Kumi Now Année 2 Semaine 36 : du 23 au 29 juin
2020
Sabeel et Jérusalem sous occupation
Jérusalem est un lieu important pour beaucoup
de gens. La ville a été démolie et reconstruite au moins dix-huit fois, et
conquise et reconquise plus de trente-sept fois. La dernière conquête a été
faite par l’armée israélienne en 1967. Voici ce qu’il vous faut savoir sur
Jérusalem et ce que vous pourrez faire pour que nous puissions nous lever (Kumi !) tous ensembles.
Organisation : Sabeel et la théologie palestinienne de la libération
La théologie palestinienne de la libération
s’inspire de la vie et de l’enseignement de Jésus le Christ. Cette théologie de
la libération s’est développée à travers des études bibliques menées au sein de
la communauté locale de Jérusalem après la première Intifada (mot arabe pour dire soulèvement,
très largement non violent d’ailleurs)
de 1987, en réponse à l’utilisation de la Bible par un certain nombre de
chrétiens pour justifier l’occupation de la ville par l’État d’Israël. La
théologie palestinienne de la libération essaye de répondre à la question :
Qu’est-ce que Dieu nous demande de faire ?
et Comment devons-nous réagir à
l’injustice actuelle en Palestine-Israël ? Cette théologie cherche à
libérer les Palestiniens de l’occupation injuste et illégale par l’État
d’Israël. La théologie palestinienne de la libération lit la Bible dans une
perspective d’inclusion, de justice et de non-violence. Elle encourage tous à s’exprimer « prophétiquement »
contre le mal de l’injustice et de l’oppression.
Sabeel est un « mouvement de base »
œcuménique de théologie de la libération, et travaille avec des chrétiens
palestiniens : « Nous nous efforçons d’approfondir la foi de ces
chrétiens, de promouvoir l’unité entre eux et avec l’ensemble de leur
communauté, pour les amener à s’engager en faveur de la justice et de la paix. »
Sabeel s’efforce de développer pour
les différentes communautés nationales et religieuses une spiritualité fondée
sur la justice, la paix, la non-violence, la libération et la réconciliation. Sabeel est un mot arabe qui signifie
« le chemin » ou « une source d’eau vivifiante ».
Sabeel s’efforce aussi de promouvoir une
prise de conscience internationale plus juste sur qui sont les chrétiens
palestiniens, leur existence, leur témoignage et leurs inquiétudes actuelles. Ses
membres encouragent des personnes et des groupes du monde entier à s’engager en
faveur d’une paix juste, complète et durable, sur la base de la vérité et à travers la prière et des engagements concrets.
Vous trouverez
Sabeel sur son site web (en anglais) http://sabeel.org/, et des documents en français sur le blog des Amis de
Sabeel France https://amisdesabeelfrance.blogspot.com/ et sur Facebook https://www.facebook.com/Amis-de-Sabeel-France-1821297471482021/.
La situation actuelle à Jérusalem
Depuis
que le gouvernement israélien a annexé Jérusalem-Est en 1967, son principal objectif
a été d’y créer une situation démographique et géographique telle qu’elle
bloquera toute tentative future de mettre en question sa souveraineté sur l’ensemble
de la ville. Pour réaliser cet objectif, le gouvernement israélien a pris des
mesures pour augmenter le nombre d’habitants juifs et réduire le nombre
d’habitants palestiniens dans la ville. Il a eu recours pour cela à diverses
méthodes :
·
Isolation physique de Jérusalem-Est du reste de
la Cisjordanie, entre autres en construisant une « barrière de séparation » :
le fameux mur.
·
Des pratiques discriminatoires de confiscations
de terrains, de planifications et de constructions, ainsi que des démolitions
de maisons palestiniennes (voir Kumi Now
semaine 35).
·
L’annulation des droits de résidence et des
droits sociaux des Palestiniens qui passent au moins trois ans à l’étranger ou
ne peuvent prouver que leur centre de vie est à Jérusalem.
·
Un partage injuste du budget entre les deux
parties de la ville, avec des conséquences dommageables sur les infrastructures
et les services de Jérusalem-Est (selon B’Tselem,
une ONG israélienne juive).
Jérusalem,
un lieu si important pour tant de gens, est ainsi devenu un champ de bataille.
Personne ne veut la destruction de ce lieu saint, mais la situation actuelle
cause beaucoup de peine et d’inquiétude à ceux qui y vivent, et à beaucoup
d’autres aussi, ailleurs dans le monde.
Tout
comme Marie et les disciples pleuraient la mort de Jésus, beaucoup de gens aujourd’hui souffrent de la
profonde détresse du lieu que Jésus appelait sa maison. L’une des nombreuses
églises de Jérusalem est appelée Dominus Flevit : Le Seigneur a pleuré, en souvenir des larmes versées
par Jésus sur Jérusalem. Par la fenêtre de cette église on a une vue remarquable
sur cette ville qui a tant besoin de guérison. Comme Jésus a souffert, nous
souffrons nous aussi, et nous prions pour la paix et la tranquillité de
Jérusalem, la ville qui doit être partagée entre tous.
Adaptation
de la Treizième Station du « Chemin de Croix Contemporain : Un parcours
liturgique de la Via Dolorosa palestinienne », publié par Sabeel.
« Histoire d’une femme : Un témoignage de
juin 1967 », de Georgette Rizek.
C’était
un lundi matin, le 5 juin 1967, quand nous avons soudain eu l’impression que
quelque chose ne tournait pas rond … Les écoles fermaient, et mon mari dut partir
y chercher les enfants. Les radios arabes commençaient à rendre compte de
mouvements de troupes. C’était un jour de peur et de terreur. Ma mère, ma sœur
et moi, nous nous sommes mis à remplir des sacs de sable pour obturer la
fenêtre du sous-sol, et quand mon mari est revenu nous avons transporté des
matelas, de la nourriture et des chandelles au sous-sol. Nous avons décidé de
ne pas quitter nos maisons. Nous avions déjà été leurrés en 1948 quand nous
pensions pouvoir y revenir et les avons perdues pour toujours. Il nous avait
fallu 20 ans pour nous rétablir, retrouver une résidence, reprendre une
activité. Nous ne pouvions pas nous permettre de perdre nos maisons une deuxième
fois.
Le
jeudi, l’armée israélienne, qui contrôlait déjà l’ensemble de Jérusalem, a
annoncé que les gens pouvaient sortir de leurs maisons. Mon mari et moi avons
décidé de descendre de Beit Hanina en ville pour voir ce qui était arrivé à notre
garage, qui se trouvait à la frontière entre Jérusalem-Est et Jérusalem-Ouest.
Il y avait plein de gens dans les rues. Lorsque nous sommes arrivés à Shu’fat,
nous avons entendu quelqu’un appeler nos noms. C’était notre médecin de
famille, Saliba Saeed. Il me tira de côté et me dit : « Georgette, il
ne faut pas que votre mari aille voir le garage tout de suite…, il est
complètement détruit. Ce serait trop dur pour lui »…
J’ai
marché quelque sept kilomètres sous un soleil brûlant pour arriver enfin au garage.
Les bureaux avaient été démolis, tous les meubles brisés, tous les outils volés,
et les voitures avaient toutes été abîmées ou volées. Il y avait du sang
partout sur le sol et sur les murs. Des cartables d’enfants avaient été jetés
par terre. De l’huile coulait des barils tout le long de la route jusqu’à la Porte
de Damas. Les livres de compte et les registres avaient été jetés par terre, et
la caisse enregistreuse était réduite en pièces. J’étais là à pleurer, pleurer…
C’était
l’affaire à la création de laquelle mon mari avait consacré toute sa vie, et il
n’en restait rien. Une affaire qui avait fait vivre beaucoup de familles, et il
n’en restait rien. Pour la seconde fois dans ma vie, je ne pouvais supporter la
douleur de devoir tout recommencer. C’en était trop… Oh Dieu, c’en était trop.
Je me suis demandé comment annoncer la nouvelle à mon mari pour éviter qu’il
ait une attaque quand il verrait…
Extrait
de : « Histoire d’une femme - Un témoignage de juin 1967 » de
Georgette Rizek, dans Cornerstone n°46, Automne 2007, page 12.
Action
Rejoignez-nous
pour la Semaine de créativité Kumi !
Au lieu d’organiser une action non-violente de plaidoyer cette semaine, nous aimerions
nous mettre à votre écoute. Vous avez de bonnes idées, créatives,
exceptionnelles, que vous auriez souhaité nous proposer comme actions Kumi ? Envoyez-les nous, et aidez-nous
à préparer ainsi de nouvelles actions de plaidoyer. Vous pourrez envoyer vos
mails à kumi@kuminow.com et aussi diffuser
vos idées sur les médias sociaux. Avec si possible un lien vers cette page du
site web de Kumi Now et les hashtags
#KumiCreativity, #KumiNow et #Kumi36. Nous espérons pouvoir utiliser vos idées
pour de prochaines actions Kumi.
Deux textes : Une prière pour Jérusalem, et Luc
19.41-42.
La prière : « Dieu, notre Créateur
céleste, c’est dans cette ville que Ton Fils bien-aimé a été crucifié et qu’il est
ressuscité des morts. Rends-nous dignes de son message divin. Nous Te supplions,
Seigneur, Toi qui sais quelles souffrances a endurées et endure encore le
peuple de cette ville : le déracinement, le dépouillement, la souffrance de
la séparation, la souffrance de la précarité, la souffrance de la mort. Nous Te
supplions, Seigneur, de donner la paix à cette ville sainte.
Nous
Te supplions aussi, Seigneur, de donner la tranquillité de l’âme et le courage
du cœur aux gens de cette ville. Fortifie, ô Dieu, le cœur de ceux qui
travaillent à l’avènement de la justice. Bénis leurs efforts, et permets-leur
de triompher des puissances du mal. Apporte-leur le soutien de Ton Esprit
Saint.
Inspire
nos dirigeants, ô Seigneur, pour qu’ils mettent en œuvre une solution juste pour
tous les problèmes de cette ville,
afin que Jérusalem, la ville de la paix, bénéficie d’une paix éternelle pour
tous ses habitants. Aide-nous, ô Dieu, dans les dures épreuves que nous
traversons, pour que nous progressions dans la connaissance de Ta vérité, et
que nous soyons, par nos vies, Tes témoins, les témoins de notre Sauveur. Que
le chemin de la Croix soit celui que nous choisirons aussi pour nous-mêmes. Que
chacun porte sa croix pour Te suivre, Toi, le Berger de nos âmes, notre Maître
crucifié et ressuscité d’entre les morts. Amen. »
Le texte : « Quand Jésus
approcha de la ville et qu’il l’aperçut, il pleura sur elle en disant : ‘Si
toi aussi tu avais su, en ce jour, comment trouver la paix ! Mais hélas !
cela a été caché à tes yeux ! » (Luc 19.41-42).
Cité
dans la Treizième Station du « Chemin de Croix Contemporain : Un
parcours liturgique de la Via Dolorosa palestinienne », publié par Sabeel.
Ressources (les ressources disponibles en français sont
soulignées) :
Livres du Révérend Naïm Ateek :
· Justice and Only Justice, Orbis
Books Maryknoll New-York 1989 (uniquement en anglais).
·
Le cri d’un chrétien palestinien pour la
réconciliation, L’Harmattan, 2013.
·
Une théologie palestinienne de la libération
– Bible et justice dans le conflit israélo-palestinien, Riveneuve 2019 (Très
facile à lire !).
Publications de Sabeel (http://sabeel.org/books/) :
·
Un Chemin de Croix Contemporain, Itinéraire
liturgique sur la ‘Via Dolorosa’ palestinienne,
2008.
· Our Story : The Palestinians, 2000.
· Suicide Bombers, 2003.
· Principles for a Just Peace in Palestine-Israel,
2004.
· For He Is Our Peace … and Has Broken
Down the Dividing Wall, 2004.
· A Call for Morally Responsible
Investment, 2005.
· Reflections in the Galilee, 2008.
·
Watch a Trailer, pour le film The Stones Cry Out / Les pierres crieront
(DVD avec sous titres aussi en français)
: https://youtu.be/9YyuujIgIZ
Livres :
· Jerusalem: One City, Three Faiths, de
Karen Armstrong.
· Jerusalem: The Biography, de Simon
Sebag Montefiore.
· Overlooking the Border: Narratives
of a Divided Jerusalem, de Dana Hercbergs (Oct. 2018).
Vidéos :
· “Israel & Palestine : A Very
Short Introduction”, de Jewish Voice for
Peace : https://www.youtube.com/watch?v=Y58njT2oXfE
·
“Jerusalem-Al-Quds 2037”, de Ir Amim : https://youtu.be/zB0sPcGhU2Q
· “Muslims and Christians Once
Peacefully Coexisted in Jerusalem”, de Smithsonian Channel : https://youtu.be/gz_wIacRi7s
· “Jerusalem : Three Religions, Three Families”,
de Faith Matters et DW English : https://youtu.be/3inhQffPlAI
· “Trump Unsuccessfully Bullies UN Members to
Vote Against Shared and Peaceful Jerusalem”, de Jewish Voice for Peace : https://jewishvoiceforpeace.org/trump-bullies-un-members-vote-shared-peaceful-jerusalem/
Rapports :
· “Jerusalem : A City on Edge”, de
Women’s Center for Legal Aid and Counseling : http://www.wclac.org/english/etemplate.php?id=1532
· “Jerusalem: A City Divided”, de
Women’s Center for Legal Aid and Counseling : http://www.wclac.org/english/etemplate.php?id=1379
· “Legal Status & Treatment Of
Palestinians In Jerusalem”, de PASSIA : http://www.passia.org/publications/108
Autres organisations :
· Emek Shaveh : https://ccfd-terresolidaire.org/projets/moyen-orient/palestine-israel/a-jerusalem-une-6014
·
Traduit par Les Amis de Sabeel France
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