Kumi Now semaine 52 : du 12 au 19 octobre 2019
Zaytoun – Production
d’olives
On
ne saurait assez dire l’importance tant économique que symbolique des oliviers
en Palestine. Ils sont fréquemment aussi l’objet de violences : arbres
déracinés par des colons, fermiers séparés de leurs champs par des clôtures et
des checkpoints, et terres expropriées au profit de colonies israéliennes. Zaytoun soutient les producteurs
d’olives de Palestine. Voici ce qu’il vous faut savoir sur la production
d’huile d’olive en Palestine et ce que vous pouvez faire pour que nous
puissions nous lever (Kumi !) ensemble.
Organisation
Nous
pensions pouvoir vendre de l’huile d’olive au Royaume Uni à un prix équitable.
Nous avons commencé avec quelques centaines de bouteilles que nous avons
vendues à la famille et à des amis. La réaction a été extrêmement positive, et
l’information a rapidement circulé dans des groupes engagés pour la justice
sociale, des groupes d’Églises et auprès des militants du commerce équitable.
Nous manquions d’expérience commerciale et avons naïvement suggéré à ceux qui
étaient intéressés de payer comptant pour faire venir un conteneur rempli d’huile
d’olive. La réponse a été immédiate, l’argent est venu, et nous avons pu
réaliser le projet en l’espace de six semaines. Sur la base de ce succès, nous nous
sommes dit que nous pourrions en faire encore plus. Et c’est ainsi que Zaytoun est né en 2004. Zaytoun veut dire ‘olive’ en arabe.
Notre
objectif était de venir en aide à des familles d’agriculteurs pour qu’elles
puissent bénéficier d’un revenu régulier. Nous avons travaillé avec Canaan Fair Trade (Commerce Équitable de Canaan) en Palestine au lancement de la première
huile d’olive certifiée équitable au monde, en 2009. Le niveau des ventes n’a
cessé de croître depuis et passe aujourd’hui par des grossistes, des boutiques
indépendantes, l’achat en ligne et un réseau dynamique de distributeurs
militants.
Nous
organisons aussi trois voyages par an à l’intention de nos clients et de
sympathisants pour leur faire découvrir la Palestine et en apprendre davantage
sur la vie d’une famille de fermiers là-bas. Cela peut être une expérience décisive,
et c’est un outil important pour sensibiliser le public et créer des liens. Une
fois par an nous accueillons des producteurs au Royaume-Uni pour la Quinzaine Équitable, afin que les
clients soient informés de façon directe des difficultés particulières que
connaissent ceux qui travaillent en Palestine.
Une
autre façon simple et particulièrement efficace pour venir en aide aux familles
de Palestine passe par le Projet de
Plantation d’Oliviers de l’Association
de Commerce Équitable de Palestine. Les jeunes plants sont distribués et
plantés au début du printemps par les fermiers soumis à l’occupation, et plus
particulièrement des fermières et ceux qui ont perdu des arbres à cause des
agissements de l’armée et des colons. Vous trouverez des informations sur ce projet sur www.zaytoun.org/plant_a_tree.html.
Vous
pourrez retrouver Zaytoun sur son
site Internet http://zaytoun.org/ et
aussi sur Facebook https://www.facebook.com/pages/Zaytoun-CIC/170054474041, ainsi
que sur Twitter https://twitter.com/Zaytoun_CIC/status/532503542637293568,
Instagram https://www.instagram.com/zaytoun_cic/ et
Pinterest http://www.pinterest.com/zaytounc/.
La situation
La
production d’olives est le pilier de l’économie palestinienne. Elle concerne
environ 60% des terres cultivées et constitue le revenu principal de 100.000
foyers. Mais le commerce traditionnel est très difficile pour des gens qui
vivent sous occupation israélienne. Comment rester fermier, par exemple, si
votre récolte n’apporte pas des ressources suffisantes, à vous et à votre
famille, pour votre table et l’envoi de vos enfants à l’école ? Comment
vendre vos produits lorsque votre village est complètement isolé et séparé des
marchés et des villes à cause des restrictions de déplacements ? Combien
de temps allez-vous poursuivre la culture si le prix que vous rapportent vos
récoltes est inférieur aux coûts de production ? Vaut-il mieux partir alors
et trouver un travail ailleurs, avec le risque de perdre vos terres parce que
vous ne les cultivez plus ?
C’est
à cela que ressemblait la vie en Cisjordanie en 2003. C’étaient des vraies
questions et des choix difficiles auxquels les fermiers étaient affrontés. C’est
cette année-là aussi que des supporters de Zaytoun
ont fait un voyage en Palestine qui allait changer leur vie. Ils y ont connu
l’hospitalité la plus chaleureuse qu’ils aient jamais vécue, dans des paysages magnifiques
inondés de soleil.
Les
oliviers sont l’une des caractéristiques de la Palestine rurale : de vieux
arbres nourris par les pluies sur de magnifiques terres pierreuses en terrasses,
cultivées biologiquement selon la sagesse de nombreuses générations. Il n’a pas
fallu longtemps pour découvrir à quel point les oliviers étaient profondément
intégrés à l’héritage culturel et au sentiment identitaire palestinien. En
raison de leurs racines profondes, de leur robustesse et de leur aptitude à
survivre dans des conditions rigoureuses, les oliviers en sont venus à
symboliser la constance et la résilience palestiniennes.
Et
la cueillette des olives est un moment merveilleux de l’année, vers la fin
octobre. C’est vraiment l’affaire de toute la famille, avec plusieurs
générations qui se rassemblent pour travailler ensemble et rentrer la récolte.
Il y a le bébé mis à l’abri sous un arbre et le grand-père qui allume un feu de
brindilles pour préparer un excellent thé à la menthe, pendant que la
grand-mère et la tante déballent un pique-nique qui se révèle souvent être un somptueux
festin.
C’est
dans ce contexte accueillant et chaleureux que Zaytoun a pris connaissance des problèmes que connaissent les
fermiers. C’était un déchirement que d’entendre que beaucoup d’entre eux devaient
abandonner leur mode de vie traditionnel parce qu’ils n’avaient plus accès aux
marchés et ne pouvaient plus obtenir un prix convenable pour leur production.
Il leur fallait quitter leurs beaux villages pour aller en ville travailler
comme chauffeurs de taxi ou ouvriers, parfois dans les colonies mêmes qui
empiétaient sur leurs terres et les avalaient, -parce que c’étaient les seuls
emplois qui s’offraient à eux. Un thème récurrent dans les conversations avec
les fermiers était que l’occupation israélienne les avait dépouillés de leur
dignité. Il leur fallait demander à des soldats juste adolescents la permission
de pouvoir accéder à leurs propres oliveraies, et ils éprouvaient un profond
sentiment de désespoir parce qu’ils perdaient leurs terres au profit de
l’expansion des colonies et de la construction du Mur. Ils racontaient comment
ils devaient vendre leur huile délicieuse à des prix bien inférieurs à ses
coûts de production.
L’histoire de Khadir Khadir, producteur d’huile
d’olive
Khadir
Khadir est maintenant le plus jeune producteur d’huile d’olive du village de
Nous Ijbail. De son adolescence à l’âge de vingt ans, il avait travaillé 12 à
16 heures par jour dans des usines de plastique israéliennes. Il quittait alors
le village pour des semaines et dormait sur son lieu de travail. Après dix
années de travail dans des conditions déplorables, il estima qu’il lui fallait
quelque chose de plus. Il n’était pas particulièrement attiré par le travail de
la ferme, mais son père l’a persuadé de venir l’aider à la cueillette des
olives cette année-là. Après juste une saison, Khadir estima qu’il pouvait
faire plus que cueillir des olives.
Il
économisa suffisamment d’argent pour acheter un tracteur. Cela lui permit une
autre saison de travail car il pouvait proposer ses services aux fermiers du
village. Du labour des terres à l’apport d’engrais aux arbres et aux travaux
des récoltes, les empreintes de Khadir se retrouvent dans chaque parcelle de
terre de cette petite communauté de 350 habitants. Il met un point d’honneur à
aider du mieux qu’il peut chacun des fermiers parce que, dit-il, ‟Notre village
est très petit, la plupart des jeunes sont partis et les fermiers qui restent
sont plutôt âgés. Il faut que je les aide. Je gagne de l’argent, bien sûr, mais
mon village est aussi ma famille. Au moment des récoltes chacun donne un coup
de main. Mon père, mes amis, ma femme, il y a toujours plus de gens pour venir
en aide.” Khadir est passionné d’agriculture et envisage l’avenir : ‟Je
voudrais voir si je peux redonner vie aux vieux arbres fruitiers de cette
vallée. Nous en avions tellement dans notre village, mais avec les changements
climatiques même les variétés traditionnelles ne produisent plus aussi bien. Je
veux expérimenter, comparer le devenir des arbres que je plante ici avec ceux
que j’ai plantés dans la montagne.” Le rêve de Khadir c’est de construire une
maison pour sa famille sur l’une des hauteurs de ses terres. Il est sûr qu’un
jour il pourra le réaliser mais pour le moment il dit : ‟Le plus important
pour moi, c’est de ne plus avoir à travailler dans une usine israélienne et de
ne plus être loin de ma famille et de ma femme. J’ai peut-être une maison
modeste actuellement, mais je gagne correctement ma vie et peux aller dormir
chez moi tous les soirs, avec ma femme et mes enfants, et pas dans le bruit d’une
usine. J’estime que j’ai beaucoup de chance.”
Action
Impliquez
votre communauté en demandant à un restaurant, à une cafétéria ou à un café de
changer le nom de tel ou tel plat ou telle ou telle boisson pour l’appeler
‟Palestine libre”, soit pour une semaine soit de façon permanente. Diffusez sur
les médias sociaux des photos de votre plat ou de votre boisson avec leur nouveau
nom. Ajoutez un lien vers cette page du site Internet de Kumi Now avec les
hashtags #FreePalestine, #KumiNow et #Kumi52.
Un texte : La Porte du soleil, d’Elias Khoury
‟Lorsque
les Israéliens sont entrés dans le village d’al-Birwa, ils l’ont anéanti,
maison après maison. Ils n’ont pas pris nos vêtements, ni nos chiffons. Ils
étaient comme des fous. Ils ont dynamité les maisons puis les ont rasées au
bulldozer. Ils foulaient aux pieds le blé et abattaient les oliviers à la
dynamite. Je ne sais pas pourquoi ils haïssent les olives.” Oui, pourquoi haïssent-ils
les olives ? Vous m’avez parlé d’Aïn Houd et des paysans qu’ils ont
expulsés du village qui a ensuite été rebaptisé En Houd. Les paysans ont
traversé les collines du Jebel Karmal et y ont construit un nouveau village,
auquel ils ont donné le nom de celui qu’ils ont dû quitter. Vous m’en avez parlé
parce que vous vouliez illustrer votre théorie sur la population secrète qui
est restée sur place là-bas. ‟Je n’étais pas le seul, me disiez-vous, nous
étions toute une population à vivre ainsi dans des villages secrets.” Et vous m’avez
raconté comment les Israéliens transformaient le village d’origine en colonie
d’artistes, et comment les paysans vivent dans leur nouveau village non reconnu
officiellement, sans rues pavées, sans eau, sans électricité, sans rien. Vous me
disiez qu’il y avait des douzaines de tels villages secrets. Et vous vous
demandiez, vous aussi, pourquoi les Israéliens haïssent les oliviers. Vous avez
raconté qu’à Aïn Houd ils plantaient des cyprès en plein milieu des oliveraies,
et comment les oliviers étaient abîmés et périssaient suite à l’invasion de ces
cyprès qui les ont carrément engloutis. Comment peuvent-ils manger sans huile
d’olive ? Nous, nous vivons d’huile d’olive, nous sommes tout un peuple
d’huile d’olive. Mais eux, ils abattent les oliviers pour planter des palmiers.
Pourquoi aiment-ils tant les palmiers ?
Extrait
de ‘La Porte du soleil’ d’Élias Khoury, célèbre romancier, dramaturge et
critique littéraire libanais.
Ressources (en anglais)
Extreme Rambling: Walking Israel’s
Separation Barrier. For Fun (Randonnée extrême le long du mur israélien de
séparation. Juste pour le plaisir), par Mark Thomas : De bonnes clôtures
permettent des bons voisinages, mais qu’en est-il des mauvaises barrières ?
Le mur de séparation qu’Israël a construit est sans doute le plus emblématique
depuis celui de Berlin. Il a été déclaré illégal au regard du droit
international et a une influence énorme sur la vie en Cisjordanie. Mark Thomas
a décidé que la meilleure manière de prendre à bras-le-corps cette énorme
barrière était de la longer comme sur un sentier de randonnée, avec quelques
gâteaux à la menthe et une boîte de pansements contre les ampoules comme unique
bagage.
Israeli Apartheid – Second Edition: A Beginner’s Guide (Apartheid
israélien, 2ème édition. Un guide pour débutants), par Ben
White: Depuis sa première publication en 2009, ce guide est devenu un
manuel de référence pour étudiants et autres militants qui se confrontent pour
la première fois au conflit israélo-palestinien. Ben White réussit à mettre le
travail d’experts à la portée de tous. Cette nouvelle édition est encore plus actuelle
et plus développée que la précédente. Elle informe entre autres sur le blocus
et les attaques d’Israël contre la bande de Gaza depuis 2008, sur ses nouvelles
pratiques à l’encontre des citoyens palestiniens d’Israël et le développement
de la campagne BDS à l’échelle mondiale. Plein d’informations essentielles,
avec de nombreuses citations et informations, ce livre n’en garde pas moins une
touche très humaine. Il est ancré dans l’expérience personnelle de son auteur
en Palestine et contient de nombreux témoignages de Palestiniens sur la manière
dont l’apartheid israélien affecte leur quotidien.
Informations directement proposées par Zaytoun :
Pour acheter des
produits: http://zaytoun.org/products.html
Pour visiter la Palestine : http://zaytoun.org/visit_palestine.html
Recettes, nouvelles et bien plus : http://zaytoun.org/resources.php
Traduit par les Amis de Sabeel France
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