Kumi Now Année 2 Semaine 46 : du 1er au 7 septembre 2020

 Adalah - Les Bédouins arabes palestiniens citoyens d’Israël

 

Les Bédouins citoyens d’Israël sont soumis par leur propre gouvernement à une forme d’oppression particulière. Les autorités israéliennes s’efforcent de les dépouiller de leur culture et de leurs modes de vie traditionnels tout en s’emparant de leurs terres. Adalah, le Centre juridique pour les droits de la minorité arabe en Israël, s'efforce de son côté de protéger les citoyens bédouins d’Israël. Voici ce qu’il vous faut savoir et ce que vous pouvez faire pour que nous puissions nous lever (Kumi !) ensemble.

Organisation

Adalah (« Justice » en arabe) est une organisation indépendante de défense des droits humains et un Centre juridique indépendant. La mission d’Adalah consiste à promouvoir en Israël les droits humains en général, et les droits de la minorité palestinienne (20% de la population) en particulier. Ce travail inclut la promotion et la défense des droits humains de tous ceux qui sont placés sous l’autorité d’Israël, donc aussi des résidents des territoires palestiniens occupés.

Une fois que vous aurez été informés du calvaire des Bédouins d’Israël, Adalah vous invite à vous joindre à son travail et à participer à la campagne qu’elle mène en faisant ce qui suit :

Action #1 : Diffusez les informations sur le peuple bédouin du Néguev (ou Naqab) et son calvaire en réfutant les divers mythes qui circulent à son sujet et en faisant connaître le besoin urgent d’agir pour bloquer le projet d’Israël de le déplacer de force. Faites connaître les rapports, photos, vidéos et autres documents d’Adalah au plus grand nombre de personnes possible.

Action #2 : Intervenez auprès de vos élus, des fonctionnaires gouvernementaux, des représentants de conseils locaux, des organisations de la société civile et de toute personne ayant de l'influence pour demander la justice pour les Bédouins, et qu’Israël arrête de les déplacer par la force. Utilisez les documents d’Adalah pour toucher le plus de monde possible.

Vous trouverez Adalah sur son site web https://www.adalah.org/ (choisissez la version en anglais), sur Facebook https://www.facebook.com/AdalahEnglish,

sur Twitter http://twitter.com/#!/AdalahCenter,

ou sur YouTube à http://www.youtube.com/user/iadalah.

La situation : ce que vivent les citoyens bédouins d’Israël.

Depuis la création de l’État d’Israël en 1948, les citoyens bédouins d’Israël qui habitent dans le Néguev ont été soumis par cet État à une politique de déplacement forcé, de démolition de leurs maisons et de spoliation. Traditionnellement, les Bédouins palestiniens vivaient comme bergers dans le Néguev et y faisaient paître leurs chameaux, leurs chèvres et leurs moutons. Mais aujourd’hui plus de 80 000 Bédouins vivent dans 36 villages « non reconnus » qui soit existaient avant même la création de l’État d'Israël, soit avaient été créés au début des années 50 sous l’autorité militaire israélienne. L’État israélien refuse aux habitants de ces villages l’accès à des services de base comme l’approvisionnement en eau et en électricité, l’évacuation des eaux usées, l’éducation, les soins de santé, et des routes sûres. L’État israélien refuse ces services à dessein pour « encourager »” les Bédouins à abandonner leurs terres ancestrales.

En 2011, le gouvernement israélien a approuvé le Plan Prawer. L’objectif premier en était 1) le déplacement par la force des citoyens bédouins de ces villages non reconnus vers des quartiers de regroupement prévus par le gouvernement dans le nord du Néguev, et 2) l’expropriation de leurs terres. En 2013, suite à des manifestations populaires et à de fortes pressions internationales, le gouvernement israélien a gelé la mise en Å“uvre de ce projet discriminatoire. Mais fin 2016, le ministre israélien de l’Agriculture Uri Ariel annonçait la mise en Å“uvre prochaine d’une version modifiée du Plan Prawer, …qui en fait ressemblait beaucoup au projet initial.

Malgré le refus du Plan par une grande partie de la communauté bédouine et une forte désapprobation par la communauté internationale, le Plan Prawer est appliqué sur le terrain. Les autorités israéliennes démolissent et rasent chaque mois des centaines de maisons, de bâtiments et de terres agricoles, et des milliers de familles bédouines sont expulsées ou obligées de quitter leurs terres. Le plan viole ainsi gravement les droits des citoyens bédouins à la propriété, à la dignité, à l’égalité, à un logement convenable et à la liberté de choisir eux-mêmes leur lieu de résidence.

Mais alors que les violations des droits humains dans le Néguev se poursuivent, la campagne pour mettre fin aux plans discriminatoires de l’État se développe aussi. Outre l’opposition locale des citoyens bédouins du Néguev et, plus largement, de l’ensemble de la communauté palestinienne d’Israël, beaucoup d’acteurs, de groupes et de citoyens ont pris position au niveau international en faveur du droit des Bédouins à rester sur leurs terres du Néguev et à vivre dignement, en citoyens égaux.

Les Nations Unies et le Parlement Européen ont tous deux critiqué le Plan Prawer initial et demandé qu'il soit annulé. Le Comité des Nations Unies pour l'Élimination de la Discrimination Raciale a exhorté le gouvernement israélien à abandonner le Plan Prawer sous prétexte qu’il était « discriminatoire » et qu'il « légaliserait la politique permanente de démolition de maisons et de déplacement par la force des communautés bédouines autochtones ».[1]

De plus, dans un rapport de février 2014, le Département d'État des États-Unis a appelé le traitement des Bédouins l'un des « problèmes de droits humains les plus importants » d'Israël, du fait que leur déplacement forcé exigerait d'eux qu’ils « renoncent aux terres qu'ils [habitaient] depuis plusieurs générations et les priverait de leurs moyens d'existence ».[2]

Un signe d’espoir

L’expérience d’Adalah est que les pressions internationales, celles des médias et celles de l’opinion publique peuvent avoir un effet important et concret pour empêcher Israël de mettre en Å“uvre sa politique de déplacement par la force. Par exemple le 21 novembre 2016, la communauté d’Umm al-Hiran a été informée que les autorités israéliennes commenceraient dès le lendemain à démolir leurs maisons et à évacuer leur village. Une équipe d’Adalah s’est alors rendue avec d’autres partenaires à Umm al-Hiran et est restée jusqu’au lendemain dans le village pour témoigner des évènements et en rendre compte. Adalah a diffusé sur ses pages Facebook et Twitter des communiqués de presse et des informations sur l'évolution des évènements et a invité des douzaines de journalistes et de militants à venir dans le village. Suite à cette publicité de grande envergure et à la présence de membres arabes de la Knesset et de médias internationaux, les démolitions ont été évitées ce jour-là. S’il a été possible d’empêcher la réalisation du plan de l’État ce jour-là, il sera possible de faire de même pour tous les villages bédouins non reconnus, aussi longtemps du moins que nous maintiendrons notre plaidoyer avec force et persévérance et que nous poursuivrons le travail avec les médias.

L’histoire d’Ahmad Abou Al-Qi’an

En décembre 2016, Ahmad Abou Al-Qi’an a été contraint par Israël de démolir lui-même sa maison à Umm al-Hiran, l’un des 36 villages bédouins non reconnus du Néguev. « Tout ce que vous voyez là étaient des maisons de ma famille, dit Ahmad en désignant une étendue de ruines. Il y avait là 12 maisons ».

En 1948, les familles de la tribu d'Abou Al-Qi’an, qui vivent actuellement dans les villages jumeaux d’Atir et d’Umm al-Hiran, avaient été expulsées une première fois de leurs terres de Khirbet Zubaleh, terres qu’ils cultivaient depuis des générations. Au cours des années 1950, le gouverneur militaire israélien leur avait ordonné de construire leur village dans l'espace qu'ils occupent actuellement. Mais l’État n’a toujours pas reconnu ce nouveau village, et ne lui a pas non plus procuré les services essentiels.

Dans les années 2000, le gouvernement israélien a élaboré un plan pour développer sur les ruines d’Atir une forêt artificielle parrainée par le Fonds National Juif et qui devait s’appeler Yatir, et de créer sur les ruines d’Umm al-Hiran une nouvelle ville israélienne juive du nom de Hiran. L’État cherche à expulser les 1 000 habitants bédouins vers la miséreuse ville bédouine de Hura.

En mai 2015, après une bataille juridique de 13 ans menée par Adalah, la Cour Suprême israélienne a décidé à une majorité de 2 contre 1 d’autoriser le plan de l’État de démolir les deux villages.

Quelques mois plus tard, la police est arrivée au foyer d’Ahmad et l’a forcé à signer un accord selon lequel il allait lui-même démolir sa maison, sinon eux allaient s'en charger et il aurait à payer une lourde amende. En contrepartie, Israël fournirait à sa famille un logement à Hura. « Ils sont venus à minuit et m’ont menacé, dit Ahmad. Je leur ai dit : Où voulez-vous que j'aille ? Ils m’ont dit : Signe ici. Ce n'est pas le moment de discuter. Signe ici ! »

La famille d’Ahmad a alors été expulsée vers un terrain vide sans électricité ni eau courante. Elle vit maintenant dans des abris en tôle qu’elle a construits elle-même. « Quel genre de vie est-ce là ? demande Ahmad. Il vaut mieux mourir que de vivre dans de telles conditions. »

Action

Faites entrer en douce un mouton en Israël ! Car il faut que Uri Ariel, le ministre de l’Agriculture et du Développement rural sache que les Bédouins devraient pouvoir gérer eux-mêmes leurs communautés. C’est pourquoi nous vous proposons d’envoyer à Uri Ariel l’image d’un mouton, ou d’une chèvre, ou d’un chameau. Vous pouvez dessiner un mouton ou trouver une photo sur internet. Faites preuve d'imagination et écrivez sur votre image un message du genre « Si vous voulez vraiment respecter le peuple bédouin, ses terres, ses traditions et ses communautés, abandonnez le Plan Prawer ! »

Vous pouvez l’adresser par fax au n° +972 03-9485835 ou par courriel à mankal@moag.gov.il. Puis diffusez l’image  sur Twitter, Facebook ou Instagram et invitez d’autres à faire de même. Ajoutez un lien vers cette page du site web de Kumi Now avec les hashtags #AbandonthePrawerPlan, #KumiNow, et #Kumi46.

Un texte : « Prière à la nouvelle année », de Fadwa Tuqan.

Entre nos mains une nouvelle aspiration pour toi,

Dans nos yeux des chants de louange et des mélodies incomparables,

Nous les lancerons dans ta main en offrandes chantée.

Ô toi qui émerge comme une douce fontaine d’espoir,

Ô toi qui es riche de promesse et de désir,

Que tiens-tu en réserve pour nous ?

Qu’as-tu trouvé ?

Donne-nous de l’amour, car avec l’amour les trésors de

bonté qui sont en nous jaillissent…

Avec l’amour nos chants vont verdir et fleurir

et vont exploser de présents,

de richesses,

de fécondité.

Donne-nous de l’amour pour que nous puissions construire l’univers effondré en nous

à neuf,

et redonner

la joie de la fécondité à notre monde stérile.

Donne-nous des ailes pour ouvrir des horizons d'ascension,

pour nous libérer de nos étroites cavernes,

de la solitude de murs de fer.

Donne-nous la lumière pour pénétrer l’obscurité la plus profonde.

Et avec la force de son flot brillant

Nous allons pousser nos pas jusqu’à un précipice

Et de là moissonner les victoires de la vie.

De Fadwa Tuqan, célèbre poétesse palestinienne de la résistance. D’après la traduction en anglais de Lena Jayyusi et de Naomi Shihab Nye publiée dans « Desert Songs of the Night : 1500 Years of Arabic Literature » (« Chants du désert de la nuit : 1500 ans de littérature arabe ») et éditée par Suheil Bushrui.

Ressources (en anglais)

Pages de campagnes :

- #Save_UmAlHiran Campaign Page : https://www.adalah.org/en/content/view/8550

- Stop Prawer Campaign Page : https://www.adalah.org/en/content/view/7589

Rapports / Documents d'orientation :

- Adalah’s Position Paper on “Prawer II”: https://www.adalah.org/en/content/view/9049

- “The Dangerous Implications of the Supreme Court’s Decision on Atir-Umm al-Hiran” de Adalah : https://www.adalah.org/en/content/view/8550

- “From Al-Araqib to Susiya“ de Adalah : https://www.adalah.org/uploads/oldfiles/Public/files/English/Publications/Position_Papers/Forced-Displacement-Position-Paper-05-13.pdf

Vidéos / Films

- “Land Day 2017: This Is All That Remains” de Adalah : https://www.youtube.com/watch?v=XfRoiL3yzNs

- “Umm al-Hiran Prepares at Midnight” de Adalah : https://www.youtube.com/watch?v=DDICBvUU03o

- “From Al-Araqib to Susiya‘: https://www.youtube.com/watch?v=HtF3rOdSbr4

Albums Photos :

- “Dispossession and Displacement” : une présentation par Adalah : https://www.flickr.com/photos/adalahphotos/sets/72157680596487835

- “Preparing for Demolition of Atir-Umm al-Hiran (22 November 2016)” de Adalah : https://www.facebook.com/pg/AdalahEnglish/photos/?tab=album&album_id=1171209599628753

 

 

Traduit par les Amis de Sabeel France



[1] Observations de conclusion sur Israël, le 9 mars 2012, #20.

[2] Département d’État des États-Unis, Rapport par pays sur la mise en Å“uvre des droits humains, 27 janvier 2014.

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