Appel de Pâques 2023 de Kairos Palestine

Appel de Pâques 2023 de Kairos Palestine


Nous croyons que notre pays a une mission universelle. Dans cette vision d’universalité, la signification des promesses, telles celles portant sur la terre, l’élection, le peuple de Dieu s’ouvre pour comprendre toute l’humanité, à commencer par tous ceux qui vivent sur cette terre. A la lumière des enseignements des Saintes Écritures, la promesse de la terre n’a jamais été un programme politique, mais plutôt le prélude à l’accomplissement du Royaume de Dieu sur terre.


Document Kairos Palestine — Un moment de vérité 2.3


Avant-Propos

L’Appel de Pâques de cette année nous invite à nous prendre un peu de temps chaque jour pour réfléchir à la souffrance, à l’espérance et à l’avenir de nos sœurs et de nos frères de Palestine alors que ceux-ci continuent de subir une occupation brutale que les organisations de défense des droits humains considèrent être un régime d’apartheid et de nettoyage ethnique.


Les textes que nous vous proposons vont exposer les moyens grâce auxquels le régime israélien de colonialisme et d’apartheid a mis en place l’environnement coercitif qui force les Palestiniens à quitter leurs foyers et leurs communautés. Pour cela nous allons nous servir entre autres d’extraits d’un document qui est en train d’être préparé par Kairos Palestine et le Centre Badil de Documentation et de Défense des droits de résidence et des droits des réfugiés palestiniens (www.badil.org) et qui sera publié en mai 2023 à l’occasion d’un webinaire à l’échelle mondiale.


Ce qui a été une catastrophe pour les Palestiniens et les chrétiens palestiniens n’a en effet pas pris fin avec la Nakba (catastrophe) de 1948. La Nakba se poursuit jusqu’à nos jours. Soixante-quinze ans après le début du projet sioniste israélien de colonisation et d’occupation de la Palestine, sa mise en œuvre se fait d’une manière plus rigoureuse encore à travers tout un ensemble de lois et de politiques qui renforcent son efficacité et aboutissent à un transfert forcé des Palestiniens, en totale contradiction avec le droit international.


Nous vous invitons à lire cet Appel, à réfléchir à son contenu et à le partager au sein de votre communauté ecclésiale, de vos régions et de vos évêchés et dans tout votre pays afin de faire connaître à tous la souffrance des membres palestiniens de votre grande famille, qui sont obligés de vivre sous occupation israélienne.

Vendredi Saint


Jérusalem est le cœur de notre réalité. Elle est en même temps symbole de paix et signe de conflit. Après que le “mur” a créé une séparation entre les quartiers palestiniens de la ville, les autorités israéliennes ne cessent de la vider de ses habitants palestiniens, chrétiens et musulmans. On leur confisque leur carte d'identité, c'est-à-dire leur droit de résider à Jérusalem. Leurs maisons sont démolies ou confisquées. Jérusalem, ville de la réconciliation, est devenue la ville de la discrimination et de l’exclusion, et donc source de conflit au lieu d’être source de paix.


Document Kairos Palestine — Un moment de vérité 1.1.8



Politique israélienne de transfert forcé de la population


Éléments du futur rapport de BADIL et de Kairos Palestine sur ce sujet.


La terre de Palestine est le berceau de la chrétienté. Au cours des siècles on l’a parfois appelée « le cinquième évangile » car sa géographie offre un contexte et permet une meilleure compréhension du contenu des quatre évangiles. Comme nous le rappellent BADIL et Kairos Palestine, l’histoire de ce pays est une suite d’invasions, d’empires, de colonisation et d’occupations militaires. Mais les chrétiens de Palestine ont survécu à tous ces bouleversements, aux oppressions et aux injustices. Leur nombre cependant représente aujourd’hui moins de 2% de la population totale de la Palestine mandataire. Il est clair que la création de l’État d’Israël avec ses crimes de déplacements forcés et de transferts de population a eu une forte influence sur le pourcentage actuel de Palestiniens chrétiens dans le pays.

Dans une série de documents de travail sur les transferts forcés de population, BADIL a identifié sept pratiques mises en œuvre par le régime colonial et d’apartheid israélien contre les Palestiniens qui vivent des deux côtés de la Ligne Verte (autrement dit sur tout le territoire de la Palestine mandataire) et contre ceux qui vivent en exil : déni de droit de résidence ; confiscation de leurs terres et interdiction de s’en servir, zonage et planification discriminatoires ; déni d’accès aux ressources naturelles et aux services ; imposition d’un régime de permis ; fragmentation, ségrégation et isolation ; déni de réparations ; et suppression de tout droit de résistance.

  • Déni du droit de résidence

Citoyenneté et statuts de résidence des Palestiniens sont définis et imposés par des délimitations de territoires et des lois décidées par Israël. Au moyen de « catégorisations » qui divisent la population en Palestiniens de citoyenneté israélienne, Palestiniens résidents permanents de Jérusalem-Est, Palestiniens avec une carte d’identité de Cisjordanie et Palestiniens avec une carte d’identité de la bande de Gaza, le régime colonialiste et d’apartheid israélien ne se contente pas de limiter les lieux dans lesquels les Palestiniens sont autorisés à vivre mais contrôle aussi leur liberté de mouvement et leur accès à l’éducation, au travail, à la santé, etc. Quant aux Palestiniens vivant en exil, ils n’ont aucun droit de résidence sur l’ensemble du territoire de la Palestine mandataire et ne peuvent même pas y venir comme visiteurs. Le contrôle israélien va plus loin encore dans la mesure où il peut révoquer la citoyenneté des Palestiniens disposant de la citoyenneté israélienne ainsi que le droit de résidence des Palestiniens jouissant d’un droit de résidence permanente à Jérusalem-Est, et interdire toute réunification familiale. Le système législatif discriminatoire mis en œuvre par Israël pour contrôler les droits de résidence des Palestiniens est entièrement au service du projet israélien de colonisation et de sa politique de transfert de population. Toutes ces lois, politiques et pratiques sont au service d’une politique de répression qui complique et souvent détruit irrémédiablement la possibilité-même d’un développement social et économique au sein des communautés palestiniennes. Or le développement social est l’une des conditions pour que les Palestiniens puissent exercer leur droit à l’autodétermination, mais les politiques israéliennes de résidence font tout pour compliquer l’exercice de ce droit et, de fait, finissent par le supprimer tout à fait.


  • Gestion des territoires

Les confiscations de terres et l’interdiction d’en faire usage ont été et continuent d’être les principaux moyens dont se sert le régime colonial et d’apartheid israélien pour contrôler le plus de territoire possible tout en réduisant au maximum le nombre des Palestiniens qui y vivent. Ces confiscations ont d’abord été mises en œuvre par le recours à la force et il continue d’en être ainsi, mais elles ont entre-temps été renforcées par la promulgation de toute une série de lois et d’ordres militaires sur l’ensemble du territoire de l’ancienne Palestine mandataire. C’est ainsi que l’appropriation colonialiste de terres par Israël à Jérusalem et à Bethléem et sur leurs pourtours pour y construire des colonies, le mur de séparation et des checkpoints a divisé les deux villes saintes et leurs habitants et a souvent séparé les uns des autres les membres d’une même famille. Les chrétiens palestiniens en ont souffert tout particulièrement, car la plupart des chrétiens de Cisjordanie vivent dans le secteur de Bethléem et beaucoup d’entre eux ont aujourd’hui perdu les terres de leurs ancêtres. En effet des centaines d’hectares qui faisaient partie de Bethléem, Beit Sahour et Beit Jala ont été confisqués et intégrés aux colonies voisines de Gilo, de Har Homa et de Giv’at Hamatos. Les chrétiens de Bethléem souffrent aujourd’hui non seulement de la réduction de leur espace vital mais aussi de leur isolation, parce qu’ils sont coupés aujourd’hui de Jérusalem.


A travers cet accaparement d’un grand nombre de terres et le contrôle sévère de celles que les Palestiniens possèdent encore, et parce que les terres sont toujours un facteur essentiel pour le développement de toute communauté, Israël est en train de violer le droit des Palestiniens à leur autodétermination


Vivre la résurrection

Informez-vous et découvrez dans Un dossier sur l’apartheid israélien (kairospalestine.ps), les trois caractéristiques de l’apartheid selon le droit international.


Et agissez ! Engagez la conversation avec d’autres et recherchez par exemple les similarités entre les politiques et pratiques colonialistes d’Israël et ce qu’ont été les politiques et pratiques colonialistes qui ont mené à la proclamation des Etats-Unis d’Amérique et/ou celles qui sont mises en œuvre en d’autres endroits de ce monde.


Prière pour Vendredi Saint, de Marah Sarji


Notre Créateur céleste qui es présent aujourd’hui à nos côtés, Que ton nom soit sanctifié.

Que ton règne vienne, et Que Ta volonté soit faite en Palestine comme au ciel.

Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour

et accorde-nous la sécurité pour nos corps et nos âmes.

Pardonne-nous nos manquements et notre apathie à propos des besoins vitaux de nos sœurs et frères opprimés,

comme nous pardonnons aussi, dans un courageux amour, à ceux qui pèchent envers nous.

Et ne nous laisse pas entrer dans la tentation de nous mettre nous-mêmes en valeur et d’accumuler des richesses pour nous seuls,

mais délivre-nous des cœurs et des actes méchants qui sont ceux des oppresseurs

qui persécutent tes fidèles en ce saint mois.

Donne-nous la force et l’humilité de porter notre croix comme ton corps sur cette terre

en vue de pratiquer la justice, d’aimer la miséricorde et de marcher humblement avec toi.

Alors que nous est rappelé notre salut par ta vie sur cette terre,

ressuscite notre foi pour que nous puissions aimer notre prochain comme nous-mêmes.


Marah Sarji est une Palestinienne chrétienne qui est née et a grandi à Nazareth. Envoyée pour mobiliser la jeunesse palestinienne, Marah est active dans plusieurs mouvements en vue de susciter une réflexion critique et un engagement actif pour un avenir de justice dans ce territoire. Son projet est de faire se rencontrer dans sa vie professionnelle sa foi et sa passion pour la justice, en insistant sur le vécu et la théologie des femmes en Palestine.



Samedi Saint


La Résurrection est le fondement de notre espérance. Jésus est ressuscité, vainqueur de la mort et du mal. Ainsi pouvons-nous, nous aussi, et tous les habitants de cette terre, vaincre le mal de la guerre grâce à elle. Quant à nous, nous resterons une Église de témoins, persévérante et agissante sur la terre de la Résurrection.


Document Kairos Palestine — Un moment de vérité 3.5



Politiques israéliennes de transfert forcé de populations

Éléments du futur rapport de BADIL et de Kairos Palestine sur ce sujet.

Comme nous le disent BADIL et Kairos Palestine dans leur étude, « l’apartheid à elle seule ne suffit pas pour présenter l’ensemble des réalités que les Palestiniens doivent affronter, car elle n’est que l’une des manifestations du programme colonial qu’Israël met en œuvre depuis sa création. En effet, si nous ne reconnaissons pas la nature colonialiste du régime sioniste israélien, il nous sera impossible de rendre compte ni de la domination d’un peuple - à savoir les Palestiniens - et de leur terre par l’implantation d’une communauté de colons, ni du déni permanent du droit à l’autodétermination des Palestiniens sur le devenir de cette terre, un droit pourtant reconnu par la communauté internationale. L’apartheid n’est ainsi que l’un des outils – un outil significatif et essentiel certes – du projet colonialiste sioniste dans la Palestine mandataire ».

  • Déni d’accès aux ressources naturelles et aux divers services :

Le contrôle physique exercé par Israël sur le territoire [palestinien] ne se limite pas à l’appropriation des seuls territoires mais inclut aussi l’exploitation de ses ressources naturelles des deux côtés de la Ligne Verte (autrement dit sur tout le territoire de la Palestine mandataire), …telles que l’eau de ses nappes phréatiques, le gaz naturel en Méditerranée au large des côtes de Gaza, les minéraux de la Mer Morte, le marbre des carrières de la Cisjordanie, etc. La pénurie de ressources, dont aussi l’eau et l’électricité, a un impact direct sur la mise en œuvre et la qualité de services sociaux pour les Palestiniens, comme par exemple les soins de santé et l’éducation. Cela est particulièrement évident dans la bande de Gaza où les hôpitaux sont dans l’impossibilité de se servir de certains appareils de soins à cause du manque d’approvisionnement électrique.

L’accès limité à divers services et ressources, et parfois l’absence totale de ceux-ci, a un impact important sur le bien-être et la sécurité des Palestiniens et sur le développement socio-économique de la société palestinienne. Les effets de ces politiques et pratiques, qui créent un environnement oppressant menant beaucoup de Palestiniens à quitter définitivement leurs foyers, n’ont pas seulement un impact sur le bien-être individuel des Palestiniens, mais pèsent sur le devenir de toute la société en ce qu’ils provoquent un « dé-développement » et violent le droit des Palestiniens à l’autodétermination.

  • Le régime des permis :

Imaginez que vous habitez à Bethléem, assez près de Jérusalem pour pouvoir facilement vous y rendre en vélo mais vous n’avez pas le droit d’aller en ville pour la visiter ou pour prier… Ce n’est pas de l’imagination, c’est ainsi qu’est la réalité.

Beaucoup de vieilles traditions chrétiennes sont touchées par l’application de ce régime de permis et de séparation. C’est particulièrement le cas pour la procession annuelle du dimanche des Rameaux : les chrétiens palestiniens qui souhaitent y prendre part sont entièrement dépendants de l’attribution d’un permis par les autorités coloniales israéliennes, une attribution incertaine voire illusoire. Il en est de même pour la célébration du Samedi Saint à l’église du Saint Sépulcre à Jérusalem. Ce ne sont pas seulement les chrétiens de Palestine qui sont empêchés de se rendre à Jérusalem ce jour-là : même ceux qui vivent à Jérusalem-même sont empêchés de se rendre à l’église et ont parfois été agressés par l’armée israélienne en essayant de le faire.

Il existe une centaine de types de permis qui règlent et interfèrent avec les divers aspects de la vie palestinienne : permis de travailler dans les colonies israéliennes, permis de visiter des lieux saints à Jérusalem et à Bethléem, permis de visiter sa propre famille, permis de consulter des services de santé, permis de se servir de machines agricoles…

Le régime des permis crée un environnement oppressif pour les Palestiniens en rendant pénibles des activités de routine, en générant des humiliations et des pertes de temps jusqu’à les rendre tout à fait impossibles. Ce contrôle permanent à travers l’attribution ou le refus de permis illustre bien la capacité du régime colonialiste israélien d’apartheid à étrangler le développement politique, économique, social et culturel palestinien et par là-même le droit palestinien à l’autodétermination. Les Israéliens juifs par contre jouissent d’une entière liberté de circulation des deux côtés de la Ligne Verte.

  • Fragmentation, ségrégation, et isolement

La fragmentation, la ségrégation et l’isolement tant des Palestiniens que de leurs terres constituent la logique de base du régime colonial israélien d’apartheid. Que ce soit par la mise en œuvre de la législation sur la citoyenneté ou le droit de résidence, l’attribution de permis ou la construction d’infrastructures comme le réseau routier, les checkpoints et les murs, les buts de la politique d’Israël sont évidents : fragmenter le territoire et détruire la conscience nationale et le sentiment d’unité des Palestiniens, et éliminer ainsi le droit des Palestiniens à l’autodétermination et au retour.


Vivre la résurrection :

Informez-vous : Si cela fait quelque temps déjà que vous avez lu le document de base de Kairos Palestine (www.kairospalestine.ps) publié en 2009 Un moment de vérité : Une parole de foi, d’espérance et d’amour venant du cœur de la souffrance palestinienne, ou si vous ne l’avez jamais lu : « goûtez et mangez » cette profonde réflexion théologique et biblique.

Et agissez : Proposez et animez une étude de ce document Un moment de vérité dans votre communauté de foi et/ou le cercle de vos amis.


Prière pour Samedi Saint, de la pasteure Sally Azar


Au nom du Père, du Fils, et du Saint Esprit, Amen.

Nous élevons notre prière pour le monde entier vers toi, Seigneur,

Tu vois et tu entends les épreuves dont souffrent tant d’humains,

des épreuves qui leur sont imposées par leurs frères humains.

Nous te demandons, Seigneur, de jeter un regard de miséricorde et d’amour

sur chaque humain qui souffre ainsi.

Nous voulons prier tout particulièrement aujourd’hui pour notre peuple palestinien,

ceux qui sont chrétiens et ceux qui sont musulmans.

Nous sommes toujours à la recherche de stabilité et de paix, de justice et de liberté.

L’humain regarde plus vers lui-même que vers les autres,

mais toi, Seigneur, tu nous vois toujours comme égaux les uns avec les autres.

Tu ne fais pas de différence entre riches et pauvres, entre nationalités, entre peuples.

Accorde-nous, Seigneur, de regarder vers le futur avec espérance.

Accorde-nous de ne pas voir que notre douloureux passé, mais de regarder plutôt vers l’avant,

vers un futur resplendissant que toi tu as préparé pour nous.

Sois aux côtés des hommes et des femmes, des jeunes hommes et des jeunes femmes,

des jeunes et des vieux, afin qu’ils trouvent un but et une espérance dans leur vie.

O Seigneur, écoute notre prière, au nom de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ.

La pasteure Sally Azar est née et a grandi à Jérusalem. En 2019 elle a eu sa licence en théologie après des études à l’École de Théologie du Proche Orient (NEST) à Beyrouth au Liban. En 2022, elle a fini sa Maîtrise en Théologie interculturelle à l’université Georg-August de Göttingen et à l’école supérieure de Théologie interculturelle de Hermannsburg, en Allemagne. Elle a poursuivi un internat jusqu’en décembre 2022 durant lequel elle a servi à l’église évangélique Saint-Jean à Frohnau, également en Allemagne. Le 22 janvier 2023, elle a été ordonnée comme première femme pasteure palestinienne de l’Église évangélique luthérienne en Jordanie et Terre Sainte (ELCJHL). Sally est très engagée dans la communauté luthérienne internationale et est membre du Conseil de la Fédération Luthérienne Mondiale, et membre aussi du Conseil d’administration de ACT Alliance, qui réunit plus de 145 Églises et organisations de plus de 120 pays.


Dimanche de Pâques

Jésus dit : “Le royaume de Dieu est parmi vous” (cf. Lc 17,21). Cette présence en nous et parmi nous est l’extension du mystère de la Rédemption et c’est la présence de Dieu parmi nous, et le fait d’en prendre conscience en tout ce que nous faisons ou disons. Devant cette présence divine, nous agissons jusqu’à ce que soit accomplie la justice que nous attendons sur cette terre.

Document Kairos Palestine — Un moment de vérité 3.4


Politiques israéliennes de transfert forcé de population

Éléments du futur rapport de BADIL et de Kairos Palestine sur ce sujet.

Étant donné que les médias grand public reproduisent souvent le récit donné par le régime colonialiste et d’apartheid israélien sur les événements en cours, il est rare que l’on entende parler des fréquentes attaques et intimidations dont sont victimes le clergé et les lieux saints chrétiens. En voici quelques exemples récents : (1) une organisation de colons s'est emparée d'une propriété appartenant à l'Église orthodoxe grecque, qui l’avait louée à un locataire de Jérusalem ; (2) la police a permis à des colons de prendre d'assaut l'hôpital Saint-Joseph de Jérusalem pendant les funérailles de la journaliste chrétienne assassinée Shireen Abu Akleh ; (3) la municipalité de Jérusalem tente de s'approprier des terres appartenant à des Églises sur le Mont des Oliviers ; (4) la prise de contrôle par des colons de l'hôtel Little Petra, propriété de l'Église orthodoxe grecque, juste à l'intérieur de la Porte de Jaffa ; (5) des colons ont vandalisé le cimetière protestant du Mont Sion, brisant des croix, renversant des pierres tombales et détruisant des iconographies. Le clergé chrétien déplore l'émigration des chrétiens et de leurs voisins musulmans. Ces incidents ainsi que ceux précédemment mentionnés permettent de comprendre pourquoi tant de Palestiniens quittent leur terre bien-aimée pour chercher ailleurs une vie plus paisible pour leurs familles : en raison justement des politiques étouffantes et génocidaires du régime colonialiste israélien d’apartheid.


  • Refus de réparations

À ce jour et principalement par l'adoption de lois racistes et colonialistes, le régime colonialiste israélien d’apartheid refuse au peuple palestinien toute forme de réparation, tel le droit au retour, des restitutions, ou des compensations,. En effet, le refus de toute réparation est un principe fondamental du régime colonialiste israélien d’apartheid, qui a été fondé et qui se maintient dans l'objectif de créer une majorité juive en Palestine. Un élément fondamental de cet objectif est le déplacement forcé des Palestiniens et, en prolongement, le déni de leur droit au retour. Ce paysage juridique discriminatoire est aggravé par un manque de volonté politique de la part de la communauté et des acteurs internationaux, bien que le droit international leur fasse obligation de tenir Israël pour responsable de ses actes illicites.


...L'un des exemples les plus évidents est celui du village palestinien chrétien d'Iqrit. Les sionistes s’en sont emparés pendant la guerre de 1948 et tous ses habitants chrétiens ont été déplacés de force vers ce qui est devenu plus tard Israël (ou « la Palestine de 1948 »). Ils ont essayé de revenir dans leur village et ont même gagné un procès en appel devant la Cour Suprême israélienne, pour finalement voir leur village démoli en 1951. L'église du village a survécu à la destruction, et les habitants d'Iqrit continuent jusqu’à nos jours à venir visiter le village et son église. Mais bien qu'ils continuent d'enterrer leurs morts dans le cimetière du village, de prier et de se marier dans leur église autrefois si vivante, ils n’ont pas le droit de reconstruire leur village et de revenir y habiter.


  • Suppression de la résistance

Israël tente d'éliminer toute opposition à ses politiques racistes, et d'enraciner encore davantage son régime colonialiste et d’apartheid en réduisant au silence la résistance palestinienne sous la couverture injustifiée d'« autodéfense » et de « lutte contre le terrorisme ». Le régime colonialiste et d’apartheid déploie de multiples tactiques pour écraser la lutte palestinienne pour la libération, avec entre autres des assassinats ciblés et extrajudiciaires, l'emprisonnement et la torture, ainsi que la censure et la criminalisation de la société civile palestinienne.

...C’est ainsi qu’Israël impose fréquemment des bouclages et des couvre-feux à des localités entières et retire leurs permis [de visite] à des parents et d'autres membres de la communauté, en réponse à des actes de résistance palestinienne. Ces pratiques s'apparentent à des punitions collectives, qui sont interdites par le droit international.

...Cette répression s'étend à la résistance non violente, ou à ce que Kairos Palestine appelle la « résistance créative ». Les attaques persistantes d'Israël contre des organisations de la société civile palestinienne, tant à l'intérieur de la Palestine mandataire qu'à l'étranger, en sont des exemples, comme l'ont montré les récentes attaques très médiatisées contre six organisations de la société civile palestinienne. Les chrétiens palestiniens sont souvent visés en raison de leur affiliation à ces organisations.


Vivre la résurrection

Informez-vous : Consultez des médias alternatifs pour obtenir des informations et des mises à jour sur la Palestine et sur Israël, tels que Middle East Eye, +972 Magazine, Mondoweiss, This Week in Palestine, et d'autres encore.

Et agissez : Participez au boycott économique, académique et/ou artistique d'Israël.


Une prière pour la résurrection, du Patriarche Michel Sabbah

Seigneur, nous avons cheminé sur le chemin de la repentance, du jeûne et de la prière,
et nous venons pour être avec toi en cette Semaine sainte.

Jeudi Saint, nous avons célébré le commandement que tu nous a donné avant ta mort,
le nouveau commandement d’aimer.

Vendredi Saint, nous avons vécu le mystère de la terrible mort qui a été la tienne. Tu es le créateur de tout l’univers, et tu t’es abaissé pour permettre à l’homme, ta créature, d’être le maître et de te condamner à mort. Tu lui as dit : « Tu n'aurais sur moi aucun pouvoir s'il ne t'avait été donné d'en haut » (Jean 19.11). Et tu t’es soumis à ta créature, parce que ton heure était venue d’accomplir la volonté du Père et de nous donner une vie nouvelle à travers ta mort.

Samedi Saint, nous avons voulu nous réjouir dans ta joyeuse lumière. Nous avons voulu voir ta lumière, Seigneur, dans l’église de la Résurrection, mais les soldats nous ont arrêtés, ils nous ont bloqués avec leurs barrières et ont empêché beaucoup d’entre nous d’atteindre ta lumière.

Dieu, nous prions vers toi qui vois où nous en sommes. Aujourd’hui nous sommes à l’endroit de ta Résurrection, de ta lumière et de ta gloire. Nous prions là-même où toi tu as prié, et nous voulons accueillir le cadeau de ton amour universel pour tous.

Aujourd’hui nous sommes menacés, dans nos prières, dans notre liberté, et dans notre existence.

Dieu, à Jérusalem, les gens et les Lieux Saints sont attaqués. Notre résidence dans la cité de la Rédemption et de la Résurrection est menacée. Des maisons sont démolies et les habitants d’autres maisons sont chassés, pour que ces maisons soient données à d’autres, à des étrangers…

Dieu, tu es venu à Jérusalem et dans toute la Terre Sainte qui l’entoure pour donner la vie à tous sans exception ni discrimination.

Aujourd’hui, le même pays que tu as sanctifié par ta présence, ton enseignement, ta souffrance, ta mort et ta résurrection, ce même pays voit l’être humain attaquer et tuer son frère. L’être humain est en train de se dépouiller lui-même de son humanité en dépouillant ses frères de leur vie.

Dans toutes les villes et tous les villages de Palestine, nous voyons la mort atteindre les gens dans leurs maisons. Des maisons sont détruites. Des gens sont attaqués dans leur vie quotidienne. Des milliers de prisonniers politiques souffrent, dépouillés de leur liberté et de leur dignité.

Ceux qui ne nous veulent pas dans nos maisons nous disent que nous n’existons pas.

Et nous tous, nous qui sommes assaillis et ceux qui nous assaillent, nous tous, nous sommes les êtres humains que tu es venu sauver. Mais nos agresseurs continuent de choisir les anciens chemins de mort.

Nous souffrons, nous levons nos yeux vers toi et disons : Oh Seigneur, aie pitié de nous
et aie pitié d’eux.

Dieu, vois et prends pitié.

Tu as souffert pour que nous n’ayons plus à souffrir, mais les dirigeants de la Jérusalem d’aujourd’hui nous imposent toujours de nouvelles souffrances, et oppressions.

Seigneur, prends pitié. Change les cœurs des agresseurs, donne-leur de voir qu’ils sont des frères, que tu les as créés pour être des frères et non pour porter les armes de la mort.
Arrête-les sur le sentier de la mort, mets-les sur le sentier de la vie, pour que nous aussi nous puissions vivre, et le monde entier vivra par toi.

Dieu, nous demandons aux hommes, aux dirigeants de la Jérusalem d’aujourd’hui, ce que tu nous as donné : la vie, la liberté et la dignité. Nous demandons à rester dans nos maisons et notre terre, nous demandons d’exister.

Dieu, nous le demandons à toi aussi, parce que les humains sont devenus incapables de justice.

« Sois attentif à mes cris, mon roi et mon Dieu, c’est à toi que j’adresse ma prière »

(Psaume 5.2)


+ Le Patriarche Emérite Michel Sabbah a servi comme Patriarche Latin de Jérusalem de 1988 à 2008. Il a servi la paroisse et la nation palestinienne à l’échelon local et international. Il est président de l’Initiative Palestinienne Chrétienne et de Kairos Palestine, et il est l’un des auteurs du document Kairos Palestine « Un moment de vérité ». Il travaille aujourd’hui dans le domaine du dialogue interreligieux et croit au pluralisme, à l’égalité et à la préservation de la dignité humaine.


Donner corps à la résurrection


Ceux d’entre nous qui vivent au-delà de nos frontières, et tout particulièrement ceux d’entre nous qui sont membres de l’Église, sont appelés à soutenir la communauté chrétienne qui a donné vie et qui continue à porter la Bonne Nouvelle de l’amour de Dieu pour l’humanité toute entière. Ce n’est pas notre droit seulement mais notre devoir et notre responsabilité de nous tenir aux côtés de tous les Palestiniens face à la brutalité du régime israélien de colonialisme et d’apartheid. Il est de plus essentiel que nous soyons conscients et que nous fassions savoir à d’autres que la façon dont Israël traite tous les Palestiniens, chrétiens comme non chrétiens, et toutes les politiques israéliennes précédemment mentionnées, sont mises en œuvre dans le cadre d’une stratégie globale qui vise à poursuivre la colonisation de la Palestine, à faciliter le pillage et l’appropriation de la terre, et à éliminer ceux qui l’habitent.

Reportez-vous au document Un cri pour de l’espoir : Un appel à une action décisive (www.cryforhope.org ;) publié en 2020 par Kairos Palestine et Kairos mondial pour la Justice1 dont voici des extraits des propositions d’action :

  • Lancer des actions aux niveaux local, confessionnel et œcuménique qui reconnaissent le Kairos, le moment décisif que nous vivons maintenant, et la nécessité urgente d'une action décisive face au déni des droits des Palestiniens et à un mauvais usage de textes bibliques.

  • Affirmer le droit des Palestiniens à résister à l'occupation, à la dépossession et à l'abrogation de leurs droits fondamentaux, et les rejoindre dans leur résistance créative et non violente.

  • Exiger également que les gouvernements et les organisations mondiales aient recours à des moyens politiques, diplomatiques et économiques pour mettre fin aux violations par Israël des droits humains et du droit international.

  • S'opposer à l'antisémitisme en œuvrant pour la justice et en réagissant contre l'antijudaïsme, le racisme et la xénophobie. S'opposer également à l'assimilation de la critique des actions injustes d'Israël à de l'antisémitisme.

  • Venir et voir la réalité en Terre Sainte avec des yeux compatissants pour la souffrance des Palestiniens, et être solidaires des initiatives venant de la base des divers groupes religieux et laïques qui contestent le régime colonialiste et d’apartheid israélien et qui travaillent pour une paix juste et décolonisée.


Traduit par les Amis de Sabeel France

1 Traduction française : https://drive.google.com/file/d/17PhzARWjV9cePviJYXipgNwJNAHgGKYq/view


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