Kumi Now -
Semaine 22 : du 17 au 23 mars 2019
Al-Haq et
l’exploitation des ressources naturelles
dans les
territoires palestiniens occupés
La Cisjordanie est riche en
ressources naturelles. Pourtant, du fait de l’occupation israélienne et du
contrôle qu’elle exerce sur les territoires palestiniens occupés, l’accès aux
ressources naturelles palestiniennes et leur usage sont entravés. Al-Haq travaille
à alerter l’opinion publique sur l’impact que produit l’exploitation par Israël
des ressources naturelles sur les Palestiniens, tant au plan individuel que
collectif. Voici ce que devez savoir de cette exploitation et ce que vous
pouvez faire pour que nous puissions réagir ensemble.
Organisation
Al-Haq a été créée en 1979 comme organisation
non gouvernementale et indépendante palestinienne de droits humains, avec pour
objectif la protection et la promotion des droits humains et de la légalité dans
les territoires palestiniens occupés. Al-Haq concentre une partie de ses
enquêtes et de ses plaidoyers sur l’économie et les droits humains. Elle
analyse et interpelle sur les liens entre intérêts économiques et l’État d’Israël
qui, en sa qualité de puissance occupante, exploite les ressources naturelles
des territoires occupés au profit d’entreprises israéliennes et
internationales.
Les responsables israéliens et les
entreprises de traitement de l’eau vendent le mythe selon lequel ils étaient
capables de faire ‟fleurir le désert”, tout en ignorant la réalité de la
Palestine historique comme un pays riche en eau. Le rôle central de
l’occupation israélienne ainsi que sa politique et sa pratique systématiques d’accaparement
des ressources en eau palestiniennes ne sont pas du tout prises en
considération, alors qu’elles produisent une situation de manque d’eau pour les
communautés palestiniennes,.
Qui plus est, Mekorot et d’autres
entreprises israéliennes ont conclu quantité d’accords et de partenariats dans
le monde entier en s’appuyant sur leur ‟expertise” en gestion et en
technologie de l’eau.
Cette
semaine, Al-Haq vous invite à vérifier si votre pays ou État a passé des
accords avec Mekorot. Si c’est le cas, Al-Haq vous invite à :
- informer vos
responsables gouvernementaux de l’exploitation par Israël des ressources
naturelles palestiniennes, et de votre inquiétude face au risque de violation
du droit international par Israël, avec la possible complicité des compagnies
de traitement de l’eau.
- engager
un dialogue avec des entreprises de votre région qui pourraient coopérer avec
des entreprises israéliennes de traitement de l’eau, et à soulignez leur
responsabilité au regard des Principes directeurs des Nations Unies sur le
commerce et les droits humains.
- organiser une campagne pour davantage
sensibiliser votre communauté à l’occupation israélienne et aux droits humains
fondamentaux (dont le droit à l’eau) qui sont violés quotidiennement.
Vous
pouvez accéder à Al-Haq (en anglais) sur son site web http://www.alhaq.org/ , ou sur Facebook à l’adresse https://www.facebook.com/home.php#!/alhaqorganization, sur Twitter à l’adresse suivante : https://mobile.twitter.com/alhaq_org, ou encore sur YouTube à cette adresse : http://www.youtube.com/user/Alhaqhr.
Présentation de la situation
La zone C qui comprend 60% de la
Cisjordanie est intégralement sous contrôle israélien. Cette zone C est celle
où se trouvent la plupart des ressources naturelles palestiniennes : les
terres fertiles, les minéraux de la Mer Morte, les ressources en eau et les
carrières. En raison du contrôle d’Israël sur cette zone, les Palestiniens n’ont
qu’un accès limité à ces ressources, si tant est qu’ils y aient accès. Par
exemple, toute la côte de la Mer Morte dans les territoires palestiniens
occupés est sous contrôle israélien. Les Palestiniens ne peuvent y accéder
qu’en passant par les plages réservées aux colonies, et ce moyennant le
paiement d’un droit d’entrée. Le système discriminatoire imposé aux habitants
palestiniens de la zone C les met pratiquement dans l’impossibilité d’exploiter
les terres qui y sont les leurs. Selon l’Office des Nations Unies pour la
Coordination des Questions Humanitaires (OCHA), Israël n’a accordé que 1,5% des
permis demandés entre 2010 et 2014.
Tandis que le développement et
l’accès aux ressources sont semés d’obstacles pour les Palestiniens, les
colonies israéliennes prolifèrent en zone C. Ces colonies israéliennes, qui
sont illégales au regard du droit international, sont construites sur des
terres prises aux Palestiniens et alimentées en eau palestinienne. En plus des
colonies résidentielles, Israël y installe des fermes, des usines et des
carrières qui exploitent encore davantage les ressources. Un véritable cercle
vicieux : les revenus de ces activités permettent aux colonies de se
développer encore davantage et d’exploiter encore davantage de ressources au
fur et à mesure qu’elles se développent.
L’eau : un élément d’accélération
de l’occupation israélienne
‟Est-il possible aujourd’hui de concéder
le contrôle de la nappe aquifère de la montagne (en Cisjordanie) qui fournit un
tiers de notre eau ? Est-il possible de concéder la zone tampon de la vallée
du Jourdain ? Vous savez, ce n’est pas par hasard que les colonies sont
situées là où elles sont.” (citation de l’ancien Premier ministre israélien
Ariel Sharon)
Bien que la Palestine soit riche en
eau et qu’elle reçoive un niveau annuel élevé de pluies, la politique et les
pratiques israéliennes ont fait que, depuis les débuts de l’occupation, les
communautés palestiniennes de l’ensemble des territoires occupés manquent
d’eau.
À la suite de la guerre de 1967 et à
travers l’occupation, Israël a pu accéder aux ressources en eaux de surface et en
eaux souterraines des territoires palestiniens occupés et les a contrôlées. Très
rapidement, une série d’ordres militaires ont encore accru son contrôle sur ces
ressources.
Israël a constamment surexploité à
son propre avantage les ressources en eau, tout en en limitant l’accès aux
Palestiniens. Pour obtenir l’eau dont ils ont besoin, les Palestiniens de la
zone C sont obligés de l’acheter à des tarifs très élevés à des sociétés
privées israéliennes, à moins de réaliser ‘illégalement’ des infrastructures
hydrauliques sans permis israéliens, difficiles à obtenir. Celles-ci sont régulièrement
détruites par les soldats israéliens. Les communautés palestiniennes reliées à
un réseau d’eau peuvent aussi être victimes de coupures d’eau. Souvent pendant
les mois d’été, Mekorot, la compagnie nationale des eaux d’Israël, réduit
l’approvisionnement en eau des Palestiniens, parfois jusqu’à 50% de la quantité
à laquelle ils ont droit, afin de satisfaire la demande des colonies. Environ
200.000 Palestiniens de Cisjordanie n’ont aucun accès à un réseau de fourniture
d’eau.
Par ailleurs, les colons israéliens,
qui sont systématiquement reliés au réseau de distribution d’eau, paient leur
eau à un prix minimal. Il en résulte que quelque 600.000 colons israéliens consomment
six fois plus d’eau que l’ensemble des 2,8 millions de Palestiniens de
Cisjordanie. Cette situation d’allocation inéquitable et discriminatoire en eau
entre Israéliens et Palestiniens a été qualifiée d’‟apartheid en matière d’eau”.
Un exemple : celui de Na’imah
Mohammed Dabak, du village d’Al-‘Aqaba
« J’habite le village
d’Al-‘Aqaba, à l’est de la ville de Tuba dans le nord de la vallée du Jourdain.
Je vis avec ma famille dans une maison de briques et de ciment. Nous sommes douze
à vivre dans la même maison.
Nous manquons d’eau dans le village
du fait qu’il n’y a pas d’approvisionnement public ni de source à Al-‘Aqaba. Les
autorités israéliennes d’occupation et Mekorot, la compagnie des eaux israélienne,
ont refusé de mettre en place un réseau d’alimentation en eau des maisons du
village. Il s’en suit que je dois aller acheter de l’eau du district d’Ein
Al-Far’a à environ 14 kilomètres au sud-ouest d’Al-‘Aqaba. Des camions citernes
transportent l’eau jusqu’au village, et elle est très chère : chaque mètre
cube ainsi acheté et transporté coûte près de 15 NIS (environ 3,7 €). J’achète
de l’eau tous les dix jours. Un camion-citerne peut transporter 150 mètres
cubes d’eau, pour un coût de 150 NIS (environ 37 €).
Cette situation est pour moi une
grande souffrance et une charge financière importante, surtout en été quand je
dois payer 450 NIS (environ 110 €) par mois pour acheter de l’eau. Tous les
habitants d’Al-‘Aqaba ont ce problème. Les responsables de nos souffrances sont
les autorités israéliennes d’occupation et la compagnie des eaux israélienne
‘Mekorot’, parce qu’elles refusent de nous autoriser à installer nos propres
canalisations d’eau.
Selon les autorités israéliennes
d’occupation, le village d’Al-‘Aqaba est considéré comme zone militaire fermée
dans laquelle toute construction et résidence sont interdites. C’est pour cette
raison qu’elles refusent aux habitants toute installation de canalisation et
tout accès au réseau de Mekorot. Si c’était le cas, un mètre cube d’eau nous
coûterait seulement de 3 à 4 NIS (environ 1 €). Je fais de mon mieux pour ne
pas gaspiller une seule goutte d’eau. Par exemple je récupère l’eau de toilette
pour l’irrigation. Et je fais attention à utiliser au mieux l’eau que j’achète.
Ni moi ni les membres de ma famille ne l’utilisent pour prendre un bain, faire la
lessive ou encore d’autres usages domestiques.
À cause des conditions économiques difficiles
que nous connaissons au village d’Al-‘Aqaba, je ne peux pas me permettre
d’acheter régulièrement de l’eau à un prix aussi élevé. Nos revenus sont trop
faibles. Je stocke l’eau achetée dans un puits près de ma maison. Nous la
pompons aussi dans des réservoirs sur le toit à l’aide d’une pompe électrique,
au prix de coûts supplémentaires. Alors que l’eau serait accessible grâce aux
conduites de la société ‘Mekorot’ qui passent tout près du village ! Mais
les autorités israéliennes et Mekorot nous interdisent d’en utiliser ne
serait-ce qu’une goutte. ».
Extrait
de Al-Haq Affidavit No. 8553/2013, témoignage de Na’imah Mohammed Dabak,
habitant du village d’Al-‘Aqaba, gouvernorat de Tubas, le 20 avril 2013.
Action
Cette semaine, amenez vos amis,
votre famille et vos collègues de travail à s’interroger et incitez-les à s’impliquer.
Chaque fois qu’on vous proposera un verre d’eau cette semaine, prenez deux
verres et laissez-en un vide. Si quelqu’un vous demande pourquoi vous gardez un
verre vide, expliquez comment l’eau palestinienne est volée ou bien dites : ‟C’est
le verre de mon ami palestinien qui n’a pas d’eau.”
Publiez
la photo de votre verre vide avec le message ‟Cessez de voler l’eau
palestinienne. Respectez le droit international !” Adressez votre message
à Mekorot : @ems.mekorot sur Facebook (https://m.facebook.com/ems.mekorot/) et @EMS_Mekorot sur Twitter (https://www.twitter.com/EMS_Mekorot). Ajoutez un lien au site web de Kumi Now avec les hashtags
#StopMekorot, #KumiNow, et #Kumi22.
Puis
adressez un fax à la direction de Mekorot, la compagnie nationale des eaux
d’Israël, avec le message suivant : ‟Cessez de voler l’eau palestinienne.
Respectez le droit international !” Le numéro de fax de Mekorot est +972-3-6230833.
N’hésitez pas à y ajouter votre propre message. Vous pouvez aussi adresser un
courriel à ‘’customer-services@mekorot.co.il.
Un texte : “Passeport”, de
Mahmoud Darwish
Ne
me donnez pas en exemple une nouvelle fois !
Oh,
messieurs, prophètes,
Ne
demandez pas aux arbres leurs noms
Ne
demandez pas aux vallées qui est leur mère
De
mon front jaillit l’épée de lumière
Et
de ma main bondit l’eau de la rivière
Tous
les cœurs des gens sont mon identité
Alors
emportez mon passeport !”
Extrait de ‟Passport” de Mahmoud
Darwish, considéré comme le poète national palestinien. Le poème entier est sur
https://www.palestineadvocacyproject.org/passport/.
Ressources (en anglais)
“Facts
on the Ground: How Natural Resources Fuel the Occupation,” Al-Haq interactive
website, sur https://medium.com/@alhaq/facts-on-the-ground-542fb4d17d08
“Water For One People Only: Discriminatory Access et
‘Water-Apartheid’ in the OPT,” Al-Haq, 2013, sur http://www.alhaq.org/publications/Water-For-One-People-Only.pdf
“Environmental
Injustice in Occupied Palestinian Territory: Problems and Prospects,” Al-Haq,
2015, sur http://www.alhaq.org/publications/publications-index/item/environmental-injustice-in-occupied-palestinian-territory
“Bluewashing Around the USA, Alliance for Water
Justice in Palestine,” 5 octobre 2016, sur http://waterjusticeinpalestine.org/blog/2016/10/4/bluewashing-around-the-usa
Videos:
“5 Facts About Israeli Water Abuse” de Jewish Voice
for Peace : https://www.stopthewall.org/new-video-5-facts-about-israeli-water-abuse
“Farming
Without Water: Palestinian Agriculture in the Jordan Valley”: https://youtu.be/aQ-POJT5sl0
“Water in the Jordan Valley : Dangerous Reality and
Dark Future”: https://youtu.be/N98szWbxoOQ
“Accessing Clean Water in Palestine”: https://youtu.be/t0PTOkAGXy4
“Stone Quarries : Depletion of Palestinian Natural
Resources”: https://youtu.be/L-Fc3dwkm2M
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