Kumi Now Année 2 Semaine 14 : du 20 au 26 janvier 2020


PASSIA et les violations par Israël du droit international à Jérusalem-Est
Israël a violé de manière flagrante le droit international dans sa manière de traiter les Palestiniens. La complicité de la communauté internationale avec la politique et les pratiques d’Israël a permis la poursuite de l’occupation de la Palestine par Israël depuis plus de 50 ans. La Société académique palestinienne d’étude des affaires internationales (PASSIA) travaille à mettre en évidence les infractions au droit international commises par Israël ainsi que l’échec de la communauté internationale à déclarer Israël responsable de ses violations systématiques et solidement documentées des droits humains. Voici ce qu’il vous faut savoir et ce que vous pouvez faire pour que nous puissions nous lever (Kumi !) et réagir ensemble.  
Organisation
La Société académique palestinienne d’étude des affaires internationales (PASSIA) a été créée en mars 1987. C’est une institution arabe à but non lucratif basée à Jérusalem / Al Qods, un groupe de réflexion au statut financièrement et légalement indépendant. Elle n’est affiliée à aucun gouvernement, parti politique ou autre organisme. A travers la recherche universitaire, le dialogue et diverses publications, PASSIA vise à présenter la question palestinienne dans ses divers contextes : national, arabe, et international.
PASSIA travaille à la réalisation de ses objectifs par la mise en œuvre régulière des programmes suivants : recherches et études, tables rondes, dialogue interreligieux, formation et éducation aux affaires internationales, responsabilisation de la société civile, et statut de Jérusalem, en plus de projets spéciaux occasionnels. PASSIA est impliquée dans toute une série de réseaux et leur apporte ses contributions, elle coopère avec nombre d’institutions régionales et internationales, et participe régulièrement à des colloques tant au niveaux local que régional et international.
PASSIA s’efforce de garantir que les recherches effectuées sous ses auspices soient spécialisées, scientifiques et objectives, et que ses symposiums et séminaires, qu’ils soient internationaux ou intra-palestiniens, soient ouverts, autocritiques, et conduits dans un esprit d’harmonie et de coopération.
On peut trouver PASSIA (en anglais) sur son site web http://www.passia.org ou sur Facebook à https://www.facebook.com/passia.org ou sur YouTube à https://www.youtube.com/user/PASS1A.
La situation
Comme toute autre nation, Israël est soumis au droit international et donc tenu d’en respecter les règles à divers égards. Cependant, malgré un large consensus international sur le fait qu’en tant qu’occupant Israël a systématiquement et constamment violé le droit international, il lui a été possible de le faire à un rythme soutenu et sans encourir de sanctions, comme aucun autre pays n’aurait pu le faire.
Depuis plus de cinquante ans, Israël maintient Jérusalem-Est sous occupation militaire violente. Jérusalem-Est est officiellement reconnue comme partie inséparable de la Cisjordanie illégalement occupée, ce qui exige qu’Israël assume les responsabilités d’une puissance occupante telles qu’elles sont définies par la Quatrième Convention de Genève.
La construction et le développement par Israël des colonies et de son mur de séparation, parallèlement à ses expropriations de terres palestiniennes et ses démolitions de maisons palestiniennes, aux abrogations des droits de résidence de Palestiniens et au régime totalement séparé et inégalitaire sous lequel vivent les Palestiniens à Jérusalem-Est, sont illégaux au regard du droit international mais sont une réalité depuis plus d’un demi-siècle.
Alors que les violations du droit international et la perpétration de crimes de guerre par l’État d’Israël sont fréquemment évoquées dans le contexte de la poursuite de l’occupation militaire, beaucoup de gens ne réalisent souvent pas pleinement ce à quoi s’applique réellement ce ‟droit international” ni où et en quoi il est violé. C’est pourquoi PASSIA a récemment publié une brochure pour mettre en lumière ce problème en enquêtant sur les règles du droit international régulièrement violées par Israël et sur les devoirs que ces règles imposent à Israël, que ce soit en tant qu’État engagé par des traités ou soumis comme tel aux résolutions des Nations Unies, ou pour d’autres raisons encore. Il met en outre l’accent sur la responsabilité des autres États pour faire respecter ces règles, et explique les reproches faits par les Palestiniens (et d’autres) à la communauté internationale de se servir de l’aide au développement pour masquer son inaction face aux violations flagrantes des droits humains par l’État d’Israël.
À Jérusalem, ces violations du droit international sont évidentes. Jérusalem-Est est un territoire occupé, donc la Quatrième Convention de Genève s’y applique, et Israël n’y a aucune autorité légitime du fait qu’il en a pris le contrôle militairement. La communauté internationale rejette la revendication par Israël de l’ensemble de Jérusalem, Ouest et Est réunis, comme sa « capitale éternelle et indivisible », et a systématiquement condamné les tentatives israéliennes de modifier le statut de la ville.

Un cas : Hisham Mahmoud ‘Abd al-Ghani Hussein, de Qalandia
Voici ce qu’a déclaré Hisham Mahmoud ‘Abd al-Ghani Hussein, 42 ans, résident de Qalandia, dans un témoignage donné le 27 juillet 2016 à l’ONG israélienne B’Tselem : « Jusqu’il y a un mois environ, je vivais avec ma famille en location à Qalandia. Ma femme et moi avons décidé de construire une maison que nous pourrions laisser plus tard à nos enfants, sur un terrain dont j’avais hérité de ma famille et qui est proche d’un endroit où d’autres membres de la famille, des oncles, des tantes et des cousins, avaient pu construire leurs maisons – avec permis de construire ! - avant l’occupation israélienne. Pour ma part, je n’ai pas essayé d’obtenir un tel permis parce que la municipalité de Jérusalem et l’administration civile localisée à Beit-El n’en accordent pas pour ce secteur.
Nous avons emménagé dans notre nouvelle maison le 24 juin 2016. La nuit précédente, des ordres d’arrêt de travaux avaient été affichés sur 11 maisons dont la mienne, au motif qu’elles avaient été construites sans permis. Ils ne nous ont pas remis cet ordre personnellement, mais l’ont collé sur le mur arrière de la maison. Nous ne savions même pas qu’il s’y trouvait. Au cours de la nuit du 24 juillet 2016, ils ont à nouveau collé de tels ordres sur les maisons. Nous avons appris qu’il était très difficile de se pourvoir en appel contre de tels ordres de démolition, …et en l’espace de 24 heures les forces de sécurité israéliennes sont arrivées et ont démoli notre maison.
Nous n’avons rien pu en sortir. Nous avions commencé à en sortir quelques meubles, mais en l’espace de dix minutes les forces de sécurité se sont mises à tirer des grenades assourdissantes et des bombes lacrymogènes dans la cage d’escalier. Mon frère Ibrahim et moi avons tiré dehors le réfrigérateur mais nous n’avons pas réussi à le descendre. Quand nous avons senti le gaz, nous avons laissé le réfrigérateur dans l’escalier et nous nous sommes précipités dehors. Ils nous ont alors éloignés des lieux. Nous sommes tous allés à la maison de ma tante, qui est toute proche. Et les bulldozers ont commencé à démolir le bâtiment. J’avais l’impression de suffoquer, je n’arrivais pas à respirer normalement et éprouvais un fort sentiment de frustration. Mon cœur se brisait de douleur et les larmes coulaient toutes seules. J’ai alors tourné la tête vers mes enfants et mon cœur s’est brisé : J’avais travaillé toute ma vie pour économiser de l’argent et pouvoir construire la maison de mes rêves pour moi et pour eux.
Ils ont détruit nos rêves, devant nos enfants. Ils étaient là et voyaient leur maison, leur rêve, détruite par les forces d’occupation. C’étaient des moments très durs, je ne trouve pas les mots pour décrire ce que nous avons éprouvé. J’ai perdu plus de 550 000 shekels (environ 140 000 €) que j’avais investis dans les murs et les aménagements. Tout était perdu et transformé en gravats. Même le mobilier a été détruit avec la maison : le salon, les divans, les matelas, une télévision, une table de cuisson, le réfrigérateur, les armoires de cuisine, les armoires de toilette… Tout. »
Publié par B’Tselem sur https://www.btselem.org/jerusalem/20161114_qalandia_demolitions et légèrement modifié pour cette publication.
Action proposée
Nous vous invitons à prendre contact avec vos élus locaux, nationaux et ceux qui travaillent à l’international, avec des responsables d’institutions et des personnalités qui ont de l’influence. Faites preuve de créativité en vous demandant qui pourrait être sensible à la cause et y porter un intérêt renouvelé. Voici quelques suggestions pour vos lettres, e-mails, tweets, affiches…
Modèle de lettre : Vous pourriez commencer par quelque chose du genre : Israël a violé l’une après l’autre des résolutions explicites des Nations Unies, enfreint nombre de lois, engagements et traités humanitaires internationaux, et ignoré un avis consultatif de la Cour Internationale de Justice. Lorsqu’un État persiste à violer sérieusement les règles du droit international, ce n’est pas seulement cet État qui manque à ses devoirs. C’est toute la communauté internationale, y compris XXXX (votre pays), qui renonce alors à son devoir de tenir cet État responsable de ses actes. C’est exactement ce qui est en train de se passer dans le cas de l’occupation de la Palestine par Israël.
Voici une liste de lois internationales qu’Israël est en train de violer. Mentionnez-en une ou deux dans votre courrier :
a)     Traités signés, ratifiés ou adoptés par Israël et qui de ce fait l’engagent :
·         La Convention pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé.
·         La Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale. Le Comité sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale a souligné sa préoccupation concernant des « politiques et pratiques qui constituent une ségrégation de fait. »
·         La Convention du Patrimoine Mondial des Nations Unies. Le comité du patrimoine mondial de l’UNESCO critique régulièrement Israël pour ses agressions contre la Vieille ville de Jérusalem et ses lieux saints.
·         La Convention Internationale sur les droits civils et politiques. Le comité des droits humains des Nations Unies a critiqué un grand nombre d’infractions dont des démolitions punitives de maisons et des régimes de planification discriminatoires.
·         La Convention Internationale sur les droits économiques, sociaux et culturels. Le comité sur les droits économiques, sociaux et culturels s’est montré préoccupé par les sévères restrictions à la liberté de déplacement dans les territoires palestiniens occupés, le manque de sécurité sociale et de services à Jérusalem-Est, et l’accès insuffisant à l’eau potable en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza.
·         La Convention contre la torture et autres traitements ou châtiments cruels, inhumains ou dégradants. Le comité contre la torture s’est montré inquiet à propos d’affaires allant de traitements dégradants aux checkpoints à des actes de violence par des colons, de l’ajournement du retour des corps à la possibilité d’avoir recours à des avocats et au traitement de détenus mineurs. 
·         La Convention sur les droits de l’enfant. Le comité de contrôle de l’application du traité en a négligé les obligations à Gaza et pour les cas de violences de la part de colons contre des enfants. Le comité a aussi jugé que la barrière de séparation et le blocus de Gaza étaient des formes de punition collective entravant lourdement le développement des enfants.
b)     Droit coutumier et principes généraux
·         La Quatrième Convention de La Haye
·         La Déclaration Universelle des Droits de l'Homme
·         La Quatrième Convention de Genève
Les propos que vous pouvez tenir sur la responsabilité d’Israël :
·         « Êtes-vous au courant de toutes les violations du droit international en lien avec Israël ? »
·         « Pourquoi tolérons-nous (le pays de chacun) ces violations du droit international ? »
·         « Des sanctions et d’autres mesures sont imposées à des pays qui violent le droit international, mais pourquoi ces mesures ne sont-elles pas imposées à Israël ? »
c)      Sujets de conversation possibles : 
·         Quelque chose du genre « Nous souhaitons que vous vous engagiez à agir immédiatement pour faire pression sur Israël afin qu’il respecte le droit international. »
·         « Nous ne tolérons pas des mesures illégales qui sont sources d’injustice et de souffrances pour le peuple palestinien. »
·         « Si nous gardons le silence, nous partageons la responsabilité de l’occupation en cours. »
·         « Veuillez m’expliquer pourquoi nous n’assumons pas notre responsabilité de tiers quand il s’agit de questions liées à l’occupation illégale de la Palestine par Israël ? »
Vous pourrez adresser ces messages par courrier ou par mail, être créatifs, remettre les lettres personnellement ou communiquer par Twitter, Facebook, Instagram… Partagez publiquement vos lettres et incluez-y un lien vers cette page du site Web de Kumi Now, avec les hashtags #KumiNow et #Kumi14.
Un texte : « Violence », par Jean Zaru
« Les conflits ne peuvent se résoudre que par des voies politiques et légales, sur la base de l’égalité des droits et en conformité avec le droit international. Tous, sans employer deux poids, deux mesures, devraient appliquer les résolutions du Conseil de Sécurité de l’ONU et le droit international, y compris les Conventions de Genève. Aucun État n’est au-dessus des lois. Le recours à la violence comme instrument de changement devrait être rejeté. Cependant, cela ne doit pas signifier que nous devrions adopter une attitude passive face à la situation qui nous est faite.
Notre route vers un renouveau et une paix juste doit être celle des « diseurs de vérité ». « L’étouffement des affaires » est l’outil de la culture contemporaine. Les demi-vérités et les mensonges emplissent les couloirs gouvernementaux, les institutions et les médias. Comme le proclamait Jérémie : « Chacun berne son compagnon, plus de paroles vraies ! Ils entraînent leur langue aux paroles menteuses » (Jér 9.4). Nous avons le devoir de dire la vérité, de mettre à nu nos cicatrices et nos blessures. Cela demande beaucoup de courage, mais c’est de cette façon que nous désarmerons les principautés et les puissances dont les mensonges et les tromperies sont alimentés par la complicité du silence. »
Extrait de ‟Violence” de Jean Zaru, une chrétienne palestinienne, Quaker et pacifiste, dans son livre ‟Occupés mais non-violents”. Éditions Riveneuve 2016, pages 115-116.
Autres ressources (toutes en anglais)
Ressources de PASSIA  :
·         Dictionary of Palestinian Political Terms : http://www.passia.org/terms/
·         PASSIA Bulletins : http://passia.org/publications/category/12?sort_by=newest
·         Factsheets : http://passia.org/publications/257
·         Maps Center : http://passia.org/maps/37
·         Palestine Directory : http://www.passia.org/directory/
·         Palestine Personalities : http://www.passia.org/personalities
·         “International Law : Israeli Violations and Third Party Responsibility”, de PASSIA : http://www.passia.org/publications/107
·         “Legal Status & Treatment of Palestinians in Jerusalem”, de PASSIA : http://www.passia.org/publications/108
·         “PASSIA Annual Report 2017: The Year that Was” : http://www.passia.org/publications/286
Vidéos  :
·         “Israel Approves New Settlement; Violates International Law” de Al Jazeera English : https://youtu.be/gfrSLDtE0IY
Livres  :
·         Jerusalem: One City, Three Faiths de Karen Armstrong.
·         Jerusalem : The Biography, de Simon Sebag Montefiore.
·         Overlooking the Border : Narratives of a Divided Jerusalem, de Dana Hercbergs (publié en octobre 2018).
Autres Vidéos :
·         “Jerusalem History : Animation” de Emek Shaveh : https://www.youtube.com/watch?v=ljwo3fh46VM
·         “(Under)mining the Status Quo” de Emek Shaveh : https://www.youtube.com/watch?v=JpZWVMF4umM
·         “Israel & Palestine : A Very Short Introduction” de Jewish Voice for Peace  : https://www.youtube.com/watch?v=Y58njT2oXfE
·         Jerusalem-Al-Quds 2037” de Ir Amim : https://youtu.be/zB0sPcGhU2Q
·         “How to Share Jerusalem” de J Street : https://youtu.be/M29FCrP5GFY
·         “Muslims and Christians Once Peacefully Coexisted in Jerusalem” de Smithsonian Channel : https://youtu.be/gz_wIacRi7s
·         “Jerusalem : Three Religions, Three Families” de Faith Matters and DW English : https://youtu.be/3inhQffPlAI
Articles :
·         “Trump Unsuccessfully Bullies UN Members to Vote Against Shared and Peaceful Jerusalem” de Jewish Voice for Peace : https://jewishvoiceforpeace.org/trump-bullies-un-members-vote-shared-peaceful-jerusalem/
Reportages :
·         “Jerusalem : A City on Edge” du Women’s Center for Legal Aid and Counseling : http://www.wclac.org/english/etemplate.php?id=1532
·         “Jerusalem : A City Divided” du Women’s Center for Legal Aid and Counseling : http://www.wclac.org/english/etemplate.php?id=1379
·         “Jerusalem & Its Changing Boundaries” de PASSIA : http://www.passia.org/publications/287
·         “Legal Status & Treatment Of Palestinians In Jerusalem” de PASSIA : http://www.passia.org/publications/108
Autres organisations :
·         Jewish Voice for Peace (USA) : https://jewishvoiceforpeace.org/
·         Emek Shaveh : https://alt-arch.org/en/



Traduction : Amis de Sabeel France

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