Journée Mondiale de prière pour Gaza le 20 décembre 2009

Présentation de la journée mondiale de prière pour Gaza,
le 20 décembre 2009

Le père Manuel Musallam, né à Bir Zeit, était prêtre à Gaza pendant 14 ans, sans pouvoir la quitter. En mai dernier, il a pris sa retraite, fatigué, épuisé par ce qu’il a enduré aux côtés de son peuple, essayant de le soutenir et l’aider par toutes ses forces, sans distinction politique, religieuse ou idéologique. Ses appels au secours, le monde les a trop peu entendus. Ses mises en garde contre la manipulation politique et le danger des extrémismes n’ont pas été prises en compte dans le monde. C’est à Gaza qu’il a laissé ses amis et tous ont pleuré à ses adieux, les musulmans et les chrétiens. Ils ont su voir en lui non seulement un prêtre mais un bâtisseur de la Paix qui ne se décourageait pas quand les briques de cet édifice s’écroulaient sous les bombes.
Il a pris sa retraite à Bir Zeit, non loin de Ramallah. Retraite de ses fonctions pastorales mais non de son engagement. Il est chargé par L’Autorité palestinienne, et soutenu par le Saint-Siège, d’organiser et diriger la Commission islamo-chrétienne et le Département des Chrétiens du Monde.
Ses amis musulmans lui ont souvent dit que c’est par lui qu’ils ont découvert le christianisme. Il est donc naturel que l’appel à la prière commémorative mondiale de l’attaque contre Gaza vienne de lui, ancien directeur de deux grandes écoles gazaouies.
Les ébauches de cette journée ont été peaufinées en septembre, lors de notre rencontre. Le triste anniversaire aura lieu le 27 décembre mais pour pouvoir rassembler et sensibiliser autant d’amis que possible, nous avons choisi le 20 décembre, jour où le patriarche de Jérusalem, Mgr Fuad Twal a prévu de donner la messe de Noël à Gaza, une semaine avant celle de Bethléem. Il y aura ainsi une communion à travers le monde avec ce peuple dont les médias nous parlent peu mais qui continue à souffrir dans l’enclos sans sortie physique ou morale, avec peu de lueur d’espoir ou d’espérance.
Cette prière a été écrite par Abuna Manuel, en arabe. Traduite ensuite en anglais, français, espagnol, italien, slovène, elle sera dite dans les églises et les temples sur presque tous les continents.
Abuna Manuel ne souhaite pas qu’elle bouscule l’ordre liturgique prévu pour ce 4e dimanche de l’Avent. En revanche, il serait heureux si nos voix se réunissaient, croyantes ou pas, en un vaste appel à la Paix et à la Justice.
En septembre, il a aussi exprimé le souhait d’organiser une collecte nommé « Un chocolat pour enfant de Gaza ». Par manque de temps cela n’a pu se faire pour le moment. Mais nous gardons bon espoir de pouvoir l’organiser à un autre moment, poursuivant notre étroite collaboration.
Nous vous invitons de faire connaître cette journée à tous ceux qui se sentent concernés par la souffrance injuste, innocente et inutile.
Duša Zgonec,
présidente de l’association
Jeunes Palestiniens en Chemin

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Contact avec le père Musallam : Telefax: 00972 02 2819 388
Mobile: 00972(0)599 602 320
Courriel : musallammanuel@yahoo.com


DE GAZA,
« Je vais donner libre cours à ma plainte,
Je vais parler dans mon amertume. » (Job 10,1)
Dieu notre Seigneur,
A Noël, il y a un an, notre désastre s’est emparé de nous telle une tempête.
« la frayeur viendra sur vous comme une tourmente »
(Proverbes 1,27)

« Ce jour est un jour de colère,
Un jour de détresse et de désarroi,
Un jour de tourmente et de ravage,
Un jour de ténèbres et d'obscurité, »
(Sophonie 1,15)

Nous étions affamés et assoiffés.
Nos enfants pleuraient, nous ne trouvions point de pain pour eux et point d’eau pour étancher leur soif ou pour leur donner l’illusion d’une tétine nourricière. En vain nous cherchions des animaux en nourriture. La disette a tué nos animaux, nos oiseaux.
Les fenêtres et les portes de nos maisons ont été soufflées par les détonations des bombardements et nous dépérissions dans le froid glacial de décembre et de l’hiver. Nos corps refroidis de peur, soif et faim n’ont pu raviver l’enfant blotti contre nous.
Des innocents mouraient, les enfants surtout, les femmes et les vieillards. Nous étions dehors, dans les rues et dans les cimetières, sous de lourdes frappes, pleurant et hurlant, mendiant pitié, consolation et protection. Le monde indifférent dédaignait notre peine et se gardait dans un silence étrange à notre égard. Les tanks et les bombes nous écrasaient et nous étions profondément humiliés.
Un an après, nous souffrons toujours de faim, de soif, de manque, du siège, d’humiliation, de peur. Plus de 12.000 familles, dont les membres ont été enlevés ou emprisonnés dans des geôles israéliennes, seront privées pour des décennies d’affection et d’amour.
Entre l’esclavage et la mort il n’y a vraiment pas de choix et si la mort s’impose à nous, nos cœurs lui feront face avec courage pour mourir honnêtes, braves et forts.

Prière
Seigneur, puissions-nous entendre le cri des victimes des conflits, en particulier aujourd’hui, ces voix qui s’élèvent de Gaza.
Pardonne notre surdité, ouvre nos oreilles et nos cœurs à l’angoisse et à la détresse de notre prochain.
Et nous nous associons à la prière de nos frères et sœurs de Gaza.
Mais toi, Dieu, en qui nous faisons confiance, ne retiens pas ta bonne grâce loin de nous. Ne te tiens pas si loin.
« Pourquoi te caches-tu dans les temps de détresse ? » (Ps 10,1)
Seigneur Jésus, quand tu es passé par Gaza, fuyant la menace d’ Hérode, nous te protégions. Nous te nourrissions. Nous réchauffions ton corps affaibli. De grâce, reviens à Gaza et aide-nous, donne-nous ta paix promise. N’oublie pas ton peuple : 200 catholiques, 3500 orthodoxes, 30 baptistes, 10 anglicans et un million et demi de musulmans.
Aie pitié de nous, Dieu. Donne-nous la paix fondée sur la justice, la croissance et la charité. Fais-nous comprendre ces paroles :
« Réjouissez-vous dans l’espérance. Endurez dans la détresse. Consacrez-vous assidûment à la prière. » (Rm 12,12)
Renforce-nous dans nos détresses « afin que, par l’encouragement que nous recevons nous-mêmes de Dieu, nous puissions encourager ceux qui sont dans toutes sortes de détresses ! » (2 Co 1,4)
Seigneur, même si nous sommes assoiffés de paix et affamés de justice
« Qui nous séparera de l’amour du Christ ? La détresse, l’angoisse, la persécution, la faim, le dénuement, le péril ou l’épée ? »
(Romains 8,35)

Nous sommes à toi. Sauve-nous !
Seigneur de Paix, fais pleuvoir la Paix sur nous,
Seigneur de Paix, accorde la Paix sur notre terre,
Aie pitié, Seigneur, de tout ton peuple
Mais ne nous laisse pas, Seigneur, dans l’inimitié à jamais !

Père Manuel Musallam, Bir Zeit, 5 novembre 2009

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