Semaine 14 de Kumi Now, du 20 au 26 janvier 2019


PASSIA et les violations par Israël du droit international à Jérusalem

            Israël viole de manière flagrante le droit international dans le traitement qu’il applique aux Palestiniens. La complicité de la communauté internationale avec la politique et les pratiques d’Israël a permis la poursuite de l’occupation de la Palestine par Israël depuis plus de 50 ans. La Société Académique Palestinienne pour l’Étude des Questions Internationales (PASSIA) travaille à mettre en évidence les infractions au droit international commises par Israël et l’échec de la communauté internationale à déclarer Israël responsable de ses violations systématiques et solidement documentées des droits humains. Voici ce que vous devez savoir et ce que vous pouvez faire pour que nous puissions nous lever et réagir ensemble.  

Kumi Now - Semaine 14 

Organisation
            La Société Académique Palestinienne pour l’Étude des Questions Internationales (PASSIA) a été créée en mars 1987. C’est une institution arabe sans but lucratif, un groupe de réflexion à statut indépendant financièrement et légalement, basé à Jérusalem / Al Qods. Elle n’est affiliée à aucun gouvernement, parti politique ou autre organisme. A travers la recherche universitaire, le dialogue et diverses publications, PASSIA vise à présenter la question palestinienne dans ses divers contextes : national, arabe, et international.
            PASSIA travaille à la réalisation de ces objectifs par la mise en œuvre régulière des programmes suivants : recherches et études, tables rondes, dialogue interreligieux, formation et éducation aux affaires internationales, responsabilisation de la société civile, statut de Jérusalem, en plus de projets spéciaux occasionnels. PASSIA est impliquée dans une diversité de réseaux et y apporte sa contribution, elle coopère avec nombre d’institutions régionales et internationales et participe régulièrement à des colloques aux niveaux local, régional et international.
            PASSIA s’efforce de garantir que les recherches effectuées sous ses auspices soient spécialisées, scientifiques et objectives, et que ses symposiums et séminaires, qu’ils soient internationaux ou intra-palestiniens, soient ouverts, autocritiques, et conduits dans un esprit d’harmonie et de coopération.
            On peut trouver PASSIA (en anglais) sur son site web http://www.passia.org ou sur Facebook https://www.facebook.com/passia.org ou sur YouTube https://www.youtube.com/user/PASS1A

La situation
            Comme toute autre nation, Israël est soumis au droit international et donc tenu d’en respecter les règles à divers égards. Cependant, malgré un large consensus international sur le fait qu’en tant qu’occupant Israël a systématiquement et constamment violé le droit international, il lui a été possible de le faire à un rythme soutenu et sans encourir de sanctions, comme aucun autre pays n’aurait pu le faire.
            Depuis plus de cinquante ans, Israël maintient Jérusalem-Est sous occupation militaire violente. Jérusalem-Est est officiellement reconnue comme partie inséparable de la Cisjordanie illégalement occupée, ce qui exige qu’Israël assume les responsabilités d’une puissance occupante telles qu’elles sont définies par la Quatrième Convention de Genève.
            La construction et le développement par Israël des colonies et de son mur de séparation, parallèlement à ses expropriations de terres palestiniennes, aux démolitions de maisons palestiniennes, aux abrogations des droits de résidence de Palestiniens, et au régime totalement séparé et inégalitaire sous lequel vivent les Palestiniens à Jérusalem-Est sont illégaux au regard du droit international, mais sont une réalité depuis plus d’un demi-siècle.
            Alors que les violations du droit international et la perpétration de crimes de guerre par l’État d’Israël sont fréquemment évoquées dans le contexte de l’occupation militaire permanente, les gens ne réalisent souvent pas pleinement ce à quoi s’applique réellement ce ‟Droit international” ni où et en quoi il est violé. C’est pourquoi PASSIA a récemment publié une brochure pour mettre en lumière ce problème en enquêtant sur les règles du droit international régulièrement violées par Israël et sur les devoirs qui découlent de ces règles pour Israël, que ce soit en tant qu’État engagé par des traités ou soumis comme tel aux résolutions des Nations Unies, ou encore autrement. Il met en outre l’accent sur la responsabilité des autres États pour les faire respecter, et explique les reproches faits par les Palestiniens et d’autres à la communauté internationale d’user de l’aide et du développement pour masquer son inaction face aux violations flagrantes des droits humains par l’État d’Israël.
            À Jérusalem ces violations du droit international sont évidentes. Jérusalem-Est est un territoire occupé, donc la Quatrième Convention de Genève s’y applique et Israël n’y a aucune autorité légitime parce qu’il en a pris le contrôle militairement. La communauté internationale rejette la revendication par Israël de Jérusalem-Est et Ouest comme sa ‟capitale éternelle et indivisible” et a constamment condamné les tentatives israéliennes de modifier le statut de la ville.


Un cas :
Voici ce qu’a déclaré Hisham Mahmoud ‘Abd al-Ghani Hussein, 42 ans, résident de Qalandia, dans un témoignage donné à l’ONG israélienne B’Tselem le 27 juillet 2016 :
            Jusqu’à il y a environ un mois, je vivais avec ma famille dans une location à Qalandia. Ma femme et moi avons décidé de construire une maison que nous pourrions laisser à nos enfants sur un terrain dont j’avais hérité de ma famille, près d’autres membres de la famille : des oncles, des tantes, et des cousins. La plupart de ces maisons avaient été construites avec des permis avant l’occupation israélienne. Je n’ai pas essayé d’obtenir un permis, parce que la municipalité de Jérusalem et l’administration civile de Beit El n’accordent pas de permis de construire pour ce secteur.
Nous avons déménagé dans notre nouvelle maison le 24 juin 2016. La nuit précédente, des ordres d’arrêt de travaux avaient été publiés pour 11 maisons dont la mienne, au motif qu’elles avaient été construites sans permis. Ils ne nous ont pas remis personnellement cet ordre mais l’ont collé sur le mur arrière de la maison. Nous ne savions même pas qu’il s’y trouvait. Au cours de la nuit du 24 juillet 2016, ils ont à nouveau collé des ordres sur les maisons. Nous avons appris qu’il était très difficile de faire appel de ces ordres de démolition, et, en l’espace de 24 heures, les forces de sécurité israéliennes sont arrivées et ont démoli notre maison.
            Nous n’avons pu sortir quoi que ce soit de la maison. Nous avons commencé à sortir du mobilier, mais après dix minutes les forces de sécurité se sont mises à tirer des grenades assourdissantes et des bombes lacrymogènes dans la cage d’escalier. Mon frère Ibrahim et moi avons sorti le réfrigérateur mais nous n’avons pas réussi à le descendre. Quand nous avons senti le gaz, nous avons laissé le réfrigérateur dans l’escalier et nous nous sommes précipités dehors. Ils nous ont alors écartés des lieux. Nous sommes tous allés à la maison de ma tante toute proche. Les bulldozers ont commencé à démolir la maison. J’avais l’impression de suffoquer et n’arrivais pas à respirer normalement. J’éprouvais un fort sentiment de frustration. Mon cœur se brisait de douleur et les larmes coulaient toutes seules. Je regardais mes enfants et mon cœur se brisait. J’avais travaillé toute ma vie pour économiser de l’argent afin de pouvoir construire la maison de mes rêves, pour moi et pour eux.
            Ils ont détruit nos rêves devant nos enfants. Ils étaient là et voyaient leur maison, leur rêve, détruite par les forces d’occupation. C’étaient des moments très durs. Je ne trouve pas les mots pour décrire ce que nous avons éprouvé. J’ai perdu plus de 550 000 shekels (environ 140 000 €) que j’avais investis dans les murs et les aménagements. Tout était perdu et transformé en gravats. Même le mobilier a été détruit avec la maison : le salon, les divans, les matelas, une télévision, une table de cuisson, le réfrigérateur, les armoires de cuisine, les armoires de toilette, tout.

Publication initiale par B’Tselem sur  https://www.btselem.org/jerusalem/20161114_qalandia_demolitions; légèrement modifié pour la publication.


Action proposée
            Nous vous invitons à prendre contact avec vos élus locaux, nationaux et à l’international, avec des responsables d’institutions, des personnalités qui ont de l’influence. Faites preuve de créativité en réfléchissant à qui pourrait être sensible à la cause et y porter un intérêt renouvelé. Voici quelques suggestions pour vos lettres, e-mails, tweets, affiches…
Modèle de lettre. Vous pourriez commencer par quelque chose du genre :
            Israël a violé des résolutions explicites des Nations Unies, l’une après l’autre, a enfreint nombre de lois, engagements et traités humanitaires internationaux, et a ignoré un avis de la Cour Internationale de Justice. Lorsqu’un État persiste à violer sérieusement les règles du droit international, ce n’est pas seulement cet État qui manque à ses devoirs. Toute la communauté internationale, y compris XXXX (votre pays), renonce alors à son devoir de tenir cet État responsable de ses actes. C’est exactement ce qui se passe dans le cas de l’occupation de la Palestine par Israël.
Voici une liste de lois internationales qu’Israël viole. Mentionnez-en une ou deux dans votre courrier :
a)     Traités signés, ratifiés ou adoptés par Israël et qui de ce fait l’engagent :
·         La Convention pour la Protection des Biens Culturels en cas de conflit armé.
·         La Convention Internationale sur l’élimination de toute forme de discrimination raciale. Le comité sur l’Élimination de toute forme de Discrimination Raciale a souligné sa préoccupation concernant des ‟politiques et pratiques qui constituent une ségrégation de fait.”
·         La Convention du Patrimoine Mondial des Nations Unies. Le comité du patrimoine mondial de l’UNESCO critique régulièrement Israël pour ses agressions contre la Vieille Ville de Jérusalem et ses lieux saints.
·         La Convention Internationale sur les droits civils et politiques. Le comité des droits humains des Nations Unies a critiqué un grand nombre d’infractions dont des démolitions punitives de maisons et des régimes de planification discriminatoires.
·         La Convention Internationale sur les droits économiques, sociaux et culturels. Le comité sur les droits économiques, sociaux et culturels s’est montré préoccupé par les sévères restrictions à la liberté de déplacement dans les territoires palestiniens occupés, le manque de sécurité sociale et de services à Jérusalem-Est et l’accès insuffisant à l’eau potable en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza.
·         La Convention contre la torture et autres traitements ou châtiments cruels, inhumains ou dégradants. Le comité contre la torture s’est montré inquiet à propos d’affaires allant de traitements dégradants aux checkpoints, à des actes de violence de la part de colons, à l’ajournement du retour de corps, à l’accès à des avocats et au traitement de détenus mineurs. 
·         La Convention sur les droits de l’enfant. Le comité de contrôle de l’application du traité en a négligé les obligations à Gaza et les cas de violence de colons contre des enfants. Le comité a aussi jugé que la barrière de séparation et le blocus de Gaza étaient des formes de punition collective entravant lourdement le développement des enfants.
b)     Droit coutumier et principes généraux
·     La Quatrième Convention de La Haye
·     La Déclaration Universelle des Droits de l'Homme
·     La Quatrième Convention de Genève
Les propos que vous pouvez tenir sur la responsabilité d’Israël :
·         ‟Êtes-vous au courant de toutes les violations du droit international en lien avec Israël ?”
·         ‟Pourquoi tolérons-nous (le pays de chacun) ces violations du droit international ?”
·         ‟Des sanctions et d’autres mesures sont imposées à des pays qui violent le droit international, mais pourquoi ces mesures ne sont-elles pas imposées à Israël ?”
Sujets de conversation possibles :  
·         Quelque chose du genre ‟Nous souhaitons que vous vous engagiez à agir immédiatement pour faire pression sur Israël afin qu’il respecte le droit international”.
·         ‟Nous ne tolérons pas des mesures illégales qui sont sources d’injustice et de souffrances pour le peuple palestinien”.
·         Si nous gardons le silence, nous partageons la responsabilité de l’occupation en cours”.
·         ‟Veuillez m’expliquer pourquoi nous n’assumons pas notre responsabilité de tiers quand il s’agit de questions liées à l’occupation illégale de la Palestine par Israël ?”
Vous pouvez adresser ces messages par mail, ou être créatifs en remettant des lettres personnellement ou en communiquant par Twitter, Facebook, Instagram, etc. Partagez publiquement vos lettres et incluez-y un lien vers cette page du site Web de Kumi Now avec les hashtag #KumiNow et #Kumi14.


Un texte : « Violence » par Jean Zaru
            Les conflits ne peuvent se résoudre que politiquement et légalement, sur la base d’une parité de droits et sous la règle mondiale du droit. Tous, sans qu’il y ait deux poids deux mesures, devraient adhérer aux résolutions du Conseil de Sécurité des Nations Unies et au droit international, y compris aux Conventions de Genève. Aucun État n’est au-dessus de la loi. Le recours à la violence comme moyen de changement devrait être rejeté. Cependant, cela ne devrait pas nous conduire à considérer que nous devrions adopter une attitude passive face aux événements que nous affrontons.
            Notre voie vers un renouveau et une paix juste est d’être des ‟diseurs de vérité”. Le ‟camouflage” est l’outil de notre culture contemporaine. Les demi-vérités et les mensonges emplissent les palais gouvernementaux, les institutions et les médias. Comme le disait Jérémie : ‟Ils essaient de se tromper les uns les autres et ils ne disent pas la vérité. Ils exercent leurs langues à proférer le mensonge” (Jér 9.4). Il est de notre devoir de dire la vérité, de montrer nos cicatrices et nos blessures. Cela demande un grand courage, c’est pourtant le moyen par lequel nous désarmons les autorités et les pouvoirs dont les mensonges et les tromperies sont alimentées par la coopération du silence.
Extrait de ‟Violence” de Jean Zaru, une chrétienne palestinienne, Quaker et pacifiste, dans son livre ‟Occupés mais non-violents”. Éditions Riveneuve 2016, pages 115-116.



Autres ressources (toutes en anglais)
Ressources de PASSIA  :
·         Dictionary of Palestinian Political Terms: http://www.passia.org/terms/
Vidéos  :
·         “What are Israel’s Violations of International Law?” From NowThis World: https://youtu.be/WeVbg-6fDTA
Livres  :
·         Jerusalem: One City, Three Faiths de Karen Armstrong.
  • Jerusalem: The Biography de Simon Sebag Montefiore.
  • Overlooking the Border: Narratives of a Divided Jerusalem de Dana Hercbergs (publié en octobre 2018).
Autres Vidéos :
·         “Jerusalem History: Animation” de Emek Shaveh: https://www.youtube.com/watch?v=ljwo3fh46VM
Articles :
·         “Trump Unsuccessfully Bullies UN Members to Vote Against Shared and Peaceful Jerusalem” de Jewish Voice for Peace: https://jewishvoiceforpeace.org/trump-bullies-un-members-vote-shared-peaceful-jerusalem/
Reportages :
·         “Jerusalem: A City on Edge” du Women’s Center for Legal Aid and Counseling: http://www.wclac.org/english/etemplate.php?id=1532
Autres organisations :
·         Jewish Voice for Peace (USA) : https://jewishvoiceforpeace.org/



Traduction : Amis de Sabeel France

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