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“vierges” défient 5000 marcheurs sionistes chrétiens à
Jérusalem.
14
octobre – Parmi des troupes de l’armée israélienne lors de la
Marche de Jérusalem annuelle défilait cette année un groupe
pittoresque et bruyant de sionistes chrétiens internationaux.
Brandissant les drapeaux de leurs pays, revêtus de leurs costumes
nationaux et portant des pancartes en diverses langues dont l’hébreu,
ils couvraient les spectateurs de bénédictions et de vœux – avec
des propos particulièrement élogieux à l’adresse des policiers
et des soldats lourdement armés alignés le long du parcours du
défilé. “Dieu bénisse les Forces Israéliennes de Défense (IDF)
!” et “Nous aimons les IDF !” ponctuaient des expressions plus
générales d’amour pour Israël.
Et
une fois de plus, lors de la marche de cette année comme les années
précédentes, des chrétiens palestiniens ont tenté de façon
créative de toucher la conscience de ceux qui soutiennent souvent de
façon aveugle Israël tout en ignorant ou en déformant la position
palestinienne qui demande pour le peuple palestinien liberté et
droits humains conformément au droit international. Des membres de
Sabeel, centre chrétien palestinien de théologie de la libération,
avaient mobilisé des militants locaux et internationaux pour offrir
des “cadeaux” dans leurs propres costumes aux chrétiens
sionistes qui défilaient dans Jérusalem Ouest.
Vêtues
en fiancées, cinq “vierges” distribuaient des milliers de tracts
qui contestaient la théologie d’exlusion des marcheurs. Ce
militantisme créatif s’inspirait de la lecture de l’Évangile de
Matthieu au chapitre 25,1-13 qui est cette année le sujet des
méditations du Dr Jürgen Büler, directeur de l’Ambassade
Chrétienne Internationale à Jérusalem (ICEJ), à l’occasion de
la Fête des Tabernacles. C’est l’Ambassade Chrétienne
Internationale à Jérusalem qui organise chaque année la Marche de
Jérusalem.
Les
“vierges” portaient aussi des lampes à huile et offraient aux
marcheurs 531 petites bouteilles d’huile d’olive des oliviers de
Bethléem séparés de la ville par la barrière de séparation
illégale d’Israël. Les 531 bouteilles d’huile symbolisaient le
nombre de villages palestiniens vidés de leur population lors de la
Nakba de 1948, à la création de l’État d’Israël.
Les
tracts comportaient la déclaration suivante traduite en 25 langues :
“La
lampe rayonne de façon plus brillante si l’huile est pure ;
purifiez la foi par une justice qui inclue les deux peuples de cette
terre.”
Dans
Matthieu 25 : 1-13, Jésus demandait à l’Église de se tenir prête
avec de l’huile dans ses lampes. L’huile signifiait de bonnes
actions, la foi, l’amour et toutes les vertus chrétiennes. Voilà
pourquoi les “vierges” mettaient les marcheurs au défi de se
montrer ouverts à tous dans la foi et de réaliser les bonnes œuvres
de la justice et de la paix en faveur des deux peuples de cette
terre.
Comme
l’expliquait un militant chrétien palestinien, “Nous voulions
leur offrir un cadeau qui conteste toute théologie qui exclue et
avilit la moitié de la population de cette terre.”
Les
sionistes chrétiens sont l’une des forces politiques les plus
puissantes qui influencent aujourd’hui la politique internationale
à l’égard d’Israël et de la Palestine. Fortement influencés
par une théologie apocalyptique qui voit dans l’État d’Israël
moderne l’accomplissement d’une prophétie biblique, ils
bénissent ses actions militaires et l’expansion de ses colonies
comme la preuve du projet de Dieu pour hâter le retour de Jésus sur
terre.
Pourtant,
beaucoup de juifs, israéliens ou autres, sont troublés par les
convictions de certains sionistes chrétiens qui considèrent Israël
comme une sorte d’enjeu d’une bataille de la Fin des Temps qui
verra des Juifs se convertir en masse tandis que les autres seront
anéantis.
Les
tracts distribués aux marcheurs faisaient aussi référence à un
passage (Actes 1 : 6-7) de la Bible chrétienne où Jésus se
montrait désolé de la question de ses disciples : “Est-ce en ce
temps-ci que tu vas restaurer la royauté en Israël ?” La réponse
de Jésus c’est que la restauration de la royauté en Israël
n’était pas l’important : il avait un meilleur projet pour
l’Église. Le projet de Jésus ne concernait pas une nation
particulière, mais le monde entier. C’était un projet de
rédemption, de justice, d’égalité et d’intégration. Autrement
dit, la réponse à “Nous en approchons-nous ?” est “Non, nous
n’allons pas du tout vers là, c’est la réalité.”
Bien
que popularisé par des best-sellers, le sionisme chrétien reste
étranger à la doctrine des confessions chrétiennes les plus
traditionnelles. Pourtant, cette théologie naguère marginale a
exercé une influence considérable dans le champ politique sous la
forme d’un groupe particulier d’intérêts capable de mobiliser
un électorat essentiel et d’importants apporteurs de dollars. Par
exemple, selon les sondages, très peu de Chrétiens des États-Unis
(ou de juifs, en la matière) déterminent leur vote sur la base du
soutien à Israël. Cependant de tels groupes contribuent à
renforcer la conviction chez les candidats que la critique d’Israël
ne peut que constituer un handicap électoral, alors qu’il y a peu
à gagner au plan politique en prenant la défense des droits
palestiniens.
Les
tracts recommandaient aussi trois sites web : www.sabeel.org,
www.kairospalestine.ps (des mouvements d’union de chrétiens
palestiniens de résistance à l’occupation israélienne qui
soutiennent l’action BDS de boycott, désinvestissement et
sanctions), et www.christianzionism.org, un site qui conteste
concrètement la théologie du sionisme chrétien.
Alors
qu’on ne sait pas bien dans quelle mesure cette action symbolique
touchera les cœurs ou les esprits des participants à la Marche de
Jérusalem de cette année, il reste que les militants se sont livrés
à une importante manifestation publique qui va se répercuter très
au-delà des rues de la marche de Jérusalem Ouest. Ils affirment
l’existence d’Églises palestiniennes qui luttent face à la
réalité d’une occupation que beaucoup de leurs soeurs et de leurs
frères du monde ont encore à regarder en face.