Kumi Now Année 2 Semaine 21 : du 9 au 15 mars 2020


Destruction d’oliviers - Initiative Commune de Plaidoyer Campagne de l’olivier – Garder vivant l’espoir
Les Palestiniens des territoires occupés subissent en permanence la destruction de leurs oliviers et de leurs moyens d’existence. L’Initiative Commune de Plaidoyer (Joint Advocacy Initiative ou JAI en anglais) des YMCA-YWCA (Mouvements chrétiens de jeunes gens et de jeunes femmes, l’équivalent de nos UCJG) consiste à replanter des oliviers pour venir en aide aux paysans palestiniens. Voici ce que vous devez savoir sur la situation et ce que vous pouvez faire pour que nous puissions réagir et nous lever (Koumi !) ensemble. 

Organisation
L’Initiative Commune de Plaidoyer des YMCA-YWCA vise à faire connaître à des partenaires et à des militants internationaux les réalités de la vie sous occupation en Palestine, par le biais des médias, de visites sur place, de programmes d’échange, de tournées de plaidoyer et toutes sortes d’événements et de campagnes en vue d’influencer les décideurs et d’intervenir auprès d’eux.
Très concrètement, l’Initiative Commune de Plaidoyer organise la Campagne de l’olivier qui consiste à distribuer à des paysans de jeunes plants d’oliviers parrainés par des gens du monde entier, comme action de solidarité et de soutien pour les aider à Garder vivant l’espoir. Les paysans soutenus sont ceux qui souffrent des politiques et autres mesures israéliennes qui menacent de les exproprier de leurs terres et de leurs propriétés pour construire le mur d’apartheid ou des colonies et des routes de contournement réservées aux seuls colons, sans parler des attaques par ces mêmes colons, des interdictions d’accès pour les paysans à leurs propres terres ou du déracinement de leurs oliviers.
L’Initiative Commune de Plaidoyer diffuse largement les récits de ces paysans et rend compte des attaques israéliennes contre des terres palestiniennes, des paysans et des oliviers, y compris ceux qui ont été plantés dans le cadre de cette campagne. Les partenaires, sponsors et amis de l’Initiative Commune de Plaidoyer sont tenus informés des violations israéliennes concernant ces oliviers et invités à agir en conséquence. La campagne est ainsi un outil de formation, de lobbying et de plaidoyer en plus de sa fonction d’outil de développement qui aide les paysans palestiniens à rester sur leurs terres et à gagner leur vie.
La situation
Dans l’ensemble du bassin méditerranéen, l’olivier est un moyen traditionnel d’existence et d’alimentation. En Palestine, environ 1000 kilomètres carrés de terres sont plantés d’oliviers. Un olivier produit en moyenne 9 kilos d’olives qui donnent 2 litres d’une huile aux nombreux usages : nourriture, huile sacramentelle, carburant, ou encore ingrédient pour des pommades à usage médical. L’olivier est peu exigeant : il pousse sur des sols pauvres, produit un fruit précieux et peut vivre plus de mille ans. Au cours de l’histoire, le rameau d’olivier a été utilisé comme symbole de paix. Avec la vigne et le figuier, l’olivier est aussi symbole de sagesse, de prospérité et de bonheur.
Pourtant, en Cisjordanie occupée et dans la Bande de Gaza, des oliviers sont fréquemment déracinés et détruits. Les victimes en sont les paysans palestiniens qui souffrent le pire du fait de ces politiques et pratiques israéliennes. « C’est pour des raisons de sécurité » est l’excuse le plus souvent donnée par les Israéliens quand ils déracinent les arbres, alors qu’en fait ils le font pour l’expansion de leurs colonies ou la construction des routes de contournement et du mur d’apartheid, …à moins qu’il ne s’agisse que de la simple violence de colons.
Depuis 2001, Israël a, par son armée et ses colons installés en Cisjordanie -et auparavant aussi à Gaza- déraciné, incendié et détruit des centaines de milliers d’oliviers appartenant à des fermiers et des propriétaires terriens palestiniens. La plupart de ces arbres étaient vieux de plusieurs siècles et avaient toujours donné leurs fruits à ceux qui avaient peiné et travaillé pour prendre soin d’eux.
Pourtant, malgré la destruction des bases même de leur existence et la violence sans cesse croissante en Terre Sainte, beaucoup de femmes, d’hommes et d’enfants palestiniens s’activent à rebâtir leur société et ses structures sans recourir à la violence.
Vous pouvez trouver l’Initiative Commune de Plaidoyer (JAI) sur son site web, en anglais : http://www.jai-pal.org/en/. Ou sur Facebook : https://www.facebook.com/groups/JAIPalestine/.
Un récit : Souad Ali, paysanne palestinienne de Beit Omar en Cisjordanie
Souad avait 7 ans lorsqu’elle a commencé à travailler sur la ferme. Elle n’est jamais allée à l’école et ne connaît rien d’autre que la vie de paysanne. Dans sa jeunesse, la vie d’un paysan palestinien était bien différente de ce qu’elle est aujourd’hui. Avant 1967, les bouleversements apportés par l’occupation et la colonisation israéliennes n’existaient pas.
En ces temps-là, les terres de Souad étaient couvertes de cultures variées, d’arbres fruitiers et d’amandiers, de tomates et de légumes. Aujourd’hui, du fait de toutes les contraintes, des démolitions et du manque d’eau, ce n’est plus le cas. Dans le temps, Beit Omar gérait le plus important marché de légumes du sud de la Cisjordanie. Ce n’est plus le cas.
Aujourd’hui, avec tous les checkpoints de l’armée, il n’est plus possible d’accéder à Jérusalem, et les paysans ne peuvent plus aller vendre en ville ce qu’ils produisent. Ils le font donc le long de la Route 60, la grande route qui relie Jérusalem à Hébron.
« La vie de paysan est devenue pénible, dit Souad. Nous travaillons dur, très dur, dans des conditions difficiles, et nous recevons peu en retour. On tue nos chèvres et on détruit nos arbres. Mais nous ne pouvons pas quitter nos terres : ce sont elles qui nous permettent de vivre, et l’olivier béni est notre symbole sacré. »
Des paysannes et des paysans comme Souad peuvent tirer profit de toute aide qui leur est accordée pour garder vivantes et la terre palestinienne et leur espérance. C’est cela, la mission de la Campagne de l’olivier.
Action
Plantez un arbre dans votre jardin ou devant votre maison, votre église ou votre institution, comme geste de solidarité avec la Palestine, et appelez-le « Arbre d’espoir pour la paix dans la justice pour le monde entier, une idée de paysans palestiniens ». Inscrivez le nom sur un panneau planté devant l’arbre, bien visible par tous.
Vous pourrez aussi parrainer un olivier en Palestine. Un parrainage de 20 € couvre le prix d’un jeune plant, son acquisition, sa plantation et l’information des paysans sur les meilleures techniques d’amélioration de la culture de l’olivier, …ainsi qu’un certificat officiel, une étiquette avec le nom du parrain qui sera visible dans le champ où l’arbre sera planté, et divers autres coûts liés au projet.
Chaque parrain recevra un certificat de reconnaissance de l’Initiative Commune de Plaidoyer ou de l’organisation partenaire dans le pays du donateur. Les enregistrements de parrainages sont accessibles en ligne, les parrains pourront alors taper leur nom et savoir où exactement leur(s) arbre(s) sera/seront plantés. Vous pouvez aussi écrire à : olivetree@jai-pal.org
Pour parrainer un olivier il suffit d’aller sur le site suivant et suivre les instructions : http://www.jai-pal.org/index.php/en/campaigns/olive-tree-campaign/sponsor-trees
Que vous plantiez votre arbre ou que vous en parrainiez un, ou que vous fassiez l’un et l’autre, prenez des photos et faites savoir ce que vous avez fait pour encourager d’autres à faire de même. Diffusez vos photos sur les médias sociaux avec le message « J’ai planté/parrainé cet arbre pour les paysans palestiniens. » Joignez un lien vers cette page du site web de Kumi Now avec les hashtags #TreeofHope, #KumiNow, et #Kumi21. 
Un texte de Tawfiq Zayyad : ‟Sur le tronc d’un olivier”
Parce que je pourrais me faire arrêter n’importe quand, et que ma maison pourrait recevoir la visite de la police pour une fouille et une ‘purge’,
Parce que je ne peux pas me permettre d’acheter du papier, je graverai tout ce qui m’arrive et tous mes secrets dans l’écorce de l’olivier de mon jardin.
Je graverai mon histoire, le récit de ma tragédie et de mes soupirs sur ma terre et sur les tombes de nos morts.
Et je graverai toute l’amertume à laquelle j’ai goûté, afin qu’elle soit effacée par un dixième seulement de la douceur qui reste encore à venir.
Je graverai le numéro d’enregistrement de chaque parcelle de terrain qu’on nous a volée.
Et l’endroit où se trouve mon village, et ses limites.
Et les maisons qui ont été détruites.
Et mes arbres qui ont été déracinés.
Et chaque fleur sauvage qui a été foulée aux pieds.
Et les noms de ceux qui excellaient dans l’art de jouer avec mes nerfs et de me couper le souffle.
Et les noms de mes prisons.
Et la marque des menottes qui ont été fermées sur mes poignets.
Et les fiches de mes errances.
Et chacune des insultes qui ont été déversée sur ma tête.
Et je graverai : Je n’oublierai jamais Kafr Qasim.
Et je graverai : Le souvenir de Deir Yassin est enraciné en moi.
Et je graverai : Nous avons atteint le comble du malheur, il nous a épuisés, mais nous le vaincrons.
Et je graverai tout ce que me dira le soleil.
Et ce que me murmurera la lune.
Et ce que dira l’oiseau perché sur le puits, le puits où les amoureux ne sont jamais revenus.
Afin de ne pas oublier, je continuerai à graver sur l’olivier du jardin de ma maison toutes les pages de ma tragédie, et toutes les phases de la Catastrophe, depuis la façon dont elle commencé jusqu’à la catastrophe totale qui nous frappe maintenant.
« Sur le tronc d’un olivier » de Tawfiq Zayyad, homme politique palestinien, ancien membre de la Knesset israélienne et bien connu pour sa « poésie de protestation ».
Ressources (en anglais)
Vous trouverez la campagne de JAI “Gardez vivant l’espoir” sur :
http://www.jai-pal.org/en/campaigns/olive-tree-campaign
Des publications utiles avec toutes sortes d’informations complémentaires sur JAI sont disponibles sur
http://www.jai-pal.org/en/publications-information/jai-publications
Un livret sur la plupart des sujets ayant trait aux oliviers, y compris sur les attaques de l’armée israélienne et des colons à leur encontre, est disponible sur :
jai-pal.org/images/OTC_Booklet2016.pdf
Restez informés sur les attaques israéliennes contre les terres, les agriculteurs et les arbres de Palestine à l’aide du catalogue d’observation de JAI :
jai-pal.org/index.php/en/?option=com_content&view=category&id=38&Itemid=367
Retrouvez les récits des paysans victimes des politiques et pratiques israéliennes sur :
jai-pal.org/index.php/en/campaigns/olive-tree-campaign/campaign-farmers-stories




Traduit par les Amis de Sabeel France

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