Kumi Now - Semaine 11 : 30 décembre 2019 – 5 janvier 2020



ELCJHL - Émigration des chrétiens palestiniens hors de Terre sainte
Les chrétiens palestiniens doivent faire face à des difficultés croissantes à cause de l’occupation par Israël de leurs territoires. Cela a poussé beaucoup d’entre eux à émigrer, réduisant ainsi la présence chrétienne en Terre sainte. L’Église évangélique luthérienne en Jordanie et Terre sainte (ELCJHL) s’est engagée à préserver cette communauté en lui offrant des opportunités d’éducation de grande qualité. Voici ce qu’il vous faut savoir et ce que vous pouvez entreprendre pour que nous puissions nous lever (Kumi !) ensemble.
Organisation
L’ELCJHL est une communauté chrétienne au service de Dieu. Nous avons six paroisses de langue arabe : à Ramallah, Jérusalem, Beit Jala, Bethléem, Beit Sahour, et à Amman en Jordanie. À Jérusalem, nous avons également une paroisse commune avec l’Église luthérienne américaine ELCA, de langue anglaise, [et une autre, de langue allemande, commune avec l’Église protestante en Allemagne]. Nos Églises sont des lieux importants pour la spiritualité de nos paroissiens qui luttent souvent pour leur survie sous la longue occupation militaire de la Palestine. Le culte du dimanche matin, les études bibliques, une académie pour la formation de prédicateurs laïcs, les groupes de femmes et les groupes de jeunes sont quelques-uns des ministères vitaux de nos paroisses.


L’ELCJHL croit que la réponse au défi de l’émigration chrétienne hors de Terre Sainte peut se faire à travers les initiatives suivantes :
·         Promouvoir l’éducation dans le cadre de la communauté, par le moyen d’écoles et d’institutions éducatives chrétiennes.
·         Contrer l’émigration des chrétiens en créant pour eux des opportunités de travail.
·         Proposer des possibilités de logement à bas coût.
·         Fortifier les institutions sociales chrétiennes, qui proposent leurs services à tous  les membres de la société palestinienne sans distinction de religion, de sexe ou d’option politique.
Vous trouverez le site internet de l’ELCJHL sous http://www.elcjhl.org/, ou sur Facebook sous https://www.facebook.com/elcjhl, sur Twitter sous https://twitter.com/elcjhl, ou encore sur YouTube sous https://www.youtube.com/user/ELCJHL.
Le problème
L’émigration constitue un défi important pour les chrétiens de Palestine et des autres pays du Moyen Orient. Beaucoup de chrétiens quittent leurs lieux de vie ancestraux suite à de multiples pressions. Des enquêtes récentes auprès de chrétiens palestiniens ont clairement signalé plusieurs raisons à ce phénomène. La première raison donnée par ceux qui ont choisi de partir est le manque global de liberté et de sécurité dans les territoires palestiniens, ainsi que l’absence de perspectives de paix. On peut citer plus particulièrement :
·         La détérioration de la situation économique en Palestine. Les conditions de vie en Palestine ont fait douter surtout les plus jeunes de la possibilité d’y trouver un avenir économique acceptable.
·         Les conditions de vie liées à l’occupation, notamment des vécus déshumanisants aux postes de contrôle, les confiscations de propriétés, les démolitions de maisons, les refus d’accorder des permis de construire, et le manque de possibilités de réunification familiale. Tous ces éléments ont créé un climat de désespoir.
·         Le développement d’extrémismes chez tous les acteurs du conflit a poussé beaucoup de chrétiens désireux de vivre en paix à chercher des lieux plus sûrs pour une vie de famille.
Toutes les enquêtes sur les raisons de l’émigration des chrétiens hors de Palestine (manque de liberté, détérioration des perspectives économiques) montrent qu’elles sont directement liées aux conditions de vie imposées par l’occupation israélienne. C’est une tendance lourde et désastreuse pour les membres de nos paroisses luthériennes.
Néanmoins, si petite qu’elle soit au point de vue chiffres, notre Eglise a une influence impressionnante sur l’ensemble de la société palestinienne. La présence de chrétiens arabes et, globalement, de chrétiens au Moyen Orient est essentielle pour l’équilibre de toute la région. Nous nous efforçons d’être des faiseurs de paix et des bâtisseurs de justice, des agents de réconciliation, des défendeurs des droits humains, des droits des femmes comme de ceux des hommes, des initiateurs de dialogue et des apôtres d’amour.
C’est entre autres à travers nos offres d’éducation que nous avons eu un impact aussi fort. Nous avons des écoles luthériennes à Ramallah, à Bethléem, à Beit Sahour et à Beit Jala. Nous gérons aussi un Centre d’Éducation à l’Environnement à Beit Jala. Le témoignage de ces écoles est le même que celui de toute notre Église : nous sommes connus pour notre modération et notre engagement en faveur de la paix. Nos élèves sont autant musulmans que chrétiens. Toutes nos écoles sont ouvertes à tous, et l’éducation à la paix fait partie du programme de chacune d’entre elles. Beaucoup de ces écoles participent encore à d’autres projets en faveur de la paix et à des projets proposés par des agences diplomatiques ou par les Nations Unies.
À travers nos écoles, nous insufflons l’éthique évangélique luthérienne dans l’ensemble de la société palestinienne :
·         Nous offrons à nos jeunes une identité palestinienne qui leur permet d’apprécier la diversité de notre communauté.
·         Nous apprenons à nos jeunes à vivre avec les adeptes d’autres croyances et tout particulièrement celles de nos voisins, à savoir l’islam, le judaïsme, et le christianisme.
·         Nous offrons une éducation à la paix en transmettant à nos enfants les outils pour une résistance créative et en faveur de la vie face à toutes les puissances de déshumanisation. Nous encourageons au dialogue en vue de la paix dans la justice, dans une stratégie de non-violence.
·         Nous mettons en avant le rôle des femmes dans notre société.
·         Nous offrons une éducation de qualité en vue de préparer nos élèves à affronter les nombreux défis de la vie.
·         Nous voulons ainsi contribuer à l’émergence d’une société civile palestinienne qui apprécie la diversité et qui encourage la participation démocratique de tous ses membres à ses projets.
Nos quatre écoles accueillent aujourd’hui 3000 élèves. Elles sont toutes engagées dans l’éducation en faveur de la paix.
Récit : Le pasteur Ashraf Tannous et les luttes des chrétiens en Palestine
Nous voilà dans un culte le dimanche matin comme il y en a beaucoup d’autres, avec lectures bibliques et cantiques accompagnés à l’orgue. Quand est annoncé le chant ‘Comme tu es grand’, ceux qui le connaissent ferment leur recueil de chant et chantent par cœur. Après le culte, les participants restent pour un café ou un thé dans la salle adjacente au lieu de culte. Mais nous ne sommes pas aux États-Unis, ni quelque part en Europe. Nous sommes à l’église évangile luthérienne de Beit Sahour, en Palestine.
Pour certains, Beit Sahour est le lieu de naissance du christianisme. Selon la langue d’origine, le nom de la ville fait allusion soit aux bergers soit aux mages du récit biblique de Noël. Il y a deux endroits dans la ville dont on dit qu’il y avait là les champs où les bergers ont vu les anges du Seigneur. La ville de Bethléem se trouve un petit peu plus à l’ouest.
Vivre comme chrétien en Terre Sainte est une expérience toute spéciale pour le pasteur Ashraf Tannous, chargé de la paroisse de Beit Sahour : « C’est ici le pays de Jésus, dit-il, le pays de la Bible. C’est le pays de la naissance, le pays de la résurrection, le pays de l’ascension, le pays de l’humiliation de Jésus. C’est le pays de tout ! Il est tout à fait unique. »
Mais vivre dans le pays de la Bible est aussi lié, pour les Palestiniens, à toutes sortes de défis : C’est le pays où le gouvernement israélien confisque leurs propriétés, le pays où ils ont besoin d’un permis pour aller visiter les lieux saints à Jérusalem. C’est un pays où des membres de la famille du pasteur Tannous ont été chassés de leur maison lors de la guerre de 1948, un pays que les Palestiniens, tant chrétiens que musulmans, quittent aujourd’hui dans l’espoir de trouver ailleurs une vie plus facile.
Et ce qui est plus lourd encore à porter pour le pasteur Tannous, c’est l’impression que sa famille chrétienne ailleurs dans le monde ne se préoccupe pas de tout cela !
Car choisir de vivre en Palestine est tout sauf facile. La famille de son père a été chassée de sa maison à Lydda (Lod en hébreu) en 1948, lors de ce qui est appelé Guerre d’indépendance en Israël mais que les Palestiniens appellent la Nakba : la Catastrophe. Ils ont fui en Jordanie où cinq tantes et oncles du pasteur Tannous vivent encore aujourd’hui, sans la moindre perspective de pouvoir retourner dans leurs maisons.
Pour aller à Jérusalem, qui n’est qu’à une demi-heure de route, il leur faut un permis spécial dont ils ne savent jamais s’il leur sera accordé ou non. Et même avec un permis, ils trouveront sur leur route des postes de contrôle militaires. L’ancien pasteur de la paroisse du pasteur Tannous habite près d’une colonie israélienne et a peur que l’emplacement où il loge ne soit confisqué. Juste à côté, à Bethléem, les nombreux camps de réfugiés sont remplis de plusieurs générations de familles palestiniennes qui n’ont pu rentrer chez elles depuis près de 60 ans. En 2014 le taux de chômage en Palestine était supérieur à 26% alors qu’en Israël même il était inférieur à 6%.
Le pasteur Tannous a vu des chrétiens comme des musulmans de sa localité quitter la Palestine : pour fuir le conflit et parce que c’est trop dur de gagner sa vie et de subvenir aux besoins d’une famille. « C’est dur de garder la foi sous l’occupation, dit-il. Le plus souvent, nous demandons à Dieu d’y mettre fin pour pouvoir jouir enfin d’une vie belle et paisible. Et quand nos prières ne sont pas exaucées, quand les gens ne reçoivent pas ce qu’ils ont demandé, ils se sentent oubliés par Dieu. »
« Le rôle de l’Église dans ce contexte, dit le pasteur Tannous, c’est d’aider à garder espoir en un avenir de paix et de plus grande justice. Et aussi de convaincre nos membres que notre espérance, notre foi et notre amour ne proviennent pas des humains eux-mêmes mais du ciel, de Jésus Christ qui nous a appris comment espérer, comment aimer, et comment apprécier notre vie ici-bas. »
Il croit très fort au rôle que peut jouer l’Église en Palestine, mais il n’a pas toujours l’impression que la communauté chrétienne ailleurs dans le monde les soutient. Même si la Palestine est le pays de Jésus, beaucoup de chrétiens ailleurs dans le monde sont surpris quand ils apprennent qu’il y a des chrétiens là-bas aujourd’hui. « Malheureusement, dit-il, la plupart des chrétiens ailleurs dans le monde ne savent pas qu’ils ont des frères et des sœurs chrétiens en Palestine qui se battent pour la justice et la liberté. Les gens pensent que le christianisme est venu d’Europe ou d’Amérique, et oublient qu’il vient d’ici, de cette Terre Sainte. »
Le pasteur Tannous croit aussi que le rôle de tous les chrétiens est de transposer leur foi en actes et de s’engager pour la fin de l’occupation et du conflit. Il aime bien cette citation de Dietrich Bonhoeffer : « Une foi sans espérance est une foi malade », mais il irait plus loin pour demander aux chrétiens de bâtir des relations et de plaider en faveur de la justice : « Je crois qu’une foi non seulement sans espérance mais aussi sans amour, une foi qui ne construit pas des ponts et qui ne s’engage pas en faveur des autres, une foi qui ne coopère pas avec les autres et ne s’engage pas contre les humiliations et les postes de contrôle et les murs, je crois qu’une telle foi est vraiment malade. »
« Si vous êtes chrétien, dit-il, vous ne pouvez pas ne pas travailler en faveur de l’amour, de la paix, et de la réconciliation. Il vous faut prendre la défense de ceux qui vivent sous occupation ! ».Il sait bien qu’aucune des descriptions qu’il donne ne pourra vraiment faire connaître à quoi ressemble la vie en Palestine. Il sait que ses paroles seules ne mettront pas les gens en mouvement. C’est pourquoi il invite les chrétiens du monde entier à venir pour voir de leurs yeux les combats pour la vie en Terre sainte : « Si les gens viennent et voient et se rendent compte de la présence de chrétiens ici, et pas simplement de chrétiens mais des premiers chrétiens, dit-il, cela pourrait changer bien des choses. »
Publié en premier par le Comité Central Mennonite (MCC) du Canada sous https://mcccanada.ca/stories/land-bible et reproductible.
Action
Quelle que soit votre foi ou votre philosophie, prenez contact avec les Églises de votre secteur et dites-leur : C’est la semaine où le Conseil Œcuménique des Églises nous invite à prier pour la Palestine et pour Israël dans le cadre de son cycle de prières. Les chrétiens palestiniens ont demandé aux Églises du monde entier d’entendre leur appel pour la justice. Ils vous supplient de ne pas ignorer l’injustice dont ils sont les victimes et vous demandent : Pouvez-vous nous aider à retrouver notre liberté, afin que la paix, la justice et l’amour puissent prospérer en Terre Sainte ? S’il vous plait : soyez solidaires avec eux et faites entendre leur cri. Pour en savoir davantage sur le cycle de prière du Conseil Œcuménique des Églises, rendez-vous sur https://www.oikoumene.org/en/resources/prayer-cycle. Vous y trouverez aussi une version française.
Participez à un culte à l’église à laquelle vous vous êtes adressée. Si ses responsables acceptent de parler d’Israël et de la Palestine ou de prier pour eux, donnez le nom de l’église et annoncez #SheSaidYes (#IlsontditOui) sur les médias sociaux. Si l’Église en question a dit non, donnez le nom de cette église et annoncez #SheSaidNo (#IlsontditNon). Ajoutez un lien vers cette page du site internet de Kumi Now avec le hashtag #ChristiansintheHolyLand (#ChrétiensenTerreSainte), #KumiNow, et #Kumi11.
Cantique “Yarabba Salaami” (connu et chanté par beaucoup de chrétiens palestiniens) :
Yarabba salaami amter alayna salaam,                             ياربَ السلامِ أمطر علينا السلام
Dieu de paix, fais tomber la paix sur nous comme une pluie,
Yarabba salaami im la’ qulubana salaam.                         ياربَ السلامِ إملاء قلوبنا سلام
Dieu de paix, remplis nos cœurs de paix,
Yarabba salaami amter alayna salaam,                             يارب السلام أمطر علينا السلام
Dieu de paix, fais tomber la paix sur nous comme une pluie,
Yarabba salaami im’nah biladana salaam.                       يارب السلام امنح بلادنا السلام
Dieu de paix, donne la paix à notre pays.
Ressources (en anglais) :
- Un livre :
Palestinian Christians: Emigration, Displacement and Diaspora (2017), publié par le pasteur Mitri Raheb, ancien pasteur de l’église évangélique luthérienne de Noël à Bethléem et actuel directeur de Diyar Consortium à Bethlehem. La plupart des livres de Mitri Raheb ont aussi été traduits en allemand
- Trois articles (en anglais) :
“Why Christians Are Fleeing the Holy Land” par Klaus Wivel, dans Forward : https://forward.com/culture/340335/why-christians-are-fleeing-the-holy-lands/
“For a shrinking group of Palestinians, Bethlehem is still a Promised Land” par Vildana Hajric : https://medium.com/@VildanaHajric/for-a-shrinking-group-of-palestinians-bethlehem-is-still-a-promised-land-4e9e12785d00
“Lonely this Christmas: A Glimpse into the Life of the West Bank’s Last Christians” par Dina Kraft, dans le journal israélien Haaretz : https://www.haaretz.com/middle-east-news/palestinians/MAGAZINE-a-glimpse-into-the-life-of-the-west-bank-s-last-christians-1.5629510
- Trois vidéos:
“Christian Emigration from the Holy Land, Causes and Numerical Data”, du Christian Media Center : https://www.cmc-terrasanta.com/en/video/christians-in-the-holy-land-2/christian-emigration-from-the-holy-land-causes-and-numerical-data-13864.html
“Christians of the Holy Land”, de 60 Minutes : https://youtu.be/H5p8mZ-HN-0
“Palestinian Christians Under Israeli Occupation Speak Out” : https://youtu.be/kYWCpOHiNjk
- Un rapport :
“Report on Christian Emigration : Palestine”, de The Holy Land Christian Ecumenical Foundation : https://hcef.org/106-report-on-christian-emigration-palestine/


Traduit de l’anglais par Les Amis de Sabeel France

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