Message pour le jour de Noël


Nouvel espoir dans un Orient nouveau

Chaque bébé qui naît représente un nouveau commencement, le commencement d’une nouvelle vie. La naissance d’un bébé est un signe de la part de Dieu : qu’il n’en a pas encore assez de nous, qu’il croit encore en nous et nous accorde ses bienfaits malgré nos péchés et nos faiblesses. La naissance de Jésus-Christ est un nouveau commencement et un nouvel espoir, pas seulement pour une famille ou un peuple, mais pour l’humanité toute entière. Dans un monde dominé par l’oppression et la violence, nous avons un besoin urgent de contempler la lumière à venir, la lumière de la justice et de la paix. Dans un monde dominé par les puissances des ténèbres, des puissances invisibles contrôlent le destin des nations en accaparant l’argent sous couvert d’économie de marché libre. Nous avons besoin de lumière pour contrer l’obscurité et annoncer l’arrivée d’une aube nouvelle. « La lumière brille dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont point comprise » (Jean 1, 5).

Le Proche-Orient souffre, avec ses millions de réfugiés forcés à quitter leurs maisons et leurs villes pour échapper à un nouvel Hérode, d’un autre nom, qui cherche à les tuer et à les détruire. Nous prions pour que chaque réfugié puisse revenir dans sa maison et sa ville, dans l’assurance de la sécurité pour sa propre vie et celle de sa famille. Dans la douloureuse réalité qu’est le contexte de notre monde actuel, nous comprenons le sens et la puissance de la naissance du Christ comme une lumière pour les nations, une aube nouvelle sans crépuscule, un nouvel espoir qui dépasse le désespoir et le renoncement. « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu une grande lumière. Sur ceux qui habitaient le pays de l’ombre, une lumière a resplendi. » (Isaïe 9, 1)
Le Christ est né à Bethléem et, lorsque nous célébrons Noël dans la ville de Bethléem, nous pouvons dire : « Le verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous » (Jean 1, 14). À Bethléem, la lumière est venue des cieux et la voix des anges a été entendue : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre ». Ici, en Palestine, nous prions pour que Noël apporte un nouvel espoir pour la Palestine et la paix sur la terre. La bonne nouvelle de la naissance du Christ est partie d’ici vers le monde entier, et d’ici nous lançons notre plaidoyer pour la paix dans notre pays. Prions tous ensemble : « Ô Dieu, que ta paix règne dans le pays que tu as choisi pour être le tien. Tu es le Prince de la paix ; tu es la paix à laquelle nous aspirons ».
Les peuples du Proche-Orient, surtout en Palestine, en Syrie et en Irak, vivent dans des conditions tragiques. Les gens souffrent simplement parce qu’ils veulent être des citoyens vivant en paix et en sécurité. Parmi les réfugiés blessés, il y a des chrétiens et des musulmans. Tueries et destructions affectent tous les milieux. Beaucoup se demandent : y a-t-il de la lumière au bout du tunnel ? Y a-t-il une fin à la tuerie et à la destruction ? Qui se tient derrière toutes ces guerres, et les fait durer ? Les croyants lèvent leurs yeux vers le Tout-Puissant et crient « Jusqu’à quand, SEIGNEUR ? » (Ps 12, 2). En Orient, on ne demande pas : « Où est Dieu ? », mais « Où es-tu, Dieu ? ». Notre cri se transforme en prière vers Celui dont nous croyons qu’il ne nous oublie pas, qu’il n’accepte pas la souffrance de l’humanité, et qu’il ne peut pas tolérer la misère des gens. D’où viendront l’aide et le salut ?
La réponse de Dieu aux prières des souffrants a été d’envoyer son Fils, son incarnation, pour qu’il devienne comme nous, humain, pour qu’il partage notre vie, nos peines, et notre espoir en une vie meilleure dans laquelle nous sèmerions les graines du Royaume de Dieu dans ce pays. La naissance du Christ à Bethléem est la réponse de Dieu à l’anticipation du salut par l’humanité. Le Fils de Dieu est devenu l’un des nôtres : né pauvre et sans domicile ; obligé de quitter son pays et d’émigrer en Égypte pour en revenir plus tard ; obligé de fuir l’emprise du roi Hérode prêt à n’importe quel crime pour préserver son trône et son autorité. Le Christ a dû résister au mal et appeler à la repentance du cœur, il a dû restaurer la dignité de toutes les personnes pauvres et souffrantes afin que leur humanité perdue soit rétablie. Le Christ lui-même est la lumière qui brille au bout du tunnel. Il est celui qui abat les barrières qui séparent les humains les uns des autres, celui qui fait cesser la haine entre eux (cf. Ep 2, 14).
Cependant, la réponse de Dieu ne tombe pas du ciel pour résoudre tous les problèmes de l’humanité. Dieu a voulu que les hommes et les femmes participent à son œuvre, qui est de construire le Royaume de Dieu. Comme l’écrit le psalmiste : « La Vérité germe de la terre, et la Justice se penche du ciel. Le SEIGNEUR lui-même donne le bonheur, et notre terre donne sa récolte » (Ps 84, 12-13). La naissance du Christ est un message qui nous est adressé afin que nous recevions Celui qui vient en Sauveur partager notre condition, et que nous revêtions sa mission, mission de miséricorde et de justice, mission de bienveillance et de paix. Ainsi, la mission du Christ devient notre mission, et nous nous joignons à Lui pour apporter la lumière au monde et pour construire des ponts. Si le Christ est notre espérance, alors nous devrions nous aussi agir en signe d’espérance pour l’Orient souffrant. Si le Christ est notre paix, alors nous devrions nous-mêmes devenir des instruments de paix et de justice parmi nos frères et sœurs de ce monde.

Poursuivons avec la prière de Saint François d’Assise
Seigneur fais de moi un instrument de ta paix,
Là où est la haine, que je mette l’amour.
Là où est l’offense, que je mette le pardon.
Là où est la discorde, que je mette l’union.
Là où est l’erreur, que je mette la vérité.
Là où est le doute, que je mette la foi.
Là où est le désespoir, que je mette l’espérance.
Là où sont les ténèbres, que je mette ta lumière.
Là où est la tristesse, que je mette la joie.

P. Jamal Khader
Prêtre du Patriarcat Latin de Jérusalem
Curé de l’Église de la Sainte-Famille à Ramallah

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