Kumi Now Année 2 Semaine 43 : du 11 au 17 août 2020

Défense des enfants International, section Palestine
Jeunes en détention

Parmi toutes les injustices infligées aux Palestiniens, celles qui sont peut-être les plus poignantes et dont on parle le moins sont les mises en détention généralisées de jeunes. L’organisation Défense des enfants International, section Palestine (DCIP) ne cesse d’exposer ce problème et apporte une aide juridique aux enfants qui comparaissent devant les tribunaux militaires israéliens. Voici ce qu’il vous faut savoir sur la mise en détention de jeunes dans les territoires palestiniens occupés et ce que vous pouvez faire pour que, tous ensembles, nous puissions nous lever : Kumi !
Organisation
Défense des enfants International, section Palestine (DCIP) apporte une aide juridique immédiate et gratuite aux mineurs palestiniens qui comparaissent soit devant les tribunaux militaires israéliens soit devant les instances judiciaires palestiniennes pour les jeunes, et intervient pour limiter leurs durées d’incarcération. DCIP dénonce les violations graves des droits humains, telle la torture et autres traitements et sanctions cruels, inhumains ou dégradants contre des mineurs palestiniens dans les juridictions relevant du système judiciaire militaire israélien et du système judiciaire palestinien pour les jeunes, et met en évidence la responsabilité des contrevenants. DCIP assure aussi des plaidoyers sur la base de faits réels afin de changer les pratiques et de garantir aux mineurs palestiniens une meilleure protection et un meilleur accès à la justice.
Défense des enfants International est un mouvement mondial de défense des droits des enfants, mais chacune de ses sections est autonome tant en matière de fonctionnement que de financement. C’est pourquoi DCIP est enregistrée comme une organisation palestinienne de droits humains et est membre du Conseil des organisations palestiniennes des droits humains. DCIP est ainsi la seule organisation locale non gouvernementale dans l’État de Palestine à être engagée dans la défense et la promotion des droits des enfants en Cisjordanie, avec aussi Jérusalem-Est, et dans la Bande de Gaza. DCIP est la seule organisation à pouvoir apporter une aide juridique spécialisée aux enfants en difficulté, et l’un des seulement cinq groupes en mesure d’apporter une aide juridique gratuite aux enfants palestiniens.
Les avocats de DCIP défendent chaque année plus d’une centaine de mineurs palestiniens devant les tribunaux militaires israéliens, soit au moins 20% des cas annuels impliquant des jeunes. En 2017, DCIP a accepté de défendre 151 nouveaux cas, a mené à terme 140 procédures et en a sous-traité 11 autres.
Au sein du groupe de travail, dirigé par l’UNICEF, sur les violations graves envers des enfants palestiniens et qui est une initiative des Nations Unies mise en œuvre au niveau des divers pays en vue de renforcer les actions de suivi et d’information sur toute violation grave envers des enfants, conformément à la résolution 1612 du Conseil de Sécurité des Nations Unies, DCIP est la principale organisation de suivi et d’information sur les enfants détenus par l’armée israélienne. L’UNICEF utilise les informations fournies par DCIP pour la rédaction de sa contribution au rapport annuel du Secrétaire Général des Nations Unies sur le sort des enfants dans les conflits armés.
Les enfants palestiniens ont le droit de vivre dans un environnement de sécurité et de justice. La campagne « No Way to Treat a Child » (Ce n’est pas ainsi que l’on traite des enfants !) considère que les gouvernements des États-Unis et du Canada doivent prendre des mesures concrètes permettant un tel environnement en mettant les autorités israéliennes devant leurs responsabilités, à cause de leurs violations des droits des enfants palestiniens. Rejoignez-nous dans cette campagne sur http://nwttac.dci-palestine.org
Vous trouverez Défense des enfants International, section Palestine (DCIP) sur son site web http://www.dci-palestine.org/ ou sur Facebook à https://www.facebook.com/DCIPS, Twitter à http://twitter.com/DCIPalestine, YouTube sur https://www.youtube.com/user/DCIPS, ou Instagram sur https://www.instagram.com/dcipalestine/.
La situation
Au lieu de bénéficier d’un cadre de vie fondé sur les principes universels des droits humains, sur la justice et le respect de la dignité humaine, les enfants palestiniens grandissent dans le cadre d’une occupation militaire israélienne qui laisse dans une impunité totale les auteurs de violations des droits humains.
Israël applique en effet deux systèmes judiciaires distincts en Cisjordanie : la loi militaire, avec de sévères contraintes dans la vie quotidienne, s’applique aux Palestiniens, alors que les colons israéliens sont soumis à la loi civile israélienne. Implantés dans l’ensemble de la Cisjordanie occupée, les soldats et la police d’Israël ainsi que divers organismes de sécurité privés appliquent la loi militaire et protègent les colons aux dépens des civils palestiniens. Dans un tel environnement hyper militarisé, les enfants palestiniens subissent des violences physiques disproportionnées, un accès limité à l’éducation, et des traumatismes psychologiques.
Sous le système judiciaire militaire israélien qui leur refuse leurs droits fondamentaux, les enfants palestiniens, et surtout les garçons, sont victimes d’arrestations, de poursuites et de détentions. Israël a la particularité peu reluisante d’être le seul pays au monde à poursuivre systématiquement, chaque année, entre 500 et 700 enfants devant les tribunaux militaires. Les enfants palestiniens ainsi pris dans le système militaire israélien font généralement mention de harcèlement physique et verbal dès le moment de leur arrestation, et de toutes sortes de pressions et de menaces au cours des interrogatoires.
Selon les données du Service des prisons d’Israël, une moyenne de 312 enfants palestiniens se trouvaient pris chaque mois dans le système carcéral israélien en 2017 pour des « infractions en matière de sécurité ». l’âge moyen de 62 d’entre eux oscillait entre 12 et 15 ans. Le service ne publie pas le nombre annuel total d’enfants palestiniens emprisonnés, et a cessé de publier les données mensuelles en mai 2016.
Le nombre d’enfants palestiniens arrêtés a connu un pic lors des grandes manifestations, marches et affrontements en Cisjordanie suite à la décision du président américain Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël, en décembre 2017.
DCIP a recueilli les déclarations de 137 enfants de Cisjordanie détenus et poursuivis sous la juridiction des tribunaux militaires israéliens en 2017. Il en ressort que 74,5% de ces enfants ont subi une forme de violence physique après leur arrestation, et que 62% d’entre eux ont été verbalement agressés, intimidés ou humiliés. 26 enfants sur ces 137 ont été gardés en isolement pour interrogatoire pendant une durée moyenne de 12 jours. En 2017, la plus longue durée de mise à l’isolement d’un enfant a été de 23 jours, selon les renseignements recueillis par DCIP.
Durant cette même année 2017, au moins cinq Palestiniens mineurs ont été placés en détention administrative, une forme d’emprisonnement fondée sur des preuves gardées secrètes et sans mise en accusation ni jugement. Trois d’entre eux ont été relâchés après deux à sept mois, sans mise en accusation, et deux restaient en détention administrative en fin d’année. Un autre adolescent, placé en détention administrative en août 2016 alors qu’il n’avait que 17 ans, a passé 18 mois en prison sans mise en accusation ni jugement.
Israël a placé plus de 25 mineurs palestiniens en détention administrative depuis octobre 2015, quand cette pratique a été appliquée à des moins de 18 ans. Ils sont en général accusés d’avoir lancé des pierres, ce qui peut mener à des condamnations jusqu’à 10 voire 20 ans, selon les circonstances.
Beaucoup d’enfants affirment leur innocence au cours des procès, mais finissent par plaider coupables parce que c’est la façon la plus rapide d’être libérés de la procédure. La plupart obtiennent alors des condamnations de moins de 12 mois. Mais les procédures peuvent quand même durer un an, parfois plus. Il est rare que les juges militaires accordent la mise en liberté sous caution, ce qui maintient la plupart des enfants derrière les barreaux dans l’attente de leur jugement.
Les enfants palestiniens ainsi détenus par les forces israéliennes sont souvent victimes de toutes sortes de traumatismes qui, le plus souvent, ne sont pas pris en considération durant leur incarcération, car il y a peu ou pas de services psychologiques pour les jeunes Palestiniens victimes d’une arrestation violente ou d’un interrogatoire sous contrainte. Dans beaucoup de cas, c’est la première fois que ces enfants vivent une longue séparation d’avec leur famille. La peur d’une nouvelle arrestation et les difficultés qu’ils rencontrent quand ils reviennent dans leur communauté aggravent encore ces traumatismes non soignés.
Après leur libération de prison, beaucoup de ces enfants palestiniens ont du mal à réintégrer leur communauté. Certains continuent à se comporter comme s’ils étaient encore en prison : ils limitent leurs déplacements, ont peu de contacts sociaux, et passent de longues heures devant la télévision.
Pour ceux qui ont avoué des crimes qu’ils n’ont pas commis, ou qui ont cité d’autres enfants dans leurs confessions, le poids psychologique peut être très lourd. Certains craignent la vengeance de membres de leur communauté, ou luttent contre des sentiments de culpabilité et de honte.
Les mauvais traitements et les tortures des enfants palestiniens commencent souvent lorsque les forces israéliennes les arrêtent en plein milieu de la nuit. Ces arrestations nocturnes traumatisent les enfants, détruisent leur sentiment d’être en sécurité à la maison et peuvent perturber leur sommeil par la suite. La répétition et le caractère systématique de ce genre d’agression des forces israéliennes envers des enfants palestiniens multiplient les cas de traumatismes.
Quant aux techniques israéliennes d’interrogatoire, elles sont généralement coercitives, physiquement et mentalement, mêlant intimidations, menaces et violences physiques dans le dessein évident de faire mal, de faire souffrir, pour obtenir des aveux. Et malgré les interventions persistantes de l’UNICEF et ses appels répétés à mettre fin aux arrestations de nuit et aux mauvais traitements et tortures infligés aux enfants palestiniens détenus par l’armée israélienne, les autorités israéliennes n’ont pas pris de mesures concrètes pour mettre fin à cette violence qui génère tant de victimes.
Les normes internationales des pratiques de justice à l’égard des jeunes, qu’Israël s’est engagé à appliquer en ratifiant en 1991 la Convention des Nations Unies sur les Droits de l’Enfant, exigent que les enfants ne soient pas illégalement ou arbitrairement privés de liberté. Elles disent aussi que l’arrestation, la détention ou l’emprisonnement d’un enfant ne doit être qu’une mesure de dernier recours, et pour la durée la plus courte possible.
L’histoire d’Amir Othman Darwish, arrêté de nuit et battu pendant son interrogatoire
Ramallah, 23 janvier 2017 – Les forces israéliennes frappent un garçon palestinien pendant son interrogatoire après l’avoir mis en détention et arraché à son foyer de Jérusalem-Est aux premières heures du matin le 2 janvier, le soupçonnant d’avoir lancé des pierres.   
Quand Amir Othman Darwish, 14 ans, s’est réveillé dans sa chambre le 2 janvier vers 3h30 du matin, dans le quartier d’Issawiya de Jérusalem-Est, il était entouré d’au moins une douzaine de membres de la police israélienne des frontières. Ils l’ont menotté et transféré au centre d’interrogatoire et de détention d’Al-Mascobiyya de Jérusalem sans l’informer des accusations portées contre lui. Amir a déclaré à Défense des enfants International, section Palestine (DCIP) qu’il a été fouillé à nu, soumis à des violences physiques pendant son interrogatoire, et qu’il a signé un document en hébreu sans en comprendre le contenu.
« Les enfants palestiniens sont régulièrement soumis à des techniques d’interrogatoire contraignantes et violentes dans le but d’obtenir des aveux, a déclaré Ayed Abou Eqtaish, directeur du Programme de Responsabilité de DCIP. Ces dernières années, les législateurs israéliens ont mis en œuvre toute une série de politiques sévères envers la jeunesse palestinienne de Jérusalem-Est, privilégiant, au mépris complet du droit international, la punition et la criminalisation à la réhabilitation et à la réintégration,».  
À son arrivée à Al-Mascobiyya, Amir a été obligé de se mettre à genoux sur le sol, les mains liées dans le dos, pendant environ deux heures, avant d’être autorisé à rencontrer brièvement un avocat.
Amir a raconté qu’on l’a interrogé hors de la présence d’un avocat ou d’un tuteur légal. « On m’a accusé d’avoir lancé des pierres sur des soldats, mais j’ai nié. Alors celui qui m’interrogeait s’est brusquement mis à me gifler très fort, à me frapper et à me donner des coups de pieds sur tout le corps. À chaque fois que je niais, il me frappait plus fort. Il me poussait aussi contre le mur et m’y cognait la tête, a déclaré Amir à DCIP. Il criait fort, jurait et disait des horreurs sur ma mère. Il menaçait même d’empêcher mon père de travailler ».
Après plusieurs heures d’interrogatoire, Amir a signé des documents en hébreu, une langue qu’il ne sait pas lire et qu’il ne comprend pas. Amir a alors été fouillé à nu et examiné par un médecin, mais n’a reçu aucun soin médical pendant toute sa détention.
« [Le médecin] m’a posé des questions sur les bleus que j’avais au visage, et je lui ai dit que je les avais eus au cours de mon interrogatoire, dit Amir à DCIP. [L’interrogateur] dit alors que je les avais déjà avant l’interrogatoire, se mit à rire et quitta la salle ».
Amir a été relâché et confié à la garde de son père vers midi, à la condition qu’il ne verrait pendant 30 jours aucun autre adolescent palestinien arrêté cette même nuit.
Les enfants de Jérusalem-Est sont en général soumis à la loi israélienne pour les Jeunes qui, en théorie, s’applique de façon égale aux enfants palestiniens et israéliens. Mais selon les informations recueillies par DCIP, les autorités israéliennes appliquent la loi de façon discriminatoire et privent les enfants palestiniens de Jérusalem-Est de leurs droits dès le moment de leur arrestation et jusqu’à la fin des procédures judiciaires.
En 2015, les législateurs israéliens ont commencé à mettre en œuvre tout un ensemble de politiques dures envers les enfants palestiniens. Ces lois tout comme les autres changements de politique font partie des mesures de répression prises par les autorités israéliennes pour briser l’agitation qui commençait à s’étendre alors dans Jérusalem et le reste de la Cisjordanie occupée.
Récit extrait de : http://www.dci palestine.org/east_jerusalem_teen_detained_at_night_and_beaten_during_interrogation.
Action proposée
Avec quelques amis ou un groupe, allez à une foire ou à un événement culturel local, et là 2 ou 3 d’entre vous se mettront à genoux, avec les yeux bandés ou un ruban sur la bouche et les mains liées derrière le dos. Portez des pancartes avec des photos, des statistiques et des textes sur les arrestations d’enfants en Palestine, comme par exemple l’histoire d’Ahed Tamimi, pour informer les présents sur la cruelle réalité que vivent beaucoup d’enfants de Palestine. Les autres membres du groupe distribueront des informations sur les arrestations d’enfants en Palestine.
Prenez une photo de votre groupe et des pancartes et diffusez-les sur les réseaux sociaux avec un lien à cette page du site web de Kumi Now avec les hashtags #KumiNow et #Kumi43.
Texte : « Une lettre de prison », de DAM
Maman chérie
Je suis bouleversé parce que je suis à la maison et que tu es en prison
Les gens se moquent de moi parce que je suis dehors et toi dedans
Honte à ceux qui ne reconnaissent pas les femmes résistantes
Tu as mené la lutte toute ta vie
Et comme tu me portais alors que tu étais en prison
Mon premier cri à la naissance
Fut un cri pour la liberté
Douceur des os, dureté des barreaux
Je suis un bébé prisonnier, le bébé d’une prisonnière
Le seul mâle dans une prison de femmes
Je suis né là, et toi tu vis encore là
Je me souviens que tes menottes étaient mon seul jouet
Tu m’as allaité pour que je prenne conscience
Le temps le plus heureux pour vous toutes fut ma première dent
Je n’avais pas encore vu mon père mais j’avais plus qu’une seule mère.
DAM est le premier groupe de hip hop palestinien et fait partie des premiers groupes de rap en arabe. Paroles traduites du site web de DAM. Vous pouvez écouter le chant sur : https://youtu.be/R6Kq-NeHqlE
Ressources (en anglais)
“No Way to Treat a Child: Palestinian Children in the Israeli Military Detention System” (2016):
Additional reports from DCIP can be found at http://www.dci-palestine.org/publications
Regular news coverage from DCIP:  
New Israeli law allows children as young as 12 to be jailed, August 2016: http://www.dci-palestine.org/new_israeli_law_allows_children_as_young_as_12_to_be_jailed
Jail terms extended for seven Palestinian teens held without charge or trial, July 2016: http://www.dci-palestine.org/jail_terms_extended_for_seven_palestinian_teens_held_without_charge_or_trial
Inside Megiddo’s juvenile section, an Israeli prison for Palestinian children, April 2016:
Reports from other organizations:  
HaMoked and B’Tselem, “Unprotected: Detention of Palestinian Teenagers in East Jerusalem” (2017):
Save the Children, “The Impact of Child Detention: Occupied Palestinian Territory” (2012): https://resourcecentre.savethechildren.net/sites/default/files/documents/5720.pdf
UNICEF, “Children in Israeli Military Detention: Observations and Recommendations” (2013): https://www.unicef.org/oPt/UNICEF_oPt_Children_in_Israeli_Military_Detention_Observations_and_Recommendations_-_6_March_2013.pdf
Other article:
“To Israelis a Child Is a Child, Unless He Is a Palestinian” by Assia Ladizhinskaya and Eitan Diamond for Haaretz: https://www.haaretz.com/opinion/.premium-palestinian-children-are-unable-to-touch-the-hearts-of-israeli-jews-1.6243975


Traduction par les Amis de Sabeel France

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