YOUTH AGAINST SETTLEMENTS (YAS)
Les
colonies israéliennes empiètent sur les terres et les vies des Palestiniens. Ceux-ci
résistent en permanence et de façon épuisante aux colonies et aux colons. YAS,
abréviation de Youth Against Settlements
(Jeunes contre les colonies) enseigne aux Palestiniens à résister aux colonies
et les y encourage. Voici ce que vous devez savoir sur les colonies
israéliennes et ce que vous pouvez faire pour que nous puissions réagir et
« nous lever » (Koumi) ensemble.
Organisation
Youth
Against Settlements (YAS - Jeunes contre les colonies) est un groupe
non-violent d’action directe basé à Hébron. Constitué en 2008, il anime un Centre
d’éducation et de rencontre pour jeunes dans un immeuble précédemment occupé
par l’armée puis par des colons israéliens. Il en a revendiqué l’utilisation
par des Palestiniens par le biais d’une campagne légale et des actions
non-violentes. Le Centre est utilisé pour responsabiliser et former des
Palestiniens, en particulier des jeunes, à faire preuve de fermeté et à mener
des actions non-violentes, à utiliser les médias et des actions de plaidoyer
pour résister au système d’occupation, d’interdictions et de séparation mis en
œuvre à Hébron par Israël.
YAS
encourage la population d’Hébron, en particulier celle de la vieille ville, à
rester sur place malgré les difficultés et les violences qu’elle subit de la
part des colons et de l’armée d’occupation. YAS organise une campagne annuelle menée
en Palestine et à l’international : « Ouvrez la rue Shouhada ».
YAS est également engagé dans une activité de plaidoyer international auprès
des Nations Unies et d’autres institutions internationales, dont le Conseil des
Droits de l’Homme des Nations Unies. Le coordinateur de YAS, Issa Amro, a été
reconnu comme un défenseur des droits humains par l’Union Européenne.
YAS
vous invite à adresser des messages à vos élus. Dites-leur que vous êtes contre
la fermeture de la rue Shouhada et contre le système de séparation et
d’oppression tel qu’il est mis en œuvre à Hébron. Demandez-leur d’utiliser leur
influence pour faire pression sur le gouvernement d’Israël afin qu’il rouvre la
rue Shouhada et applique les droits humains pour tous ceux qui habitent à
Hébron.
Vous pouvez trouver YAS sur son site
web https://hyas.ps/. Ou sur Facebook à https://www.facebook.com/media.yas/ ou sur Twitter à https://twitter.com/YASHebron.
La situation
Hébron
est l’une des principales villes saintes à la fois pour le judaïsme et pour l’islam.
C’est après Jérusalem-Est la seconde ville de Cisjordanie, et c’était le centre
commercial de sa partie méridionale. Très peu de temps après l’occupation
militaire de la Cisjordanie par Israël en 1967, Hébron a vu se construire des
colonies israéliennes. Cette construction de colonies se poursuit à Hébron
comme dans l’ensemble de la Cisjordanie, bien qu’elle soit considérée comme
illégale au regard du droit international. Outre les grandes colonies de Kiryat
Arba et de Givat Ha’avot voisines d’Hébron, il y a environ 600 colons
israéliens installés au centre même de la vieille ville d’Hébron. Plus de 1500
combattants israéliens sont stationnés à l’intérieur et autour d’Hébron, à côté
des colons, pour assurer leur sécurité. Les soldats israéliens ne protègent pas
du tout les habitants palestiniens d’Hébron, qui sont régulièrement agressés
par des colons israéliens.
Le
25 février 2019 est le 25ème anniversaire du massacre commis en 1994
par Baruch Goldstein : ce colon assassina 29 Palestiniens qui prenaient
part aux prières du vendredi durant le Ramadan dans la mosquée d’Ibrahim (Abraham)
à Hébron. En réponse au massacre, l’armée israélienne mit en place à Hébron un
système de séparation, d’apartheid, comportant la fermeture de la rue Shouhada
aux Palestiniens et créant de fait une ville fantôme. La liberté de déplacement
dans la vieille ville d’Hébron reste sévèrement limitée pour les Palestiniens.
Ils sont obligés de faire de longs détours, sont barricadés dans leurs maisons
de la rue Shouhada, et ne peuvent y entrer ou en sortir que par les portes
arrière ou les toits. La rue Shouhada est essentielle pour la vie commerciale
et communale des Palestiniens d’Hébron. C’était le centre du secteur commercial
de la vieille ville avant sa fermeture imposée par les projets de colonies et
le pouvoir militaire. À ce jour, la rue reste presqu’entièrement fermée aux
Palestiniens, alors que les colons israéliens y circulent librement. La
fermeture de la rue Shouhada est un symbole de la politique d’apartheid menée
par Israël.
Un cas : L’histoire de Zleikha
Almohtaseb
Zleikha est une enseignante de la
rue Shouhada, dans la zone H2 de la vieille ville d’Hébron. Elle s’est
installée dans sa maison il y a plus de 8 ans. Sa porte d’entrée qui donne sur
la rue Shouhada est fermée et soudée. Comme tous les Palestiniens de la ville,
elle n’a pas le droit de remonter ou de descendre la rue « d’apartheid »
Shouhada.
La rue Shouhada a été fermée aux
Palestiniens depuis les attaques contre la mosquée d’Ibrahim en 1994. C’était
l’une des rues centrales de la ville aux plans économique et culturel. De nombreuses
familles palestiniennes continuent à y habiter, mais elles doivent emprunter des
parcours longs et compliqués pour accéder à leur maison ou la quitter. Ils ne
peuvent pas passer par leur porte d’entrée parce qu’elle donne sur la rue Shouhada !
Zleikha a raconté à YAS son vécu et
celui de sa mère âgée, avec tous les harcèlements et les agressions qu’elles
ont subies lors d’une courte période pendant laquelle la rue avait été rouverte
à ses habitants palestiniens.
En 2006, YAS a porté le cas de la rue
Shouhada et de son système d’apartheid devant la justice israélienne. YAS a eu
gain de cause et le juge a ordonné que les habitants de la rue puissent passer
par leur porte d’entrée pour accéder à la rue. Un an plus tard, les habitants ont
reçu des permis, avec la promesse que leur sécurité serait assurée par l’armée
israélienne, parce qu’ils savaient que leur présence allait provoquer des
réactions hostiles de la part des colons qui empruntent la rue quotidiennement.
Mais ni la promesse ni les garanties
de sécurité pour les Palestiniens n’ont été tenues. Lorsque Zleikha emprunta la
rue pour la première fois, c’était en présence d’un groupe international. Elle fut
confrontée à l’hostilité de colons qui essayaient d’empêcher les Palestiniens
de circuler dans la rue et tentaient d’engager des bagarres avec eux. Les
soldats ont souvent retenu Zleikha entre dix minutes et une heure pour
« vérifier » son permis.
En 2008, encore en compagnie d’internationaux,
Zleikha s’est vu barrer la route par un colon. Comme elle tentait de continuer
à donner aux touristes un aperçu du système d’apartheid mis en place dans la
ville, elle se fit barrer la route par un colon extrémiste connu, Anat Cohen,
qui appela la police. Des soldats et des policiers furent rapidement sur place
et séparèrent Zleikha du groupe international. On lui demanda son permis de circuler
dans la rue et on lui dit qu’il n’était pas valable pour cette section. Les
soldats la firent alors monter de force dans une jeep pour la ramener chez elle.
Ils lui dirent qu’ils ne l’arrêteraient pas cette fois-ci en raison de sa
« bonne conduite ».
Non seulement Zleikha s’est
fréquemment fait harceler et contester son droit de passage par des colons et
des soldats, mais l’armée a failli à sa promesse de protéger les habitants
palestiniens dans la rue. Un jour, la mère âgée de Zleikha fut frappée et
insultée par un groupe de colons. L’armée réagit en lui faisant quitter le
secteur.
En juin 2012, la porte d’entrée de
Zleikha fut fermée et soudée. Elle n’en fut pas informée. C’était la riposte à
une action menée par des femmes palestiniennes et internationales avec des gens
du lieu pour demander la réouverture de la rue Shouhada. Les manifestants étaient
entrés dans la rue par la porte d’entrée de Zleikha. Des portes furent alors
brisées dans le quartier, y compris celle de l’école maternelle où travaillait
Zleikha. Des colons prétendirent que son frère qui était venu en visite était
le propriétaire de la maison ; il se fit alors arrêter et mettre en détention
pour la nuit malgré ses ennuis de santé. L’armée prit alors des mesures pour
garantir qu’on ne puisse plus jamais rouvrir la porte : elle fut carrément
soudée.
Zleikha eut la possibilité
d’emprunter la rue Shouhada pendant une année au total entre 2007 et 2009. On
lui avait accordé un permis de 3 mois qu’il fallait renouveler à chaque
échéance. Cela pouvait prendre jusqu’à 4 mois à chaque renouvellement, et en
2009 la police refusa de renouveler le permis en invoquant des raisons de
sécurité.
Action
Cherchez un panneau indiquant
« OUVERT » (dans un restaurant, une boutique, un container, etc.) et
mettez en-dessous un billet avec la mention « rue Shouhada » (en
anglais, « Open » peut signifier « Ouvert » ou
« Ouvrez ! »). Et si quelqu’un demande ce que signifie « Ouvrez
la rue Shouhada », expliquez à cette personne ce qui se passe à Hébron.
Organisez dans votre école, ou votre
église ou au centre de votre ville une veillée pour les 29 victimes du massacre
de la mosquée d’Ibrahim pour son 25ème anniversaire.
Projetez le film « Soldier on
the Roof » (Soldat sur le toit) qui traite des colons extrémistes
d’Hébron. Vous pouvez regarder la bande-annonce et acheter un DVD ou louer une
version digitale ou le film sur http://www.ruthfilms.com/films/new-releases/soldier-on-the-roof.html.
Diffusez des photos de vos actions
sur les médias sociaux. Ajoutez un lien à cette page du site web avec les
hashtags #OpenShuhada, #KumiNow, et #Kumi19.
Un texte de Lisa Goldman extrait
de « Nabi Saleh is Where I Lost My Zionism »
(C’est à Nabi Saleh que j’ai perdu mon sionisme).
La famille Tamimi a manifesté tous
les vendredis durant près de dix ans pour protester contre la prise de contrôle
de la source naturelle de Nabi Saleh par les colons voisins. Comme me l’a
expliqué un jour Bassem Tamimi dans un excellent hébreu, les villageois
n’avaient rien dit lorsque l’armée avait construit la colonie de Halamish
(anciennement Neve Tzouf) sur leurs terres. Mais lorsque les colons confisquèrent
leur source et que l’armée empêcha les Tamimi d’y avoir accès, Bassem et sa grande
famille ont décidé de marquer une ligne rouge.
Maintenant, chaque semaine, ils se
rassemblent dans leur village au sommet de la colline et, portant drapeaux et
bannières, ils descendent vers la route qui les sépare de la source. Le but est
tout simplement de traverser la route et de marcher vers la source. Et, chaque
semaine, l’armée déploie des forces de sécurité dans et autour du village pour
empêcher les manifestants d’atteindre leur objectif.
Voici comment les choses se
passent : vers midi, des véhicules militaires entrent dans le village et
se garent en bas d’un carrefour. Des forces de sécurité lourdement armées et
portant des équipements de combat descendent des véhicules, chargent leurs
armes et attendent. Quelquefois ils se mettent à tirer dès le commencement de
la manifestation, quelquefois ils attendent qu’un adolescent lance une pierre
dans leur direction, et ouvrent le feu.
Comme le mentionne Ben Ehrenreich
dans son article du New York Times Magazine à propos de Nabi Saleh, le
porte-parole de l’armée lui a dit qu’il n’y a jamais eu au cours de ces
manifestations un seul cas de soldat blessé par une pierre. Par contre, les
soldats ont blessé et tué plusieurs manifestants au cours de ces dernières
années. Lors d’un incident maintenant bien connu, un soldat a brusquement ouvert
la porte arrière de sa jeep blindée alors qu’elle sortait du village et a lancé
une grenade lacrymogène en plein visage du cousin d’Ahed, Mustafa, 21 ans, le
tuant sur le coup. Personne n’a été condamné ou poursuivi pour ce meurtre.
Extrait de “Nabi Saleh is Where I Lost
My Zionism” (C’est à Nabi Saleh que j’ai perdu mon sionisme) de Lisa Goldman, rédactrice, fondatrice et
collaboratrice de +972 Magazine, site d’informations et de commentaires
numériques basé à Tel Aviv. Diffusé sur https://972mag.com/nabi-saleh-is-where-i-lost-my-zionism/131818/.
Vidéos (en anglais) :
“Israeli Settlements, Explained” from Vox: https://youtu.be/E0uLbeQlwjw Part 2: https://youtu.be/B6L9mS9ti6o
“Settlements, Inc.” from Human Rights Watch: https://www.hrw.org/video-photos/video/2016/01/20/settlement-inc
Reportages
(en anglais) :
“The Israeli Settlements from the Perspective of
International Law” from Al-Haq: http://www.alhaq.org/publications/publications-index/item/the-israeli-settlements-from-the-perspective-of-international-law
“Institutionalized Impunity: Israel’s Failure to
Combat Settler Violence in the Occupied Palestinian Territory” from Al-Haq: http://www.alhaq.org/publications/publications-index/item/institutionalised-impunity-israel-s-failure-to-combat-settler-violence-in-the-occupied-palestinian-territory
“Settling Area C: THe Jordan Valley Exposed” from
Al-Haq: http://www.alhaq.org/publications/publications-index/item/settling-area-c-the-jordan-valley-exposedcategoryid10
“From Settlement top Shelf: The Economic Occupation of
the Syrian Golan” from Al-Marsad: http://golan-marsad.org/wp-content/uploads/From-settelements-to-shelf.pdf
Articles
(en anglais) :
“’Agricultural terrorism’: Palestinian Crops Face
Destruction by Israeli Settlers” by Yumna Patel for Middle East Eye: http://www.middleeasteye.net/news/agricultural-terrorism-palestinian-crops-face-destruction-israeli-settlers-1562802280
“The Maps of Israeli Settlements that Shocked Barack
Obama” by Adam Entous for The New Yorker: https://www.newyorker.com/news/news-desk/the-map-of-israeli-settlements-that-shocked-barack-obama
“Bankrolling Abuse: Israeli Banks in West Bank
Settlements” from Human Rights Watch: https://www.hrw.org/report/2018/05/29/bankrolling-abuse/israeli-banks-west-bank-settlements
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