Kumi Now Semaine 40 : du 21 au 27 juillet 2019
Les pèlerins d’Ibillin
Financement de l’éducation en Palestine
Les citoyens
palestiniens d’Israël sont l’objet de discriminations en matière de financement
de l’éducation par l’État d’Israël. Les écoles Mar Élias d’Ibillin en Palestine s’efforcent de fournir une
éducation de qualité à tous les
enfants, qu’ils soient juifs, chrétiens, musulmans ou druzes, et font pression
sur Israël pour qu’il mette fin au traitement inégal de ses citoyens en matière
d’éducation. Voici ce vous devez savoir et ce que vous pouvez faire pour que
nous puissions nous lever (Kumi !) ensemble.
Organisation
Pèlerins
d’Ibillin est une association sans but lucratif créée en 1995 et enregistrée aux
États-Unis. Son but est d’exprimer un soutien amical et de faire connaître les Œuvres Éducatives Mar Élias[1],
qui se trouvent à Ibillin en Galilée, du côté israélien de la Ligne verte (tracé
officiel de l’armistice de 1949). Les écoles Mar Élias ont été créées en 1982 par le Père Élias Chacour, trois
fois nominé pour le Prix Nobel de la Paix, avec deux objectifs étroitement liés :
proposer une formation scolaire de grande qualité à de jeunes citoyens
palestiniens d’Israël, filles comme garçons, et offrir un environnement
éducatif dans lequel juifs, chrétiens, musulmans et druzes jouiront de la même
considération et où l’on pratiquera et enseignera la non-violence et une manière
créative de résoudre les problèmes auxquels on se trouvera confronté.
Une fois que vous vous serez informés sur le financement de ce projet d’éducation,
voici ce que nous vous invitons à entreprendre :
D’abord, si vous connaissez des gens qui envisagent un pèlerinage en Terre
Sainte, appelez-les ou écrivez-leur pour qu’ils demandent à leurs groupes de
prévoir une étape aux Œuvres Éducatives
Mar Élias d’Ibillin en Israël. Ils pourront rencontrer Abouna[2]
Élias Chacour des élèves et des enseignants. Écrivez à meeioffice@gmail.com pour vous renseigner
sur les possibilités de visites.
Beaucoup de gens n’ont pas les moyens de se rendre en Israël et en
Palestine. Pourtant des dizaines de milliers de pèlerins du monde entier
visitent chaque année la Terre Sainte pour ‘mettre leurs pas dans ceux de Jésus’,
mais rares sont ceux qui se prennent le temps de s’asseoir pour parler avec des
chrétiens palestiniens ou partager un repas avec eux. Voyez donc qui parmi vos
connaissances envisage prochainement un tel voyage ou qui dans votre Église
organise des pèlerinages en Terre Sainte, et invitez-les instamment à visiter Mar Élias et à rencontrer des chrétiens
palestiniens lors de leur visite.
Il est vrai aussi que bien des voyages centrés sur l’histoire palestinienne
se concentrent sur la Cisjordanie et Gaza sans s’informer sur le vécu des
Palestiniens d’Israël. Quoi qu’il en soit, demandez que les pèlerinages
chrétiens incluent dans leur programme des rencontres avec les ‟pierres
vivantes”, autant celles d’Israël que celles de Palestine.
Vous trouverez les Pèlerins d’Ibilin sur
leur site http://www.pilgrimsofibillin.org/ ou sur Facebook à
l’adresse https://www.facebook.com/pilgrimsofibillin/ ou encore par Twitter sur https://twitter.com/PilgrimsIbillin.
La situation
Beaucoup d’amis internationaux ne se rendent pas compte qu’Israël a deux
systèmes scolaires séparés et inégaux, selon qu’il s’adresse à des Juifs
israéliens ou aux citoyens palestiniens d’Israël. Toutes les écoles
israéliennes, qu’elles soient juives ou arabes, reçoivent une aide financière
de l’État, approvisionnée par les impôts que payent tous les citoyens, mais les
écoles publiques qui accueillent les enfants chrétiens, musulmans et druzes d’Israël
reçoivent des subventions largement inférieures à celles que perçoivent les
écoles juives, et sont en général de bien moindre qualité. C’est pourquoi les
écoles qui offrent la meilleure éducation aux élèves arabes d’Israël sont des
écoles privées chrétiennes, dont certaines existaient déjà des dizaines
d’années avant même la création de l’État d’Israël. Mar Élias est l’une des meilleures et des plus importantes de ces
écoles chrétiennes.
Les écoles Mar Élias d’Ibillin
scolarisent aujourd’hui 2.700 élèves de 3 à 18 ans, originaires de 45 villages
de Galilée et de plusieurs communautés proches de Jérusalem, ou encore du
Néguev. Deux tiers des élèves sont musulmans, la plupart des autres sont
chrétiens et quelques-uns sont druzes. Quant aux enseignants de Mar Élias, ils sont chrétiens,
musulmans, juifs et druzes. Plus de la moitié des élèves sont des filles. Cette
diversité et l’engagement de l’école de traiter tous ses élèves de la même
manière lui confèrent une réputation sans égale, même parmi les autres écoles
religieuses pour Palestiniens en Israël.
Bien que les écoles chrétiennes comme Mar
Élias soient des écoles privées, elles sont tenues de suivre le programme imposé
par le ministère israélien de l’Éducation. Seuls les élèves qui récolteront de
bonnes notes à l’examen de fin d’études secondaires (Bagrout, équivalent
israélien du baccalauréat) recevront le diplôme israélien. Près de 90% des élèves
de Mar Élias réussissent à l’obtenir,
un taux bien plus élevé que dans la plupart des écoles publiques tant juives qu’arabes.
Presque tous les bacheliers de Mar Élias
poursuivent des études universitaires, soit en Israël soit ailleurs dans le
monde. Non seulement ils excellent au plan académique, mais ils se distinguent aussi
comme des leaders et des innovateurs dans leurs professions et leurs communautés
de vie.
Une difficulté particulière pour les Œuvres
éducatives Mar Élias vient du fait qu’Israël n’assure que 29% du financement
des écoles privées religieuses dirigées par des chrétiens ou des musulmans. Les
subventions gouvernementales pour les écoles religieuses non-juives ont été drastiquement
diminuées au cours de la dernière décennie, au point que beaucoup d’écoles
chrétiennes luttent pour leur survie malgré les frais de scolarité que leurs
élèves doivent acquitter. En septembre 2015 l’ensemble des 47 écoles
chrétiennes d’Israël se sont unies pour une grève d’un mois au point de retarder
le début de l’année scolaire, afin d’attirer l’attention sur la situation
financière critique qui était la leur et de faire pression sur le gouvernement israélien
afin qu’il assure une égalité de traitement à TOUS les élèves en Israël. La
grève a pris fin sur un succès mitigé : la promesse par le gouvernement
d’un versement unique de rattrapage, …promesse non tenue à ce jour.
Les dirigeants de Mar Élias
reconnaissent que l’école continue à pouvoir exister comme institution
d’éducation de pointe en raison de ses amis de l’étranger qui ne se contentent
pas de prier pour elle et de la visiter, mais l’aident aussi financièrement. ‘Pèlerins d’Ibillin’ est le plus
important de ces soutiens internationaux de Mar
Élias et lui procure des fonds pour des bourses d’études, pour la
maintenance et la rénovation des bâtiments, ainsi que des équipements et autres
aides pour maintenir la technologie et les programmes d’études à la hauteur des
attentes. Les bourses d’études sont tout particulièrement importantes du fait
que deux tiers des élèves de Mar Élias
ne sont pas en mesure de payer les frais de scolarité exigés, bien que ceux-ci
soient inférieurs à 450 € par an pour le lycée et à 900 € par an pour l’école
primaire et le collège.
L’association ‘Pèlerins d’Ibillin’
contribue aussi à informer les amis américains sur la situation des
Palestiniens à Ibillin, en Galilée et en Cisjordanie, et organise chaque année dans
ce but un ‟Pèlerinage chez les pierres vivantes” pour rencontrer des artisans
de paix comme Abouna Élias Chacour et d’autres leaders remarquables, tant en Israël
qu’en Palestine.
Récit : Les leçons de la grève
Lors de la grève des écoles chrétiennes en septembre 2015, la plupart des
familles des élèves de Mar Élias ont
vigoureusement soutenu leur école. Les enseignants et les élèves ainsi que
leurs familles participaient aux rassemblements et aux réunions de prière en
Galilée et à Jérusalem, à part quelques familles qui étaient irritées parce que
les élèves qu’elles envoyaient allaient manquer un mois de cours. Elles retirèrent
donc leurs enfants de Mar Élias pour
les inscrire dans les écoles publiques locales.
Même si la grève n’a pas permis d’obtenir le soutien financier total et la
reconnaissance que Mar Élias et
d’autres écoles avaient espérés, elle a eu quelques suites surprenantes. L’une
d’elles fut que les enseignants, les élèves et leurs familles se rendirent
compte bien plus fortement qu’auparavant de la qualité de l’éducation dispensée
à Mar Élias, tant au plan académique
que pour les valeurs morales transmises. Ils ont appris à exprimer ce qui fait la
particularité de leur école et sont devenus d’ardents défenseurs des écoles
religieuses en général et de Mar Élias
en particulier. Les enseignants de leur côté se sont engagés à venir six jours
par semaine le restant de l’année scolaire pour aider les élèves à rattraper le
temps perdu, même si cela impliquait davantage de travail sans rémunération
supplémentaire.
Une autre conséquence inattendue de la grève a été qu’élèves et enseignants
ont mis en route de façon informelle des groupes d’étude en se servant des
réseaux sociaux. Ils ont mené en ligne des discussions animées sur ce qui se
passait, et pourquoi. Les élèves des classes d’anglais lisaient des essais que
leurs enseignants leur proposaient et en discutaient sur des forums. Et un
petit groupe d’élèves en formation de programmation informatique pour
entreprises mit à profit le mois de grève pour imaginer une entrée pour un
‘hack-a-thon’ (compétition de programmation) international. Surprise : cette entrée obtint le premier prix de tout Israël
et permit à ses auteurs de concourir à un niveau international avec les 37
vainqueurs des ‘hack-a-thon’ nationaux. Le groupe de Mar Élias finit cette année-là à la deuxième place au niveau
mondial !
Une dernière conséquence inattendue de la grève fut que plusieurs des
familles qui avaient retiré leurs élèves de Mar
Élias à cause de la grève sont revenues, disant que, même si leurs enfants n’avaient
pas perdu d’heures de cours durant la grève, l’enseignement qu’ils avaient alors
reçu ailleurs n’était pas de même qualité !
Action
·
Prenez une photo de votre école ou d’un rayon de
livres dans sa bibliothèque et, avec un marqueur ou un logiciel Photoshop,
noircissez 71% de l’école ou des livres, puis partagez-la avec ce
commentaire : ‟Voici la part de notre éducation que nous perdrions si
notre école était une école palestinienne en Israël.” Affichez-la dans la bibliothèque
et les couloirs de votre école…
·
Ou bien envoyez un livre sur la justice (n’importe
quel livre fera l’affaire, mais vous pourriez envoyer ‘Frères de sang’ d’Élias Chacour) au Ministre de l’Éducation
[d’Israël] avec, sur la couverture, une note du style : ‟Puisque vous
trouvez difficile de faire ce qui est juste et de subventionner convenablement
les écoles palestiniennes, je pense que vous devriez lire ce livre. Vous
pourrez ensuite le remettre à une bibliothèque scolaire quelque part en Israël.
Ce sera utile ! ”
·
Prenez les photos que vous avez faites de votre école
ou de sa bibliothèque et les photos des livres que vous avez retenus avec votre
note sur la couverture et diffusez-les sur les réseaux sociaux, accompagnés de
vos messages. Ajoutez un lien avec cette page du site de Kumi Now avec les
hashtags #EducationFunding, #KumiNow, et #Kumi40.
Texte : Une requête de l’archevêque émérite Élias Chacour
‟Vous qui vivez aux États-Unis, si vous êtes pro-Israël, je viens vous
lancer un appel au nom des enfants palestiniens : Continuez à témoigner de
votre amitié pour Israël. Il en a besoin. Mais cessez de comprendre cette
amitié comme allant de pair avec de l’antipathie envers moi le Palestinien qui doit
payer la facture de ce que d’autres ont fait à mes frères et sœurs juifs
bien-aimés lors de l’Holocauste, et à Auschwitz, et ailleurs encore.
Et si vous avez été suffisamment éclairés pour prendre le parti des
Palestiniens – que vos cœurs en soient bénis ! – alors joignez-vous à
nous, parce que pour une fois vous serez du bon côté, n’est-ce pas ? Mais
si prendre notre parti signifiait prendre parti contre mes frères et sœurs
juifs, vous faites fausse route. Nous n’avons pas besoin de ce genre d’amitié.
Nous avons besoins d’un nouvel ami commun, pas d’un ennemi de plus, - pour
l’amour de Dieu !”
L’archevêque émérite Élias Chacour, né en Haute
Galilée, a été nominé trois fois pour le Prix Nobel de la Paix.
Ressources (surtout mais pas seulement en anglais)
Livres de ou sur Élias Chacour :
·
Frères de sang, de Élias
Chacour, traduction française aux Éditions du Cerf, 1988, et aux Éditions de
l’Emmanuel.
·
Ns
appartenons à la terre, de Élias Chacour et Mary Jensen, Desclée de Brouwer (We
Belong to the Land: the Story of a Palestinian Israeli who Lives for Peace and
Reconciliation, published by University of Notre Dame Press).
·
Blessed Are the
Peacemakers, par Patricia Griggs, avec sujets de discussion et photos, pour
élèves du niveau collèges.
Vidéos:
·
DVD/Video: “Building Peace
on Desktops,” video de 12 mn réalisée en 2011 pour présenter les écoles de Mar Élias
et leur fondateur Élias Chacour. Disponible en DVD avec le texte anglais à
l’écran, conçu pour spectateurs malentendants. Également disponible sur YouTube
à https://www.youtube.com/watch?v=3eoQ9stT7HU&t=4s.
Rapports :
·
“The
Right of Child Prisoners to Education” réalisé par Addameer http://www.addameer.org/sites/default/files/publications/addameer-report-the-right-of-child-prisoners-to-education-october-2010-en.pdf
·
“Education
Under Siege: A Future in Jeopardy” de Al-Haq http://www.alhaq.org/publications/publications-index/item/education-under-siege-a-future-in-jeopardy
·
“The
Right to Education Under Occupation: A Case Study of the Arab Orphan School,
East Jerusalem”, de Al-Haq http://www.alhaq.org/publications/publications-index/item/the-right-to-education-under-occupation
Traduit par les Amis de
Sabeel France
[1]
‘Saint Élie’. ‘Mar’ est un titre d’origine araméenne.
[2]
‘Père’. Mot d’origine syriaque. C’est ainsi que l’on s’adresse à des
ecclésiastiques, y compris certains dignitaires, dans les traditions
catholiques et orthodoxes.
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