique, et les
deux millions de Palestiniens qui vivent à Gaza languissent dans ce que
l’ancien Premier ministre britannique David Cameron qualifiait de « prison
à ciel ouvert ». Un rapport de 2007 du Bureau du Coordinateur Spécial des
Nations Unies pour le Processus de Paix au Moyen Orient (UNSCO) se terminait en
affirmant que Gaza serait complètement inhabitable à la fin de 2020 en raison du
« dé-développement » du territoire. Depuis 2007, les Gazaouis ont
subi trois guerres entre Israël et le Hamas en plus du blocus, laissant les
infrastructures de Gaza dans un état de délabrement permanent.
La dernière guerre entre Israël et le Hamas, en 2014, a été comme le dernier
clou dans le cercueil des infrastructures de Gaza. La crise énergétique est due
pour une grande part au bombardement de l’unique centrale électrique du
territoire pendant cette guerre. Selon le Jerusalem
Post, près de 18 000 maisons et 170 écoles ont alors été détruites, et
plus de 150 000 logements endommagés. Le blocus empêche l’entrée dans le
territoire de la plupart des matériaux de construction, par crainte ou soupçon
qu’ils ne servent davantage à fortifier les positions du Hamas qu’à réparer les
habitations civiles. Toutes les poutres en bois d’une épaisseur supérieure à un
pouce (2,54 cm) ont été interdites pour cette raison, tout comme les dons
privés de béton, ce qui rend les travaux de reconstruction compliqués voire
impossibles.
Dans les logements endommagés qui sont les leurs, les Gazaouis sont
aussi de plus en plus confrontés à l’insécurité en matière d’approvisionnement
en énergie. Depuis le 12 juin 2017 et dans un contexte de tensions croissantes entre
politiciens palestiniens, le président palestinien Mahmoud Abbas refuse de
payer les factures d’électricité de la bande de Gaza et a demandé à Israël de
couper l’alimentation en électricité du territoire. Malgré une aide partielle de
l’Égypte, il y a depuis lors un manque en énergie à Gaza qui reçoit seulement un
tiers de ses besoins vitaux. Sur l’ensemble du territoire, les Gazaouis ne
disposent que de deux à quatre heures d’électricité par jour, souvent à des
moments aléatoires, et doivent recourir à un éclairage aux chandelles ou
alimenté par batteries pour leurs activités de base.
Depuis l’été 2017 et suite à ce manque d’électricité, la station
d’épuration laisse passer chaque jour plus de 100 000 mètres cubes d’eaux
usées dans les aquifères méditerranéens et côtiers. Selon des études de la
Banque mondiale, le niveau actuel de consommation d’eau à Gaza ne peut en aucun
cas être maintenu : la population est huit fois plus importante que celle
qui pourrait être approvisionnée. La nappe phréatique est gravement polluée et
en grande partie impropre à la consommation humaine, et annoncée comme
totalement imbuvable en 2020.
Le Programme Alimentaire Mondial a signalé que 57% des foyers de Gaza vivent
dans un état d’insécurité alimentaire, aggravée encore par l’imposition
unilatérale par Israël d’une zone tampon de 300 mètres le long de la frontière.
Toute personne qui pénètre dans cette zone risque de se faire tirer dessus, ce
qui rend inutilisables 35% des terres agricoles de Gaza. Des journaux
israéliens et des ONG ont mené une longue bataille judiciaire pour découvrir
que des fonctionnaires du ministère israélien de la santé calculaient les
besoins minimaux en calories des Gazaouis pour éviter la famine pour décider de
la quantité de nourriture autorisée à entrer dans la Bande. Et il n’existe aucun
plan d’urgence en cas de perte de cargaison lors d’un transport, ou en cas de
mauvaise récolte à Gaza.
Depuis que le Hamas a pris le pouvoir à Gaza, Israël et l’Autorité
palestinienne ont sacrifié -en vain- des milliers de vies et des milliards de
dollars pour le chasser. Trois guerres incroyablement destructrices et les
réactions disproportionnées des Forces de défense israéliennes aux attaques du
Hamas ont nui bien davantage à la population civile de Gaza qu’à l’emprise du
Hamas sur le pouvoir. Le président Abbas a décidé de couper les salaires et les
pensions des employés de l’Autorité Palestinienne à Gaza, alors que plus de 80%
des Gazaouis sont tributaires de quelque forme d’aide pour leur nourriture, que
l’électricité et l’eau sont insuffisantes, et qu’une grande partie des
infrastructures de Gaza a été détruite.
L’histoire d’Oday Abdaljawwad,
stagiaire de CMEP / Églises pour la Paix au Moyen Orient.
Oday Abdaljawwad, stagiaire d’été de CMEP, est un boursier Fulbright qui prépare un master en « Consolidation
de la paix et Résolution des conflits » à l’université américaine Brandeis.
Il a grandi à Gaza. La dernière fois qu’il était chez lui, on pouvait espérer
avoir six heures d’électricité suivies d’une interruption de huit heures. Lors
d’un entretien récent avec sa famille, Oday a appris qu’aujourd’hui les
interruptions durent en moyenne trente heures. La vie d’étudiant était déjà
suffisamment difficile avec six heures d’électricité ! Il était souvent
impossible d’étudier, d’effectuer des recherches, ou de rendre ses devoirs.
Pendant la guerre de 2014, beaucoup de Gazaouis informaient leurs amis
et leur famille par Facebook. L’une des fois où Oday s’est ainsi renseigné sur
ceux qui lui étaient chers, pendant une accalmie des combats, il a vu deux
photos de mères en pleurs aux obsèques de leur fils. L’une était palestinienne,
et l’autre israélienne. Il se souvient de ce moment comme d’une
illumination : c’était la première fois qu’il voyait des Israéliens non
sous la forme de soldats et d’ennemis, mais comme des êtres humains qui
éprouvent des sentiments, souffrent et peuvent perdre un être aimé. Un
sentiment qui lui est familier : son oncle et deux de ses cousins sont morts
pendant les guerres d’Israël à Gaza.
Oday voulait obtenir un master parce qu’il avait vu comment le master
de son père avait amélioré la qualité de vie de de sa famille. Il espérait
étudier soit l’anglais, soit la linguistique. Après son moment d’illumination,
Oday a décidé de s’inscrire plutôt en « Consolidation de la paix et
Résolution des conflits », et a sollicité une bourse Fulbright. Il a choisi
Brandeis parce que c’était une université juive et qu’il voulait en savoir
davantage sur la culture juive et montrer à cette communauté que beaucoup de
Palestiniens veulent la paix. L’occupation l’avait amené à grandir avec cette idée
fausse que Juifs et Israéliens ne font qu’un et que par conséquent tous les
Juifs sont des ennemis de la Palestine. Il y a dix ans, Oday nourrissait des
espoirs radicalement différents pour la résolution du conflit israélo-palestinien :
il aurait appelé à mettre fin à l’existence d’Israël. Maintenant il voit l’avenir
dans la solution à deux États, dans la fin de l’occupation de Gaza et de la
Cisjordanie, et dans la satisfaction des besoins fondamentaux des Palestiniens,
et il est conscient de tous les problèmes qu’impliquait son précédent point de
vue. Malgré l’opposition à laquelle il s’est heurté, Oday a la conviction que
si des militants cherchent à mettre en contact et à faire se rencontrer des
Israéliens et des Palestiniens, et s’ils se forment en conséquence, il y aura
des progrès tangibles sur le chemin de la paix.
Action
L’organisation CMEP / Églises
pour la Paix au Moyen Orient est tout particulièrement préoccupée par la
situation humanitaire grave à Gaza. Si vous êtes aux États-Unis, nous vous invitons
à prendre contact par e-mail ou par téléphone avec vos élus au Congrès et à les
inviter à prendre position contre la décision de l’administration Trump de
couper l’aide humanitaire et économique américaine à Gaza. Après cette
décision, il a aussi été annoncé que les États-Unis supprimaient tous les
financements de l’UNRWA, l’agence des Nations Unies qui fournit des services
essentiels à plus de 5 millions de réfugiés palestiniens, dont plus de la
moitié de la population de Gaza. Faites prendre conscience à vos élus que la
suppression des aides aux habitants de Gaza ne fera qu’exacerber la crise et
nous éloigner encore davantage de la fin du blocus. Même si la prise en compte
des besoins humanitaires ne conduira pas à une fin juste du conflit, il est
essentiel que ces services soient maintenus.
Si vous êtes ailleurs qu’aux États-Unis, prenez contact avec les
représentants de votre gouvernement et tout particulièrement avec l’ambassadeur
de votre pays en Israël. Encouragez-les à faire pression sur Israël pour la levée
du blocus et à travailler avec des partenaires internationaux pour que les
besoins de toutes les parties soient pris en compte.
L’équipe Kumi vous invite à
travailler au sein de votre groupe Kumi et en lien avec d’autres groupes
pour trouver les façons les plus créatives de faire passer vos messages. Partagez
vos idées en utilisant les hashtags listés ci-dessous. Vous trouverez plus
d’informations sur la façon de toucher les dirigeants et les ambassadeurs de
votre gouvernement sur cette page du site web de Kumi Now.
Partagez vos messages sur les médias sociaux. Pour susciter plus d’attention,
joignez une image de Gaza avec sur elle un extrait de votre message. Joignez un
lien vers cette page du site web de Kumi
Now avec les hashtags #KumiNow et #Kumi44.
Une prière pour Gaza
En voyant la situation à Gaza, le
risque est grand de perdre tout espoir. Il nous faut travailler à la maturation
du temps de l’espérance en plaidant pour une solution juste, durable et globale
du conflit israélo-palestinien. Elle réside dans un accord obtenu par
négociation et entente mutuelle, et non dans le recours à la violence et aux
frustrations. Voici la prière que proposons :
Dieu d’espérance,
Sois avec le peuple de Gaza et avec tous ceux qui habitent en Terre
Sainte et qui espèrent avec persévérance la fin de ce conflit. Ô Dieu, Tu
promets d’être avec Ton peuple dans les temps de souffrance et dans les temps
de joie. Sois avec les gens de Gaza, avec ceux qui ont faim de nourriture
quotidienne et de justice. Sois avec ceux qui ont soif d’eau et d’un avenir
plus lumineux. Guide les gens de Gaza qui travaillent ensemble à apporter la
paix à leurs communautés. Et aide-nous à nous mettre à leur écoute, à apprendre
d’eux, et à nous tenir à leurs côtés dans une persévérante espérance.
Au nom de
Dieu, Père, Fils et Saint Esprit. Amen
Ressources (en anglais)
Vidéos sur la vie à Gaza:
Regardez l’une des interviews interactives
hébergées sur le site de CMEP: http://cmep.org/events/webinars/
Lisez et abonnez-vous au bulletin
hebdomadaire de CMEP: http://cmep.org/resources/bulletins/
Le blog de Prières pour la paix: http://prayersfortheholyland.org
Pour recevoir des informations
dignes de foi sur le conflit, CMEP suggère Gisha (http://gisha.org/),
B’Tselem (http://www.btselem.org/), et
le Bureau des Nations Unies pour la Coordination des Affaires Humanitaires
(OCHA) pour le Territoire Palestinien Occupé (https://www.ochaopt.org/).
Rapport: “Fragmented
Lives : Humanitarian Overview 2016” de OCHA: https://www.ochaopt.org/content/fragmented-lives-humanitarian-overview-2016
Traduit par les Amis de Sabeel France
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