MESSAGE DE NOËL 2013

Il y avait dans le même pays des bergers qui vivaient aux champs et montaient la garde pendant la nuit auprès de leurs troupeaux” (Luc 2, 8

Jésus étant né à Bethléem de Judée… voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem… (Matthieu 2, 1)


Le fait que l’histoire de Noël mentionne seulement deux groupes de visiteurs auprès du Christ enfant à Bethléem a, me semble-t-il, une signification théologique. Les bergers, dans la Palestine du premier siècle, représentaient l’une des classes inférieures de la société. La tradition religieuse du temps de Jésus les cataloguait comme impurs. Ils étaient marginalisés, pauvres et considérés comme la lie de la société ; tandis que les mages représentaient les gens bien, les gens instruits et cultivés de ce temps là. L’implication théologique est claire : l’amour de Dieu pour tous les hommes se manifestait par la venue de Jésus-Christ. Cet amour accueillait aussi bien les bergers que les mages. L’amour véritable ne fait pas de différence entre les enfants de Dieu. Dans le Christ, le mal de la discrimination et du sectarisme est aboli.
En outre les bergers étaient vraisemblablement des juifs, tandis que les mages étaient des étrangers. Du fait que les mages venaient de “l’Orient”, certains spécialistes du Nouveau Testament ont suggéré qu’ils venaient de l’Arabie. Il y a là une signification théologique supplémentaire. Ce sont à la fois les juifs et les arabes qui sont venus offrir leur hommage au Christ enfant. Lorsque nous nous tenons devant Dieu, ce ne sont pas seulement nos différences sociales qui perdent leur importance, nos différences raciales sont également supprimées. L’amour de Dieu pour tous les hommes se trouvait transmis sans considération pour le statut social ou financier dans la société et sans considération pour l’origine raciale. Non seulement les riches et les pauvres, les juifs et les gentils se présentent en égaux devant Dieu, il n’y a pas non plus de frontières politiques. Tous sont accueillis et admis. En d’autres termes, lorsque nous nous tenons devant le Saint, notre racisme et notre sectarisme doivent disparaître pour que nous devenions authentiquement humains en reconnaissant l’autre comme un frère et comme une sœur. 

L’une des questions qui nous interpellent le plus en ce temps de Noël est la situation des bergers et des paysans d’aujourd’hui, les Bédouins du Néguev qui sont des citoyens d’Israël. Le gouvernement israélien projette de judaïser le Néguev en déplaçant de force des dizaines de milliers de bédouins de leurs terres ancestrales sur lesquelles la plupart d’entre eux vivent depuis des siècles, bien avant l’existence de l’État d’Israël. Israël veut les obliger à quitter leurs terres et leur mode de vie traditionnel au profit de citoyens israéliens juifs. C’est carrément un vol de terre. De nombreuses organisations locales et internationales de défense des droits humains ont condamné les actions et la politique d’Israël comme discriminatoire et violant le droit international. 


En ce temps de Noël, Sabeel attire l’attention sur la situation critique de la communauté bédouine du Néguev qui compte 160 à 200 000 personnes, dont des milliers vivent dans des villages que le gouvernement d’Israël ne reconnaît pas. En conséquence, Israël les prive de services de base comme l’éducation, l’électricité, l’eau courante, et l’assainissement. 

Le message de Noël de cette année insiste sur le fait que notre foi exige que nous défendions la cause des bergers et des paysans d’aujourd’hui – les bédouins – et que nous plaidions pour leurs droits. L’ironie navrante tient au fait que ce à quoi les juifs ont aspiré au cours des siècles où ils étaient faibles, ils refusent de l’accorder aux autres maintenant qu’ils sont devenus forts. Pendant des centaines d’années, des juifs ont aspiré à la dignité humaine, à l’égalité et au respect de leurs droits humains, mais, tragiquement, le gouvernement israélien refuse aujourd’hui d’accorder la même chose à ses propres citoyens, les bédouins du Néguev. 


Noël manifeste l’amour et l’intérêt que Dieu porte à tous les êtres humains et en particulier aux plus vulnérables, les bergers et les paysans d’aujourd’hui, la communauté des bédouins du Néguev. 

Au nom du bureau et du personnel de Sabeel, j’adresse nos meilleurs vœux de Noël et de Nouvel An à tous nos amis. Je voudrais aussi saisir cette occasion pour remercier tous ces amis qui se sont joints à nous pour la 9ème conférence internationale de Sabeel à Jérusalem le mois dernier pour traiter du thème : “La Bible et le conflit israélo-palestinien.”

Naim Ateek,      6 décembre 2013

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