Kumi Now - Semaine 19 - Colonies à Hébron - Jeunes contre les colonies


YOUTH AGAINST SETTLEMENTS (YAS)


Les colonies israéliennes empiètent sur les terres et les vies des Palestiniens. Ceux-ci résistent en permanence et de façon épuisante aux colonies et aux colons. YAS, abréviation de Youth Against Settlements (Jeunes contre les colonies) enseigne aux Palestiniens à résister aux colonies et les y encourage. Voici ce que vous devez savoir sur les colonies israéliennes et ce que vous pouvez faire pour que nous puissions réagir et « nous lever » (Koumi) ensemble.
Organisation
            Youth Against Settlements (YAS - Jeunes contre les colonies) est un groupe non-violent d’action directe basé à Hébron. Constitué en 2008, il anime un Centre d’éducation et de rencontre pour jeunes dans un immeuble précédemment occupé par l’armée puis par des colons israéliens. Il en a revendiqué l’utilisation par des Palestiniens par le biais d’une campagne légale et des actions non-violentes. Le Centre est utilisé pour responsabiliser et former des Palestiniens, en particulier des jeunes, à faire preuve de fermeté et à mener des actions non-violentes, à utiliser les médias et des actions de plaidoyer pour résister au système d’occupation, d’interdictions et de séparation mis en œuvre à Hébron par Israël. 

YAS encourage la population d’Hébron, en particulier celle de la vieille ville, à rester sur place malgré les difficultés et les violences qu’elle subit de la part des colons et de l’armée d’occupation. YAS organise une campagne annuelle menée en Palestine et à l’international : « Ouvrez la rue Shouhada ». YAS est également engagé dans une activité de plaidoyer international auprès des Nations Unies et d’autres institutions internationales, dont le Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies. Le coordinateur de YAS, Issa Amro, a été reconnu comme un défenseur des droits humains par l’Union Européenne.
YAS vous invite à adresser des messages à vos élus. Dites-leur que vous êtes contre la fermeture de la rue Shouhada et contre le système de séparation et d’oppression tel qu’il est mis en œuvre à Hébron. Demandez-leur d’utiliser leur influence pour faire pression sur le gouvernement d’Israël afin qu’il rouvre la rue Shouhada et applique les droits humains pour tous ceux qui habitent à Hébron.
Vous pouvez trouver YAS sur son site web https://hyas.ps/. Ou sur Facebook à https://www.facebook.com/media.yas/ ou sur Twitter à  https://twitter.com/YASHebron.
La situation
Hébron est l’une des principales villes saintes à la fois pour le judaïsme et pour l’islam. C’est après Jérusalem-Est la seconde ville de Cisjordanie, et c’était le centre commercial de sa partie méridionale. Très peu de temps après l’occupation militaire de la Cisjordanie par Israël en 1967, Hébron a vu se construire des colonies israéliennes. Cette construction de colonies se poursuit à Hébron comme dans l’ensemble de la Cisjordanie, bien qu’elle soit considérée comme illégale au regard du droit international. Outre les grandes colonies de Kiryat Arba et de Givat Ha’avot voisines d’Hébron, il y a environ 600 colons israéliens installés au centre même de la vieille ville d’Hébron. Plus de 1500 combattants israéliens sont stationnés à l’intérieur et autour d’Hébron, à côté des colons, pour assurer leur sécurité. Les soldats israéliens ne protègent pas du tout les habitants palestiniens d’Hébron, qui sont régulièrement agressés par des colons israéliens. 
Le 25 février 2019 est le 25ème anniversaire du massacre commis en 1994 par Baruch Goldstein : ce colon assassina 29 Palestiniens qui prenaient part aux prières du vendredi durant le Ramadan dans la mosquée d’Ibrahim (Abraham) à Hébron. En réponse au massacre, l’armée israélienne mit en place à Hébron un système de séparation, d’apartheid, comportant la fermeture de la rue Shouhada aux Palestiniens et créant de fait une ville fantôme. La liberté de déplacement dans la vieille ville d’Hébron reste sévèrement limitée pour les Palestiniens. Ils sont obligés de faire de longs détours, sont barricadés dans leurs maisons de la rue Shouhada, et ne peuvent y entrer ou en sortir que par les portes arrière ou les toits. La rue Shouhada est essentielle pour la vie commerciale et communale des Palestiniens d’Hébron. C’était le centre du secteur commercial de la vieille ville avant sa fermeture imposée par les projets de colonies et le pouvoir militaire. À ce jour, la rue reste presqu’entièrement fermée aux Palestiniens, alors que les colons israéliens y circulent librement. La fermeture de la rue Shouhada est un symbole de la politique d’apartheid menée par Israël.
Un cas : L’histoire de Zleikha Almohtaseb
            Zleikha est une enseignante de la rue Shouhada, dans la zone H2 de la vieille ville d’Hébron. Elle s’est installée dans sa maison il y a plus de 8 ans. Sa porte d’entrée qui donne sur la rue Shouhada est fermée et soudée. Comme tous les Palestiniens de la ville, elle n’a pas le droit de remonter ou de descendre la rue « d’apartheid »  Shouhada.
            La rue Shouhada a été fermée aux Palestiniens depuis les attaques contre la mosquée d’Ibrahim en 1994. C’était l’une des rues centrales de la ville aux plans économique et culturel. De nombreuses familles palestiniennes continuent à y habiter, mais elles doivent emprunter des parcours longs et compliqués pour accéder à leur maison ou la quitter. Ils ne peuvent pas passer par leur porte d’entrée parce qu’elle donne sur la rue Shouhada !
            Zleikha a raconté à YAS son vécu et celui de sa mère âgée, avec tous les harcèlements et les agressions qu’elles ont subies lors d’une courte période pendant laquelle la rue avait été rouverte à ses habitants palestiniens.
            En 2006, YAS a porté le cas de la rue Shouhada et de son système d’apartheid devant la justice israélienne. YAS a eu gain de cause et le juge a ordonné que les habitants de la rue puissent passer par leur porte d’entrée pour accéder à la rue. Un an plus tard, les habitants ont reçu des permis, avec la promesse que leur sécurité serait assurée par l’armée israélienne, parce qu’ils savaient que leur présence allait provoquer des réactions hostiles de la part des colons qui empruntent la rue quotidiennement.
            Mais ni la promesse ni les garanties de sécurité pour les Palestiniens n’ont été tenues. Lorsque Zleikha emprunta la rue pour la première fois, c’était en présence d’un groupe international. Elle fut confrontée à l’hostilité de colons qui essayaient d’empêcher les Palestiniens de circuler dans la rue et tentaient d’engager des bagarres avec eux. Les soldats ont souvent retenu Zleikha entre dix minutes et une heure pour « vérifier » son permis.
            En 2008, encore en compagnie d’internationaux, Zleikha s’est vu barrer la route par un colon. Comme elle tentait de continuer à donner aux touristes un aperçu du système d’apartheid mis en place dans la ville, elle se fit barrer la route par un colon extrémiste connu, Anat Cohen, qui appela la police. Des soldats et des policiers furent rapidement sur place et séparèrent Zleikha du groupe international. On lui demanda son permis de circuler dans la rue et on lui dit qu’il n’était pas valable pour cette section. Les soldats la firent alors monter de force dans une jeep pour la ramener chez elle. Ils lui dirent qu’ils ne l’arrêteraient pas cette fois-ci en raison de sa « bonne conduite ».
            Non seulement Zleikha s’est fréquemment fait harceler et contester son droit de passage par des colons et des soldats, mais l’armée a failli à sa promesse de protéger les habitants palestiniens dans la rue. Un jour, la mère âgée de Zleikha fut frappée et insultée par un groupe de colons. L’armée réagit en lui faisant quitter le secteur.
            En juin 2012, la porte d’entrée de Zleikha fut fermée et soudée. Elle n’en fut pas informée. C’était la riposte à une action menée par des femmes palestiniennes et internationales avec des gens du lieu pour demander la réouverture de la rue Shouhada. Les manifestants étaient entrés dans la rue par la porte d’entrée de Zleikha. Des portes furent alors brisées dans le quartier, y compris celle de l’école maternelle où travaillait Zleikha. Des colons prétendirent que son frère qui était venu en visite était le propriétaire de la maison ; il se fit alors arrêter et mettre en détention pour la nuit malgré ses ennuis de santé. L’armée prit alors des mesures pour garantir qu’on ne puisse plus jamais rouvrir la porte : elle fut carrément soudée.
            Zleikha eut la possibilité d’emprunter la rue Shouhada pendant une année au total entre 2007 et 2009. On lui avait accordé un permis de 3 mois qu’il fallait renouveler à chaque échéance. Cela pouvait prendre jusqu’à 4 mois à chaque renouvellement, et en 2009 la police refusa de renouveler le permis en invoquant des raisons de sécurité.
Action
            Cherchez un panneau indiquant « OUVERT » (dans un restaurant, une boutique, un container, etc.) et mettez en-dessous un billet avec la mention « rue Shouhada » (en anglais, « Open » peut signifier « Ouvert » ou « Ouvrez ! »). Et si quelqu’un demande ce que signifie « Ouvrez la rue Shouhada », expliquez à cette personne ce qui se passe à Hébron.
            Organisez dans votre école, ou votre église ou au centre de votre ville une veillée pour les 29 victimes du massacre de la mosquée d’Ibrahim pour son 25ème anniversaire.
            Projetez le film « Soldier on the Roof » (Soldat sur le toit) qui traite des colons extrémistes d’Hébron. Vous pouvez regarder la bande-annonce et acheter un DVD ou louer une version digitale ou le film sur http://www.ruthfilms.com/films/new-releases/soldier-on-the-roof.html.
            Diffusez des photos de vos actions sur les médias sociaux. Ajoutez un lien à cette page du site web avec les hashtags #OpenShuhada, #KumiNow, et #Kumi19.
Un texte de Lisa Goldman extrait de « Nabi Saleh is Where I Lost My Zionism » (C’est à Nabi Saleh que j’ai perdu mon sionisme).
            La famille Tamimi a manifesté tous les vendredis durant près de dix ans pour protester contre la prise de contrôle de la source naturelle de Nabi Saleh par les colons voisins. Comme me l’a expliqué un jour Bassem Tamimi dans un excellent hébreu, les villageois n’avaient rien dit lorsque l’armée avait construit la colonie de Halamish (anciennement Neve Tzouf) sur leurs terres. Mais lorsque les colons confisquèrent leur source et que l’armée empêcha les Tamimi d’y avoir accès, Bassem et sa grande famille ont décidé de marquer une ligne rouge.
            Maintenant, chaque semaine, ils se rassemblent dans leur village au sommet de la colline et, portant drapeaux et bannières, ils descendent vers la route qui les sépare de la source. Le but est tout simplement de traverser la route et de marcher vers la source. Et, chaque semaine, l’armée déploie des forces de sécurité dans et autour du village pour empêcher les manifestants d’atteindre leur objectif.
            Voici comment les choses se passent : vers midi, des véhicules militaires entrent dans le village et se garent en bas d’un carrefour. Des forces de sécurité lourdement armées et portant des équipements de combat descendent des véhicules, chargent leurs armes et attendent. Quelquefois ils se mettent à tirer dès le commencement de la manifestation, quelquefois ils attendent qu’un adolescent lance une pierre dans leur direction, et ouvrent le feu.
            Comme le mentionne Ben Ehrenreich dans son article du New York Times Magazine à propos de Nabi Saleh, le porte-parole de l’armée lui a dit qu’il n’y a jamais eu au cours de ces manifestations un seul cas de soldat blessé par une pierre. Par contre, les soldats ont blessé et tué plusieurs manifestants au cours de ces dernières années. Lors d’un incident maintenant bien connu, un soldat a brusquement ouvert la porte arrière de sa jeep blindée alors qu’elle sortait du village et a lancé une grenade lacrymogène en plein visage du cousin d’Ahed, Mustafa, 21 ans, le tuant sur le coup. Personne n’a été condamné ou poursuivi pour ce meurtre.
Extrait de “Nabi Saleh is Where I Lost My Zionism” (C’est à Nabi Saleh que j’ai perdu mon sionisme) de Lisa Goldman, rédactrice, fondatrice et collaboratrice de +972 Magazine, site d’informations et de commentaires numériques basé à Tel Aviv. Diffusé sur https://972mag.com/nabi-saleh-is-where-i-lost-my-zionism/131818/.
Ressources (en anglais) : Open Shuhada Street Campaign information: http://hyas.ps/oss/
Vidéos (en anglais) :
“Israeli Settlements, Explained” from Vox: https://youtu.be/E0uLbeQlwjw Part 2: https://youtu.be/B6L9mS9ti6o
“Settlements, Inc.” from Human Rights Watch: https://www.hrw.org/video-photos/video/2016/01/20/settlement-inc
Reportages (en anglais) :
“The Israeli Settlements from the Perspective of International Law” from Al-Haq: http://www.alhaq.org/publications/publications-index/item/the-israeli-settlements-from-the-perspective-of-international-law
“Institutionalized Impunity: Israel’s Failure to Combat Settler Violence in the Occupied Palestinian Territory” from Al-Haq: http://www.alhaq.org/publications/publications-index/item/institutionalised-impunity-israel-s-failure-to-combat-settler-violence-in-the-occupied-palestinian-territory
“From Settlement top Shelf: The Economic Occupation of the Syrian Golan” from Al-Marsad: http://golan-marsad.org/wp-content/uploads/From-settelements-to-shelf.pdf
Articles (en anglais) :
“’Agricultural terrorism’: Palestinian Crops Face Destruction by Israeli Settlers” by Yumna Patel for Middle East Eye: http://www.middleeasteye.net/news/agricultural-terrorism-palestinian-crops-face-destruction-israeli-settlers-1562802280
“The Maps of Israeli Settlements that Shocked Barack Obama” by Adam Entous for The New Yorker: https://www.newyorker.com/news/news-desk/the-map-of-israeli-settlements-that-shocked-barack-obama
“Bankrolling Abuse: Israeli Banks in West Bank Settlements” from Human Rights Watch: https://www.hrw.org/report/2018/05/29/bankrolling-abuse/israeli-banks-west-bank-settlements

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