Dans un rapport publié le 8 mars
2016 par le célèbre Pew Research Center (Centre de recherche américain) sous le
titre “Israel’s Religiously Divided Society” (“La société d’Israël divisée sur
le plan religieux”), il apparait que près de la moitié de la population juive
israélienne soutient l’idée d’expulser ou de déplacer les arabes hors d’Israël.
En réaction, le Président de l’État d’Israël Reuven Rivlin a insisté pour que
les “décideurs d’Israël soient mis en face de cette enquête”, et il a déclaré
qu’elle “doit servir de signal d’alarme pour la société israélienne, afin de
susciter examens de conscience et réflexion morale.” (Times of Israël du 8 mars
2016). L’étude a montré que la société israélienne est profondément divisée au
plan social, politique et religieux. Elle a montré qu’Israël aujourd’hui est
moins démocratique, moins égalitaire, moins libre que jamais.
Le rapport montre que l’une des
principales questions auxquelles est affrontée la société israélienne concerne
l’occupation israélienne de la Palestine et l’avenir du processus qui devrait
finalement aboutir à la justice et à la paix pour les Israéliens comme pour les
Palestiniens. En attendant, la résistance palestinienne continue, qualifiée de
“l’intifada des couteaux”. Cela fait cinq mois que cela dure au cours desquels
plus de trente Israéliens, quatre internationaux, et plus de cent quatre-vingt
Palestiniens ont été tués. Les deux tiers des Palestiniens ont été abattus
alors qu’ils attaquaient, à ce que l’on prétend, des Israéliens tandis que les
autres ont été tués lors d’affrontements entre des jeunes et l’armée
israélienne.
Nous continuons à crier comme
les prophètes “jusqu’à quand Seigneur” (cf. Habakuk 1, 2 – Zacharie 1, 12 – Apocalypse
6, 10). Nous répétons, une fois de plus, qu’en tant que disciples du Christ
nous condamnons la violence d’où qu’elle vienne. La violence est violence et ne
fait qu’engendrer plus de violence. Nous qui sommes créés à l’image et à la
ressemblance de notre Père, devons apprendre une autre voie de résolution du
conflit.
Pourquoi ce conflit s’est-il
prolongé aussi longtemps ? Est-il réellement si compliqué ? Les juifs
de Palestine et du monde entier ont réussi à constituer un État en 1948 sur 78%
du territoire de la Palestine. Les Palestiniens n’ont pas réussi à constituer
un État. En 1967, Israël a occupé le reste de la Palestine, les 22% restant.
Ces territoires sont encore occupés, encerclés ou assiégés. Un État palestinien
n’existe que sous forme de rêve. Un grand nombre d’Israéliens déclarent qu’ils
ne veulent pas être des occupants et les Palestiniens exigent une fin à
l’occupation.
L’arrêt de l’occupation dépend
largement de l’occupant. Pourquoi Israël n’agit-il pas pour mettre fin à
l’occupation ? C’est seulement la fin de l’occupation qui mettra enfin un
terme à la violence, à la violence de l’occupant comme à celle de l’occupé.
L’occupant parle de la provocation suscitée
par l’occupé. Cela peut-il réellement justifier le maintien de
l’occupation ? Ce qu’ils appellent provocation comprend ce que les parents
disent à leurs enfants de l’histoire de leur peuple, des origines et du
développement toujours actuel de l’exil palestinien. Les Palestiniens disent en
effet à leurs enfants qu’Israël est l’ennemi, et les Israéliens disent
exactement la même chose à leurs enfants. C’est triste, mais nous sommes en
guerre. De toute façon, ce n’est pas la provocation qui est la cause
fondamentale du problème.
La cause première du problème
est l’occupation, qui est la privation de liberté et de dignité humaine. La
seule façon de mettre un terme à ce que l’on considère comme de la provocation
et à ce qui est enseigné aux nouvelles générations sur l’“ennemi” est de mettre
fin à l’occupation. Seul l’occupant peut faire cela !
Il y a ceux qui parlent de paix
et qui recherchent le dialogue. Il y a ceux, des deux côtés, qui malgré tout refusent
de cesser de rêver. Nous les accueillons chaleureusement et nous les
embrassons. Pourtant, sur le terrain, des décisions se prennent qui renforcent
la séparation, la discrimination, l’exclusion et l’exil. Malgré les paroles
d’espoir de certains, les lois, les décisions militaires, la démagogie de
politiciens, les assassinats, les arrestations, les confiscations de terres,
les séparations des familles et les frustrations quotidiennes ont conduit au
désespoir et à l’explosion de violence, en particulier chez les jeunes qui sont
persuadés qu’ils n’ont rien à perdre, parce qu’ils ne se voient aucun avenir.
Nous sommes appelés à nous
exprimer encore et encore. Nous n’avons de force ni politique ni militaire,
mais nous avons des voix dont nous devons nous servir pour nommer les choses
par leur nom et pour faire appel à la responsabilité. Nous avons la
responsabilité de rappeler à tout un chacun que nous sommes tous des êtres
humains. Nous pleurons chaque mort par violence, des deux côtés. Il nous faut
constamment redonner vie au rêve qu’il peut y avoir une paix et une justice
pour tous. Nous croyons en un royaume de Dieu qui est déjà parmi nous et qui ne
s’est pas encore manifesté. Dans ce royaume, il n’y a aucun ennemi, mais
seulement des frères et un Père aimant. Dans ce royaume, il n’y a pas de
frontières, ni de murs ni de clôtures mais seulement une terre sacrée dans
laquelle les gens parlent de paix les uns avec les autres. Nous refusons de
garder le silence et nous refusons de cesser d’espérer.
L’Assemblée des Ordinaires de Terre sainte a été créée à l’initiative
du Délégué apostolique à Jérusalem pour stimuler l’unité au sein de l’Église de
Terre sainte. Il comprend les Ordinaires catholiques des divers rites dont la
juridiction s’étend au territoire de la Terre sainte. Le Saint Père, le pape
Jean-Paul II, en a approuvé les statuts le 27 janvier 1992. Elle vise à
coordonner à la fois le témoignage de l’Évangile et le service de la
communauté, à étudier les problèmes communs, à encourager les échanges
d’information et d’expérience, et à créer des programmes pastoraux communs pour
le bien de toute l’Église.
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