Kumi Now Année 2 Semaine 23 : du 24 au 30 mars 2020
Terres agricoles
de Gaza et Suivi des aides internationales
Partout dans les territoires palestiniens occupés,
les agriculteurs palestiniens sont affrontés à quantité de problèmes dont ils seraient
heureux de pouvoir se passer, comme la violence des colons, la destruction des
oliviers, les confiscations de terres par l’armée, la pollution industrielle provenant
d’usines israéliennes, les murs et les postes de contrôle qui les empêchent d’aller
cultiver leurs terres. Les agriculteurs de Gaza ont été particulièrement
affectés par les destructions commises lors de l’offensive israélienne de 2014.
« Aid Watch Palestine (AWP) », en français « Suivi des aides
pour la Palestine », assure un suivi des diverses aides financières
internationales destinées à porter assistance aux agriculteurs de Gaza. Voici
ce qu’il vous faut savoir sur l’état des terres agricoles à Gaza et ce que vous
pouvez faire pour que, tous ensemble, nous puissions nous lever (Koumi !)
et réagir.
Organisation
« Suivi
des aides pour la Palestine » est
une initiative palestinienne indépendante qui encourage et soutient les efforts
pour rendre l’aide internationale plus utile aux Palestiniens, Ã commencer par
la reconstruction de la Bande de Gaza. Elle invite la communauté palestinienne
et les acteurs locaux et internationaux, publics et privés, qui lui offrent
leur aide, à s’associer à elle pour un examen critique et constructif de ce
qu’il convient de faire. Avec elle, nous pouvons nous servir de cette aide pour
faire progresser la cause palestinienne et privilégier des solutions à long
terme.
Pour atteindre cet objectif, l’initiative ‘Suivi des aides pour la Palestine’
veille à ce que :
- l’information relative à cette aide soit
disponible et accessible. Elle plaide pour qu’une information actualisée,
précise et exploitable, soit à la disposition du public, en arabe et en
anglais.
- le discours palestinien sur l’aide soit à la
fois critique et constructif. C’est pourquoi elle invite toutes les parties de
la société palestinienne à faire une analyse critique des projets d’aide.
- les Palestiniens connaissent leurs droits Ã
l’aide et soient en mesure de les revendiquer. C’est pourquoi elle informe les
Palestiniens sur les modalités de fonctionnement des diverses possibilités
d’aide, et aussi sur la meilleure façon de présenter des critiques en vue d’une
politique d’aide plus efficace.
- les acteurs de cette aide remplissent les
objectifs annoncés et en supportent les conséquences si ce n’est pas le cas. Elle
les encourage à agir en conformité avec le droit international et les règlements
communément en usage, en vue d’arriver à une situation où l’aide ne sera plus
nécessaire.
- les gens qui prennent position soient soutenus
dans leurs engagements. Elle s’efforce de construire une communauté de
Palestiniens et d’acteurs internationaux tous épris de justice, déterminés Ã
améliorer l’aide à la Palestine et à d’autres endroits de ce monde, dans la
pleine conscience de tous les enjeux.
Vous pouvez trouver ‘Suivi des aides
pour la Palestine’ en anglais sur son site http://www.aidwatch.ps/, et
aussi sur Facebook https://www.facebook.com/AidWatchPalestine, sur
Twitter http://www.twitter.com/@AidWatchPS, et
sur YouTube https://www.youtube.com/channel/UCMZDACjc_yLv-D2bUrqyi8w.
La situation
Le bombardement israélien de la Bande de Gaza
au cours de l’été 2014 a eu des conséquences profondes et durables sur le
secteur agricole de Gaza. Selon une fiche technique sur les pertes du secteur
agricole publiée par l’ONG palestinienne PNGO, 57 km² de terres agricoles, soit
environ 29 % de l’ensemble des terres agricoles de la Bande de Gaza, ont alors
été détruites. Cette destruction énorme s’est traduite par des pertes financières
considérables pour des fermiers qui se battaient déjà contre le blocus brutal
imposé par Israël. PNGO estime le total des pertes dans le secteur agricole suite
aux bombardements israéliens à environ 490 millions d’euros.
‘Suivi
des aides pour la Palestine’ estime
que 60 millions d’euros d’aide financière ont été dépensés pour couvrir une
partie des dégâts que la guerre a causés au secteur agricole. La majeure partie
des aides allait aux victimes de l’agression : les petits fermiers, les pêcheurs
et les éleveurs.
Fiche
technique (en anglais) : « Effets sur le secteur agricole de Gaza de
l’offensive israélienne de l’été 2014 et du délai de la reconstruction »,
sur http://pngoportal.org/en/266.html
L’histoire de Mosaad Khalaf Habib
Nous avions les pieds pris dans la boue des
terres agricoles le long de la frontière Est de Gaza. Je n’ai pu éviter la
chute. Je me suis relevé, ai essuyé les taches de boue sur mes vêtements et poursuivi
la marche à travers les 25 hectares de terres agricoles que le ministère des Awqaf (dotations religieuses) loue à des
fermiers. L’un de ceux-ci, Mosaad Khalaf Habib, accompagnait ‘Suivi des aides pour la Palestine’ Ã
travers ces terres agricoles pour évaluer avec précision les pertes des
fermiers et assurer un suivi du programme de reconstruction de la Bande de
Gaza.
Habib déclare : « J’avais en 2014 des plants d’aubergine, de poivrons et de tomates
qui ont tous été détruits. J’ai obtenu en cette même année 2014 un relevé
financier écrit estimant mes pertes à environ 13 000 euros, mais cela est
resté lettre morte car aucune indemnisation financière n’a été versée au
secteur agricole. On a imputé le problème à la division entre les « deux
gouvernements » palestiniens, celui de Cisjordanie et celui de la Bande de
Gaza : Le gouvernement de Ramallah refuserait d’envoyer l’argent pour que
le gouvernement de Gaza ne s’en empare pas. Comme vous voyez, les victimes en ont
été les fermiers, surtout ceux qui vivent le long de la frontière. »
Il poursuit : « Depuis 2000 et le début de la deuxième Intifada, personne ne
pouvait accéder à ce demi-hectare qui est situé tout près de la frontière Est.
Lors de la guerre de 2008, ces zones tampons étaient régulièrement occupées par
les forces israéliennes. Leurs chars et leurs bulldozers traversaient nos
champs et les labouraient, et ils bombardaient notre puits. Nous avons fourni
toutes les informations mais n’avons reçu aucune indemnité en retour. Tous les
fermiers d’ici ont coopéré pour réparer le puits et reprendre leurs activités.
Cela nous a coûté environ 20 000 NIS (environ 5 000 euros). »
« Lors
de la guerre contre Gaza en 2014, poursuit-il, les Israéliens ont de nouveau
bombardé le puits ainsi que les terres agricoles et les réseaux d’irrigation.
La Croix Rouge et d’autres organisations ont évalué nos pertes, mais ne nous
ont rien donné à ce jour. Nous recommençons à zéro afin de pouvoir nourrir nos
familles. Lorsqu’ils viennent évaluer nos pertes, ils enregistrent tout ce qui a
été endommagé : les maisons, les terres, les voitures. Puis ils nous allouent
sur le papier une certaine somme d’argent à hauteur de nos pertes …et cela reste
lettre morte, comme je l’ai déjà dit. Alors que les fermiers ont un besoin
crucial d’indemnisation financière réelle pour pouvoir continuer Ã
travailler. »
Il ajoute : « Il y a beaucoup de terres fertiles, mais pas de réseaux
d’irrigation opérationnels, donc nous ne pouvons pas les exploiter. En 2016,
j’ai dépensé 30 000 NIS (environ 7 700 euros) pour installer un
réseau d’irrigation sur mes 20 dunams (2 hectares) de terres. Mais le revenu
des récoltes ne couvre pas une telle dépense et ne me permet pas de nourrir ma
famille. Mes dettes augmentent. L’une des sociétés me doit encore 3 000
NIS (environ 770 euros) mais ne peut pas me les payer. Mais si moi je ne paye
pas mes dettes, je dois cesser mon travail. Et je n’ai que 48 ans ! »
La famille d’Habib compte 12 personnes :
5 garçons, 6 filles, et son épouse. « Et
en plus, ajoute-t-il, les produits
chimiques répandus par les missiles israéliens ont brulé et fragilisé nos
terres. En 2008 déjà , les Israéliens avaient rasé tous les arbres du secteur, obligeant
à chaque fois les fermiers à repartir à zéro. Cette année encore, les récoltes
seront réduites du fait des pratiques israéliennes injustes : ils ont
répandu des produits chimiques destructeurs sur nos récoltes, et quand nous
avons repris le travail ils les ont inondées. Nous en appelons au ministère de
l’Agriculture et aux gouvernements de Ramallah et de Gaza pour qu’ils nous
aident et nous indemnisent pour toutes les pertes que nous avons subies, afin
que nous puissions continuer à travailler et payer nos dettes. »
De
Reem Mohamed Ja’rour. Traduit de l’arabe par Ahmed Sedom .
Action
Cette semaine, nous vous proposons d’écrire en
gros caractères #OuvrezGaza sur tout
billet de banque qui vous passera entre les mains. Plus il y aura de billets de
banque en circulation avec ce message, plus il y aura de gens à le voir.
Respectez cependant dans la mesure du possible les lois en vigueur. Vous pouvez aussi écrire #OuvrezGaza sur chaque document que vous émettez,
sur chaque ordonnance que vous rédigez, sur vos cartes de visites ou vos
courriels… Prenez-en des photos et envoyez-les aux médias sociaux avec un lien vers
cette page du site Kumi Now et les hashtags #OpenGaza, #KumiNow, et #Kumi23.
C’est
une action que vous pouvez mener tout au long de l’année. Faites imprimer #OuvrezGaza / #LibérezGaza sur votre prochaine commande de cartes de visite, et diffusez
vos idées sur les médias sociaux avec ces mêmes hashtags et les mêmes liens.
Un texte : ‟Le gardien des semences”, de Fawaz Turki
Brûlez notre terre
brûlez notre rêve
versez de l’acide sur nos chants
couvrez de sciure
le sang de notre peuple massacré
étouffez par votre technologie
les cris de nos patriotes emprisonnés,
détruisez
détruisez
notre herbe et notre sol
rasez jusqu’au sol
chaque ferme et chaque village
qu’avaient construits nos ancêtres
détruisez chaque cité et chaque ville
chaque arbre et chaque maison
chaque livre et chaque loi,
écrasez de vos bombes
chaque vallée,
effacez par vos édits
notre passé
notre littérature
nos métaphores,
dénudez les forêts
et la terre
jusqu’Ã ce qu’aucun insecte
aucun mot
ne puisse trouver où se cacher.
Faites cela et davantage encore,
je ne crains pas votre tyrannie.
Je garde une graine
d’un arbre
que mes ancêtres avaient sauvé
et je le replanterai
dans ma patrie.
De
Fawaz Turki, poète, essayiste, auteur et commentateur de Haïfa. Publié dans
‘Anthology of Modern Palestinian Literature’, édité par Salma Khadra Jayyusi.
Ressources : des vidéos en anglais :
“‘Farming in Despair’
– Water for Agriculture in the Gaza Strip”, de EWASH Palestine: https://youtu.be/i2GyzIVPVV4
“Farming in Khuza’a,
Gaza Strip” de Gal*la: https://youtu.be/pez5zVJyEJA
“The Struggle of
Palestinian Farmers Under Occupation” de AJ+: https://youtu.be/mWEBQxyxHcQ
“A Day in a Farmer’s
Life” de Islamic Relief: https://youtu.be/JZ4qPGCze40
“Israeli Factories
Damaging Palestinian Farms” de Al Jazeera English: https://youtu.be/_JPwkRhHcd0
“Helping Palestinian
Farmers Get Back on Their Feet” de EU Civil Protection & Humanitarian Aid
Operations : https://youtu.be/jUUT5jQK5Zc
“Palestinian Farmers
Return to Their Land” de Al Jazeera English: https://youtu.be/gHXAaKzlfSI
“The Gaza Strip is
Drowning in Polluted Water” de MA’AN Center: https://youtu.be/vdJ1ava3sgw
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