“Il
y avait dans le même pays des bergers qui vivaient aux champs et
montaient la garde pendant la nuit auprès de leurs troupeaux” (Luc
2, 8
“Jésus
étant né à Bethléem de Judée… voici que des mages venus
d’Orient arrivèrent à Jérusalem… (Matthieu 2, 1)
Le
fait que l’histoire de Noël mentionne seulement deux groupes de
visiteurs auprès du Christ enfant à Bethléem a, me semble-t-il,
une signification théologique. Les bergers, dans la Palestine du
premier siècle, représentaient l’une des classes inférieures de
la société. La tradition religieuse du temps de Jésus les
cataloguait comme impurs. Ils étaient marginalisés, pauvres et
considérés comme la lie de la société ; tandis que les mages
représentaient les gens bien, les gens instruits et cultivés de ce
temps là. L’implication théologique est claire : l’amour de
Dieu pour tous les hommes se manifestait par la venue de
Jésus-Christ. Cet amour accueillait aussi bien les bergers que les
mages. L’amour véritable ne fait pas de différence entre les
enfants de Dieu. Dans le Christ, le mal de la discrimination et du
sectarisme est aboli.
En
outre les bergers étaient vraisemblablement des juifs, tandis que
les mages étaient des étrangers. Du fait que les mages venaient de
“l’Orient”, certains spécialistes du Nouveau Testament ont
suggéré qu’ils venaient de l’Arabie. Il y a là une
signification théologique supplémentaire. Ce sont à la fois les
juifs et les arabes qui sont venus offrir leur hommage au Christ
enfant. Lorsque nous nous tenons devant Dieu, ce ne sont pas
seulement nos différences sociales qui perdent leur importance, nos
différences raciales sont également supprimées. L’amour de Dieu
pour tous les hommes se trouvait transmis sans considération pour le
statut social ou financier dans la société et sans considération
pour l’origine raciale. Non seulement les riches et les pauvres,
les juifs et les gentils se présentent en égaux devant Dieu, il n’y
a pas non plus de frontières politiques. Tous sont accueillis et
admis. En d’autres termes, lorsque nous nous tenons devant le
Saint, notre racisme et notre sectarisme doivent disparaître pour
que nous devenions authentiquement humains en reconnaissant l’autre
comme un frère et comme une sœur.
L’une
des questions qui nous interpellent le plus en ce temps de Noël est
la situation des bergers et des paysans d’aujourd’hui, les
Bédouins du Néguev qui sont des citoyens d’Israël. Le
gouvernement israélien projette de judaïser le Néguev en déplaçant
de force des dizaines de milliers de bédouins de leurs terres
ancestrales sur lesquelles la plupart d’entre eux vivent depuis des
siècles, bien avant l’existence de l’État d’Israël. Israël
veut les obliger à quitter leurs terres et leur mode de vie
traditionnel au profit de citoyens israéliens juifs. C’est
carrément un vol de terre. De nombreuses organisations locales et
internationales de défense des droits humains ont condamné les
actions et la politique d’Israël comme discriminatoire et violant
le droit international.
En
ce temps de Noël, Sabeel attire l’attention sur la situation
critique de la communauté bédouine du Néguev qui compte 160 à
200 000 personnes, dont des milliers vivent dans des villages que le
gouvernement d’Israël ne reconnaît pas. En conséquence, Israël
les prive de services de base comme l’éducation, l’électricité,
l’eau courante, et l’assainissement.
Le
message de Noël de cette année insiste sur le fait que notre foi
exige que nous défendions la cause des bergers et des paysans
d’aujourd’hui – les bédouins – et que nous plaidions pour
leurs droits. L’ironie navrante tient au fait que ce à quoi les
juifs ont aspiré au cours des siècles où ils étaient faibles, ils
refusent de l’accorder aux autres maintenant qu’ils sont devenus
forts. Pendant des centaines d’années, des juifs ont aspiré à la
dignité humaine, à l’égalité et au respect de leurs droits
humains, mais, tragiquement, le gouvernement israélien refuse
aujourd’hui d’accorder la même chose à ses propres citoyens,
les bédouins du Néguev.
Noël
manifeste l’amour et l’intérêt que Dieu porte à tous les êtres
humains et en particulier aux plus vulnérables, les bergers et les
paysans d’aujourd’hui, la communauté des bédouins du Néguev.
Au
nom du bureau et du personnel de Sabeel, j’adresse nos meilleurs
vœux de Noël et de Nouvel An à tous nos amis. Je voudrais aussi
saisir cette occasion pour remercier tous ces amis qui se sont joints
à nous pour la 9ème conférence internationale de Sabeel à
Jérusalem le mois dernier pour traiter du thème : “La Bible et le
conflit israélo-palestinien.”
Naim
Ateek, 6
décembre 2013
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire