Appel de Kairos du 23 avril 2024 "à l'action et à la solidarité mondiales à l'occasion de la Journée de la Nakba 2024"

Appel à l'action et à la solidarité mondiales à l'occasion

de la Journée de la Nakba, le 15 mai 2024

Israël poursuit son apartheid, son nettoyage ethnique et ses déplacements forcés, et maintenant le génocide.

« Voilà ce qui est arrivé, continua Jésus : les gens ont été attaqués, dépouillés, volés, battus et laissés pour morts. Alors, à votre avis, qui s’est avéré être le prochain de ceux qui ont été attaqués ? » Cf. Luc 10

En novembre 2023, Avi Dichter, membre du Cabinet de sécurité israélien, a déclaré : « Nous déployons actuellement la Nakba de Gaza. Nakba à Gaza en 2023. C'est ainsi que cela se terminera ». Les chiffres provenant de la bande de Gaza déchirée par la guerre sont une preuve de l'intention d'Israël.

Selon le rapport du Bureau des Nations Unies pour la coordination humanitaire du 15 avril 2024, 33 797 Gazaouis ont été tués par les frappes aériennes, les chars, les tireurs d'élite et les troupes terrestres israéliennes. Le nombre de morts encore sous les décombres est inconnu. 76 465 personnes ont été blessées. 1,7 million de Palestiniens (80% de la population) ont été déplacés de force. Alors que plus de 14 000 enfants ont été tués et que des milliers d’autres sont présumés enterrés sous les décombres, 17 000 autres enfants ne sont « pas accompagnés », ce qui signifie que leurs parents ont été tués ou séparés d’eux. Et plus de 3 000 Palestiniens de Gaza ont été enlevés lors de campagnes d’arrestations massives.

Les simples chiffres cachent trop souvent les souffrances. Chaque enfant de Gaza a été exposé à la violence militaire israélienne, a subi des blessures traumatisantes, des déplacements massifs, la faim et la destruction de maisons et de quartiers qu’il connaissait. Selon le Fonds international d'urgence des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), chaque enfant de Gaza – il y en a environ un million– aura besoin d'un soutien en matière de santé mentale et psychosociale.

Comment répondrons-nous à l'exhortation de Jésus : « Laissez les petits enfants venir à moi, car c'est à ceux-là qu'appartient le royaume de Dieu » (Marc 10.14) ?!

Selon un rapport intérimaire de la Banque mondiale, de l'Union européenne et des Nations Unies , les Palestiniens de Gaza représentent 80% des personnes confrontées à la famine ou à une faim sévère dans le monde. Human Rights Watch et d’autres organisations humanitaires ont accusé Israël d’utiliser la famine comme arme de guerre, ce qui constitue un crime de guerre. Plus de 300 000 logements ont été totalement ou partiellement démolis. Plus de 200 sites patrimoniaux et archéologiques ont été détruits. Les églises de Gaza, où les chrétiens cherchaient refuge et à partir desquelles ils aidaient leurs voisins, ont été attaquées. De nombreux chrétiens figurent parmi les victimes.

Et alors que les yeux du monde sont tournés vers Gaza, Israël poursuit son occupation brutale de la Cisjordanie. Depuis le 7 octobre, plus de 400 Palestiniens y ont été tués et plus de 7 350 autres arrêtés par les forces israéliennes. Les barrages routiers, les postes de contrôle, les barrières fermées et la violence des colons ont considérablement réduit les déplacements entre les villages et contraint les parents à garder leurs enfants à la maison. Les démolitions de maisons et la construction de colonies augmentent à un rythme sans précédent. Des vagues de violences de la part des colons, dont beaucoup sont désormais armés par le ministre israélien de la Sécurité nationale Ben-Gvir et soutenus par les Forces de défense israéliennes, ont conduit au déplacement de plus de 1 200 Palestiniens, dont près de 600 enfants. Des villages entiers ont été envahis.

La Nakba, ou catastrophe, qui a abouti au déplacement forcé de plus de 750 000 Palestiniens entre 1947 et 1949, se poursuit aujourd’hui. Durant cette Nakba, 90 000 chrétiens palestiniens ont été déplacés de force. Le nettoyage ethnique des communautés chrétiennes palestiniennes s’est traduit par de nombreux cas – documentés - de massacres et la profanation de diverses églises : voir la publication conjointe, en 2023, par Kairos Palestine et le Centre Badil, de : « Les chrétiens palestiniens, le déplacement forcé et la dépossession continuent » . La Nakba n’a jamais été aussi évidente qu’aujourd’hui à Gaza et en Cisjordanie. Le monde entier a vu l’église orthodoxe grecque de Gaza, qui avait offert un abri à environ 900 chrétiens palestiniens, bombardée et des chrétiens tués et déplacés.

Comme l’a dit un chrétien de Cisjordanie : « L’incertitude quant à notre situation en Cisjordanie nous prend à la gorge. Nous ne savons jamais ce qu’Israël pourrait encore faire. Si un voleur entre par effraction dans votre maison, vous appelez la police. Si un incendie se déclare, vous appelez les pompiers de la communauté. Mais il n’y a personne à appeler lorsque les soldats israéliens font irruption et nous menacent en toute impunité, lorsque les colons se rassemblent et marchent sur les villages, lorsque l’armée d’occupation frappe à notre porte. Nous nous sentons démunis et impuissants, anxieux et abandonnés. Nous pleurons sur nous-mêmes et sur nos propres familles, ainsi que sur celles de Gaza.

« Le sort des chrétiens palestiniens est indissociable de celui de tous les Palestiniens. Il n’y a pas de résolution ou de solution au problème « chrétien » en Palestine, mais il doit y avoir une solution à la question palestinienne, à savoir le démantèlement du régime colonial d’apartheid israélien ainsi que de ses structures et de ses pratiques » (citation de « Les chrétiens palestiniens, le déplacement forcé et la dépossession continuent » p.30).

Apartheid, nettoyage ethnique et génocide.

Nous supplions les chrétiens du monde entier d’utiliser ces termes-là pour décrire les réalités que vivent vos frères et sœurs palestiniens. Tous trois – l’apartheid, le nettoyage ethnique et le génocide – sont définis par le droit international. ( Voir le dossier 2022 de Kairos Palestine sur l'apartheid israélien ). La Cour internationale de Justice a déclaré en janvier dernier qu’Israël commettait de manière plausible un génocide. En concluant son rapport de mars 2024 « Anatomie d'un génocide », la Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur la Palestine, Francesca Albanese, écrivait qu'il « existe des motifs raisonnables de croire que le seuil indiquant la commission d'un génocide par Israël est atteint ».

NOTRE APPEL :

Aux Églises :

  • Prier et faire pression pour la fin immédiate de la guerre génocidaire contre les Palestiniens à Gaza et en Cisjordanie.

  • Faire pression sur vos gouvernements pour qu'ils cessent d'envoyer une assistance militaire à Israël, qu'ils soutiennent un cessez-le-feu immédiat, permanent et inconditionnel, et qu'ils garantissent l'acheminement de l'aide humanitaire nécessaire.

  • Organiser des veillées pour pleurer les Palestiniens tués à Gaza, collecter de l'argent pour les Gazaouis et les organisations palestiniennes et chrétiennes qui soutiennent les Palestiniens de Gaza.

À la communauté internationale :

  • Faire pression sur Israël pour qu'il se conforme au droit international et cesse de commettre le génocide et le nettoyage ethnique en cours contre les Palestiniens à Gaza et en Cisjordanie.

  • Déployer des efforts efficaces pour assurer la fourniture de l'aide humanitaire, notamment de la nourriture, des médicaments, de l'eau et de l'électricité, à la population de Gaza.

  • Défendre le droit et le devoir des Palestiniens de résister à leurs oppresseurs, tels qu’ils sont garantis par le droit international et exprimés dans le document « Un moment de Vérité » de Kairos Palestine.

  • Faire pression sur vos gouvernements, prendre des mesures concrètes, y compris des sanctions diplomatiques et économiques, et geler immédiatement le commerce des armes avec Israël.

Aux groupes de la société civile, aux syndicats et à tous les autres groupes et individus :

Traduit par les Amis de Sabeel France

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire