Kumi Now Année 2
Semaine 22 : du 17 au 23 mars 2020
Al-Haq et l’exploitation des
ressources naturelles dans les territoires palestiniens occupés
La Cisjordanie est
riche en ressources naturelles. Pourtant, du fait de l’occupation israélienne
et du contrôle qu’Israël exerce sur les territoires palestiniens occupés,
l’accès des Palestiniens à leurs ressources naturelles est entravé. Al-Haq
alerte l’opinion publique sur l’impact que produit l’exploitation par Israël de
leurs ressources naturelles sur la vie des Palestiniens, tant au plan
individuel que collectif. Voici ce que devez savoir et ce que vous pouvez faire
pour que nous puissions nous lever (Kumi !) ensemble.
Organisation
Al-Haq a été
créée en 1979 comme organisation non gouvernementale indépendante palestinienne
de droits humains, avec pour objectif la protection et la promotion des droits
humains et le respect du droit dans les territoires palestiniens occupés. Les
enquêtes et les plaidoyers d’Al-Haq concernent
entre autres l’économie et les droits humains. L’organisation analyse et interpelle
sur les liens entre des intérêts commerciaux et l’État d’Israël qui, en sa
qualité de puissance occupante, exploite les ressources naturelles des
territoires occupés au profit d’entreprises israéliennes et internationales.
Les dirigeants
israéliens et leurs entreprises de gestion de l’eau répandent le mythe selon
lequel ils auraient fait « fleurir le désert », alors que la
Palestine a été tout au long de son histoire un pays riche en eau. Le rôle
central de l’occupation israélienne et sa politique systématique d’accaparement
des ressources palestiniennes en eau sont ignorées, alors qu’elles produisent
une situation générale de manque d’eau pour les communautés palestiniennes. Qui
plus est, Mekorot et d’autres
entreprises israéliennes ont conclu quantité d’accords et de partenariats dans
le monde entier en mettant en avant leur « expertise » dans la
gestion de l’eau et dans les technologies liées à cette gestion.
Al-Haq vous
invite cette semaine à vérifier si votre pays ou votre État a passé des accords
avec Mekorot, et si c’est le cas,
à :
·
informer vos responsables
gouvernementaux de l’exploitation par Israël des ressources naturelles
palestiniennes, et de votre inquiétude face au risque de violation du droit
international par Israël et les compagnies de gestion de l’eau.
·
engager un dialogue avec des
entreprises de votre région qui pourraient coopérer avec des entreprises
israéliennes de gestion de l’eau, et souligner leur responsabilité au regard
des principes directeurs des Nations Unies sur le commerce et sur les droits
humains.
·
organiser une campagne pour sensibiliser
votre communauté à l’occupation israélienne et aux droits humains fondamentaux,
dont le droit d’accès à l’eau, droits qui sont violés quotidiennement.
Vous trouverez Al-Haq (en anglais) sur son site web http://www.alhaq.org/ , ou sur Facebook à l’adresse https://www.facebook.com/home.php#!/alhaqorganization, sur Twitter à l’adresse https://mobile.twitter.com/alhaq_org, ou encore sur YouTube http://www.youtube.com/user/Alhaqhr.
État des lieux
La
zone C, qui comprend 60% de la Cisjordanie, est intégralement sous contrôle
israélien. C’est dans cette zone que se trouvent la plupart des ressources
naturelles palestiniennes : les terres fertiles, les minéraux de la Mer
Morte, les ressources en eau, et les carrières. En raison du contrôle d’Israël
sur cette zone, les Palestiniens n’ont qu’un accès limité, ou pas d’accès du
tout, à ces ressources. C’est ainsi que tout le rivage de la Mer Morte, en
territoire palestinien occupé, est sous
contrôle israélien. Les Palestiniens ne peuvent y accéder qu’en passant par les
plages réservées aux colonies israéliennes, et ce moyennant le paiement d’un
droit d’entrée. Le système discriminatoire imposé par Israël aux habitants
palestiniens de la zone C les met dans l’impossibilité d’exploiter leurs propres
terres. Selon l’Office des Nations Unies pour la Coordination des affaires humanitaires
(OCHA), Israël n’a accordé que 1,5% des permis qu’ils ont demandés entre 2010
et 2014.
En
même temps, les colonies israéliennes prolifèrent dans cette même zone C. Illégales
au regard du droit international, elles sont construites sur des terres prises
aux Palestiniens et alimentées par de l’eau palestinienne. En plus des colonies
résidentielles, Israël installe dans cette zone des fermes, des usines et des
carrières, qui exploitent encore davantage les ressources disponibles. Les
revenus ainsi générés permettent aux colonies de se développer encore davantage
et d’accaparer encore plus de ressources. Un véritable cercle vicieux !
L’eau : un élément d’accélération
de l’occupation israélienne
L’ancien
Premier ministre israélien Ariel Sharon avait dit les choses très
clairement : « Est-il possible aujourd’hui de concéder le contrôle de
la nappe aquifère de Cisjordanie alors qu’elle fournit un tiers de notre
eau ? Ou de concéder la zone tampon de la vallée du Jourdain ? Ce
n’est certainement pas par hasard que les colonies sont situées là où elles le sont ».
Alors
que la Palestine est riche en eau et qu’elle reçoit un niveau annuel élevé de
pluies, la politique et les pratiques israéliennes ont eu pour effet, dès les
débuts de l’occupation, que toutes les communautés palestiniennes des
territoires occupés manquent d’eau. Suite à la guerre de 1967, avec l’occupation
du territoire palestinien, Israël a mis la main sur l’ensemble de ses
ressources en eaux de surface et en eaux souterraines, et les a contrôlées. Très
rapidement, une série d’ordres militaires ont encore accru son contrôle sur ces
ressources.
Israël
a constamment surexploité à son propre avantage les ressources en eau, tout en en
limitant l’accès aux Palestiniens. Pour obtenir l’eau dont ils ont besoin, les
Palestiniens de la zone C sont obligés de l’acheter à des sociétés privées
israéliennes, à des tarifs très élevés, -à moins de réaliser ‘illégalement’ des
infrastructures hydrauliques sans permis israéliens, permis de toute façon difficiles
à obtenir. De telles infrastructures sont ensuite régulièrement détruites par les
soldats israéliens. Les communautés palestiniennes reliées à un réseau d’eau
peuvent quant à elles être victimes de coupures d’approvisionnement : la
compagnie nationale israélienne des eaux Mekorot
réduit souvent l’approvisionnement en eau
des Palestiniens pendant les mois d’été, jusqu’à 50% parfois de la quantité
à laquelle ils ont droit, pour satisfaire la demande de leurs propres colonies.
Et environ 200 000 Palestiniens de Cisjordanie n’ont aucun accès à un quelconque réseau de fourniture d’eau.
Par
ailleurs, les colons israéliens, qui sont systématiquement reliés au réseau de
distribution d’eau, paient leur eau à un prix minimal. Il en résulte que les
quelque 600 000 colons israéliens de Cisjordanie consomment six fois plus
d’eau que l’ensemble des 2,8 millions de Palestiniens. Cette situation d’allocation
inéquitable et discriminatoire en eau entre Israéliens et Palestiniens a été
qualifiée d’« apartheid en matière d’eau ».
Le récit de Na’imah Mohammed Dabak, du village d’Al-‘Aqaba
« J’habite
le village d’Al-‘Aqaba, à l’est de la ville de Tuba dans le nord de la vallée
du Jourdain. Je vis avec ma famille dans une maison de briques et de ciment.
Nous sommes douze à vivre dans la même maison.
Nous
manquons d’eau dans le village, car il n’y a ni approvisionnement public en eau
ni de source à Al-‘Aqaba. Les autorités israéliennes d’occupation et Mekorot, la compagnie israélienne des eaux,
ont refusé de mettre en place un réseau d’adduction d’eau pour les maisons du village. Je dois donc
aller acheter de l’eau du district d’Ein Al-Far’a, à environ 14 kilomètres au
sud-ouest d’Al-‘Aqaba. Des camions citernes transportent alors l’eau jusqu’au
village, mais elle est très chère : chaque mètre cube nous coûte près de
15 NIS (shekels israéliens, environ 3,7 €). Il me faut acheter de l’eau tous les
dix jours. Un camion-citerne peut transporter 10 mètres cubes d’eau pour un
coût de 150 NIS (environ 37 €).
Cette
situation est pour moi à la fois une grande souffrance et une importante charge
financière, surtout en été quand je dois payer 450 NIS (environ 110 €) par mois
pour acheter de l’eau. Tous les habitants d’Al-‘Aqaba ont ce problème. Les responsables
de nos souffrances sont les autorités israéliennes d’occupation et la compagnie
israélienne des eaux Mekorot, parce
qu’elles ne nous autorisent pas à installer nos propres canalisations d’eau.
Selon
les autorités israéliennes d’occupation, le village d’Al-‘Aqaba est considéré
comme zone militaire fermée, dans
laquelle toute construction et toute résidence est interdite. C’est pour cette
raison qu’elles refusent toute installation de canalisation aux habitants, et aussi
tout accès au réseau de Mekorot. Si cela
était autorisé, un mètre cube d’eau nous coûterait seulement de 3 à 4 NIS
(environ 1 €). Je fais de mon mieux pour ne pas gaspiller une seule goutte
d’eau. Par exemple je récupère pour l’irrigation l’eau avec laquelle nous faisons
notre toilette, et j’utilise au mieux l’eau que j’achète. Ni moi ni les membres
de ma famille ne l’utilisons pour prendre un bain, ou faire la lessive ou tout autre
usage domestique.
À cause
des conditions économiques difficiles que nous connaissons au village
d’Al-‘Aqaba, je ne peux pas me permettre d’acheter régulièrement de l’eau à un
prix aussi élevé. Nos revenus sont trop faibles. Je stocke l’eau achetée dans
un puits près de ma maison, et nous la pompons dans des réservoirs sur le toit
à l’aide d’une pompe électrique, au prix de coûts supplémentaires, …alors que
l’eau serait accessible à travers les conduites de la société Mekorot qui passent tout près du village !
Mais les autorités israéliennes et Mekorot
nous interdisent d’en utiliser ne serait-ce qu’une goutte. »
Extrait de la déclaration n° 8553/2013 d’Al-Haq :
témoignage de Na’imah Mohammed Dabak, habitant du village d’Al-‘Aqaba, dans le gouvernorat
de Tubas, le 20 avril 2013.
Action
Cette
semaine, amenez vos amis, votre famille et vos collègues de travail à
s’interroger et s’impliquer. Chaque fois qu’on vous proposera un verre d’eau,
prenez deux verres mais laissez-en un vide. Si quelqu’un vous demande pourquoi
vous gardez un verre vide, expliquez comment l’eau palestinienne est volée et dites : « C’est
le verre de mon ami palestinien qui n’a pas d’eau. »
Publiez
la photo de votre verre vide avec le message « Cessez de voler l’eau palestinienne. Respectez le droit
international ! ». Adressez votre message à Mekorot : @ems.mekorot sur
Facebook (https://m.facebook.com/ems.mekorot/) et à
@EMS_Mekorot sur Twitter (https://www.twitter.com/EMS_Mekorot).
Ajoutez un lien vers le site web de Kumi
Now avec les hashtags #StopMekorot, #KumiNow, et #Kumi22. Puis adressez un
fax à la direction de Mekorot, la
compagnie nationale des eaux d’Israël, avec le message « Cessez de voler l’eau palestinienne. Respectez le droit
international ! » Le numéro de fax de Mekorot est +972-3-6230833. N’hésitez pas à y ajouter votre propre
message. Vous pouvez aussi adresser un courriel à ‘’customer-services@mekorot.co.il.
Un texte : “Passeport”, de Mahmoud Darwish
Ne me
donnez pas en exemple une nouvelle fois !
Oh,
messieurs, prophètes,
Ne
demandez pas leurs noms aux arbres
Ne
demandez pas aux vallées qui est leur mère
De
mon front jaillit l’épée de lumière
Et
de ma main bondit l’eau de la rivière
Mon
identité c’est le cœur de chacun
Alors
emportez mon passeport !”
Extrait de ‟Passport” de Mahmoud Darwish, considéré comme le
poète national palestinien. Le poème entier est sur https://www.palestineadvocacyproject.org/passport/.
Ressources (en anglais)
“Facts on the Ground: How Natural Resources Fuel the
Occupation” sur le site interactif de Al-Haq https://medium.com/@alhaq/facts-on-the-ground-542fb4d17d08
“Water For One People Only: Discriminatory Access and
‘Water-Apartheid’ in the OPT” de Al-Haq 2013, sur http://www.alhaq.org/publications/Water-For-One-People-Only.pdf
“Environmental Injustice in Occupied Palestinian Territory: Problems
and Prospects,” de Al-Haq 2015, sur http://www.alhaq.org/publications/publications-index/item/environmental-injustice-in-occupied-palestinian-territory
“Bluewashing
Around the USA, Alliance for Water Justice in Palestine” 5 octobre 2016, sur http://waterjusticeinpalestine.org/blog/2016/10/4/bluewashing-around-the-usa
Vidéos:
“5 Facts About
Israeli Water Abuse” de Jewish Voice for Peace : https://www.stopthewall.org/new-video-5-facts-about-israeli-water-abuse
“Water in the
Jordan Valley : Dangerous Reality and Dark Future”: https://youtu.be/N98szWbxoOQ
Traduit par les
Amis de Sabeel France
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