Colloque du 24 novembre 2018 : Israël dans la Bible et l'État d'Israël aujourd'hui


INTERVENTION DE Me MAURICE BUTTIN

« Le sionisme et l’État d’Israël »
Mesdames, Messieurs, Cher amis,
Deux remarques préalables à mon intervention.
            La première : Je vais survoler, dans le temps qui m’est imparti, plusieurs siècles d’Histoire. Je serai donc très partiel et pour certains d’entre vous, partial. Les ateliers de cet après-midi permettront d’en débattre.
            La deuxième : J’ai fait pendant des années des conférences sur le thème : « Points de repère pour comprendre le conflit israélo-palestinien ». C’était une erreur, même si l‘expression est journellement employée dans les médias. Il n’y a pas, en effet, de conflit entre deux États, comme il y en a eu trop entre la France et l’Allemagne par exemple. Il y a simplement l’occupation par un État, Israël, de son voisin, l’État de Palestine, reconnu aujourd’hui par 138 États, dont le Vatican.

            J’ai intitulé mon exposé : « Le sionisme et l’État d’Israël ». J’aurais pu l’intituler aussi : « Le sionisme et la question palestinienne ». Il n’est pas possible, en effet, d’examiner la dramatique situation dans laquelle se débat le peuple palestinien depuis 70 ans sans avoir en tête le mouvement sioniste, l’idéologie sioniste, le national-sionisme d’aujourd’hui, tel que voulu par les dirigeants israéliens et leurs alliés dans le monde. Donald Trump et la politique étasunienne, bien sûr, mais, hélas, aussi des dizaines de millions de « chrétiens sionistes », les membres de l’Église évangélique, ou du moins de certaines Églises -, tant aux États-Unis, qu’au Brésil, voire en France, et même en Chine, où, sous l’influence de pasteurs évangéliques étasuniens ils se développent beaucoup !
       La question est donc : au nom de quoi, ou de qui, les colons israéliens par exemple, justifient-ils l’occupation illégale de terres palestiniennes ? Sur quels principes évangéliques  les Étatsuniens et autres soutiennent-ils l’État d’Israël et la colonisation israélienne de la Palestine ?
        Il a souvent été dit, à juste raison, que les dirigeants politiques instrumentalisent les religions, surtout au Proche-Orient. Il y a lieu de constater que l’actuelle politique des dirigeants israéliens et de leurs alliés trouve son fondement dans la religion elle-même !

            Mon exposé comprendra cinq parties :
1/ Le sionisme religieux dans l’Histoire.
2/ Le sionisme politique laïque de 1897 à 1967.
3/ Le sionisme politico-religieux de 1967 à nos jours.
4/ La position des « chrétiens sionistes » aujourd’hui.
5/ Mes conclusions.

1/ Le sionisme religieux dans l’Histoire.
            Le projet de restaurer le peuple juif en Palestine a d’abord été un projet de religieux fondamentalistes du monde chrétien. Il est poursuivi aujourd’hui par les « chrétiens sionistes », membres d’Églises évangéliques, vite éloignées des luthériens et des calvinistes d’origine,  mais pas dans toutes. Ils sont néanmoins des millions dans le monde, en particulier aux États-Unis (de 50 à 70 millions), en Chine, et au Brésil. Selon une journaliste restée dix ans dans ce pays où les catholiques sont les plus nombreux dans le monde, les « chrétiens sionistes » seraient à la veille de les dépasser ! Ils ont une ambassade à Jérusalem, et chaque année des milliers d’évangéliques arrivent en Israël pour participer à la fête des Tabernacles.
            Ils voient dans le peuple juif et la création de l’État d’Israël un moment capital de l’histoire du salut, le retour annoncé du Christ. Il est donc nécessaire d’appuyer le retour des Juifs en Israël, la Terre promise. Selon eux, Dieu lui-même a manifesté sa volonté souveraine à travers la création de cet État. Et de s’appuyer pour montrer le bien-fondé de leur affirmation sur une lecture littérale de certains versets de l’Ancien Testament, sans tenir aucun compte de leur contexte temporel. Ainsi ce verset : « Ce jour-là Yahvé conclut une alliance avec Abram en ces termes : « À ta postérité je donne le pays du torrent d’Égypte au grand fleuve l’Euphrate » (Gn 15.18).
            Nous retrouvons là le fondement de ceux qui, comme le futur premier ministre Menahem Begin, par exemple, ont fait campagne lors de la première Knesset, en 1949, pour un État d’Israël s’étendant du Nil à l’Euphrate. Les deux barres du drapeau israélien, disent certains. Le fait est que ni la déclaration d’indépendance de David Ben Gourion en 1948, ni la proclamation solennelle d’Israël « État-Nation du peuple juif » 70 ans après, ne donnent de frontières à cet État.
            À noter que pour ces « chrétiens sionistes », le Christ doit revenir pour juger tous les hommes et gare aux Juifs qui ne se convertiraient pas au christianisme ! Mais, bien sûr, pareille théorie n’est pas dans la vision fondamentaliste des sionistes israéliens...
            Ce mouvement est très ancien. Il prend sa source dans la Réforme protestante qui pousse à l’étude de la Bible, chez les millénaristes, dans les écrits apocalyptiques de St-Jean par exemple.
            C’est en Angleterre que le mouvement prend forme au 16ème siècle parmi les protestants piétistes, et au 17eème siècle parmi les puritains anglais. Des théologiens interprètent les prophéties comme une conversion massive des Juifs au Christ, après retour sur leur terre d’origine. Cromwell, par exemple, soutient cette thèse – en même temps, bien sûr, que le développement des intérêts économiques et politiques de l’Angleterre.
            Mais soyons très clair, ce qui prime à l’époque, c’est le côté religieux, et la vision de la conversion des Juifs.
            Au XIXe siècle, ce mouvement prit de l’ampleur. L’un des chrétiens sionistes ayant joué un rôle des plus importants est William HECHLER (1845-1931), par son livre publié en 1884 : « La restauration des Juifs en Palestine ». En 1896, aumônier de l’ambassade britannique à Vienne, il a rencontré Théodore HERZL, dont je reparlerai. Il lui a permis des contacts avec nombre de personnalités aux États-Unis, avec le grand vizir ottoman…, et également avec Arthur Balfour qui partage ses convictions eschatologiques, ayant lui-même été élevé dans une famille évangélique.
            Aux États-Unis, c’est le prédicateur William E. BLACKSTONE qui est à l’origine du lobby sioniste en faveur de l’établissement des Juifs en Palestine. Il a même été surnommé le « Père du sionisme ». En 1891, il présente une pétition signée par des centaines de personnes, dont 175 chrétiens sionistes, qui demande au Président des États-Unis, Benjamin Harrison « d’utiliser son influence auprès des grands pouvoirs européens et autres pour la création d’un État juif en Palestine ». « Pourquoi ne pas leur rendre la Palestine ? Selon la manière dont Dieu a distribué les nations, c’est leur foyer, une possession inaliénable, dont ils ont été expulsés par la force… »
            Remarquons le bien : cette démarche n’était pas juive, mais chrétienne.
            La principale opposition à cette pétition et au projet défendu va être celle des juifs orthodoxes et des réformés. Ces derniers soutenaient que les juifs veulent rester dans leur pays natal ; les orthodoxes, pour leur part, craignaient que ce programme soit conçu pour convertir, en définitive, les juifs au christianisme...

2/ Le sionisme politique laïque de 1897 à 1967.
Le sionisme politique est né en 1897 au premier Congrès mondial sioniste tenu à Bâle sous la présidence d’un journaliste autrichien, Theodore Herzl, un an après la parution de son livre : « L’État des Juifs ». Choqué par l’Affaire Dreyfus en France, les pogroms en Russie, le développement de l’antisémitisme, il estimait que l’assimilation des Juifs dans tous les pays – en France depuis la Révolution de 1789 – était un échec, une illusion. Une seule solution était donc de regrouper tous les Juifs dans un pays, qui serait l’État des Juifs. Cette idée était d’autant plus conforme à l’esprit de l’époque que le nationalisme était à l’ordre du jour en Europe (France, Allemagne), de même que le développement des colonies dans les empires britannique et français.
        Herzl ne voyait pas ce regroupement forcément en Palestine, il le proposait en Ouganda ou en Argentine. Mais l’une des représentations, très religieuse, réunie à Bâle, les « Amants de Sion » ne jurait que par la Palestine, ce qui fut finalement retenu dans un autre Congrès. Les conclusions de ces Congrès furent sans équivoque : « Le but du sionisme est la création en Palestine par le peuple juif d’une patrie garantie par le droit public ». Pour Herzl, ce projet était laïc. Il s’appuyait simplement sur le fait qu’il y avait eu en Palestine une occupation juive qui avait duré des siècles. Aucune définition géographique ne lui était donnée. A priori : partout où avaient vécu des tribus juives...
        Pour faciliter l’installation de Juifs, le territoire envisagé devait être considéré comme inoccupé, désertique. D’où le slogan : « Une terre sans peuple, pour un peuple sans terre ». C’était là le point de départ de l’errance du peuple palestinien, du « nettoyage ethnique » si bien décrit par l‘un des nouveaux historiens israéliens, Ilan Pape. Il montre, dans son livre au titre « Le Nettoyage ethnique de la Palestine », comment une population pacifique et sans défense fut chassée par la violence et l’intimidation : 500 villages rasés et la population arabe de nombreuses villes remplacée par les Juifs.
        À partir de cette époque, deux droits vont s’opposer sur cette terre. Et, il faut absolument avoir en tête cette prémonition d’un nationaliste arabe libanais chrétien, Naguib Azuri, qui écrit dans son livre « Le réveil de la Nation arabe »,  publié en 1905 : « Deux phénomènes importants, de même nature et pourtant opposés, qui n’ont encore attiré l’attention de personne, se manifestent en ce moment dans la Turquie d’Asie. Ce sont le réveil de la nation arabe et l’effort latent des Juifs pour reconstituer sur une très large échelle l’ancienne monarchie d’Israël. Ces deux mouvements sont destinés à se combattre continuellement jusqu’à ce que l’un l’emporte sur l’autre » (souligné par moi).
        À ce mouvement sioniste naissant, il faut une reconnaissance internationale. Il va la trouver à l’occasion de la Première Guerre mondiale.
            En octobre 1914, l’Empire ottoman entre en guerre aux côtés de l’Allemagne. Les Empires français et britannique vont en profiter pour le dépecer. Des discussions secrètes sont engagées en 1916, d’où sortiront les fameux « Accords Sykes-Picot », ou le partage du Moyen-Orient entre les deux Empires. En même temps, les Britanniques, qui occupent l’Égypte et qui craignent l’arrivée des Allemands à Suez, proposent aux tribus arabes de se révolter, à leurs côtés, contre les Ottomans, avec la promesse d’un grand État arabe à la clef... Promesse non tenue, chacun le sait. Ce sera la première trahison dont les Arabes seront victimes.
        Mais celle-ci sera suivie par une deuxième trahison, le 2 novembre 1917, par la « déclaration Balfour ». Aux termes de celle-ci : « Le gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif, et emploiera tous ses efforts pour faciliter la réalisation de cet objectif, étant clairement entendu que rien ne sera fait qui puisse porter atteinte, ni aux droits civils et religieux des collectivités non juives existant en Palestine, ni aux droits et aux statuts politiques dont les juifs jouissent dans tout autre pays ». À relever que cette déclaration ne mentionne ni le peuple demeurant dans ce pays, ni aucun droit politique pour les « collectivités non juives » l’habitant.
        Il y a lieu de noter ici le rôle des «  chrétiens sionistes »  pour soutenir, dès l’époque, la cause de la création de ce foyer juif en Palestine. Pour eux, la « déclaration Balfour » - pour laquelle ils ont joué un rôle essentiel - et l’occupation britannique de la Palestine la même année, font incontestablement référence aux prophéties bibliques...
        Cette année 1917 est aussi marquée par l’entrée en guerre des États-Unis aux côtés des Alliés et par la Révolution bolchevique en Russie.
            L’effondrement de l’Empire ottoman va permettre la réalisation du projet de partage anglo-français du Moyen-Orient. À la Conférence de San Remo, en 1920, les puissances alliées prévoient que la France recevra le Liban et la Syrie – à laquelle les Britanniques ont retiré une partie, appelée Transjordanie, nouvel État ex nihilo -, alors que les Britanniques auront la Palestine – avec reconnaissance de la « déclaration Balfour » - et la Mésopotamie : le futur Irak. La nouvelle Société des Nations, la SDN, confirmera en 1922 ce partage sous forme de mandats accordés à la France et au Royaume-Uni, la « déclaration Balfour » en faveur des Juifs étant intégralement reprise au sujet de la Palestine.
        Dès 1920, les Soviétiques, chassés de facto de la Conférence de San Remo, apprennent aux Arabes la double trahison dont ils sont l’objet. C’est pour eux, dès lors l’année de la Nakba, du désastre, mot qui sera repris en 1948 par les Palestiniens expulsés d’Israël
            Antérieurement à la décision des impérialistes français et britanniques citée supra, il faut relever le rôle qu’aurait pu jouer la Commission dite King-Crane, décidée à la demande du président des États-Unis, Thomas Woodrow Wilson. Notre ami Philippe Daumas l’a très bien étudié dans un article paru dans la Revue d’Études Palestiniennes, voici des années : « La Commission King-Crane, une occasion perdue ». Créée en 1919, elle devait aller enquêter sur le terrain pour étudier le souhait des habitants, des Palestiniens donc. Son rapport a été classé sans suite. Ni les Britanniques, ni les Français ne voulaient en entendre parler, et pour cause : il y avait eu les « Accords secrets Sykes-Picot » ! Prémonitoire, et c’est là l’importance des conclusions de cette Commission : sans contester la « déclaration Balfour », elle prédisait ce qui allait se passer en Palestine si on laissait les sionistes agir à leur guise.
            Je vais passer rapidement sur tous les nouveaux événements avant le partage de 1947.
            1920 : Dès qu’il eut connaissance des décisions de San Remo, le peuple palestinien entre en résistance par des attentats contre les Juifs.
            1925 : Un rôle politique important est joué par un sioniste extrémiste juif, le révisionniste Jabotinsky, créateur de l’une des milices juives, l’Irgoun. Son programme est simple : créer un État juif sur les deux rives du Jourdain. Un de ses admirateurs, le futur Premier ministre Begin, reprendra cette thèse, nous l’avons vu.
            1936-1937 : Devant l’arrivée massive des Juifs, après l’arrivée d’Hitler au pouvoir en 1933, les Palestiniens se révoltent contre les Britanniques et les Juifs. C’est, pour moi, la première Intifada. Une répression très forte s’abat sur eux : plus de 5 000 morts (dont des chefs palestiniens qui manqueront lors de la nouvelle résistance en 1947) et des dizaines de milliers de blessés. Pour tenter de ramener la paix, les Britanniques forment une commission présidée par Lord William Peel. Ses conclusions, en juillet 1937, proposent le partage de la Palestine en deux États, l’un arabe, l’autre juif, ce qui est totalement refusé par les Arabes. Retenons toutefois ce fait, très important : il montre bien que l’avènement de l’État d’Israël, après la Deuxième Guerre mondiale, est sans rapport avec la Shoah. 
            1939 : Changement de politique par les Britanniques. Ils se rendent compte qu’une nouvelle guerre avec l’Allemagne est proche. Craignant que les dirigeants arabes ne se retournent vers celle-ci, ils publient un Livre blanc, au programme très différent : création d’un État indépendant unique ‘d’ici dix ans’, avec une limitation très stricte de l’immigration juive. Ni les Arabes, ni les Juifs ne l’acceptent.
            1942 : Congrès sioniste à l’hôtel Biltmore, à New-York, sous la présidence de David Ben Gourion. Décision est prise de la création, après la guerre, d’un État juif sur toute l’étendue du mandat, avec le refus d’une direction binationale, bien sûr.
            1945-1946 : Les Juifs se soulèvent contre les Britanniques. Une série d’attentats, en particulier sous la direction de Begin, force les Britanniques à abandonner la partie et à remettre le destin de la Palestine à l’Organisation nouvelles des Nations Unies, l’ONU. Les Juifs vont appeler cette période leur « guerre de libération ».
            1947 : Le 29 novembre, un partage inique de la Palestine est décidé par l’Assemblée générale de l’ONU (résolution 181), contre la volonté de tous les pays arabes et sans aucune consultation des Palestiniens, contrairement aux principes de la Charte de l’ONU elle-même ! Les Juifs qui possédaient 6 % du territoire et qui représentaient le tiers de la population vont en recevoir 54 %, les Arabes 43 % seulement. Il est aussi prévu une zone internationale pour Jérusalem et sa région. David Ben Gourion accepte le partage, mais il affirme tranquillement : « L’acceptation du partage ne nous engage pas à renoncer à la Cisjordanie. On ne demande pas à quelqu’un de renoncer à sa vision. Nous acceptons un État dans les frontières fixées d’aujourd’hui – mais les frontières des aspirations sionistes sont les affaires des Juifs ».
         Les grandes puissances (États-Unis, URSS, Grande-Bretagne, France) ont partagé un territoire qui ne leur appartenait pas et donné ainsi à une tierce partie ce qui appartenait à une autre !
            1947/1948 : Les Palestiniens sont opposés au partage, bien sûr, et résistent. Peu armés, ils sont réprimés par les Britanniques, aidés par l’armée secrète sioniste créée dès 1920, la Haganah, base future de l’armée israélienne. De nombreux attentats sont commis par des milices juives terroristes contre des villages palestiniens. Le plus tristement célèbre est celui du massacre de Deir Yassin le 9 avril 1948, l’Oradour-sur-Glane des Palestiniens, un mois avant l’annonce du retrait des Britanniques et la proclamation de l’État d’Israël le 14 mai par David Ben Gourion, pour le lendemain.
            À noter que le leader juif se garde bien de donner des frontières à cet État... Des années auparavant, dans un article paru dans la revue « Palestine » du Comité britannique pour la Palestine, il écrivait : « Les frontières de la Palestine : une partie de la Jordanie actuelle, de la Syrie, du Liban et de l’Égypte (Sinaï) ». Il contestait par ailleurs la création de la Transjordanie.
            1948/1949 : Première guerre israélo-arabe, au lendemain de la proclamation de l’État d’Israël. Cinq États arabes voisins vont tenter de récupérer au moins la partie laissée par le partage aux Palestiniens. Certains de leurs dirigeants pensent peut-être même récupérer toute la Palestine... (Ce sera le début de la constante affirmation des Israéliens et de leurs amis, et cela jusqu’à aujourd’hui : « Les Arabes veulent mettre les Juifs à la mer ! »). En fait, ceux-là son battus et Israël, lors des armistices du printemps 1949, va occuper et obtenir de facto 24 % en plus de la surface du mandat. Pendant cette période, les Israéliens vont procéder au « nettoyage ethnique » dont j’ai fait état. Plus de 500 villages seront rasés et 750 à 800 000 Palestiniens expulsés vers les pays voisins. Pour ces Palestiniens et les 100 000 environ restés en Israël, c’est la Nakba, la catastrophe, drame célébré chaque année le 15 mai.
            Le comte Folke Bernadotte avait été désigné le 20 mai 1948 par l’ONU pour tenter de faire cesser les hostilités. Il obtint des armistices pendant lesquels l’armée israélienne renforce son armement par du matériel reçu des pays de l’Est... Mais en septembre 1948 il remit un rapport à l’ONU modifiant le plan de partage et envisageant le normal retour des expulsés chez eux : « Ce serait offenser les principes élémentaires que d’empêcher ces innocentes victimes du conflit de retourner à leur foyer, alors que les immigrants juifs affluent en Palestine et, de plus, menacent, de façon permanente, de remplacer les réfugiés arabes enracinés dans cette terre depuis des siècles… ». C’en était trop pour les sionistes. Sous la direction de Yitzhak Shamir, futur Premier ministre, alors chef de la milice terroriste Stern, le comte Bernadotte est assassiné le 17 septembre 1948, en même temps que le colonel français Sérot, assis à ses côtés dans le véhicule. Shamir écrira : « Laisser environ 300 000 Arabes revenir, c’eut été un désastre pour Israël ».
            Il n’empêche que le 11 décembre 1948, le lendemain de la proclamation de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme à Paris, l’ONU, qui siégeait dans la capitale française, prenait la résolution 194 ordonnant le retour des réfugiés ou/et leur indemnisation.
            1967 : juin. C’est la « Guerre des Six jours », au cours de laquelle l’armée israélienne bat les armées arabes, égyptiennes et syriennes, et occupe ainsi désormais la totalité du mandat britannique. Pour les sionistes c’est la réalisation de Eretz Israël, la libération de la Judée et de la Samarie, l’application du programme de Biltmore et, dès le 11 juin, ils proclament « Jérusalem capitale d’Israël ».
            Le Conseil de Sécurité des Nations Unies pour sa part, le 22 novembre 1947, « soulignant l’inadmissibilité de l’acquisition de territoire par la guerre et la nécessité d’œuvrer pour une paix juste et durable permettant à chaque État de la région de vivre en sécurité » ordonnera le « Retrait des forces armées israéliennes des territoires occupés lors du récent conflit ». Mais les dirigeants sionistes ignorèrent cette décision, comme toutes les autres par la suite, qu’elles émanent de l’Assemblée Générale de l’ONU ou du Conseil de Sécurité. 
            Les « chrétiens sionistes » applaudirent à ce succès. C’était pour eux l’œuvre de Dieu qui s’accomplissait. Comment un si petit État a-t-il pu vaincre de puissants ennemis qui l’encerclaient de presque tous les côtés, en six jours ? Cela n’a été possible que par une intervention divine ! Ils eurent la même réaction au lendemain de la guerre du Ramadan, ou de Kippour, en octobre 1973.
             Il est intéressant de relever ici un extrait de la conférence de presse du général De Gaulle le 27 novembre 1967 : « On sait que la voix de la France n’a pas été entendue. Israël ayant attaqué, s’est emparé, en six jours de combat, des objectifs qu’il voulait atteindre. Maintenant, il organise sur les territoires qu’il a pris, l’occupation qui ne peut aller sans oppression, répression, expulsions, et il s’y manifeste contre lui une résistance, qu’à son tour, il qualifie de terrorisme ».

3/ Le sionisme politico-religieux de 1977 à aujourd’hui.
         En 1977, c’est l’élection de Menahem Begin. Pour la première fois la droite nationaliste sioniste arrive au pouvoir. Ce tournant représente un véritable bouleversement dans l’histoire politique d’Israël et des sionistes.
            Le président égyptien Sadate l’a compris. Il veut récupérer ses terres, le Sinaï. Il décide de se rendre à Jérusalem, où il prend la parole à la Knesset le 20 novembre 1977. Il a alors l’ensemble du monde arabe contre lui, et il sera assassiné en octobre 1980, après avoir signé la paix avec Israël en mars 1979, au lendemain des accords de Camp David de 1978. Son discours est en partie consacré à la Palestine et il est formel : « En ce qui concerne la cause palestinienne, personne ne peut nier qu’elle constitue le nœud de toute l’affaire... En toute sincérité, je vous dis qu’il ne peut y avoir de paix sans les Palestiniens. C’est une grave erreur aux conséquences imprévisibles d’oublier ou de mettre de côté cette cause ». Répondant à son discours, le Premier ministre israélien a évité, lui, soigneusement, de prononcer le mot ‘palestinien’, comme le faisait remarquer quelques jours après le correspondant du Monde : « Ceux qui espéraient que le raz-de-marée Sadate emporterait avec lui une partie au moins des positions fondamentales d’Israël en ont été pour leurs frais ».
            Le 1er octobre 1977, un communiqué russo-étasunien avait rappelé que cette paix passait par une conférence internationale. Mais le lobby sioniste faisait changer de politique le président Jimmy Carter, et celui-ci écartait l’URSS des accords de Camp David. Ce n’est que des années après qu’il changera d’idée. Ainsi, en 2006, il publiera « Palestine, la paix pas l’apartheid ». Pour lui une paix durable entre Israël et la Palestine passe par le respect des décisions de l’ONU, c’est-à-dire le retour aux frontières de 1967.
            Les 12 et 13 juin 1980, les Européens réagissaient à leur tour par la fameuse déclaration du Conseil européen à Venise. Les neuf pays de la communauté, « se fondant sur les résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité et sur les positions qu’ils ont exprimées à plusieurs reprises », déclarent que « tous les pays de la région ont le droit de vivre en paix dans des frontières sûres, reconnues et garanties ». « Les neuf reconnaissent le rôle particulièrement important que la question de Jérusalem revêt pour toutes les parties en cause. Les neuf soulignent qu’ils n’acceptent aucune initiative unilatérale qui ait pour but de changer le statut de Jérusalem, et que tout accord sur le statut de la ville devrait garantir le droit de libre accès pour tous aux lieux saints ». Ils rappellent enfin « la nécessité pour Israël de mettre fin à l’occupation territoriale qu’il maintient depuis le conflit de 1967, comme il l’a fait pour une partie du Sinaï ».
            Nous en sommes bien loin aujourd’hui, sauf en ce qui concerne la Suède et le Vatican, qui ont reconnu l’État d’Israël.
            En juin 1982, l’armée israélienne lance une attaque au Liban contre l’organisation palestinienne, qui y est implantée, depuis « septembre noir » (1970) en Jordanie. L’OLP est sauvée par François Mitterrand. En septembre, hélas, le monde apprend les terribles massacres de Sabra et Chatila, certes effectués par des phalangistes chrétiens, mais sous le contrôle total et la responsabilité de l’armée israélienne.
         1987 : Première Intifada ou « guerre des pierres » engagée par les résistants palestiniens de Gaza à la suite d’un accident de la circulation. Quelles en sont les conséquences ? Le 30 juillet 1988, la Jordanie renonce à l’annexion de la Cisjordanie en 1949. Et le 15 novembre 1988, le Conseil national palestinien de l’OLP proclame l’État de Palestine, reconnu aujourd’hui par 138 États.
            1991 : Conférence de Madrid, le 30 novembre. C’est la première tentative de paix organisée par la communauté internationale, avec l’accord des États-Unis, de la Russie, et des pays arabes. Pendant des mois, les dirigeants sionistes d’Israël, laïques ou religieux, avaient refusé d’y participer. Néanmoins, de cette conférence et de rencontres entre de jeunes personnalités juives et palestiniennes à Oslo, vont déboucher, en septembre 1993, les accords d’Oslo. Qui, hélas, se révèleront rapidement un échec, surtout après l’assassinat du Premier ministre Rabin, le 4 novembre 1995.
            Janvier 1996 : C’est tout de même l’élection de Yasser Arafat, qui devient le chef de l’État palestinien (non reconnu par les Occidentaux jusqu’à aujourd’hui) et de l’Autorité palestinienne.
            Juillet 2000 : C’est la nouvelle conférence de paix de Camp David et un échec, non pas par la faute, comme il a été indiqué à tort à l’époque, du Président Arafat, mais par les exigences du Premier ministre israélien Ehud Barak, comme le révèlera plus tard l’un des participants étasuniens.
            Octobre 2000 : La deuxième Intifada éclate à la suite de la provocation du Premier ministre Sharon sur l’Esplanade des Mosquées, accompagné de centaines de soldats.
            2005 : C’est la construction du mur dit de « défense d’Israël ». En fait, du « mur de l’apartheid ». Il fait plus de 750 km. Il aurait dû en faire moins de la moitié si les sionistes avaient respecté la « ligne verte » ou ligne d’armistice de 1949. La même année, Israël retire ses troupes et ses colonies de la bande de Gaza, d’une part parce que cette occupation lui coûtait cher pour quelques milliers de colons, et d’autre part évidemment en application de la vielle formule « Diviser pour régner ».
         2006 : Ce sont de nouvelles élections en Palestine La victoire du Hamas est incontestable, comme elle l’avait été l’année précédente aux élections municipales. Cette élection a d’ailleurs été effectuée sous contrôle international, notamment par la présence de l’ancien président Jimmy Carter lui-même, qui a pu témoigner que tout avait été fait dans les meilleures conditions.
            2006 : C’est aussi, en juillet, le conflit israélo-libanais, appelé « Guerre des Trente-trois jours ». Elle oppose surtout le Hezbollah et l’armée israélienne, qui se retire de facto, battue pour la première fois ! 
            2007 : C’est la dernière conférence internationale de paix à Annapolis aux États-Unis, qui se termine par un nouvel échec. L’État israélien va continuer à occuper et coloniser la Cisjordanie, et à transformer la bande de Gaza en prison à ciel ouvert. Les sionistes bénéficient toujours d’une impunité totale et ne lâchent rien.
            2017 : Le 6 décembre, le président étasunien Donald Trump reconnaît « Jérusalem capitale d’Israël », sans préciser toutefois Jérusalem réunifiée, au grand dam des sionistes extrémistes de droite.
            2018 : Le 19 juillet, une nouvelle loi fondamentale est votée à la Knesset. Elle proclame « Israël, État nation du peuple juif ». Elle reprend des éléments déjà inclus dans la déclaration d’indépendance de 1948 (mais pas l’idéologie « démocratique » que celle-ci contenait), et dans les lois fondamentales précédentes telle que la loi de Jérusalem du 30 juillet 1980 proclamant « Jérusalem unifiée, capitale éternelle et indivisible d’Israël ». Les résolutions 476 et 478 du Conseil de sécurité de l’ONU avaient alors déclaré que le vote du Parlement israélien constituait « une violation du droit international », et appelaient les « États qui ont établi des missions diplomatiques à Jérusalem de les retirer de la Ville sainte ». Elles réaffirmaient que « l’acquisition de territoire par la force est inadmissible » ; qu’il doit être mis fin à l’occupation de Jérusalem, et que « les dispositions législatives et administratives prises par Israël... n’ont aucune validité en droit et constituent une violation flagrante de la Convention de Genève ».
            Israël n’en a cure, ni en 1980, ni en 2018. Désormais la boucle est bouclée. C’est, appuyé par les États-Unis de Donald Trump, le triomphe du national sionisme.
            De leur côté, les Palestiniens de Gaza ont, sous l’impulsion de la société civile, lancé depuis le 30 mai 2018 une nouvelle forme de résistance non violente. C’est tous les vendredis, à la sortie de la prière à la Mosquée, la « Grande marche du retour » à la frontière de la bande de Gaza. L’armée israélienne, confortablement installée sur les collines avoisinantes, réplique tranquillement. C’est, pour les Palestiniens, hommes, femmes et enfants, le dramatique « tir aux pigeons ». Et, à l’heure actuelle, on dénombre plus de 250 morts et plus de 20 000 blessés parmi les Gazaouis !

4/ La position des « chrétiens sionistes » aujourd’hui.
         Je l’ai déjà largement développée ci-dessus.
            J’ajouterai que les « chrétiens sionistes » ont eu un rôle capital dans l’élection imprévue de Donald Trump en 2016, de même que dans celle du vice-président Mike Pence, lui-même membre d‘une Église évangélique. Premier groupe religieux des États-Unis, les évangéliques représentent près de 25 % de la population dans ce pays encore profondément croyant. Les évangéliques blancs ont voté à 80 % pour Trump. Celui-ci a besoin d’eux pour être réélu en 2022, et eux s’appuient sur lui pour mettre en œuvre leur idéologie politique, en particulier celle à l’égard de l’État israélien. Ils étaient ainsi nombreux le 14 mai 2018, lors de l’inauguration de la nouvelle ambassade étasunienne à Jérusalem.... Étonnement, les deux pasteurs chargés de diriger les prières étaient connus comme des antisémites notoires ! À noter aussi que ces « chrétiens sionistes » croient en l’édification d’un troisième temple à Jérusalem, qui sera, selon leur vision millénariste, le lieu à partir duquel le Christ règnera sur le monde.
            Lors du 3ème Congrès international des « chrétiens sionistes » tenu à Jérusalem en février 1996, il avait été question principalement de ‘terre d’élection et de rédemption’. Organisé par l’Ambassade Chrétienne, il a réuni 1 500 délégués de 40 pays. Dans un communiqué final, les participants ont repris les éléments essentiels de la foi chrétienne dans sa version évangélique, en soulignant à quel point la « théologie chrétienne sioniste » lui est centrale : « Sans le peuple juif, les fins rédemptrices de Dieu pour le monde ne seront pas achevées ». « La terre d’Israël fut donnée au peuple juif par Dieu comme une possession perpétuelle, selon une alliance éternelle ». « Le rassemblement moderne du peuple juif dans la terre d’Israël et la renaissance de la nation d’Israël sont un accomplissement des prophéties bibliques, comme il fut écrit dans les deux Testaments, Ancien et Nouveau ». Etc.
            Mais la solution finale n’est pas reprise dans ce communiqué. C’est l’Armageddon, la défaite catastrophique pour les Juifs, puisque obligés de se convertir au christianisme. À ce sujet, le grand journaliste Uri Avnery - hélas décédé en août dernier - écrivait dans son blog du 24 mars 2018 : « Trump a des soutiens bien plus importants (que les Juifs étasuniens qui votent en général pour les démocrates) : les millions d’évangéliques. Ces curieux fanatiques chrétiens ont une vision singulière : ils croient que Jésus-Christ reviendra lorsque tous les Juifs seront rassemblés en Terre sainte. Ils n’aiment pas dire ce qu’ils espèrent ensuite : les Juifs se convertiront au christianisme et ceux qui ne le feraient pas périront. Cela sonne étrangement ? C’est étrange, en effet. Mais Trump a besoin de ces millions de suffrages sans lesquels, d’abord, il n’aurait pas été élu. Il agit conformément aux croyances de cette secte ».
            Il faut noter qu’outre la défense d’Israël, les positions de Donald Trump pour la lutte contre l’avortement, le retrait de l’accord sur le nucléaire iranien et l’immigration sont aussi des explications du soutien des évangéliques.

5/ En conclusion.
         Deux documents me semblent faire une analyse très claire de la situation actuelle :
            La Déclaration de Sabeel sur cinquante ans d’occupation, le 5 juin 2017 (date anniversaire de la guerre de 1967), de laquelle j’extrais : « ... Israël ressemble à un tigre affamé attendant le bon moment pour bondir sur sa proie et la dévorer. (...) Du point de vue palestinien, le sionisme a deux aspects ignobles. Le premier fut celui du Sionisme séculier. Il a dépouillé les Palestiniens de 78 % de leur pays. Durant les années 1970 et suivantes, il a été remplacé par un autre aspect plus ignoble encore : celui du sionisme religieux, qui a occupé les 22 % restant ».
             Et le livre de Charles Enderlin, l’ancien correspondant de France 2 à Jérusalem, qu’il faut absolument lire : « Au nom du Temple ». Je cite aussi un extrait : « Le conflit n’est désormais plus territorial, mais religieux, comme l’a laissé entendre Benyamin Netanyahou devant le Congrès américain. Et la religion n’est pas négociable ».
            J’ajouterai une citation de Mgr. Michel Sabbah, alors patriarche latin de Jérusalem, citation extraite du discours adressé au pape Jean-Paul II en mars 2001 à Rome : « Le Palestinien devra-t-il continuer à vivre sous occupation militaire israélienne ou pourra-t-il jouir un jour de sa liberté et de sa dignité ? De la réponse à cette question dépendent la paix ou la violence en Terre sainte, la stabilité ou l’instabilité dans toute la région ».
         Pour moi, n’y aura jamais la paix en Terre sainte tant que le national-sionisme sera au pouvoir en Israël. Cet État s’est construit par la guerre. Il continuera à survivre 10, 20, 30 ans par la guerre. Mais il sombrera un jour, par la guerre (j’en reviens à la citation de Naguib Azuri en 1905 initialement relevée, mais en l’inversant : Un beau jour « l’autre l’emportera sur l’un »), ou par la démographie si demain il n’y a plus qu’un seul État, comme le veulent les dirigeants sionistes. Ils auront tout fait pour cela, aidés par un Donald Trump aux États-Unis et les« chrétiens sionistes ». Le président d’Israël est certes pour cette solution, mais, pour lui, l’égalité réelle des droits devra être reconnue à tous les citoyens.
            L’État israélien sioniste disparaîtra si la politique nationale sioniste de ses dirigeants persiste : il en a été ainsi du fascisme italien, du national-socialisme allemand, de l’idéologie marxiste en Russie. Cette « disparition » d’Israël, le général de Gaulle l’avait prédite peu avant sa mort à son ancien ministre Jean Marcel Jeanneney, en ce cas.
Pourtant, la paix est possible si :
            Un nouveau leader israélien de la classe du général de Gaulle (fin de la guerre d’Algérie) ou du président de la République d’Afrique du Sud de Klerk (fin de l’apartheid en Afrique du Sud) apparaît, prêt à reconnaître l’État de Palestine, ce qui légitimerait au regard du monde arabe l’État d’Israël.
            L’occupation cesse, avec retour à la « ligne verte » (immense sacrifice pour les Palestiniens acceptant de voir leur État réduit à 22 % de la surface du mandat britannique, avec Jérusalem-Est comme capitale).
            Le retour des expulsés (dits « réfugiés ») trouve une solution amiable.
Et, ne l’oublions jamais : la Terre sainte est la terre des miracles !


Me Maurice Buttin, membre du C.A. des « Amis de Sabeel-France », président du Comité de Vigilance pour une Paix Réelle au Proche-Orient (CVPR PO).
 

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