Kumi Now - Semaine 23 - Terres agricoles de Gaza et suivi des aides internationales


Kumi Now - Semaine 23 : du 24 au 30 mars 2019
Terres agricoles de Gaza et Suivi des aides internationales


Partout dans les territoires palestiniens occupés, les agriculteurs palestiniens sont affrontés à quantité de problèmes dont ils aimeraient bien se passer, comme la violence des colons, la destruction des oliviers, les confiscations de terres par l’armée, la pollution industrielle provenant d’usines israéliennes, et les murs et les postes de contrôle qui les empêchent d’aller cultiver leurs terres. Les agriculteurs de Gaza ont été particulièrement affectés par les destructions de l’offensive israélienne de 2014. Aid Watch Palestine (‘Suivi des aides pour la Palestine’) assure un suivi des diverses aides financières internationales destinées à porter assistance aux agriculteurs de Gaza. Voici ce que vous devez savoir sur l’état des terres agricoles de Gaza, et ce que vous pouvez faire pour que nous puissions réagir et nous lever (Koumi !) ensemble.
 
Organisation
                ‘AWP / Aid Watch Palestine’ (‘Suivi des aides pour la Palestine’) est une initiative palestinienne indépendante qui encourage et soutient les efforts pour rendre l’aide internationale plus utile aux Palestiniens, à commencer par la reconstruction de la Bande de Gaza. Elle invite la communauté palestinienne et les acteurs locaux et internationaux, publics et privés, qui lui offrent leur aide, à s’associer à elle dans un examen critique et constructif de ce qu’il convient de faire. Avec elle, nous pouvons utiliser l’aide pour faire progresser la cause palestinienne et privilégier les solutions à long terme.

                Pour atteindre cet objectif, AWP veille à ce que :
-       l’information relative à l’aide soit disponible et accessible. AWP plaide pour qu’une information à jour, précise et exploitable, sur cette aide soit accessible au public, à la fois en arabe et en anglais.
-       le discours palestinien sur l’aide soit à la fois critique et constructif. C’est pourquoi AWP incite toutes les parties de la société palestinienne à faire une analyse critique des projets d’aide.
-       les Palestiniens connaissent leurs droits à l’aide et soient en mesure de les revendiquer. C’est pourquoi AWP informe les Palestiniens sur les modalités de fonctionnement des diverses possibilités d’aide, et aussi sur la meilleure façon de présenter des critiques en vue d’une politique d’aide plus efficace.
-       ceux qui aident remplissent les objectifs annoncés et en supportent les conséquences si ce n’est pas le cas. AWP encourage ceux qui aident à agir en conformité avec le droit international et les règlements communément en usage, avec l’objectif d’arriver à une situation où l’aide ne sera plus nécessaire.
-       les gens qui prennent position soient soutenus dans leurs engagements. AWP s’efforce de construire une communauté de Palestiniens épris de justice, et d’acteurs internationaux déterminés à améliorer l’aide à la Palestine et ailleurs dans le monde, dans la pleine conscience de tous les enjeux.
Vous pouvez trouver AWP, en anglais, sur son site à http://www.aidwatch.ps/. Ou sur Facebook à https://www.facebook.com/AidWatchPalestine, sur Twitter à http://www.twitter.com/@AidWatchPS, ou YouTube à https://www.youtube.com/channel/UCMZDACjc_yLv-D2bUrqyi8w.

La situation
                Le bombardement israélien de la Bande de Gaza au cours de l’été 2014 a eu des conséquences profondes et durables sur le secteur agricole de Gaza. Selon une fiche technique sur les pertes du secteur agricole publiée par l’ONG palestinienne PNGO, 57 kilomètres carrés de terres agricoles, soit environ 29% de l’ensemble des terres agricoles de la Bande de Gaza, ont alors été détruites. Cette destruction énorme s’est traduite par des pertes financières considérables pour les fermiers qui se battaient déjà contre le blocus brutal imposé par Israël. PNGO estime le total des pertes dans le secteur agricole suite aux bombardements israéliens à environ 490 millions d’euros.
                AWP estime que 60 millions d’euros d’aide financière ont été dépensés pour couvrir une partie des dégâts causés par la guerre au secteur agricole. La majeure partie des aides allait aux victimes de l’agression, aux petits fermiers, aux pêcheurs et aux propriétaires d’élevages.
Fiche technique (en anglais) : Effets sur le secteur agricole de Gaza de l’offensive israélienne de l’été 2014 et du délai de la reconstruction, sur http://pngoportal.org/en/266.html

Le cas de Mosaad Khalaf Habib 
                Nos pieds étaient pris dans la boue des terres agricoles le long de la frontière Est de Gaza. Je n’ai pu éviter la chute. Je me suis relevé, ai essuyé les taches de boue sur mes vêtements et ai poursuivi ma marche à travers les 25 hectares de terres agricoles que le ministère des Awqaf (dotations religieuses) loue à des fermiers. L’un de ceux-ci, Mosaad Khalaf Habib, accompagnait AWP à travers ces terres agricoles pour évaluer avec précision les pertes des fermiers et assurer un suivi du programme de reconstruction de la Bande de Gaza.
                Habib déclare : ‟J’avais en 2014 des plants d’aubergine, de poivrons et de tomates qui ont tous été rasés et détruits. J’ai obtenu en cette même année 2014 un relevé financier écrit estimant mes pertes à environ 13.000 euros, mais cela est resté lettre morte car aucune indemnisation financière n’a été versée au secteur agricole. On a imputé le problème à la division entre les ‘deux gouvernements’ palestiniens, celui de Cisjordanie et celui de la Bande de Gaza : Le gouvernement de Ramallah refusait d’envoyer l’argent pour que le gouvernement de Gaza ne s’en empare pas. Comme vous le voyez, les victimes ont été les fermiers, surtout ceux qui vivent le long de la frontière.”
                Il poursuit : ‟Depuis 2000 et le début de la deuxième Intifada, personne ne pouvait accéder à ce demi-hectare qui est situé tout près de la frontière Est. Lors de la guerre de 2008, ces zones tampons étaient régulièrement occupées par les forces israéliennes. Leurs chars et leurs bulldozers traversaient nos champs et les écrasaient, et ils bombardaient notre puits. Nous avons fourni toutes les informations mais n’avons reçu aucune indemnité en retour. Tous les fermiers locaux ont coopéré pour réparer le puits afin de pouvoir reprendre leurs activités. Cela nous a coûté environ 20.000 NIS (environ 5000 euros).”
                ‟Lors de la guerre sur Gaza en 2014, poursuit-il, les Israéliens ont bombardé une nouvelle fois le puits ainsi que les terres agricoles et les réseaux d’irrigation. La Croix Rouge et d’autres organisations ont évalué nos pertes, mais ne nous ont rien donné à ce jour. Nous recommençons à zéro une nouvelle fois afin de pouvoir nourrir nos familles. Lorsqu’ils viennent évaluer nos pertes, ils enregistrent tout ce qui a été endommagé : les maisons, les terres, les voitures. Puis ils nous allouent sur le papier une certaine somme d’argent à hauteur de nos pertes …et cela reste lettre morte, comme je l’ai déjà dit. Alors que les fermiers ont un besoin crucial d’indemnisation financière réelle pour pouvoir continuer à travailler.”
                Il ajoute : ‟Il y a beaucoup de terres fertiles, mais il n’y a pas de réseaux d’irrigation opérationnels, et par conséquent nous ne pouvons pas les exploiter. En 2016, j’ai dépensé 30.000 NIS (environ 7.700 euros) pour installer un réseau d’irrigation sur mes 20 dunams (2 hectares). Mais le revenu des récoltes ne couvre pas une telle dépense et ne me permet pas de nourrir ma famille. Mes dettes augmentent. Une des sociétés me doit encore 3.000 NIS (environ 770 euros) et ne peut pas me les payer. Si moi je ne paye pas mes dettes, je dois cesser mon travail. Alors que je n’ai que 48 ans !”
                La famille de Habib compte 12 personnes : 5 garçons, 6 filles et son épouse !
‟Et en plus, ajoute-t-il, les produits chimiques répandus par les missiles israéliens ont brulé et fragilisé nos terres. En 2008 déjà, les Israéliens avaient rasé tous les arbres du secteur, obligeant à chaque fois les fermiers à repartir à zéro. Cette année encore, les récoltes seront réduites du fait des pratiques israéliennes injustes : ils ont répandu des produits chimiques destructeurs sur nos récoltes, et quand nous avons repris le travail ils les ont inondées. Nous en appelons au ministre de l’Agriculture et aux gouvernements de Ramallah et de Gaza pour qu’ils nous aident et nous indemnisent pour toutes les pertes que nous avons subies, afin que nous puissions continuer à travailler et payer nos dettes.”
De Reem Mohamed Ja’rour. Traduit de l’arabe par Ahmed Sedom .
Action
                Cette semaine, écrivez en gros caractères #OpenGaza sur tout billet de banque qui vous passera entre les mains. Plus il y aura de billets de banque en circulation avec ce message, plus il y aura de gens à le voir. Respectez cependant dans la mesure du possible les lois en vigueur. Vous pouvez aussi écrire #OpenGaza sur chaque document que vous émettez, sur chaque ordonnance que vous rédigez, sur vos cartes de visites ou vos courriels… Prenez-en des photos et envoyez-les aux médias sociaux, avec un lien vers cette page du site Kumi Now et les hashtags #OpenGaza, #KumiNow, et #Kumi23.
                C’est une action que vous pouvez mener toute l’année ! Faites imprimer #OpenGaza / #LibérezGaza sur votre prochaine commande de cartes de visite, et diffusez vos idées sur les médias sociaux avec ces mêmes hashtags et mêmes liens.

Un texte : ‟Le gardien des semences”, de Fawaz Turki
Brûlez notre terre
brûlez notre rêve
versez de l’acide sur nos chants
couvrez de sciure
le sang de notre peuple massacré
étouffez par votre technologie
les cris de nos patriotes emprisonnés,
détruisez
détruisez
notre herbe et notre sol
rasez jusqu’au sol
chaque ferme et chaque village
qu’avaient construits nos ancêtres
détruisez chaque cité et chaque ville
chaque arbre et chaque maison
chaque livre et chaque loi,
écrasez de vos bombes
chaque vallée,
effacez par vos édits
notre passé
notre littérature
nos métaphores,
dénudez les forêts
et la terre
jusqu’à ce qu’aucun insecte
aucun mot
ne puisse trouver où se cacher.
Faites cela et davantage,
je ne crains pas votre tyrannie.
Je garde une graine
d’un arbre
que mes ancêtres avaient sauvé
et je le replanterai
dans ma patrie.
De Fawaz Turki, poète, essayiste, auteur et commentateur de Haïfa. Publié dans ‘Anthology of Modern Palestinian Literature’, édité par Salma Khadra Jayyusi.

Ressources : des vidéos (en anglais) :
“‘Farming in Despair’ – Water for Agriculture in the Gaza Strip”, de EWASH Palestine: https://youtu.be/i2GyzIVPVV4
“Farming in Khuza’a, Gaza Strip” de Gal*la: https://youtu.be/pez5zVJyEJA
“The Struggle of Palestinian Farmers Under Occupation” de AJ+: https://youtu.be/mWEBQxyxHcQ
“A Day in a Farmer’s Life” de Islamic Relief: https://youtu.be/JZ4qPGCze40
“Israeli Factories Damaging Palestinian Farms” de Al Jazeera English: https://youtu.be/_JPwkRhHcd0
“Helping Palestinian Farmers Get Back on Their Feet” de EU Civil Protection & Humanitarian Aid Operations: https://youtu.be/jUUT5jQK5Zc
“Palestinian Farmers Return to Their Land” de Al Jazeera English: https://youtu.be/gHXAaKzlfSI
“The Gaza Strip is Drowning in Polluted Water” de MA’AN Center: https://youtu.be/vdJ1ava3sgw


Traduit comme les semaines précédentes par les Amis de Sabeel France

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