Chers amis,
Le livre de témoignage
de la Palestinienne Jean Zaru que nous avons traduit est paru aux éditions
Riveneuve, sous le titre « Occupés,
mais Non-Violents ». Vous trouverez ci-dessous le texte de la préface.
Son prix est de 15 €. Je peux vous l’adresser contre un chèque de 19 €, à l’ordre des Amis de Sabeel France, compte tenu du coût d’expédition par la
poste.
Fraternellement, Fred
Lucas.
Voici mon adresse :
9 rue Henri Prou
78340 Les Clayes
sous Bois Tél. 01 30 55 36 17
PRÉFACE
Voici un livre-témoignage sur la vie en Palestine occupée, dont le poids
et la crédibilité se fondent sur la fidélité de l’auteur à des valeurs de paix,
de justice et d’amour pour tous les hommes en référence aux enseignements du
Christ. Jamais Jean Zaru ne se laisse aller à des mouvements de haine, jamais
elle n’accepte le recours à la violence. Ce livre est un plaidoyer pour la
justice, une justice qu’elle nous montre bafouée depuis la guerre de 1948 et
plus encore depuis la guerre de 1967 et l’occupation.
Jean Zaru s’affirme, dans l’ordre, comme
palestinienne, femme palestinienne, femme chrétienne palestinienne… et aussi
comme quaker et pacifiste. Elle appartient à un peuple dont la moitié des
membres ont été déracinés et expulsés de
leurs maisons, d’un peuple en quête
d’égalité, de justice et de liberté… Si elle milite pour la justice à l’égard
de son peuple, elle milite aussi pour l’égalité entre les femmes et les hommes
dans ce peuple où les filles ne bénéficient
ni des mêmes droits ni de la même considération que les hommes.
Chrétienne, elle souffre de la division des Églises en Terre Sainte et
s’insurge contre la prétention de certaines Églises occidentales à y exercer
une sorte d’hégémonie ; militante chrétienne, elle est membre fondatrice
du mouvement œcuménique de théologie de la libération Sabeel qui œuvre pour la
justice, la paix et la réconciliation. Chrétienne, elle se fait un devoir de
contester ceux qui invoquent la Bible pour justifier l’expropriation de son
peuple. À Ramallah (la colline de Dieu), dans un environnement musulman, le
“dialogue interreligieux” n’était pas, dit-elle, “quelque chose à part, ne se
passait pas autour d’une table. C’était tout simplement notre façon de vivre.”
Agée de neuf ans en 1948, Jean Zaru a
vécu dans sa chair toutes les péripéties du conflit depuis 1948 :
l’accueil à Ramallah des réfugiés expulsés des villes et des villages de la
côte, plus tard les affres de la guerre de 1967, puis les souffrances de
l’occupation, la première puis la deuxième intifada. Jean Zaru nous fait entrer
de plain-pied dans le quotidien des gens avec les vexations et les contraintes
quotidiennes, les fréquentes brutalités subies. Il ne s’agit pas d’un discours
politique mais d’un tableau des souffrances engendrées par une politique
d’occupation et de colonisation qui se développe au mépris du droit
international et des résolutions des Nations Unies.… avec quelquefois ses dimensions tragiques
comme la disparition de son frère aîné en 1976 au cours de la guerre du Liban.
Militante œcuménique, elle a beaucoup
voyagé dans le cadre de ses responsabilités au Conseil œcuménique des Églises
et à la Conférence Mondiale des Religions pour la Paix. Tous ces voyages
étaient l’occasion de tracasseries multiples, de « coûteux
péages », dit-elle, de la part des
autorités israéliennes d’occupation.
Ce
livre nous interpelle, nous autres occidentaux qui soutenons par notre
complicité ou par notre passivité la politique israélienne d’occupation et de
colonisation. Le message final du synode des évêques du Moyen-Orient (2010) est
plus que jamais d’actualité : « Nous avons eu conscience de l’impact
du conflit israélo-palestinien sur toute la région, surtout sur le peuple
palestinien, qui souffre des conséquences de l’occupation israélienne : le
manque de liberté de mouvement, le mur de séparation et les barrières
militaires, les prisonniers politiques, la démolition des maisons, la
perturbation de la vie économique et sociale et les milliers de réfugiés. Nous
avons aussi réfléchi sur la souffrance et l’insécurité dans lesquelles vivent
les Israéliens. Nous avons médité sur la situation de la ville sainte de
Jérusalem. Nous sommes préoccupés des initiatives unilatérales qui risquent de
changer sa démographie et son statut. Face à tout cela, nous voyons qu’une paix
juste et définitive est l’unique moyen de salut pour tous, pour le bien de la
région et de ses peuples.” Les évêques ne sont pas les seuls à considérer que
le conflit est une menace pour la paix mondiale. A la même époque, le général
américain Petraeus lui-même, qui dirigeait les opérations militaires en
Afghanistan déclarait : «La colère arabe à propos de la situation en Palestine
limite la profondeur et la solidité des partenariats entre les États-Unis et
les gouvernements et les populations de la région». En réalité, c’est aux
Occidentaux en général que les populations arabes reprochent de soutenir ou de
couvrir une situation injuste.
Aux accusations du vice-ministre
israélien des affaires étrangères Danny Ayalon qui déclarait : «Cet
important Synode est devenu une tribune pour des attaques politiques contre
Israël dans la plus belle tradition de la propagande arabe », le cardinal Tauran, ancien chef de la
diplomatie vaticane répond : «Cette réaction n’est pas nouvelle. Le
conflit israélo-palestinien, non résolu, est la mère de toutes les crises. Tant
qu’il ne sera pas résolu, la paix ne reviendra pas. On ne peut pas parler du
Moyen-Orient sans parler de cette crise non résolue.» (La Croix du 26 octobre
2010)
Plus récemment, le patriarche cardinal libanais
Bechara Rai en évoquant les violences qui secouent actuellement le Moyen Orient
déclarait devant l’ambassadeur de France au Liban, à l’occasion de la messe
traditionnelle aux intentions de la France le 6 avril 2015 : “Mais c’est
principalement sur le conflit israélo-palestinien que sont venus se nourrir
tous les intégrismes violents avec une haine vis-à-vis de l’Occident. Monsieur
l’ambassadeur, il est grand temps de rendre justice au peuple palestinien et
d’aider sans équivoque à la construction, dans notre région, d’États justes,
compétents et au service de leurs peuples”. Quelques jours plus tard dans une
conférence à l’Unesco le 25 avril, parlant des moyens de sauvegarder la
présence chrétienne au Moyen Orient, il demandait de : “Résoudre d’abord
le conflit israélo-palestinien et israélo-arabe qui est à l’origine de tous les
conflits et guerres qui embrasent le Moyen-Orient. Il y a déjà des résolutions
du Conseil de Sécurité à respecter, et d’autres à prendre”.
Ce qui est inquiétant, c’est qu’au fil du temps la situation a évolué
sans évoluer. Entre les opérations
militaires destructrices menées par Israël, les attaques du Hamas et les
tentatives du gouvernement palestinien d’obtenir une reconnaissance
internationale, le quotidien du peuple de Palestine, des habitants de la bande
de Gaza en particulier, reste toujours marqué par l’accumulation de contraintes fortes, par un
horizon sans espérance, par la révolte des cœurs. La situation, telle que nous
la décrit Jean Zaru, nous appelle à la protestation contre le manque de respect
des personnes et de la dignité d’un peuple, mais aussi à notre maintien en éveil
et à notre solidarité concrète. Quels actes saurons-nous poser pour manifester
cette solidarité ? Avec quelle force allons-nous interpeller nos
responsables politiques, religieux… ?
Marc
Stenger, évêque de Troyes, Président de Pax Christi France.
Jean-Arnold de Clermont, ancien Président de la Fédération Protestante
de France. Ghaleb Bencheikh, Président de la Conférence Mondiale des Religions pour
la Paix.
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