Kumi Now Semaine 8 : du 9 au 15
décembre 2019
Al-Marsad - Le Golan syrien
Coupé en deux par la guerre de 1967
entre Israël et ses voisins arabes, le Golan syrien est confronté à bien des
problèmes. Le gouvernement israélien en marginalise systématiquement la
population syrienne en vue de transformer ce territoire occupé en « Nord
d’Israël ». Al-Marsad, le Centre Arabe des
Droits Humains, est là pour protéger les droits humains de cette population
marginalisée. Voici ce
qu’il vous faut savoir sur les droits humains sur le Golan syrien et ce que
vous pouvez faire pour que nous puissions nous lever (Kumi !) ensemble.
Organisation
Al-Marsad, le Centre Arabe des Droits Humains sur les Hauteurs du
Golan, est une organisation juridique indépendante de défense des droits
humains. Créée en 2003 par des membres de la population syrienne restée sur
place, elle est la seule organisation de défense des droits humains à opérer sur
ce territoire. Sa mission est de « protéger et promouvoir les droits
humains et faire respecter la règle du droit dans le Golan syrien occupé, avec
l’engagement de faire appliquer intégralement le droit international, et en
particulier le droit humanitaire international et la législation internationale
relative aux droits humains. »
Une fois que vous
aurez lu l’histoire et la situation du Golan syrien occupé, voici ce qu’Al-Marsad vous suggère de faire :
·
Écrire
à votre gouvernement pour lui demander de l’information sur les discussions
qu’il mène avec Israël à propos des violations des droits humains sur le Golan et
sur les actions qu’il entreprend lui-même pour s’assurer qu’Israël respecte ses
obligations en matière de droits humains dans le Golan. Demandez-lui s’il
consulte les rapports d’Al-Marsad sur
les droits humains, à trouver par exemple sur http://golan-marsad.org/al-marsad-submission-to-un-human-rights-committee/, et s’il s’en sert dans ses discussions avec Israël
et aux Nations Unies. Incluez dans votre message un lien vers le site internet
d’Al-Marsad : http://golan-marsad.org.
·
Écrire
à Genie Energy pour l’informer que
les activités d’Afek sur le Golan
syrien occupé sont une violation du droit humanitaire et des droits humains
internationaux, et demander à Genie
Energy de prendre les mesures nécessaires pour s’assurer que ses activités
satisfont aux exigences du droit international. Afek appartient à Genie
Energy, une société des États-Unis dont le conseil consultatif comprend des
gens comme Rupert Murdoch, Dick Cheney et James Woolsey. Vous trouverez les n°
de téléphone et de fax et l’adresse postale de Genie Oil and Gas sur https://genieoilgas.com/contact-us/. Afek peut être contacté à https://afekoil.co.il/en/ (en bas de liste).
Vous trouverez Al-Marsad
sur son site web http://golan-marsad.org, ou sur Facebook à
https://www.facebook.com/Al-Marsad-Arab-Human-Rights-Centre-in-Golan-Heights-1430895697124379/ ou Twitter à https://twitter.com/GolanMarsad.
La situation
Le Golan syrien (ou
Hauteurs du Golan) est une région montagneuse du sud-ouest de la Syrie. Au
cours de la guerre arabo-israélienne de 1967, Israël a occupé plus des deux
tiers du Golan syrien, un territoire d’une superficie légèrement inférieure à
celle du Grand Londres. Aujourd’hui cette zone est connue sous l’appellation de
Golan syrien occupé ou Hauteurs du Golan syrien sous occupation israélienne.
Suite à l’occupation
israélienne, environ 95% (130 000 personnes) de la population syrienne d’origine
ont été déplacés de force loin de chez eux avec interdiction de revenir.
Ensuite, l’armée israélienne a engagé une vaste campagne de démolitions de
maisons, détruisant ainsi toute une ville et 340 villages et fermes pour les
remplacer par des colonies agricoles israéliennes, souvent construites avec des
pierres des fermes et des villages détruits. En 1981 Israël a promulgué la ‘Loi
sur les Hauteurs du Golan’ dont le but était d’annexer le territoire à l’État
d’Israël, une démarche illégale largement condamnée par la communauté
internationale.
Il y a aujourd’hui
au moins 26 000 colons israéliens sur le Golan syrien occupé, vivant dans
34 colonies illégales. Avec l’armée et les autorités israéliennes, ils
contrôlent 95% du territoire. Parallèlement ce qui reste de la population
syrienne d’origine, 26 000 personnes environ, vit dans cinq villages
situés dans l’extrême nord du Golan syrien occupé et contrôle à peine 5% du
territoire.
Accaparement du territoire et destruction des propriétés :
Sous couvert du projet ‘Parc National de l’Hermon’, les autorités israéliennes
envisagent de transformer en parc national 10 000 hectares de terres
autour de deux des villages syriens qui subsistent. Si le projet est approuvé,
il affectera particulièrement Majdal Chams, le village syrien le plus important
qui reste, et ne laissera pour le développement urbain que des terres agricoles
au sud, essentielles pourtant comme moyens de subsistance. Les villages syriens
qui restent sont déjà largement surpeuplés du fait d’une politique
discriminatoire en matière de terres et de logement qui rend presqu’impossible
l’obtention d’un permis de construire. Il en résulte que les gens sont obligés
de construire sans permis, au risque de lourdes amendes et de voir leurs
maisons démolies. En septembre 2016, Israël a, pour la première fois en plus de
trente ans, démoli une maison syrienne. Beaucoup de démolitions partielles de
maisons ont eu lieu par la suite.
Colonies illégales et exploitation illégale de ressources
naturelles : En octobre 2016, Israël a approuvé des projets pour la
construction de 1 600 logements dans la colonie de Katzrin. C’est la
poursuite de projets précédents, approuvés en 2015, pour inciter 100 000
nouveaux colons à venir s’installer au cours des cinq années suivantes dans le
Golan syrien occupé. Une importante industrie agricole au service des colonies
s’est développée à travers l’exploitation d’un sol fertile ayant d’importantes
ressources en eau. Le tourisme aussi est un élément de base pour l’économie des
colonies. Sous le nom du ‘Nord d’Israël’, le gouvernement israélien fait la
promotion du Golan syrien occupé pour des randonnées, le camping, la
dégustation de vins et d’autres activités de loisirs. Les activités et
installations de ce genre sont presque toujours situées dans des colonies, ou
sont la propriété de colons. De plus, des agences de voyage internationales comme
Lonely Planet, Booking.com et Airbnb
présentent abusivement le Golan syrien occupé comme faisant partie d’Israël et
proposent des hébergements et des activités de tourisme à l’intérieur des
colonies.
En 2013, le
gouvernement israélien a accordé à Afek
Oil and Gas, une société privée israélienne, un permis de recherche
pétrolière dans le Golan syrien occupé. Afek
annonce fièrement que la région recèle des ‘milliards de barils de pétrole
israélien’.
Le conflit en Syrie : Le conflit en Syrie est particulièrement
préoccupant pour les Syriens du Golan syrien occupé : ils craignent pour
la sécurité de parents et d’amis qui vivent de l’autre côté de la ligne de
cessez-le-feu et ailleurs en Syrie. De plus, les combats font vibrer les
fenêtres dans les villages proches de la ligne de cessez-le-feu, et
l’installation de bases militaires israéliennes dans des secteurs résidentiels
syriens augmente les inquiétudes, car elles constituent de potentielles cibles
militaires.
Pour aggraver les
choses, le gouvernement israélien utilise le conflit en Syrie pour augmenter
ses revendications sur le Golan syrien occupé. Le Premier ministre Netanyahu a
tenu en 2016 une réunion ministérielle ‘festive’ dans l’une des colonies
illégales du Golan syrien occupé : la première réunion ministérielle
jamais tenue dans le Golan, au cours de laquelle il a demandé que soit reconnue
la « souveraineté » d’Israël sur le Golan syrien occupé.
Mines et bases militaires : Depuis 1967, Israël utilise de vastes
étendues de territoire pour l’entrainement et des bases militaires, sources de
nombreux déchets et aussi de mines. Quantité de mines ont été posées dans et
autour de villages syriens, souvent à quelques mètres à peine des maisons, à
des endroits où les enfants viennent jouer. Au total plus de 4 500 hectares
– plus de 6.000 terrains de football – ont été minés. Depuis 1967, au moins 66
Syriens ont été victimes de mines sur le Golan syrien occupé. Seize en sont
morts, la moitié étaient des enfants. Des civils israéliens, des soldats
israéliens et des touristes ont également été victimes de mines.
Révocations de droits de résidence et restrictions de
déplacement : Tout comme les Palestiniens de Jérusalem-Est occupée, la
population d’origine du Golan syrien occupé est détentrice de permis de
résidence permanents. Cependant, alors qu’il est permis aux Palestiniens de
Jérusalem-Est d’avoir la nationalité jordanienne, la population syrienne d’origine
est considérée comme ayant une nationalité ‘indéterminée’ et ne se voit
attribuer un ‘laissez-passer’ israélien que pour voyager. Cela entraîne des restrictions
onéreuses et des coûts élevés pour les voyages internationaux. Le coût total
pour l’obtention d’un visa peut dépasser 450 €. Plus préoccupant encore est le
fait que les demandes de visa font l’objet de refus de la part de pays comme la
Russie, l’Ukraine, les États-Unis et le Royaume-Uni.
De plus, près de
cent personnes se sont vu révoquer leur statut de résident à la suite de
séjours à l’étranger pour études ou travail, leur rendant tout retour
impossible.
L’histoire de
Saleh Abou-Arrar
Saleh Abou-Arrar
fait partie de ceux, nombreux, qui ont subi les terribles effets des mines dans
le Golan syrien occupé. À l’âge de 12 ans il a perdu son œil droit, une jambe
et un avant-bras dans l’explosion d’une mine. Saleh raconte son réveil à
l’hôpital le lendemain de l’explosion, alors qu’il demandait à son frère de lui
gratter la jambe droite. Mais son frère lui a gratté la jambe gauche. Saleh a redemandé
à son frère de lui gratter la jambe droite. Et son frère lui a de nouveau gratté
la jambe gauche. Ce n’est qu’à ce moment que son frère a été capable de lui
dire qu’il avait perdu sa jambe droite dans l’explosion de la mine.
À son retour à la maison,
Saleh se souvient avoir entendu des gens de la communauté dire à voix basse
‟qu’il aurait mieux valu qu’il meure, plutôt que d’avoir survécu et d’être
handicapé à vie.” Pourtant, avec beaucoup de détermination et de courage, Saleh
a ignoré ce genre de commentaires et a travaillé dur pour surmonter ses
handicaps. Il a suivi une formation de comptable et est devenu un membre
important de la communauté syrienne du Golan.
Action
Écrivez à des
agences de voyage internationales comme Booking.com, Lonely Planet et Airbnb qui présentent à tort le Golan
syrien occupé comme faisant partie d’Israël et qui proposent des hébergements
et des activités touristiques dans des colonies israéliennes illégales.
Dites-leur que ces présentations abusives constituent de la publicité mensongère
et violent les droits des consommateurs. Demandez-leur de respecter les droits
humains internationaux et les règles du droit humanitaire, et de cesser de
proposer des hébergements et des activités touristiques dans des colonies
israéliennes illégales.
·
L’adresse mail du service clients de Booking.com
est customer.service@booking.com; et celle de son service de presse est lon-booking@ketchum.com.
·
Contactez Lonely Planet via le lien : https://www.lonelyplanet.com/contact. Il propose de donner des avis sur des guides de
voyages et donne des adresses mail pour contacter Lonely Planet.
·
Vous trouverez les
adresses des services de presse d’Airbnb du monde entier en consultant
le lien https://press.atairbnb.com/contact/.
Diffusez les
messages que vous aurez envoyés aux agences de voyage sur les médias sociaux
avec la phrase « N’exploitez pas le Golan syrien occupé ! », en
joignant un lien vers cette page du site web de Kumi Now avec les hashtags
#OccupiedGolan, #KumiNow et #Kumi8. Sur Twitter allez aussi à @GenieEnergy.
Texte :
‟Au nom du père”, de Shay Fogelman
Mon désaccord avec
mon père n’a pas trouvé de solution des années durant. Il est toujours persuadé
que l’État d’Israël doit garder le contrôle du Golan occupé… Je pourrais
facilement attribuer l’origine de nos désaccords à son vécu lors de la guerre
ou au fossé générationnel entre nous, mais les choses sont plus compliquées.
Mon père voit dans les Hauteurs du Golan un foyer au sein duquel l’histoire
juive s’est inscrite durant des milliers d’années… Quant à moi, je préfère regarder
vers l’avenir et suis convaincu que nous devons quitter les Hauteurs du Golan
pour arriver à un accord de paix avec la Syrie, demain matin déjà si possible.
Pourtant je suis
retourné à maintes reprises sur les Hauteurs du Golan ces dernières années.
J’avais un profond intérêt journalistique pour les traditions des villageois
druzes et leur identité complexe de minorité vivant sous occupation. Mes
rencontres avec eux ont fait l’objet de nombreux articles publiés dans le
journal Haaretz…
L'une des enquêtes
qui m’a fait découvrir le plus de choses s’est produite de manière inattendue,
lorsque j’ai entendu de la bouche d’un villageois druze qu’avant la guerre des
dizaines de milliers de Syriens habitaient dans des villes et des villages du
Golan. Cela m’avait étonné. Dans les livres d’histoire israéliens et lors de
mes recherches sur les guerres dans la région, je n’avais jamais rien lu sur ce
qu’étaient devenus les fermes, les villes et les villages syriens. Mon père
n’avait jamais mentionné de population civile lorsqu’il me racontait les
guerres sur le Golan, et je n’avais jamais vu la moindre trace d’implantations
civiles lors de nos déplacements. Seulement des douzaines de bunkers et de
camps militaires.
Pendant des mois
j’ai fouillé dans les archives et interviewé des combattants et des officiers
israéliens, ainsi que des Druzes qui habitaient encore sur le Golan ; j’ai
découvert des documents militaires secrets et reçu de nouveaux témoignages.
J’ai découvert qu’une partie importante des civils syriens qui vivaient sur le
Golan avaient quitté leurs maisons dès le déclenchement de la guerre. La
plupart d’entre eux étaient partis parce qu’ils craignaient les combats, et
plus tard les forces armées israéliennes les ont empêchés de revenir chez eux.
Mais j’ai découvert aussi qu’il y avait eu des évacuations organisées, au cours
desquelles les quelques habitants qui restaient dans les villages avaient été
embarqués sur des camions de l’armée et transférés de l’autre côté de la
frontière, avec l’aide de la Croix Rouge Internationale. Leurs maisons ont été
soit rasées au bulldozer soit explosées dans les mois qui ont suivi la guerre.
Israël n’a laissé en place que les camps militaires, alimentant ainsi un mythe
très répandu sur les ‘Terribles Hauteurs du Golan’.
À la différence des
autres territoires qu’Israël a occupés en 1967, …les Hauteurs du Golan ont été
nationalisées au début des années 80. Par une loi controversée, …le
gouvernement a décidé d’appliquer la loi israélienne au Golan. Aucun pays au
monde ne reconnaît cette annexion (NdT : sauf, depuis peu, les États-Unis !),
et le Conseil de Sécurité des Nations Unies a adopté à l’unanimité une
résolution demandant à Israël de l’annuler…
Extrait de ‟In
the Name of the Father” (Au nom du père), de Shay Fogelman, reporter et
collaborateur du journal israélien Haaretz. On peut trouver ce chapitre dans ‘The
Holy Land’ (La Terre Sainte), ouvrage édité par Ithamar Handelman Smith.
Ressources
(en anglais !)
Des
rapports de Al-Marsad, comme:
“Forgotten Occupation: Life in the Syrian Golan after
50 years of Israeli Occupation” http://golan-marsad.org/wp-content/uploads/Al-Marsad-Forgotten-Occupation.pdf.
“A Distortion of Democracy – Local Elections in the
Occupied Syrian Golan” http://golan-marsad.org/wp-content/uploads/Al-Marsad-A-Distortion-of-Democracy-Local-Elections-in-the-Occupied-Syrian-Golan.pdf.
“Changing the Landscape: Israel’s Gross Violations of
International Law in the Occupied Syrian Golan” http://golan-marsad.org/wp-content/uploads/Changing_The_Landscape.pdf.
“Landmines in the Occupied Golan and Israel’s
obligations under International Human Rights Law and Humanitarian Law” http://golan-marsad.org/wp-content/uploads/2015/12/landmines%20the%20occupied%20Golan.pdf.
“Ownership to Occupation: The Forced Evictions and
Internal Displacement of the People of the Syrian Golan” http://golan-marsad.org/wp-content/uploads/2014/01/ownership_to_occupation.pdf.
“Breaking Down the Fence: Addressing the Illegality of
Family Separation in the occupied Syrian Golan” http://golan-marsad.org/wp-content/uploads/Family_Separation.pdf.
“From Settlement to Shelf :The Economic Occupation of
the Syrian Golan” http://golan-marsad.org/wp-content/uploads/From-settelements-to-shelf.pdf.
Autres
publications de Al-Marsad :
La
brochure “The Occupied Syrian Golan: Alternative Tourism” http://golan-marsad.org/wp-content/uploads/Al-Marsad-alternative-tourism-brochure-.pdf.
Le reportage photo “The Syrian Golan: Five Decades of
Occupation” http://golan-marsad.org/wp-content/uploads/Al-Marsad-Syrian-Golan-Five-Decades-of-Occupation-1.pdf.
Deux films qui traitent du Golan syrien occupé sont ‘The Syrian
Bride’ (La fiancée syrienne) et ‘Apples of the Golan’ (Pommes du Golan).
Traduit par les Amis de
Sabeel France
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