Kumi Now Année 2 Semaine 19 : du 24 février au 2
mars 2020
Colonies à Hébron – Jeunes contre les colonies
Les
colonies israéliennes empiètent sur les terres et les vies des Palestiniens.
Ceux-ci résistent en permanence et de façon épuisante aux colonies et aux
colons. YAS, abréviation de ‘Youth Against Settlements’ / Jeunes contre les colonies enseigne
aux Palestiniens à résister aux colonies et les y encourage. Voici ce que vous
devez savoir sur les colonies israéliennes et ce que vous pouvez faire pour que
nous puissions réagir et nous lever (Koumi !)
ensemble.
Organisation
Jeunes contre les colonies est
un groupe d’action directe non-violent basé à Hébron. Constitué en 2008, il
anime un Centre d’éducation et de rencontre pour jeunes dans un immeuble
précédemment occupé par l’armée, puis par des colons israéliens. Il en a
revendiqué l’utilisation par des Palestiniens dans une campagne tout à fait
légale et par des actions non-violentes. Le Centre est utilisé pour
responsabiliser et former des Palestiniens, en particulier des jeunes, à faire
preuve de fermeté et à mener des actions non-violentes, à utiliser les médias
et à recourir à des actions de plaidoyer pour résister au système d’occupation,
d’interdictions et de séparation mis en œuvre à Hébron par Israël.
Jeunes contre les colonies
encourage la population d’Hébron, en particulier celle de la vieille ville, à
rester sur place malgré les difficultés et les violences qu’elle subit de la
part des colons et de l’armée d’occupation. L’association organise, en
Palestine et au niveau international, une campagne annuelle appelée Ouvrez la rue Shouhada. Elle est
également engagée dans une activité de plaidoyer international auprès des
Nations Unies et d’autres institutions internationales, dont le Conseil des
Droits de l’Homme des Nations Unies. Le coordinateur de Jeunes contre les colonies, Issa Amro, a été reconnu comme
défenseur des droits humains par l’Union Européenne.
Jeunes contre les colonies vous
invite à adresser des messages à vos élus. Dites-leur que vous êtes contre la
fermeture de la rue Shouhada et contre le système de séparation et d’oppression
tel qu’il est mis en œuvre à Hébron. Demandez-leur d’user de leur influence
pour faire pression sur le gouvernement d’Israël afin qu’il rouvre la rue
Shouhada et applique les droits humains à tous ceux qui habitent à Hébron.
Vous pouvez trouver ‘Jeunes contre les
colonies’ (en anglais) sur son site web https://hyas.ps/. Ou sur Facebook à https://www.facebook.com/media.yas/ ou encore Twitter à https://twitter.com/YASHebron.
La situation
Hébron
est l’une des principales villes considérées comme saintes à la fois par le
judaïsme et par l’islam. C’est, après Jérusalem-Est, la seconde ville de
Cisjordanie, qui était le centre commercial de toute sa partie méridionale.
Très peu de temps après l’occupation militaire de la Cisjordanie par Israël en
1967, Hébron a vu se construire des colonies israéliennes. Cette construction
de colonies se poursuit tant à Hébron que dans l’ensemble de la Cisjordanie,
bien qu’elle soit considérée comme illégale
au regard du droit international. Outre les grandes colonies de Kiryat Arba et
de Givat Ha’avot voisines d’Hébron, il y a environ 600 colons israéliens
installés au centre même de la
vieille ville d’Hébron. Plus de 1 500 combattants israéliens sont
stationnés à l’intérieur et autour d’Hébron, à côté des colons pour assurer
leur sécurité. Les soldats israéliens ne protègent pas du tout les habitants
palestiniens d’Hébron, qui sont régulièrement agressés par des colons
israéliens.
Le 25
février 2019 a été le 25ème anniversaire du massacre commis en 1994
par Baruch Goldstein : ce colon a assassiné 29 Palestiniens qui participaient
aux prières du vendredi durant le Ramadan dans la mosquée d’Ibrahim (Abraham) à
Hébron. Suite au massacre, l’armée israélienne a mis en place un système de
séparation à Hébron, un système d’apartheid comportant la fermeture aux
Palestiniens de la rue Shouhada et
créant, de fait, une ville fantôme. La liberté de déplacement reste sévèrement
limitée pour les Palestiniens dans la vieille ville d’Hébron : ils sont
obligés de faire de longs détours, sont barricadés dans leurs maisons de la rue
Shouhada et ne peuvent y entrer ou en
sortir que par les portes arrière ou les toits. La rue Shouhada est pourtant essentielle pour la vie commerciale et
communale des Palestiniens d’Hébron. Elle était le centre du secteur commercial
de la vieille ville avant que sa fermeture ne soit imposée par les projets de
colonies et le pouvoir militaire. À ce jour la rue reste presqu’entièrement
fermée aux Palestiniens, alors que les colons israéliens y circulent librement.
La fermeture de la rue Shouhada est
un symbole de la politique d’apartheid menée par Israël.
Un exemple : L’histoire de Zleikha Almohtaseb
Zleikha
est une enseignante de la rue Shouhada,
dans la zone H2 de la vieille ville d’Hébron. Elle s’est installée dans sa
maison il y a plus de 8 ans. Sa porte d’entrée, qui donne sur la rue Shouhada, est fermée et soudée. Comme
tous les Palestiniens de la ville, elle n’a pas le droit de remonter ou de
descendre la rue ‘d’apartheid’ Shouhada.
La rue
Shouhada a été fermée aux
Palestiniens depuis les attaques contre la mosquée d’Ibrahim en 1994. C’était
l’une des rues centrales de la ville aux plans économique et culturel. De
nombreuses familles palestiniennes continuent à y habiter, mais elles doivent
emprunter des parcours longs et compliqués pour accéder à leur maison ou la
quitter. Ils ne peuvent pas passer par leur porte d’entrée parce qu’elle donne
sur la rue Shouhada !
Zleikha
a raconté à Jeunes contre les colonies
son vécu et celui de sa mère âgée, avec tous les harcèlements et agressions
qu’elles ont subies lors d’une courte période pendant laquelle la rue avait été
rouverte à ses habitants palestiniens.
En
2006 Jeunes contre les colonies a
porté le cas de la rue Shouhada et de
son système d’apartheid devant la justice israélienne. L’association a eu gain
de cause et le juge a ordonné que les habitants de la rue devaient pouvoir
accéder à la rue par leur porte d’entrée. Un an plus tard, les habitants ont
reçu des permis, avec la promesse que leur sécurité serait assurée par l’armée
israélienne, parce qu’ils savaient que leur présence allait provoquer des
réactions hostiles de la part des colons qui empruntent quotidiennement cette
rue.
Mais
ni la promesse ni les garanties de sécurité pour les Palestiniens n’ont été
tenues. Lorsque Zleikha emprunta la rue pour la première fois, c’était en
présence d’un groupe international. Elle fut confrontée à l’hostilité de colons
qui essayaient d’empêcher les Palestiniens de circuler dans la rue et tentaient
d’engager des bagarres avec eux. Les soldats ont souvent retenu Zleikha -entre
dix minutes et une heure- pour ‘vérifier’ son permis.
En
2008, encore une fois en compagnie d’internationaux, Zleikha s’est vue barrer
la route par un colon. Comme elle tentait de continuer à donner aux touristes
un aperçu du système d’apartheid mis en place dans la ville, elle se fit barrer
la route par un colon extrémiste connu, Anat Cohen, qui appela la police. Des soldats
et des policiers furent rapidement sur place et séparèrent Zleikha du groupe
international. On lui demanda son permis de circuler dans la rue et lui dit
qu’il n’était pas valable pour cette section. Les soldats la firent alors
monter de force dans une jeep pour la ramener chez elle. Ils lui dirent qu’ils
ne l’arrêteraient pas cette fois-ci, en raison de sa ‘bonne conduite’ !
Non
seulement Zleikha s’est fréquemment fait harceler et contester son droit de
passage par des colons et des soldats, mais l’armée a failli à sa promesse de
protéger les habitants palestiniens dans la rue. Un jour, la mère âgée de
Zleikha fut frappée et insultée par un groupe de colons. L’armée réagit en la
faisant quitter le secteur.
En
juin 2012 la porte d’entrée de Zleikha fut fermée et soudée. Elle n’en fut pas
informée. C’était la riposte à une action menée par des femmes palestiniennes
et internationales avec des gens du lieu pour demander la réouverture de la rue
Shouhada. Les manifestants étaient
entrés dans la rue par la porte d’entrée de Zleikha. Des portes furent alors
brisées dans le quartier, y compris celle de l’école maternelle où travaillait
Zleikha. Des colons prétendirent que son frère qui était venu en visite était
le propriétaire de la maison ; il se fit alors arrêter et mettre en
détention pour la durée de la nuit, malgré ses ennuis de santé. L’armée prit
alors des mesures pour garantir qu’on ne puisse plus jamais rouvrir la
porte : elle fut carrément soudée.
Zleikha
eut la possibilité d’emprunter la rue Shouhada
pendant une année au total entre 2007 et 2009. On lui avait accordé un permis
de 3 mois, qu’il fallait renouveler à chaque échéance. Cela pouvait prendre
jusqu’à 4 mois à chaque renouvellement. En 2009 la police refusa de renouveler
le permis, en invoquant des raisons de sécurité.
Action
À vous
de trouver la meilleure manière de faire connaître autour de vous cette
situation proprement scandaleuse. L’original anglais de Kumi Now joue sur la double signification du mot « Open »
dans cette langue : à la fois « Ouvert » et
« Ouvrez ». Il propose donc de repérer un panneau indiquant ‘OUVERT’,
par exemple à un restaurant ou une boutique, et de coller en-dessous un billet
avec la mention rue Shouhada, l’idée
étant que si quelqu’un demandait ce que signifiait Ouvrez la rue Shouhada, on pourrait lui expliquer ce qui se passait
à Hébron.
Rien ne
vous empêche non plus d’organiser dans votre communauté une veillée pour le 26ème
anniversaire du massacre qui a eu lieu à la mosquée d’Ibrahim et vous souvenir
de ses 29 victimes, ou de projeter le film Soldier
on the Roof / Soldat sur le toit qui traite (en anglais !) des colons
extrémistes d’Hébron. Vous pouvez regarder la bande-annonce et acheter un DVD,
ou louer une version digitale ou le film sur http://www.ruthfilms.com/films/new-releases/soldier-on-the-roof.html.
Kumi Now vous
invite à diffuser des photos de vos actions sur les médias sociaux avec un lien
vers cette page de son site web et les hashtags #OpenShuhada, #KumiNow, et
#Kumi19.
Un texte de Lisa Goldman extrait de Nabi Saleh is Where I Lost My Zionism : C’est à Nabi Saleh que
j’ai perdu mon sionisme.
« La
famille Tamimi a manifesté tous les vendredis durant près de dix ans pour
protester contre la prise de contrôle, par des colons du voisinage, de la
source naturelle de Nabi Saleh. Comme
me l’a expliqué un jour Bassem Tamimi dans un excellent hébreu, les villageois
n’avaient rien dit lorsque l’armée avait construit la colonie de Halamish (anciennement Neve Tzouf) sur leurs terres. Mais
lorsque les colons confisquèrent leur source et que l’armée empêcha les Tamimi
d’y avoir accès, Bassem et sa grande famille ont décidé de marquer une ligne
rouge.
Maintenant,
chaque semaine, ils se rassemblent dans leur village, au sommet de la colline,
et, portant drapeaux et bannières, ils descendent vers la route qui les sépare
de la source. Le but est tout simplement de traverser la route et de marcher
vers la source. Et chaque semaine l’armée déploie des forces de sécurité dans
et autour du village pour empêcher les manifestants d’atteindre leur objectif.
Voici
comment les choses se passent : vers midi des véhicules militaires entrent
dans le village et se garent en bas d’un carrefour. Des forces de sécurité
lourdement armées et portant des équipements de combat descendent des
véhicules, chargent leurs armes et attendent. Quelquefois ils se mettent à
tirer dès le commencement de la manifestation, quelquefois ils attendent qu’un
adolescent lance une pierre dans leur direction pour ouvrir le feu.
Comme
le mentionne Ben Ehrenreich dans son article du New York Times Magazine à propos de Nabi Saleh, le porte-parole de l’armée lui a dit qu’il n’y a jamais
eu un seul cas de soldat blessé par une pierre au cours de ces manifestations.
Par contre, les soldats ont blessé et tué plusieurs manifestants au cours de
ces dernières années. Lors d’un incident maintenant bien connu, un soldat a
brusquement ouvert la porte arrière de sa jeep blindée alors qu’elle sortait du
village et a lancé une grenade lacrymogène en plein visage du cousin d’Ahed,
Mustafa, 21 ans, le tuant sur le coup. Personne n’a été condamné ou poursuivi
pour ce meurtre. »
Lisa Goldman est rédactrice, fondatrice
et collaboratrice de +972 Magazine, un site d’information et de commentaires
numériques basé à Tel Aviv. Le texte est disponible sur https://972mag.com/nabi-saleh-is-where-i-lost-my-zionism/131818/.
Ressources (en anglais) :
Open
Shuhada Street Campaign information: http://hyas.ps/oss/
Vidéos
(en anglais) :
“Israeli
Settlements, Explained” de Vox: https://youtu.be/E0uLbeQlwjw. 2ème
partie : https://youtu.be/B6L9mS9ti6o
“Settlements, Inc.” de Human Rights Watch: https://www.hrw.org/video-photos/video/2016/01/20/settlement-inc
Reportages (en anglais) :
“The Israeli Settlements from the Perspective of
International Law” de Al-Haq: http://www.alhaq.org/publications/publications-index/item/the-israeli-settlements-from-the-perspective-of-international-law
“Institutionalized Impunity: Israel’s Failure to
Combat Settler Violence in the Occupied Palestinian Territory” de Al-Haq: http://www.alhaq.org/publications/publications-index/item/institutionalised-impunity-israel-s-failure-to-combat-settler-violence-in-the-occupied-palestinian-territory
“Settling Area C: The Jordan Valley Exposed” de Al-Haq: http://www.alhaq.org/publications/publications-index/item/settling-area-c-the-jordan-valley-exposedcategoryid10
“From Settlement top Shelf: The Economic Occupation of
the Syrian Golan” de Al-Marsad: http://golan-marsad.org/wp-content/uploads/From-settelements-to-shelf.pdf
Articles (en anglais) :
“’Agricultural terrorism’: Palestinian Crops Face
Destruction by Israeli Settlers” par Yumna Patel pour Middle East Eye: http://www.middleeasteye.net/news/agricultural-terrorism-palestinian-crops-face-destruction-israeli-settlers-1562802280
“The Maps of Israeli Settlements that Shocked Barack
Obama” par Adam Entous pour The New
Yorker: https://www.newyorker.com/news/news-desk/the-map-of-israeli-settlements-that-shocked-barack-obama
“Bankrolling Abuse: Israeli Banks in West Bank
Settlements” de Human
Rights Watch: https://www.hrw.org/report/2018/05/29/bankrolling-abuse/israeli-banks-west-bank-settlements
Traduit par les Amis de Sabeel France
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