Kumi Now - semaine 13, du 13 au 19 janvier 2019 : Checkpoints
- Machsom Watch
Sur l’ensemble du territoire palestinien occupé, les checkpoints
contrôlent et étouffent la vie des Palestiniens. Machsom Watch enregistre les injustices commises aux checkpoints et
en rend compte afin que le monde entier connaisse leurs conséquences sur la
population palestinienne. Voici ce que vous devez savoir sur les checkpoints et
ce que vous pouvez faire afin que nous puissions réagir ensemble et faire la
lumière sur cette interminable injustice.
Organisation
Machsom est le terme hébreu
pour checkpoint. Machsom Watch est
une organisation militante de femmes israéliennes originaires de tous les
secteurs de la société et militant pour la paix. Nous nous opposons à
l’occupation israélienne de la zone connue sous le nom de Cisjordanie, nous
nous opposons à l’appropriation de terres palestiniennes et à la négation des
droits humains palestiniens. Nous soutenons le droit des Palestiniens à se
déplacer librement sur leur territoire et nous nous opposons aux checkpoints
qui entravent gravement la vie quotidienne des Palestiniens.
Kumi Now - Checkpoints Machsom Watch
Site en anglais : https://kuminow.com/machsom/
Kumi Now - Checkpoints Machsom Watch
Site en anglais : https://kuminow.com/machsom/
Depuis 2001, nous sommes témoins de l’occupation israélienne et nous la
dénonçons. De façon quotidienne, nous suivons de près ce qui se passe aux
checkpoints de Cisjordanie, aux clôtures de séparation, aux barrières
agricoles, dans les tribunaux militaires et les villages palestiniens. Nous enregistrons
ce que nous voyons et ce qui nous est communiqué par les Palestiniens locaux.
Par nos observations, nos rapports, nos films, nos photos et nos
visites, nous visons à influencer l’opinion publique en Israël et ailleurs dans
le monde en rendant compte des conditions invraisemblables auxquelles sont
soumis les Palestiniens sous occupation israélienne et en les authentifiant ;
des conditions qui corrodent aussi le tissu de la société israélienne et les
valeurs de la démocratie. Nous cherchons aussi à soulager les frustrations et
les souffrances des Palestiniens en leur proposant une assistance formelle
chaque fois que nous le pouvons.
En plus de l’Action Kumi de cette
page, nous vous suggérons de consulter les rapports de Machsom Watch énumérés
sous ‘Ressources additionnelles’ et de repérer les violations des droits
humains signalées dans le rapport. Puis de discuter de l’importance d’une
protestation civique contre les violations des droits humains.
Nous encourageons chacun à se
familiariser avec les checkpoints, ce que vous pouvez faire en les traversant
vous-mêmes si vous visitez Israël et la Palestine. Vous pouvez aussi vous
joindre à l’une de nos visites aux checkpoints, que nous signalons sur notre
site web et sur Facebook.
Enfin, nous vous invitons à
suivre nos rapports en anglais qui paraissent su notre site web. Nous publions
aussi quelquefois des rapports en anglais sur notre page Facebook, et nous vous
incitons à nous suivre et à diffuser nos rapports. Quelquefois, la presse publie
des articles sur les checkpoints, et nous vous encourageons à écrire à vos
ambassadeurs en poste en Israël pour qu’ils protestent contre les checkpoints.
Vous pouvez aussi prendre contact avec votre ambassadeur à propos des attaques
permanentes contre les organisations de défense des droits humains en Israël,
et lui faire savoir que vous apportez votre soutien à l’action de ces groupes.
Vous pouvez
trouver Machsom Watch (en anglais) sur son site :
https://matsomwatch.org/he/content/home-page ou sur Facebook sur https://www.facebook.com/machsomwatch ou encore sur Twitter sur https://twitter.com/machsomwatch.
La situation
Machsom Watch exerce une
surveillance des checkpoints et en rend compte depuis 2001. Les checkpoints
limitent sévèrement les droits les plus fondamentaux de liberté de déplacement
des Palestiniens, dont les droits de partir et de revenir chez soi, de voyager,
d’étudier, de participer aux célébrations religieuses, de travailler, de
diriger une entreprise, d’avoir accès à des soins médicaux, de cultiver la
terre, d’avoir accès aux terres agricoles et à l’eau. Alors que beaucoup de
checkpoints sont devenus des structures permanentes, d’autres sont aléatoires.
Tous sont conçus pour limiter et contrôler les déplacements palestiniens à
l’intérieur des territoires palestiniens occupés et, en certains endroits,
entre les territoires palestiniens occupés et Israël. Alors que ce sont des
soldats israéliens qui gèrent certains de ces checkpoints, beaucoup d’entre eux
sont aujourd’hui gérés par des sociétés de sécurité privées.
Tous les jours, des dizaines de milliers de Palestiniens traversent les
checkpoints. À l’aube, les grands checkpoints sont envahis de monde ; le
passage est lent et très contrôlé, obligeant les gens à attendre en file
pendant des heures pour avoir accès le matin à leur moyen de transport du côté
israélien. Le passage par les checkpoints exige des permis accordés par
l’administration militaire pour l’emploi, des raisons médicales, l’éducation,
et ainsi de suite. De plus, dans quelques 25 villages de la partie centrale de
la Cisjordanie, les Palestiniens sont obligés de passer par des barrières
agricoles pour accéder à leurs champs qui se trouvent de l’autre côté de la
‟Barrière de Sécurité”. Les difficultés à obtenir les permis ou l’émission de
permis pour un seul membre de la famille ont conduit beaucoup de Palestiniens à
cesser de cultiver leurs terres, entraînant la confiscation de celles-ci par
les autorités israéliennes.
Bien que la présence des checkpoints et le besoin de permis pour se déplacer
entre Israël (y compris Jérusalem) et les territoires palestiniens occupés
soient devenus un élément de la vie quotidienne des Palestiniens, ils laissent
aussi les Palestiniens dans un sentiment permanent d’incertitude, dans la
mesure où ils ne savent jamais si eux ou leur famille pourront arriver à
destination ou s’ils auront la possibilité de revenir. Des Palestiniens sont
souvent dans l’impossibilité de franchir ces divers checkpoints parce qu’ils
s’aperçoivent soudain que leurs permis ne sont plus valides parce qu’ils ont
été inscrits sur une liste noire par les Services de Sécurité israélien pour de
prétendues raisons de sécurité, ou par la police pour des raisons aussi banales
que d’avoir eu une contravention pour excès de vitesse. Les raisons de l’inscription
sur une liste noire et les moyens de contester cette mise sur liste noire ne
sont par ailleurs jamais communiqués aux Palestiniens.
Au cours des années, nous avons aussi commencé à observer et à rendre
compte de ce qui se passe dans les tribunaux militaires, là où les Palestiniens
sont jugés pour toutes sortes de prétendues atteintes à la sécurité, comme se
trouver en Israël sans permis, appartenir à une ‟organisation hostile”, être en
possession d’armes et se voir accuser d’avoir l’intention de tuer des
Israéliens. Nous assistons à ces audiences et en rendons régulièrement compte, comme
témoins civils israéliens dans un système judiciaire profondément vicié qui ne
juge que des Palestiniens de la Cisjordanie et de la Bande de Gaza et qui viole
les principes de la démocratie. Nous pensons que si nous n’assistions pas à ces
audiences et si nous n’en rendions pas compte, personne ne saurait rien de
l’existence de ces tribunaux militaires et des Palestiniens qui y sont jugés.
Nous pensons que chaque personne mérite un jugement démocratique et équitable,
ce qui est impossible dans les tribunaux militaires.
Un cas
particulier : Jamal Hanina, berger
Tout Palestinien des Territoires occupés est concerné par les
checkpoints en particulier, et par l’occupation israélienne en général, et nos
récits sur ces personnes proviennent des gens que nous rencontrons aux
checkpoints, aux tribunaux militaires et en d’autres lieux des Territoires occupés.
Le récit qui suit n’est que l’un de milliers de cas absurdes, frustrants et
révoltants de ce que vivent les Palestiniens que nous avons rencontrés.
À l’un des checkpoints qui séparent les Palestiniens de leurs terres
agricoles situées dans la ‟zone de bordure”, entre la barrière de sécurité et
la Ligne Verte, un berger palestinien du nom de Jamal Hanina qui parquait son
troupeau dans sa bergerie, qui se trouve du côté israélien de la barrière de
séparation, sortit ses moutons pour les faire paître dans ses terres qui se
trouvent du côté palestinien de la barrière de séparation. Il traversa le
checkpoint agricole de Habla, comme il le faisait depuis treize ans. Il laissa
vingt agneaux dans la bergerie, construite sur ses propres terres mais qui
avaient le malheur d’être situées du mauvais côté de la clôture : du côté
israélien.
Lorsque Jamal voulut ramener le troupeau des brebis à la bergerie pour
qu’elles puissent allaiter leurs agneaux, son troupeau ne fut plus autorisé à
traverser. Les Forces israéliennes d’occupation invoquèrent des raisons de
sécurité qui empêchaient le troupeau de revenir dans les terres que le berger
possédait du côté israélien de la clôture. Du coup, le berger fut obligé
d’acheter du lait en poudre chez un vétérinaire, de le préparer et d’en nourrir
les agneaux avec des tétines en plastique.
Une semaine après cet incident, la journaliste israélienne Amira Hass publia
un article sur ce cas dans le journal Haaretz : https://www.haaretz.com/opinion/.premium-like-sheep-to-the-separation-1.5428319.
En fin de compte, Jamal Hanina put réunir ses brebis avec leurs agneaux du côté
palestinien de la barrière. Mais depuis lors, depuis plus d’un an, il n’a pas
été autorisé à traverser le checkpoint agricole avec son troupeau pour
l’emmener paître dans une terre qui lui appartient, du mauvais côté de la
barrière.
Publié originellement
par MachsomWatch sur https://machsomwatch.org/en/node/23665
Action
suggérée
À chaque fois que vous passez une porte ou
traversez la rue, marquez un arrêt d’une minute pour tenter de mieux comprendre
ce que c’est que de n’être pas libre de se déplacer, comme c’est le cas pour
beaucoup de Palestiniens. Si vous êtes avec quelqu’un, dites-lui le ‟pourquoi”
de votre arrêt : des checkpoints empêchent beaucoup de Palestiniens de se
déplacer librement.
Ajoutez à cette page un lien avec le site web de Kumi Now avec le
hashtag #HumanRights, #KumiNow, and #Kumi13.
Littérature
Extrait de « Une terre sans frontières : Mon périple autour de Jérusalem-Est
et de la Cisjordanie », par Nir Baram, journaliste israélien,
rédacteur et auteur.
Le soir est considéré comme le moment du jour où le trafic à travers
Kalandia est le plus faible ; le grand rush se situe le matin, lorsque les
travailleurs palestiniens qui travaillent à Jérusalem doivent passer par ce
checkpoint. Nous nous coinçons sous un abri avec des douzaines d’hommes et de
femmes. L’atmosphère est calme et tendue, presque personne ne parle. Le
chauffeur de taxi qui nous a amenés là, un ‘résident israélien’ muni d’une
carte d’identité bleue, nous disait qu’il avait passé toute sa vie à Jérusalem-Ouest,
mais que maintenant il n’avait pas de permis de passage et qu’il n’avait pas vu
la ville en quatre ans. ‟Au checkpoint, vous êtes toujours obsédé par une chose,
disait-il : vous laisseront-ils passer ou y aura-t-il des problèmes ?
C’est l’humiliation, l’incertitude de n’avoir aucune maîtrise de votre
quotidien.”
Nous sommes en file pour accéder à un tourniquet métallique. De temps
en temps, nous entendons un bip sonore et trois personnes passent à travers le
tourniquet qui se referme immédiatement derrière elles. Les trois qui sont
passés se tiennent dans une sorte de zone d’attente, puis passent un par un
devant une fenêtre et présentent leur carte d’identité. Si leurs papiers sont
en ordre, ils doivent retirer leur veste, leur ceinture et quelquefois leurs
chaussures et les faire passer devant un scanner avec leurs sacs. Si un autre
bip se fait entendre et qu’une lampe rouge s’allume, ils doivent enlever aussi
leur chemise et la mettre dans la machine. Cela prend quelques minutes pour que
trois personnes puissent passer, mais si les soldats trouvent qu’il y a un
problème avec les papiers, cela peut prendre quinze minutes. Il s’est passé une
heure entre temps et nous voilà tout près de la barrière, avec une file de
quelque quatre-vingts personnes qui s’étire derrière nous. Le matin cela peut
être un millier.
Pour en savoir plus sur les
checkpoints, consultez nos rapports (en anglais) sur : https://machsomwatch.org/en/daily-reports/checkpoints.
Vous pouvez aussi regarder nos vidéos sur https://www.youtube.com/user/machsomwatchvid.
Le site de l’agence des Nations Unies pour la coordination des affaires
humanitaires dans les territoires occupés (OCHA) propose une très bonne carte
avec des détails sur les différentes catégories de checkpoints : https://www.ochaopt.org/content/west-bank-access-restrictions-january-2017
Si vous
voulez en savoir davantage sur les compagnies privées de sécurité qui gèrent
beaucoup de checkpoints, consultez le rapport 2016 “Private Security Companies
and the Israeli Occupation,” de WhoProfits, auquel nous avons fourni des chiffres
et d’autres informations : https://www.whoprofits.org/sites/default/files/private_security_companies_final_for_web.pdf
Vidéos (en
anglais)
Channel One News (Israel):
“Checkpoint 300 Between Jerusalem and Bethlehem,” 2014
https://youtu.be/qyv0TMfayBA
“Women, War and Peace: MachsomWatch”
http://www.pbs.org/wnet/women-war-and-peace/features/machsom-watch/, 2011
Traduit par Les Amis
de Sabeel France
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