INTERVENTION DE Me MAURICE BUTTIN
« Le sionisme et l’État d’Israël »
Mesdames,
Messieurs, Cher amis,
Deux
remarques préalables à mon intervention.
La première : Je vais survoler,
dans le temps qui m’est imparti, plusieurs siècles d’Histoire. Je serai donc très
partiel et pour certains d’entre vous, partial. Les ateliers de cet après-midi
permettront d’en débattre.
La deuxième : J’ai fait pendant
des années des conférences sur le thème : « Points de repère pour comprendre le conflit israélo-palestinien ».
C’était une erreur, même si l‘expression est journellement employée dans les
médias. Il n’y a pas, en effet, de conflit entre deux États, comme il y en a eu
trop entre la France et l’Allemagne par exemple. Il y a simplement l’occupation
par un État, Israël, de son voisin, l’État de Palestine, reconnu aujourd’hui par
138 États, dont le Vatican.
J’ai intitulé mon exposé : « Le sionisme et l’État d’Israël ». J’aurais pu l’intituler aussi : « Le sionisme et la question palestinienne ». Il n’est pas possible, en effet, d’examiner la dramatique situation dans laquelle se débat le peuple palestinien depuis 70 ans sans avoir en tête le mouvement sioniste, l’idéologie sioniste, le national-sionisme d’aujourd’hui, tel que voulu par les dirigeants israéliens et leurs alliés dans le monde. Donald Trump et la politique étasunienne, bien sûr, mais, hélas, aussi des dizaines de millions de « chrétiens sionistes », les membres de l’Église évangélique, ou du moins de certaines Églises -, tant aux États-Unis, qu’au Brésil, voire en France, et même en Chine, où, sous l’influence de pasteurs évangéliques étasuniens ils se développent beaucoup !
J’ai intitulé mon exposé : « Le sionisme et l’État d’Israël ». J’aurais pu l’intituler aussi : « Le sionisme et la question palestinienne ». Il n’est pas possible, en effet, d’examiner la dramatique situation dans laquelle se débat le peuple palestinien depuis 70 ans sans avoir en tête le mouvement sioniste, l’idéologie sioniste, le national-sionisme d’aujourd’hui, tel que voulu par les dirigeants israéliens et leurs alliés dans le monde. Donald Trump et la politique étasunienne, bien sûr, mais, hélas, aussi des dizaines de millions de « chrétiens sionistes », les membres de l’Église évangélique, ou du moins de certaines Églises -, tant aux États-Unis, qu’au Brésil, voire en France, et même en Chine, où, sous l’influence de pasteurs évangéliques étasuniens ils se développent beaucoup !
La question est donc : au nom
de quoi, ou de qui, les colons israéliens par exemple, justifient-ils
l’occupation illégale de terres palestiniennes ? Sur quels principes
évangéliques les Étatsuniens
et autres soutiennent-ils l’État d’Israël et la colonisation israélienne de la
Palestine ?
Il a souvent été dit, à juste
raison, que les dirigeants politiques instrumentalisent les religions, surtout
au Proche-Orient. Il y a lieu de constater que l’actuelle politique des
dirigeants israéliens et de leurs alliés trouve son fondement dans la religion
elle-même !
Mon exposé comprendra cinq
parties :
1/ Le
sionisme religieux dans l’Histoire.
2/ Le
sionisme politique laïque de 1897 à 1967.
3/ Le
sionisme politico-religieux de 1967 à nos jours.
4/ La
position des « chrétiens sionistes » aujourd’hui.
5/ Mes
conclusions.
1/ Le sionisme religieux dans l’Histoire.
Le projet de restaurer le peuple juif en
Palestine a d’abord été un projet de religieux fondamentalistes du monde
chrétien. Il est poursuivi aujourd’hui par les « chrétiens
sionistes », membres d’Églises évangéliques, vite éloignées des luthériens
et des calvinistes d’origine, mais pas
dans toutes. Ils sont néanmoins des millions dans le monde, en particulier aux États-Unis
(de 50 à 70 millions), en Chine, et au Brésil. Selon une journaliste restée dix
ans dans ce pays où les catholiques sont les plus nombreux dans le monde, les
« chrétiens sionistes » seraient à la veille de les dépasser !
Ils ont une ambassade à Jérusalem, et chaque année des milliers d’évangéliques
arrivent en Israël pour participer à la fête des Tabernacles.
Ils
voient dans le peuple juif et la création de l’État d’Israël un moment capital
de l’histoire du salut, le retour annoncé du Christ. Il est donc nécessaire
d’appuyer le retour des Juifs en Israël, la Terre promise. Selon eux, Dieu
lui-même a manifesté sa volonté souveraine à travers la création de cet État. Et de s’appuyer pour montrer le bien-fondé de
leur affirmation sur une lecture littérale de certains versets de l’Ancien
Testament, sans tenir aucun compte de leur contexte temporel. Ainsi ce verset :
« Ce jour-là Yahvé conclut une
alliance avec Abram en ces termes : « À ta postérité je donne le pays du torrent d’Égypte au grand fleuve
l’Euphrate »
(Gn 15.18).
Nous
retrouvons là le fondement de ceux qui, comme le futur premier ministre Menahem
Begin, par exemple, ont fait campagne lors de la première Knesset, en 1949,
pour un État d’Israël s’étendant du Nil à l’Euphrate. Les deux barres du
drapeau israélien, disent certains. Le fait est que ni la déclaration
d’indépendance de David Ben Gourion en 1948, ni la proclamation solennelle
d’Israël « État-Nation du peuple
juif »
70 ans après, ne donnent de frontières à cet État.
À noter que pour ces « chrétiens
sionistes », le Christ doit revenir pour juger tous les hommes et gare aux
Juifs qui ne se convertiraient pas au christianisme ! Mais, bien sûr,
pareille théorie n’est pas dans la vision fondamentaliste des sionistes
israéliens...
Ce mouvement est très ancien. Il prend
sa source dans la Réforme protestante qui pousse à l’étude de la Bible, chez
les millénaristes, dans les écrits apocalyptiques de St-Jean par exemple.
C’est
en Angleterre que le mouvement prend forme au 16ème siècle parmi les
protestants piétistes, et au 17eème siècle parmi les puritains anglais. Des théologiens interprètent
les prophéties comme une conversion massive des Juifs au Christ, après retour
sur leur terre d’origine. Cromwell, par exemple, soutient cette thèse – en même
temps, bien sûr, que le développement des intérêts économiques et politiques de
l’Angleterre.
Mais
soyons très clair, ce qui prime à l’époque, c’est le côté religieux, et la
vision de la conversion des Juifs.
Au
XIXe siècle, ce mouvement prit de l’ampleur. L’un des chrétiens
sionistes ayant joué un rôle des plus importants est William HECHLER (1845-1931),
par son livre publié en 1884 : « La restauration des Juifs en
Palestine ». En 1896, aumônier de l’ambassade britannique à Vienne, il
a rencontré Théodore HERZL, dont je reparlerai. Il lui a permis des contacts
avec nombre de personnalités aux États-Unis, avec le grand vizir ottoman…, et
également avec Arthur Balfour qui partage ses convictions eschatologiques, ayant
lui-même été élevé dans une famille évangélique.
Aux
États-Unis, c’est le prédicateur William E. BLACKSTONE qui est à l’origine du
lobby sioniste en faveur de l’établissement des Juifs en Palestine. Il a même
été surnommé le « Père du
sionisme ». En 1891, il présente une pétition signée par des centaines
de personnes, dont 175 chrétiens sionistes, qui demande au Président des États-Unis,
Benjamin Harrison « d’utiliser son
influence auprès des grands pouvoirs européens et autres pour la création d’un
État juif en Palestine ». « Pourquoi
ne pas leur rendre la Palestine ? Selon la manière dont Dieu a distribué
les nations, c’est leur foyer, une possession inaliénable, dont ils ont été
expulsés par la force… »
Remarquons le bien : cette
démarche n’était pas juive, mais chrétienne.
La
principale opposition à cette pétition et au projet défendu va être celle des
juifs orthodoxes et des réformés. Ces derniers soutenaient que les juifs veulent
rester dans leur pays natal ; les orthodoxes, pour leur part, craignaient
que ce programme soit conçu pour convertir, en définitive, les juifs au
christianisme...
2/ Le sionisme politique laïque de 1897 à 1967.
Le
sionisme politique est né en 1897 au premier Congrès mondial sioniste tenu à
Bâle sous la présidence d’un journaliste autrichien, Theodore Herzl, un an
après la parution de son livre : « L’État des Juifs ». Choqué par l’Affaire Dreyfus en France,
les pogroms en Russie, le développement de l’antisémitisme, il estimait que
l’assimilation des Juifs dans tous les pays – en France depuis la Révolution de
1789 – était un échec, une illusion. Une seule solution était donc de regrouper
tous les Juifs dans un pays, qui serait l’État des Juifs. Cette idée était
d’autant plus conforme à l’esprit de l’époque que le nationalisme était à l’ordre
du jour en Europe (France, Allemagne), de même que le développement des
colonies dans les empires britannique et français.
Herzl ne voyait pas ce
regroupement forcément en Palestine, il le proposait en Ouganda ou en
Argentine. Mais l’une des représentations, très religieuse, réunie à Bâle, les « Amants de Sion » ne jurait
que par la Palestine, ce qui fut finalement retenu dans un autre Congrès. Les
conclusions de ces Congrès furent sans équivoque : « Le but du sionisme est la création en
Palestine par le peuple juif d’une patrie garantie par le droit public ».
Pour Herzl, ce projet était laïc. Il s’appuyait simplement sur le fait qu’il y
avait eu en Palestine une occupation juive qui avait duré des siècles. Aucune
définition géographique ne lui était donnée. A priori : partout où avaient
vécu des tribus juives...
Pour faciliter l’installation
de Juifs, le territoire envisagé devait être considéré comme inoccupé,
désertique. D’où le slogan : « Une
terre sans peuple, pour un peuple sans terre ». C’était là le point de
départ de l’errance du peuple palestinien, du « nettoyage ethnique »
si bien décrit par l‘un des nouveaux historiens israéliens, Ilan Pape. Il
montre, dans son livre au titre « Le
Nettoyage ethnique de la Palestine », comment une population pacifique
et sans défense fut chassée par la violence et l’intimidation : 500
villages rasés et la population arabe de nombreuses villes remplacée par les
Juifs.
À partir
de cette époque, deux droits vont s’opposer sur cette terre. Et, il faut
absolument avoir en tête cette prémonition d’un nationaliste arabe libanais
chrétien, Naguib Azuri, qui écrit dans son livre « Le réveil de la Nation arabe », publié en 1905 :
« Deux phénomènes importants, de
même nature et pourtant opposés, qui n’ont encore attiré l’attention de
personne, se manifestent en ce moment dans la Turquie d’Asie. Ce sont le réveil
de la nation arabe et l’effort latent des Juifs pour reconstituer sur une très
large échelle l’ancienne monarchie d’Israël. Ces deux mouvements sont destinés à se combattre continuellement
jusqu’à ce que l’un l’emporte sur l’autre » (souligné par moi).
À ce
mouvement sioniste naissant, il faut une reconnaissance internationale. Il va
la trouver à l’occasion de la Première Guerre mondiale.
En octobre 1914, l’Empire ottoman
entre en guerre aux côtés de l’Allemagne. Les Empires français et britannique
vont en profiter pour le dépecer. Des discussions secrètes sont engagées en
1916, d’où sortiront les fameux « Accords
Sykes-Picot », ou le partage du Moyen-Orient entre les deux Empires.
En même temps, les Britanniques, qui occupent l’Égypte et
qui craignent l’arrivée des Allemands à Suez, proposent aux tribus arabes de se
révolter, à leurs côtés, contre les Ottomans, avec la promesse d’un grand État
arabe à la clef... Promesse non tenue, chacun le sait. Ce sera la première
trahison dont les Arabes seront victimes.
Mais celle-ci sera suivie par
une deuxième trahison, le 2 novembre 1917, par la « déclaration Balfour ».
Aux termes de celle-ci : « Le
gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l’établissement en Palestine
d’un foyer national pour le peuple juif, et emploiera tous ses efforts pour
faciliter la réalisation de cet objectif, étant clairement entendu que rien ne
sera fait qui puisse porter atteinte, ni aux droits civils et religieux des
collectivités non juives existant en Palestine, ni aux droits et aux statuts
politiques dont les juifs jouissent dans tout autre pays ». À relever
que cette déclaration ne mentionne ni le peuple demeurant dans ce pays, ni
aucun droit politique pour les « collectivités non juives »
l’habitant.
Il y a lieu de noter ici le
rôle des « chrétiens sionistes » pour soutenir, dès l’époque,
la cause de la création de ce foyer juif en Palestine. Pour eux, la « déclaration Balfour » - pour
laquelle ils ont joué un rôle essentiel - et l’occupation britannique de la
Palestine la même année, font incontestablement référence aux prophéties
bibliques...
Cette année 1917 est aussi
marquée par l’entrée en guerre des États-Unis aux côtés des Alliés et par la Révolution
bolchevique en Russie.
L’effondrement de l’Empire ottoman
va permettre la réalisation du projet de partage anglo-français du
Moyen-Orient. À la Conférence de San Remo,
en 1920, les puissances alliées prévoient que la France recevra le Liban et la
Syrie – à laquelle les Britanniques ont retiré une partie, appelée
Transjordanie, nouvel État ex nihilo -, alors que les Britanniques auront la
Palestine – avec reconnaissance de la « déclaration Balfour » - et la Mésopotamie : le futur Irak.
La nouvelle Société des Nations, la SDN, confirmera en 1922 ce partage sous
forme de mandats accordés à la France et au Royaume-Uni, la « déclaration Balfour » en faveur des
Juifs étant intégralement reprise au sujet de la Palestine.
Dès 1920, les Soviétiques, chassés
de facto de la Conférence de San Remo, apprennent aux Arabes la double trahison
dont ils sont l’objet. C’est pour eux, dès lors l’année de la Nakba, du désastre, mot qui sera repris
en 1948 par les Palestiniens expulsés d’Israël
Antérieurement à la décision des
impérialistes français et britanniques citée supra, il faut relever le rôle
qu’aurait pu jouer la Commission dite King-Crane, décidée à la demande du
président des États-Unis, Thomas Woodrow Wilson. Notre ami Philippe Daumas l’a
très bien étudié dans un article paru dans la Revue d’Études Palestiniennes,
voici des années : « La
Commission King-Crane, une occasion perdue ». Créée en 1919, elle
devait aller enquêter sur le terrain pour étudier le souhait des habitants, des
Palestiniens donc. Son rapport a été classé sans suite. Ni les Britanniques, ni
les Français ne voulaient en entendre parler, et pour cause : il y avait
eu les « Accords secrets Sykes-Picot » ! Prémonitoire, et c’est
là l’importance des conclusions de cette Commission : sans contester la
« déclaration Balfour », elle prédisait ce qui allait se passer en
Palestine si on laissait les sionistes agir à leur guise.
Je vais passer rapidement sur tous
les nouveaux événements avant le partage de 1947.
1920 : Dès qu’il eut
connaissance des décisions de San Remo, le peuple palestinien entre en
résistance par des attentats contre les Juifs.
1925 : Un rôle politique
important est joué par un sioniste extrémiste juif, le révisionniste
Jabotinsky, créateur de l’une des milices juives, l’Irgoun. Son programme est
simple : créer un État juif sur les deux rives du Jourdain. Un de ses
admirateurs, le futur Premier ministre Begin, reprendra cette thèse, nous
l’avons vu.
1936-1937 : Devant l’arrivée
massive des Juifs, après l’arrivée d’Hitler au pouvoir en 1933, les
Palestiniens se révoltent contre les Britanniques et les Juifs. C’est, pour moi,
la première Intifada. Une répression très forte s’abat sur eux : plus de 5 000
morts (dont des chefs palestiniens qui manqueront lors de la nouvelle
résistance en 1947) et des dizaines de milliers de blessés. Pour tenter de
ramener la paix, les Britanniques forment une commission présidée par Lord
William Peel. Ses conclusions, en juillet 1937, proposent le partage de la
Palestine en deux États, l’un arabe, l’autre juif, ce qui est totalement refusé
par les Arabes. Retenons toutefois ce fait, très important : il montre
bien que l’avènement de l’État d’Israël, après la Deuxième Guerre mondiale, est
sans rapport avec la Shoah.
1939 : Changement de politique
par les Britanniques. Ils se rendent compte qu’une nouvelle guerre avec l’Allemagne
est proche. Craignant que les dirigeants arabes ne se retournent vers celle-ci,
ils publient un Livre blanc, au programme très différent : création d’un État
indépendant unique ‘d’ici dix ans’, avec une limitation très stricte de
l’immigration juive. Ni les Arabes, ni les Juifs ne l’acceptent.
1942 : Congrès sioniste à
l’hôtel Biltmore, à New-York, sous la présidence de David Ben Gourion. Décision
est prise de la création, après la guerre, d’un État juif sur toute l’étendue
du mandat, avec le refus d’une direction binationale, bien sûr.
1945-1946 : Les Juifs se soulèvent
contre les Britanniques. Une série d’attentats, en particulier sous la
direction de Begin, force les Britanniques à abandonner la partie et à remettre
le destin de la Palestine à l’Organisation nouvelles des Nations Unies, l’ONU.
Les Juifs vont appeler cette période leur « guerre de libération ».
1947 : Le 29 novembre, un
partage inique de la Palestine est décidé par l’Assemblée générale de l’ONU
(résolution 181), contre la volonté de tous les pays arabes et sans aucune
consultation des Palestiniens, contrairement aux principes de la Charte de
l’ONU elle-même ! Les Juifs qui possédaient 6 % du territoire et qui
représentaient le tiers de la population vont en recevoir 54 %, les Arabes 43 %
seulement. Il est aussi prévu une zone internationale pour Jérusalem et sa
région. David Ben Gourion accepte le partage, mais il affirme
tranquillement : « L’acceptation
du partage ne nous engage pas à renoncer à la Cisjordanie. On ne demande pas à
quelqu’un de renoncer à sa vision. Nous acceptons un État dans les frontières fixées d’aujourd’hui –
mais les frontières des aspirations sionistes sont les affaires des Juifs ».
Les grandes puissances (États-Unis, URSS,
Grande-Bretagne, France) ont partagé un territoire qui ne leur appartenait pas et donné ainsi à une
tierce partie ce qui appartenait à une autre !
1947/1948 :
Les Palestiniens sont opposés au partage, bien sûr, et résistent. Peu armés,
ils sont réprimés par les Britanniques, aidés par l’armée secrète sioniste
créée dès 1920, la Haganah, base future de l’armée israélienne. De nombreux
attentats sont commis par des milices juives terroristes contre des villages
palestiniens. Le plus tristement célèbre est celui du massacre de Deir Yassin le 9 avril 1948, l’Oradour-sur-Glane des Palestiniens, un
mois avant l’annonce du retrait des Britanniques et la proclamation de l’État
d’Israël le 14 mai par David Ben Gourion, pour le lendemain.
À
noter que le leader juif se garde bien de donner des frontières à cet État...
Des années auparavant, dans un article paru dans la revue « Palestine » du Comité britannique pour la Palestine, il
écrivait : « Les frontières de
la Palestine : une partie de la Jordanie actuelle, de la Syrie, du Liban
et de l’Égypte (Sinaï) ». Il contestait par ailleurs la création de la
Transjordanie.
1948/1949 :
Première guerre israélo-arabe, au lendemain de la proclamation de l’État
d’Israël. Cinq États arabes voisins vont tenter de récupérer au moins la partie
laissée par le partage aux Palestiniens. Certains de leurs dirigeants pensent
peut-être même récupérer toute la Palestine... (Ce sera le début de la
constante affirmation des Israéliens et de leurs amis, et cela jusqu’à
aujourd’hui : « Les Arabes
veulent mettre les Juifs à la mer ! »). En fait, ceux-là son
battus et Israël, lors des armistices du printemps 1949, va occuper et obtenir
de facto 24 % en plus de la surface du mandat. Pendant cette période, les
Israéliens vont procéder au « nettoyage
ethnique » dont j’ai fait état. Plus de 500 villages seront rasés et
750 à 800 000 Palestiniens expulsés vers les pays voisins. Pour ces Palestiniens
et les 100 000 environ restés en Israël, c’est la Nakba, la catastrophe, drame célébré chaque année le 15 mai.
Le
comte Folke Bernadotte avait été désigné le 20 mai 1948 par l’ONU pour tenter
de faire cesser les hostilités. Il obtint des armistices pendant lesquels
l’armée israélienne renforce son armement par du matériel reçu des pays de
l’Est... Mais en septembre 1948 il remit un rapport à l’ONU modifiant le plan
de partage et envisageant le normal retour des expulsés chez eux : « Ce serait offenser les principes
élémentaires que d’empêcher ces innocentes victimes du conflit de retourner à
leur foyer, alors que les immigrants
juifs affluent en Palestine et, de plus, menacent, de façon permanente, de
remplacer les réfugiés arabes enracinés dans cette terre depuis des
siècles… ». C’en était trop pour les sionistes. Sous la direction de
Yitzhak Shamir, futur Premier ministre, alors chef de la milice terroriste
Stern, le comte Bernadotte est assassiné le 17 septembre 1948, en même temps
que le colonel français Sérot, assis à ses côtés dans le véhicule. Shamir
écrira : « Laisser environ
300 000 Arabes revenir, c’eut été un désastre pour Israël ».
Il
n’empêche que le 11 décembre 1948, le lendemain de la proclamation de la
Déclaration Universelle des Droits de l’Homme à Paris, l’ONU, qui siégeait dans
la capitale française, prenait la résolution 194 ordonnant le retour des
réfugiés ou/et leur indemnisation.
1967 :
juin. C’est la « Guerre des Six
jours », au cours de laquelle l’armée israélienne bat les armées
arabes, égyptiennes et syriennes, et occupe ainsi désormais la totalité du
mandat britannique. Pour les sionistes c’est la réalisation de Eretz Israël, la libération de la Judée et de la Samarie, l’application du programme de Biltmore et, dès le 11 juin, ils proclament « Jérusalem capitale d’Israël ».
Le
Conseil de Sécurité des Nations Unies pour sa part, le 22 novembre 1947, « soulignant l’inadmissibilité de
l’acquisition de territoire par la guerre et la nécessité d’œuvrer pour une
paix juste et durable permettant à chaque État de la région de vivre en
sécurité » ordonnera le « Retrait
des forces armées israéliennes des territoires occupés lors du récent
conflit ». Mais les dirigeants sionistes ignorèrent cette décision,
comme toutes les autres par la suite, qu’elles émanent de l’Assemblée Générale
de l’ONU ou du Conseil de Sécurité.
Les
« chrétiens sionistes » applaudirent à ce succès. C’était pour eux
l’œuvre de Dieu qui s’accomplissait. Comment un si petit État a-t-il pu vaincre
de puissants ennemis qui l’encerclaient de presque tous les côtés, en six jours ?
Cela n’a été possible que par une intervention divine ! Ils eurent la
même réaction au lendemain de la guerre du Ramadan, ou de Kippour, en octobre
1973.
Il est intéressant de relever ici un extrait
de la conférence de presse du général De Gaulle le 27 novembre 1967 :
« On sait que la voix de la France
n’a pas été entendue. Israël ayant attaqué, s’est emparé, en six jours de
combat, des objectifs qu’il voulait atteindre. Maintenant, il organise sur les territoires qu’il a pris, l’occupation qui ne peut
aller sans oppression, répression, expulsions, et il s’y manifeste contre lui
une résistance, qu’à son tour, il qualifie de terrorisme ».
3/ Le sionisme politico-religieux de 1977 à aujourd’hui.
En 1977, c’est l’élection de Menahem Begin. Pour la première fois la
droite nationaliste sioniste arrive au pouvoir. Ce tournant représente un
véritable bouleversement dans l’histoire politique d’Israël et des sionistes.
Le
président égyptien Sadate l’a compris. Il veut récupérer ses terres, le Sinaï.
Il décide de se rendre à Jérusalem, où il prend la parole à la Knesset le 20
novembre 1977. Il a alors l’ensemble du monde arabe contre lui, et il sera
assassiné en octobre 1980, après avoir signé la paix avec Israël en mars 1979, au
lendemain des accords de Camp David de 1978. Son discours est en partie
consacré à la Palestine et il est formel : « En ce qui concerne la cause
palestinienne, personne ne peut nier qu’elle constitue le nœud de toute
l’affaire... En toute sincérité, je vous dis qu’il ne peut y avoir de paix sans
les Palestiniens. C’est une grave erreur aux conséquences imprévisibles
d’oublier ou de mettre de côté cette cause ». Répondant à son
discours, le Premier ministre israélien a évité, lui, soigneusement, de
prononcer le mot ‘palestinien’, comme le faisait remarquer quelques jours après
le correspondant du Monde : « Ceux qui espéraient que le raz-de-marée Sadate emporterait avec lui une
partie au moins des positions fondamentales d’Israël en ont été pour leurs
frais ».
Le
1er octobre 1977, un communiqué russo-étasunien
avait rappelé que cette paix passait par une conférence internationale. Mais le
lobby sioniste faisait changer de politique le président Jimmy Carter, et
celui-ci écartait l’URSS des accords de Camp David. Ce n’est que des années
après qu’il changera d’idée. Ainsi, en 2006, il publiera « Palestine, la paix pas l’apartheid ». Pour lui une paix durable entre
Israël et la Palestine passe par le respect des décisions de l’ONU,
c’est-à-dire le retour aux frontières de 1967.
Les
12 et 13 juin 1980, les Européens réagissaient à leur tour par la fameuse
déclaration du Conseil européen à Venise. Les neuf pays de la communauté,
« se fondant sur les résolutions 242
et 338 du Conseil de sécurité et sur les positions qu’ils ont exprimées à
plusieurs reprises », déclarent que « tous les pays de la région ont le droit de vivre en paix dans des
frontières sûres, reconnues et garanties ». « Les neuf reconnaissent le rôle
particulièrement important que la question de Jérusalem revêt pour toutes les
parties en cause. Les neuf soulignent qu’ils n’acceptent aucune initiative
unilatérale qui ait pour but de changer le statut de Jérusalem, et que tout
accord sur le statut de la ville devrait garantir le droit de libre accès pour
tous aux lieux saints ». Ils rappellent enfin « la nécessité pour Israël de mettre fin à l’occupation
territoriale qu’il maintient depuis le conflit de 1967, comme il l’a fait pour
une partie du Sinaï ».
Nous en sommes bien loin aujourd’hui, sauf
en ce qui concerne la Suède et le Vatican, qui ont reconnu l’État d’Israël.
En
juin 1982, l’armée israélienne lance une attaque au Liban contre l’organisation
palestinienne, qui y est implantée, depuis « septembre noir » (1970) en Jordanie. L’OLP est sauvée par
François Mitterrand. En septembre, hélas, le monde apprend les terribles
massacres de Sabra et Chatila, certes effectués par des phalangistes chrétiens,
mais sous le contrôle total et la responsabilité de l’armée israélienne.
1987 : Première Intifada
ou « guerre des pierres » engagée
par les résistants palestiniens de Gaza à la suite d’un accident de la
circulation. Quelles en sont les conséquences ? Le 30 juillet 1988, la
Jordanie renonce à l’annexion de la Cisjordanie en 1949. Et le 15 novembre
1988, le Conseil national palestinien de l’OLP proclame l’État de Palestine,
reconnu aujourd’hui par 138 États.
1991 :
Conférence de Madrid, le 30 novembre. C’est la première tentative de paix
organisée par la communauté internationale, avec l’accord des États-Unis,
de la Russie, et des pays arabes. Pendant des mois, les dirigeants sionistes
d’Israël, laïques ou religieux, avaient refusé d’y participer. Néanmoins, de
cette conférence et de rencontres entre de jeunes personnalités juives et
palestiniennes à Oslo, vont déboucher, en septembre 1993, les accords d’Oslo. Qui,
hélas, se révèleront rapidement un échec, surtout après l’assassinat du Premier
ministre Rabin, le 4 novembre 1995.
Janvier
1996 : C’est tout de même l’élection de Yasser Arafat, qui devient le chef
de l’État palestinien (non reconnu par les Occidentaux jusqu’à aujourd’hui) et
de l’Autorité palestinienne.
Juillet
2000 : C’est la nouvelle conférence de paix de Camp David et un échec, non
pas par la faute, comme il a été indiqué à tort à l’époque, du Président
Arafat, mais par les exigences du Premier ministre israélien Ehud Barak, comme
le révèlera plus tard l’un des participants étasuniens.
Octobre
2000 : La deuxième Intifada
éclate à la suite de la provocation du Premier ministre Sharon sur l’Esplanade
des Mosquées, accompagné de centaines de soldats.
2005 :
C’est la construction du mur dit de « défense d’Israël ». En fait, du
« mur de l’apartheid ». Il
fait plus de 750 km. Il aurait dû en faire moins de la moitié si les sionistes
avaient respecté la « ligne
verte » ou ligne d’armistice de 1949. La même année, Israël retire ses
troupes et ses colonies de la bande de Gaza, d’une part parce que cette
occupation lui coûtait cher pour quelques milliers de colons, et d’autre part
évidemment en application de la vielle formule « Diviser pour régner ».
2006 : Ce sont de nouvelles élections en Palestine La victoire
du Hamas est incontestable, comme elle l’avait été l’année précédente aux
élections municipales. Cette élection a d’ailleurs été effectuée sous contrôle
international, notamment par la présence de l’ancien président Jimmy Carter
lui-même, qui a pu témoigner que tout avait été fait dans les meilleures conditions.
2006 :
C’est aussi, en juillet, le conflit israélo-libanais, appelé « Guerre des Trente-trois jours ».
Elle oppose surtout le Hezbollah et l’armée israélienne, qui se retire de facto,
battue pour la première fois !
2007 :
C’est la dernière conférence internationale de paix à Annapolis aux États-Unis,
qui se termine par un nouvel échec. L’État israélien va continuer à occuper et
coloniser la Cisjordanie, et à transformer la bande de Gaza en prison à ciel
ouvert. Les sionistes bénéficient toujours d’une impunité totale et ne lâchent
rien.
2017 :
Le 6 décembre, le président étasunien Donald Trump reconnaît « Jérusalem capitale d’Israël », sans
préciser toutefois Jérusalem réunifiée, au grand dam des sionistes extrémistes
de droite.
2018 :
Le 19 juillet, une nouvelle loi fondamentale est votée à la Knesset. Elle
proclame « Israël, État nation du
peuple juif ». Elle reprend des éléments déjà inclus dans la
déclaration d’indépendance de 1948 (mais pas l’idéologie
« démocratique » que celle-ci contenait), et dans les lois
fondamentales précédentes telle que la loi de Jérusalem du 30 juillet 1980
proclamant « Jérusalem unifiée,
capitale éternelle et indivisible d’Israël ». Les résolutions 476 et
478 du Conseil de sécurité de l’ONU avaient alors déclaré que le vote du
Parlement israélien constituait « une
violation du droit international », et appelaient les « États qui ont établi des missions
diplomatiques à Jérusalem de les retirer de la Ville sainte ». Elles
réaffirmaient que « l’acquisition de
territoire par la force est inadmissible » ; qu’il doit être mis
fin à l’occupation de Jérusalem, et que « les dispositions législatives et administratives prises par Israël...
n’ont aucune validité en droit et constituent une violation flagrante de la Convention
de Genève ».
Israël n’en a cure, ni en 1980, ni en 2018.
Désormais la boucle est bouclée. C’est, appuyé par les États-Unis de Donald
Trump, le triomphe du national sionisme.
De
leur côté, les Palestiniens de Gaza ont, sous l’impulsion de la société civile,
lancé depuis le 30 mai 2018 une nouvelle forme de résistance non violente.
C’est tous les vendredis, à la sortie de la prière à la Mosquée, la « Grande marche du retour » à la
frontière de la bande de Gaza. L’armée israélienne, confortablement installée
sur les collines avoisinantes, réplique tranquillement. C’est, pour les
Palestiniens, hommes, femmes et enfants, le dramatique « tir aux
pigeons ». Et, à l’heure actuelle, on dénombre plus de 250 morts et plus
de 20 000 blessés parmi les Gazaouis !
4/
La position des « chrétiens sionistes » aujourd’hui.
Je l’ai déjà largement développée
ci-dessus.
J’ajouterai que les « chrétiens
sionistes » ont eu un rôle capital dans l’élection imprévue de Donald
Trump en 2016, de même que dans celle du vice-président Mike Pence, lui-même
membre d‘une Église évangélique. Premier groupe religieux des États-Unis, les
évangéliques représentent près de 25 % de la population dans ce pays encore
profondément croyant. Les évangéliques blancs ont voté à 80 % pour Trump.
Celui-ci a besoin d’eux pour être réélu en 2022, et eux s’appuient sur lui pour
mettre en œuvre leur idéologie politique, en particulier celle à l’égard de l’État
israélien. Ils étaient ainsi nombreux le 14 mai 2018, lors de l’inauguration de
la nouvelle ambassade étasunienne à Jérusalem.... Étonnement, les deux pasteurs
chargés de diriger les prières étaient connus comme des antisémites
notoires ! À noter aussi que ces
« chrétiens sionistes » croient en l’édification d’un troisième
temple à Jérusalem, qui sera, selon leur vision millénariste, le lieu à partir
duquel le Christ règnera sur le monde.
Lors du 3ème Congrès
international des « chrétiens sionistes » tenu à Jérusalem en février
1996, il avait été question principalement de ‘terre d’élection et de
rédemption’. Organisé par l’Ambassade Chrétienne, il a réuni 1 500
délégués de 40 pays. Dans un communiqué final, les participants ont repris les
éléments essentiels de la foi chrétienne dans sa version évangélique, en
soulignant à quel point la « théologie
chrétienne sioniste » lui est centrale : « Sans le peuple juif, les fins rédemptrices
de Dieu pour le monde ne seront pas achevées ». « La terre d’Israël fut donnée au peuple juif
par Dieu comme une possession perpétuelle, selon une alliance éternelle ».
« Le rassemblement moderne du peuple
juif dans la terre d’Israël et la renaissance de la nation d’Israël sont un
accomplissement des prophéties bibliques, comme il fut écrit dans les deux
Testaments, Ancien et Nouveau ». Etc.
Mais la solution finale n’est pas
reprise dans ce communiqué. C’est l’Armageddon, la défaite catastrophique pour
les Juifs, puisque obligés de se convertir au christianisme. À ce sujet, le grand journaliste Uri Avnery - hélas décédé
en août dernier - écrivait dans son blog du 24 mars 2018 : « Trump a des soutiens bien plus importants
(que les Juifs étasuniens qui votent en général pour les démocrates) : les millions d’évangéliques. Ces curieux
fanatiques chrétiens ont une vision singulière : ils croient que
Jésus-Christ reviendra lorsque tous les Juifs seront rassemblés en Terre
sainte. Ils n’aiment pas dire ce qu’ils espèrent ensuite : les Juifs se
convertiront au christianisme et ceux qui ne le feraient pas périront. Cela
sonne étrangement ? C’est étrange, en effet. Mais Trump a besoin de ces
millions de suffrages sans lesquels, d’abord, il n’aurait pas été élu. Il agit
conformément aux croyances de cette secte ».
Il faut noter qu’outre la défense
d’Israël, les positions de Donald Trump pour la lutte contre l’avortement, le
retrait de l’accord sur le nucléaire iranien et l’immigration sont aussi des
explications du soutien des évangéliques.
5/
En conclusion.
Deux documents me
semblent faire une analyse très claire de la situation actuelle :
La Déclaration de Sabeel sur
cinquante ans d’occupation, le 5 juin 2017 (date anniversaire de la guerre
de 1967), de laquelle j’extrais : « ... Israël ressemble à un tigre affamé attendant le bon moment pour
bondir sur sa proie et la dévorer. (...) Du point de vue palestinien, le
sionisme a deux aspects ignobles. Le premier fut celui du Sionisme séculier. Il
a dépouillé les Palestiniens de 78 % de leur pays. Durant les années 1970 et
suivantes, il a été remplacé par un autre aspect plus ignoble encore :
celui du sionisme religieux, qui a occupé les 22 % restant ».
Et le livre de Charles Enderlin, l’ancien
correspondant de France 2 à Jérusalem, qu’il faut absolument lire :
« Au nom du Temple ».
Je cite aussi un extrait : « Le
conflit n’est désormais plus territorial, mais religieux, comme l’a laissé
entendre Benyamin Netanyahou devant le Congrès américain. Et la religion
n’est pas négociable ».
J’ajouterai une citation de Mgr.
Michel Sabbah, alors patriarche latin de Jérusalem, citation extraite du
discours adressé au pape Jean-Paul II en mars 2001 à Rome : « Le Palestinien devra-t-il continuer à vivre
sous occupation militaire israélienne ou pourra-t-il jouir un jour de sa
liberté et de sa dignité ? De la réponse à cette question dépendent la
paix ou la violence en Terre sainte, la stabilité ou l’instabilité dans toute
la région ».
Pour moi, n’y aura jamais la paix en Terre
sainte tant que le national-sionisme sera au pouvoir en Israël. Cet État s’est
construit par la guerre. Il continuera à survivre 10, 20, 30 ans par la guerre.
Mais il sombrera un jour, par la guerre (j’en reviens à la citation de Naguib
Azuri en 1905 initialement relevée, mais en l’inversant : Un beau jour
« l’autre l’emportera sur l’un »),
ou par la démographie si demain il n’y a plus qu’un seul État, comme le veulent
les dirigeants sionistes. Ils auront tout fait pour cela, aidés par un Donald
Trump aux États-Unis et les« chrétiens sionistes ». Le président
d’Israël est certes pour cette solution, mais, pour lui, l’égalité réelle des
droits devra être reconnue à tous les citoyens.
L’État
israélien sioniste disparaîtra si la politique nationale sioniste de ses
dirigeants persiste : il en a été ainsi du fascisme italien, du national-socialisme
allemand, de l’idéologie marxiste en Russie. Cette « disparition »
d’Israël, le général de Gaulle l’avait prédite peu avant sa mort à son ancien
ministre Jean Marcel Jeanneney, en ce cas.
Pourtant, la paix est
possible si :
Un nouveau leader israélien de la
classe du général de Gaulle (fin de la guerre d’Algérie) ou du président de la
République d’Afrique du Sud de Klerk
(fin de l’apartheid en Afrique du Sud) apparaît, prêt à reconnaître l’État de
Palestine, ce qui légitimerait au regard du monde arabe l’État d’Israël.
L’occupation cesse, avec retour à la
« ligne verte » (immense sacrifice pour les Palestiniens acceptant de
voir leur État réduit à 22 % de la surface du mandat britannique, avec
Jérusalem-Est comme capitale).
Le retour des expulsés (dits
« réfugiés ») trouve une solution amiable.
Et, ne l’oublions
jamais : la Terre sainte est la terre des miracles !
Me Maurice Buttin, membre du C.A. des
« Amis de Sabeel-France », président du Comité de Vigilance pour une
Paix Réelle au Proche-Orient (CVPR PO).
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