Kumi Now - Semaine 20 - Femmes de Gaza - Femmes pour la Paix


Kumi Now - Semaine 20 : du 3 au 9 mars 2019
Femmes de Gaza - Association des Femmes pour la Paix (CWP)
La semaine 20 de Kumi est consacrée aux femmes de Gaza et à l’action de l’Association des Femmes pour la Paix (CWP : Coalition of Women for Peace). La crise humanitaire à Gaza est plus pénible encore pour les femmes qui y habitent, mais l’Association des Femmes pour la Paix (CWP) s’efforce de leur venir en aide. Elle est aujourd’hui l’une des grandes voix du mouvement israélien pour la paix et réunit des femmes d’identités et d’appartenances très diverses. Vous trouverez ci-dessous ce qu’il vous faut savoir sur la situation et ce que vous pouvez faire pour que nous puissions nous lever (Koumi !) ensemble.

Organisation
L’Association des Femmes pour la Paix (CWP) est une organisation de femmes qui se bat pour mettre fin à l’occupation israélienne de la Palestine, libérer le peuple palestinien de l’oppression, créer une société fondée sur les principes de justice et d’égalité, et garantir une vie digne à tous les habitants d’Israël-Palestine.
Vous pouvez trouver CWP sur son site web (en anglais) : http://www.coalitionofwomen.org/?lang=en. Ou aussi sur Facebook : https://www.facebook.com/coalitionofwomen/.

La situation

Des associations et des institutions internationales lancent l’alarme : Gaza est au bord d’une crise humanitaire malgré l’aide que lui apporte la communauté internationale. Déjà maintenant, Gaza connaît une crise de l’eau, une pollution extrême, des manques d’électricité, un accès limité aux services de santé et à l’éducation, et de grandes difficultés économiques. Tout cela fait que la vie de l’ensemble des habitants de Gaza, celle des femmes comme celle des hommes, est un combat quotidien pour la survie. Cette situation est le résultat d’un siège qui dure depuis dix ans et auquel se sont ajoutées de nombreuses opérations militaires sur la Bande ainsi que l’échec des tentatives de reconstruction entre les diverses attaques.
La Bande de Gaza est étroitement contrôlée par Israël et se trouve de ce fait sous occupation. Israël persiste à refuser de remplir les obligations que lui demande le droit international.
Et, dans tout cela, les femmes rencontrent toute une série de problèmes propres à leur sexe. Comme femmes qui vivent sous occupation et en état de siège, elles souffrent à la fois de la violence de l’armée israélienne et de la violence de leur propre société. Elles souffrent de manques en matière de soins de santé et d’hygiène, de besoins essentiels et en matière d’emploi. La lutte contre la politique que mène Israël à l’égard de Gaza nous oblige à nous tenir aux côtés des femmes dans leur lutte pour leurs droits dans leur propre société.
Au cours de la guerre de 2014 contre Gaza, 299 femmes ont été tuées. Seize étaient enceintes. Au moins 142 familles ont perdu trois de leurs membres ou plus, et 700 femmes se sont retrouvées veuves. Environ 500 000 habitants ont perdu leur logement et 20% d’entre eux n’ont toujours pas de résidence permanente. Des organisations de droits humains du monde entier alertent sur une crise humanitaire imminente à Gaza. Malgré les tentatives de remise en état de Gaza grâce à des financements étrangers, il est clair que la prochaine attaque d’Israël sur Gaza n’est qu’une question de temps, ce qui a pesé sur toutes les tentatives de reconstruction de ces deux dernières années. Les restrictions imposées au commerce et le contrôle de l’économie ne sont qu’une façon de plus pour les autorités israéliennes d’imposer leur pouvoir et leur violence, et cela affecte tous les domaines de la vie à Gaza. Ce n’est qu’après la levée du siège et la fin de l’occupation que nous pourrons vraiment commencer à restaurer les vies, les familles et l’économie.
Voici des propos tenus par des femmes de Gaza qui ont participé le 29 mars 2017 à notre vidéoconférence « Femmes par-delà l’état de siège » à Jaffa :
Noor Swirki : « Le siège a des incidences directes et indirectes sur la vie des femmes. Indirectement, il impacte la vie de la société, et la société rejette le fardeau sur les jeunes femmes qui ont ainsi à supporter deux formes de pressions : celle d’une société patriarcale qui ignore les rêves et les espoirs des jeunes femmes, et celle d’une société qui subit un siège pesant. »
Ola Amer Al-Jup : « Lorsque des femmes palestiniennes ont perdu leur mari, leur père, leur fils ou leur frère au cours de la guerre de 2014, c’est le principal pourvoyeur de la famille qu’elles ont perdu. Elles sont alors elles-mêmes devenues leur principal pourvoyeur. Nous demandons au monde de soulager les souffrances des femmes palestiniennes qui vivent dans la Bande de Gaza. »
Hiba Al-Danf : « La guerre de 2014 est encore présente dans la tête des femmes palestiniennes et affecte quotidiennement toute leur énergie, même leurs relations avec leur famille. Celles qui ont subi une perte et celles qui n’en ont pas subie craignent de se trouver un jour en situation de deuil. »
Un récit : Aya Bsheer, habitante de Gaza
Mon militantisme est politique, social et culturel. L’un des principaux défis auxquels je fais face est de vivre à Gaza, assiégée depuis plus de sept ans maintenant. À cause du blocus, je n’ai pas pu profiter de plusieurs occasions de voyager et d’étudier à l’étranger. Ce blocus est catastrophique non seulement pour mon autonomie et ma liberté de mouvement, mais aussi pour mon développement intellectuel et culturel. J’ai de grandes ambitions mais les conditions du blocus, la guerre contre Gaza et l’occupation, directe comme indirecte, m’empêchent de réaliser ce que je souhaite.  
Je milite pour la campagne de Boycott, Désinvestissement et Sanctions contre Israël, internationalement connue comme BDS. Je me suis engagée dans la campagne immédiatement après l’attaque de 2008-2009 contre Gaza. C’est surtout le sentiment d’impuissance que j’ai éprouvé pendant la guerre qui m’y a poussée. Je considère la campagne de boycott comme une arme de résistance et un moyen de montrer au monde le vrai visage d’Israël.
Je voudrais insister sur la nécessité de mettre fin à l’occupation, parce qu’elle est illégale. Je ne pense pas qu’en mettant fin à l’occupation nous puissions garantir d’apporter une solution au conflit israélo-palestinien. Il nous faudra encore parler du retour des réfugiés. Je soutiens l’idée de vivre dans un seul État démocratique et laïque pour tous, sans distinction de race, de religion ou de sexe. J’aimerais aussi voir une certaine vie culturelle à Gaza : nous n’avons pas de théâtres ici, ni de cinémas, ni de concerts.
Lors des attaques contre Gaza, je militais à un niveau individuel et consacrais mon activité à de l’aide humanitaire pendant les « cessez-le feu humanitaires », le plus souvent violés par l’armée israélienne pour tuer plus de gens.
J’écrivais aussi en anglais sur ce que je vivais et sur la réalité qui était la nôtre, et diffusais cela par internet pour que le monde puisse connaître ce qu’était la vie à Gaza sous les frappes aériennes et au milieu des destructions.
Je ne pense pas qu’il y ait une seule personne à Gaza qui n’ait pas souffert au cours de la guerre. Je pense que nous avons tous souffert au moins psychologiquement, même si nous essayions quelquefois de ne pas le laisser voir. Lors de la dernière attaque, j’ai perdu plusieurs amis et parents. D’autres se sont trouvés handicapés ou sans domicile après la destruction de leur logement, tandis que d’autres encore perdaient leur emploi à la suite du bombardement de leur lieu de travail.
Nous habitons la ville de Deir al-Balah, au centre de la Bande de Gaza, c’est pourquoi beaucoup de parents étaient venus chercher refuge dans notre maison, même si elle n’était plus sûre. Aucun endroit n’était sûr à Gaza, et actuellement il n’y a pas à Gaza de lieu sans destructions ou exempt de souffrances. Il n’y a ni électricité, ni eau potable, ni médicaments d’urgence, ni infrastructures. Il y a des milliers de maisons détruites. Le comble c’est que personne ne peut quitter la Bande. L’éducation aussi va mal et le chômage a beaucoup augmenté.
Mes activités ne sont pas exemptes de défis ou de pressions sociales cherchant à les gêner ou à les arrêter. Mais je considère que l’occupation alimente ces pressions. Par exemple, si Gaza n’était pas assiégée, j’aurais pu me rendre n’importe où ailleurs en Palestine pour travailler et être indépendante. Mais la situation actuelle ne fait qu’augmenter la pression sociale et cela me déprime.
Lorsque je milite à Gaza, je ne me heurte pas directement à l’occupation mais elle est là, tapie dans chaque coin de la Bande. L’occupation nous combat à distance. Même sans engagement direct, elle est une entrave à notre vie et à notre activité.
Publié par CWP dans ‟Voici ce qui s’est passé : Témoignages de femmes qui défendent les droits humains et résistent à l’occupation israélienne”, sur http://www.coalitionofwomen.org/wp-content/uploads/2017/07/WHRD-english-web.pdf

Action

Sur votre compte Facebook, « enregistrez-vous » à Gaza pour une semaine avec une photo qui demande « Open Gaza : Ouvrez Gaza », en solidarité avec les gens qui y vivent réellement. Remplacez par « Gaza » le nom de votre ville ou lieu de résidence sur tous vos comptes ou médias sociaux pendant une semaine. Partagez également sur les réseaux sociaux une des courtes vidéos ou l’un des éléments de la liste des « Ressources complémentaires » en ajoutant le lien avec cette page du projet Kumi et la page web de CWP. Ajoutez un lien à cette page du site web Kumi Now avec les hashtags #OpenGaza, #KumiNow, et #Kumi20.
Un poème de Suheir Hammad : « Gaza »
un grand miracle s’est produit ici  
une fête des lumières
une coulée de plomb sur des enfants
une armée qui fêtait sa révélation  
je ne sais rien sous le soleil du mur dont personne ne parle
certains doivent mourir enveloppés dans un tapis de pétrole en fleur
aucune couverture médiatique
j’ai connu l’armageddon au quotidien
une échelle abandonnée
six chandelles brûlent toute une maison
un cheval attaché à la fumée
certains doivent mourir pour le faire savoir
cri ininterrompu fleuve au courant puissant mémoire plus longue que des vies
les vivants veulent mourir dans leur pays
pas de portes ouvertes pas de mers ouvertes  pas d’ouverture de
mains pleines de cœur cinq filles enveloppées de blanc
chaque jour jihad
chaque jour confiance surmontant la peur
chaque jour un miroir de feu
les vivants veulent mourir avec leurs familles
la fille perd des membres son frère ramasse des bras
certains doivent mourir de ne pas mourir
des enfants sur le sol de l’hôpital la mère à côté
d’eux le père en état de choc voilà ma famille
à qui j’ai manqué voilà ma famille dont je
n’ai pas redressé la tête je les ai enterrés
ma famille que vais-je faire  maintenant ma famille est pain
un poisson un peuple taillé en pièces
voilà qu’une soif vole la vie
voilà une faim un hiver dans l’hiver
certains doivent mourir pour apporter le salut
je suis venu aux temps de la fin toujours présents
la femme a perdu des parents ses enfants et crie
ma sœur j’ai perdu ma sœur je veux mourir
les yeux de ma sœur étaient miel sa voix source
je ne peux supporter cela dieu seul dieu seul ma sœur
des infirmiers tués des écoles frappées des convois bombardés
les blessés se meurent les morts sont enterrés en trois
heures les gens prient ensemble et maudissent les gens
pleurent bruyamment et en silence toujours trop fort pas assez
certains doivent mourir parce qu’ils sont d’à côté
certains doivent mourir parce que c’était écrit
aucune armée ne s’excuse pas ne s’est jamais
excusée l’autorité poursuit l’assemblée de papier
l’occupation s’installe plus profondément
un grand miracle ici
les vivants meurent et les mourants vivent
une fête de lumières
une bande une terre un brasier
la mer un miroir de feu
une coulée de plomb sur des enfants
leurs têtes arrachées à leurs épaules roulent dans les rues
leurs coiffures tournent dans des mains
une armée fêtant une révélation  
faisant entrer l’avenir dans l’histoire
faisant de torches des femmes
Suheir Hammad est poétesse, auteure et militante. Née en Jordanie elle est la fille de deux réfugiés palestiniens. On peut voir Suheir Hammad produire sa Suite de Gaza au Festival palestinien de littérature : https://www.youtube.com/playlist?list=PL24665C51CAFAC0DB. On peut également voir une vidéo de sa prestation à la conférence TED sur : https://blog.ted.com/text-of-what-i-will-by-suheir-hammad/.

Ressources (en anglais)

“No Way Out : Women Trapped in Gaza Away from Their Homes and Partners” de B’Tselem : https://www.btselem.org/gaza_strip/20180308_women_trapped_in_gaza “Gaza Situation Report 203” de l’UNRWA : https://www.unrwa.org/newsroom/emergency-reports “Palestine (State of) 2016/2017” de Amnesty International :  https://www.amnesty.org/en/countries/middle-east-and-north-africa/palestine-state-of/report-palestine-state-of/
“Israel/Palestine Events of 2016” de Human Rights Watch: https://www.hrw.org/world-report/2017/country-chapters/israel/palestine
“Women Beyond the Siege” (ensemble d’articles) de Coalition of Women: http://www.coalitionofwomen.org/english-women-beyond-the-siege-collection-of-articles/?lang=en
“This is What Happened” de Coalition of Women: http://www.coalitionofwomen.org/3969-2/?lang=en
Vidéos de femmes traitant de ce qu’est la vie sous occupation israélienne, de CWP (en anglais) :
Autres vidéos (également en anglais) :
“Voices from Gaza: Women at Work, the Balch Falestin Plant” de B’Tselem : https://youtu.be/yoegHIjbf0M
“Working Women of Gaza” de B’Tselem: https://www.btselem.org/video/149119
“Path to Gaza: International Activists” de Femmes pour la Palestine : https://youtu.be/iI2J1vgf7do

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